Chapitre 43
Ecrit par Auby88
Eliad MONTEIRO
- On fait la course jusqu'à la villa que j'aperçois au fond là-bas ? demandé-je à l'homme près de moi.
- Volontiers, frérot.
- Tu sais que je gagne à chaque fois !
- Tous les jours ne sont pas les mêmes, Eliad !
- Hahaha, Edric ! C'est ce qu'on verra !
On se met en position puis on fonce…
- Tu as triché, c'est sûr ! déclaré-je en m'effondrant sur le sol
- Ça, c'est l'argument des mauvais perdants.
- Sérieux ! Comment t'as fait pour me battre ?
- Hahaha ! Je t'avais bien dit que j'avais changé.
Il me tend une main que j'attrape. Mais plutôt que de me relever, je l'entraîne avec moi au sol.
- Eliad !
J'éclate de rire. Il me suit dans mon délire. Nous rions comme deux gamins, comme au bon vieux temps.
C'est si bon !
- Allez, ça suffit ! dis-je en me levant. J'ai eu ma dose de rire avec toi.
- On devrait le faire plus souvent ! renchérit-il en se levant à son tour.
- Oui. Comme j'aimerais bien retourner à ces moments de l'enfance où tout n'était qu'innocence et quiétude. Une vie sans souci ! achèvé-je en soupirant.
- Tu fais référence à PAGE, je suppose !
- Oui.
Je le regarde ouvrir sa gourde et boire goulument avant de me dire :
- Pourquoi mets-tu autant de barrière entre elle et toi, alors que tu l'aimes ? Tu me l'as dit, rappelle-toi.
- Si seulement, je me comprenais moi même. Autant j'ai envie d'être près d'elle, autant j'ai envie d'être loin d'elle. Et avec cet enfant qu'elle porte, tout est encore plus compliqué.
- Parce que tu continues de penser qu'il n'est pas le tien.
- Je te l'ai dit, je me suis toujours protégé avec elle.
- Qu'est-ce qui te garantit que tu as toujours bien positionné le préservatif, qu'il ne s'est pas déchiré, n'a pas craqué ou glissé ?
- Je ne pense pas, monsieur l'expert.
Il me sourit.
- T'en es bien certain ?
- Je ne sais plus, avoué-jé en fuyant son regard.
- Eliad ! Tu viens d'admettre qu'il est bien probable que cet enfant soit le tien. Alors pourquoi t'obstines-tu à le fuir ?
- Parce que je ne l'ai pas désiré. Parce que je ne voulais pas d'autre enfant. Tu le sais bien.
- Oui, je le sais. Mais il est là. Veux-tu lui faire subir la même chose qu'à Milena ?
- Non, ce n'est pas mon intention. J'essaie de me rapprocher de lui, mais je n'y arrive pas... Hier nuit, j'étais dans la chambre de PAGE pendant qu'elle dormait. Je voulais caresser son ventre. J'ai approché ma main, mais je n'ai pas osé, je n'ai pas pu.
- Eliad ! Arrête ça ! C'est saoulant à la fin !
- Mais...
- Pourquoi ne vois-tu pas combien tu es chanceux ? Tu as une fille adorable, une femme remarquable et un bébé à naître ! Une famille merveilleuse donc ! Tu sais combien de gens voudraient être à ta place ?
- Hmm. Auparavant j'avais aussi une femme merveilleuse et un bébé à naître. Et tu sais comment ça s'est terminé ! Je ne le dis pas souvent, mais j'ai peur que le même scenario se répète. J'ai peur de souffrir une fois encore !
- Alors tu mets un mur entre les tiens et toi. Alors tu te prives d'être heureux ?
Je lève les yeux vers lui.
- Pas la peine de me répondre, Eliad. Tes yeux me disent tout... Mais contrairement à Camila, PAGE est en bonne santé ! Tout se passera bien, j'en suis sûr...
- Comme si tu étais devin ! Hmm !
Il pose une main sur mon épaule.
- Reste positif, Eliad !
- Si seulement c'était si facile à faire !
- Eliad, si tu tiens vraiment à PAGE, change d'attitude tant qu'il est encore temps, tant qu'elle est encore près de toi. Parce que si les choses continuent ainsi, elle n'aura aucun mal à s'en aller. Et crois-moi, tu auras plus de mal à la reconquérir.
- Elle tient beaucoup trop à Milena pour s'en aller.
- Actuellement, oui. Mais il n'y a plus rien entre vous et elle est jeune. Elle peut à tout moment refaire sa vie.
- Elle est enceinte !
- Pas pour l'éternité, Eliad !
- Je sais. De toutes façons, elle n'aime que moi.
Un sourire moqueur se dessine au coin de ses lèvres.
- Reste là à rêver et à la prendre pour acquis, et elle te filera entre les doigts, sans même que tu t'en rendes compte !
- Ok, j'ai compris. Je suivrai tes conseils et t'informerai de la suite.
- T'as intérêt à te dépêcher avant qu'un autre te la pique. Et ce pourrait être moi !
- Pervers ! Tu n'oserais pas ! PAGE est à moi, rétorqué-je en souriant.
- Alors, occupe-toi bien d'elle sinon…
- Sinon quoi ?
Il se lève précipitamment et se met à courir.
- Attends que je t'attrape ! m'exclamé-je en le poursuivant.
Tels des bambins, nous courons l'un derrière l'autre dans la rue.
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Nadia PAGE AKLE
Mes yeux passent de la tablette à mon plan de travail. Je suis concentrée à fond dans ce que je fais. Je prépare un gâteau pour Milena.
"Attends, tu fais quoi ? Tu cuisines ?" s'étonnerait-on !
Hahaha ! Les choses ont changé oh. Depuis quand ? Depuis que que ce petit bout d'Eliad est entré en moi. J'ai de ces envies que je ne comprends même paset je mange deux fois plus qu'avant. Et surtout j'adore être aux fourneaux. Au début, c'était sous la supervision de Sarah. Mais à présent, je me débrouille toute seule. Et très bien d'ailleurs. Je pense de plus en plus à me perfectionner en pâtisserie. (Rire).
Enfin, la pâte est prête. Je lève la tête pour souffler un peu quand je remarque Eliad qui me fixe en souriant.
- Bon travail, Chef !
- Merci, réponds-je timidement.
Il s'approche de moi. Je remarque ses yeux qui brillent intensément.
Ce regard-là qui m'intimide beaucoup, je le connais très bien. C'est celui qu'il a quand le mâle en lui se réveille. Ce serait mentir que de dire que j'y suis insensible, que ses bras vigoureux ne me manquent, que je ne le désire pas toutes les nuits d'ailleurs ces temps-ci. Mais je me dois de résister. Je ne veux plus offrir mon corps à un homme qui ne m'aime pas.
- Que fais-tu ?
J'affiche un visage sérieux.
- Un gâteau… pour Milena.
- Tu veux que je t'aide ?
- Non, merci, fais-je en introduisant le gâteau dans le four. J'ai fini.
- D'accord.
Il continue de me fixer tandis que j'ôte mon tablier.
- Comment va le bébé ?
J'écarquille les yeux dans sa direction.
- Il va bien.
- C'est bien.
Un sourire léger se dessine sur son visage.
- N'hésite surtout pas à me demander si t'as besoin d'argent pour les consultations, les échographies ou autre chose.
- Merci pour ton aide. Mais ça va. J'ai assez d'économies.
- Je suppose, mais je te réitère quand même mon soutien financier.
- Ok.
Idiot ! Oui. Comme si c'est seulement l'argent qui comptait !
- Au fait, PAGE, la grossesse te va à ravir, PAGE. Tu es de plus en plus belle !
Voilà, c'est bien ce que je pensais.
- Sache que tu perds ton temps avec moi. Tu n'obtiendras rien de moi. Encore moins en me disant de belles paroles.
- Qu'ai-je dit de mal, PAGE ? Pourquoi restes-tu sur la défensive avec moi ?
- Parce que je te connais trop bien. Et que je sais que les seules fois où tu me dis des mots gentils, où tu ne me rabaisses pas, c'est quand tu as envie de satisfaire ta libido.
- Tes mots me blessent !
- Vraiment ! On est quitte alors.
Je l'entends soupirer avec grand bruit.
- Jour après jour, JE fais des efforts pour améliorer la communication entre nous. Mais tu ne le vois même pas ! Pourquoi ?
- Peut-être parce que tu n'as jamais vu mes efforts à moi. T'es tellement égoïste, Eliad !
J'essaie de quitter la pièce, mais il retient mes bras... Nous sommes si peès l'un de l'autre, que même mon ventre touche son torse.
- Je t'aime tant PAGE !
Je fais pression sur moi pour résister à l'appel de ses lèvres si proches des miennes.
- PAGE, je…
Je le pousse et me dégage de lui.
- Laisse-moi en paix, Eliad. J'en ai grand besoin ! dis-je en m'éloignant.
Il continue de m'appeler, mais je n'attends pas.