Chapitre 45

Ecrit par WumiRa

- As-tu une quelconque douleur quelque part ?


Maya cligna des yeux et secoua la tête. Elle avait énormément chaud, avait la nausée et mal au ventre. Elle voulu se mettre en position de fœtus, mais il l'en dissuada.


- La douleur risque d'augmenter, Maya. Reste allongée sur le dos.


Elle acquisesça et referma les yeux. 


- Comment te sens-tu ?


- Mal docteur.


Ce dernier eut l'air perplexe. Sans doute parce que depuis une vingtaine de minutes qu'elle s'était réveillée, elle n'avait pas encore posée la question qu'il attendait. Il dût prendre les devants. 


- Tu as eu un accident, tu t'en souviens ?


Premièrement, elle ne dit rien, mais ensuite elle ouvrit les yeux.


- Oui, ce qui explique sans doute pourquoi j'ai autant mal au corps.


- Puis nous avons dû t'opérer.


Il la vit se raidir, puis poser une main sur son ventre. Ses yeux s'agrandirent de surprise.


- Tu as donné naissance à une fille, il y'a plus de vingt heures.


Elle parut se détendre, avant de demander :


- Où est-elle ?


Elle fut sur le point de se redresser.


- Tu ne peux rien faire dans une telle condition, il faut que tu te rétablisse complètement.


- Avant de voir ma fille ? Vous n'avez qu'à me l'amener.


Conscient qu'il allait devoir mentir, il tira une chaise jusqu'à la tête du lit et s'assit.


- Pour l'instant ce dont tu dois te préoccuper c'est toi, déclara t-il. La petite a été placée sous couveuse et tu iras la voir une fois que tu seras véritablement en mesure de marcher. D'ici là...


- Couveuse ?


- Ta grossesse n'était pas à terme.


Alors tout s'était passé de façon prématurée, pensa t-elle. La cause de son accident s'imposa à elle, mais elle la repoussa avec force, se refusant d'y penser. La douleur physique était assez grande, pour que celle qui menaçait d'envahir son cœur, s'y ajoute. 


Elle remonta sa couverture.


- Où est ma mère ?


- Personne ne s'est présentée comme étant ta mère, il n'y a que ton mari. Et franchement, il s'est montré très courageux.


Courageux ? C'est à dire ? Était-il allé jusqu'à faire preuve de comédie devant les médecins, alors qu'elle était en train de lutter pour sa vie et celle de son enfant ? Il ne manquerait plus que cela ! Pourquoi n'avoir pas mis sa famille au courant ? Redoutait-il à ce point qu'elle parle ?


- Je vais te laisser te reposer et dans quelques heures, il pourra passer te voir.


- Non.


Son ton avait été catégorique.


- Comment ça non ?


- Je ne peux pas encore le voir, docteur.


Celui ci ne put s'empêcher d'être surpris.


- Je ne veux pas voir cet... Je suis fatiguée, pas de visite s'il vous plaît.


Bien qu'étonné, il finit par acquisesçer.


- Merci.


***


Après avoir fini sa prière de l'après-midi, Awa quitta son nouvel appartement et se rendit directement dans un restaurant où elle avait un rendez-vous de la plus haute importance. Si ce vieux Cobar pensait vraiment qu'elle allait se contenter d'être spectatrice du bonheur de sa fille, sans jamais y prendre part, c'est qu'il avait sous-estimait son amour en tant que mère. Oui, plus d'un diraient qu'il était trop tard pour se racheter, mais ce qu'ils ignoraient c'était qu'elle n'allait pas demeurer les bras croisés. Si au début elle avait eu l'intention de se faire entretenir d'une quelconque manière par cet enfant, à présent elle réalisait qu'en réalité tout ce dont elle avait besoin, c'était une famille. Celle qu'elle n'avait jamais pu fonder avec son idiot de mari et qu'elle aurait pourtant tant voulu avoir. Avec un peu de chance, les choses iraient bien et elle pourrait même faire la connaissance d'éventuels petits enfants, si sa chère fille avait déjà connu les joies de la maternité, dont elle même s'était privée.


- Tu es en retard, fit une voix, lorsqu'elle prit place à la table qu'elle avait réservée.


Elle fit mine de sourire.


- C'était quoi ta bonne nouvelle ? demanda Wally Diakité. Il ne faut plus qu'on nous voit ensemble, tu le sais n'est-ce pas ?


- Je sais tout ça, répondit-elle. Mais il se trouve que j'ai enfin retrouvée ma fille, alors si je te dis que tout le reste m'importe peu...


- Pas moi en tout cas. Si j'ai été libéré, ce n'est pas pour retomber dans les filets de ton mari et toi.


- Thiam n'est plus un problème. Et de toute façon, bientôt je ne serai plus sa femme.


De la surprise apparut sur le visage du jeune Wally.


- Ne me regarde pas comme ça.


- Tu es folle si tu penses que je vais prendre sa place.


- Wally, Wally, je ne suis pas ici pour ça. Je t'ai dit que j'ai retrouvée ma fille, tu pourrais me féliciter.


- Quand as-tu découvert que c'était une fille et non le contraire ?


- C'est maintenant que tu poses la question ?


Elle lui raconta comment elle était tombée sur le père de son enfant, qu'elle croyait mort et comment elle s'était vraiment acharné à retrouver le type qui jusque là était le seul lien entre les parents adoptifs de sa fille et elle-même.


- Tu es très forte, je l'avoue, finit-il par dire.


- C'est peu dire. J'ai le nom et l'adresse qu'il me faut, mais bien entendu je ne peux pas me présenter comme ça, sans penser aux conséquences, si Cobar l'apprenait. Je vais devoir être très discrète.


- Et ?


- Tu vas m'aider.


Pour toute réponse, Wally porta son verre de Brandy à ses lèvres.


- Ok.


- C'est tout ce que tu as à dire ?


- Écoute, je te dois une faveur pour m'avoir sorti de prison, mais je ne cherche pas d'autres embrouilles. Qu'est-ce que tu veux ? 


- Rien que tu ne sauras faire. Tu es intelligent et rusé, toi tu sauras comment l'approcher sans éveiller les soupçons.


Il soupira bruyamment, alors qu'elle lui tendait une enveloppe.


- Je ne sais pas comment ça se fait, mais son nom m'est assez familier. Je n'ai cependant pas pu avoir de photos donc débrouilles toi pour m'en trouver. Je veux absolument tout savoir sur elle et sur son fameux mari. Apparemment il est riche comme Crésus.


- Tes intentions ne sont jamais désintéressés.


- Je n'ai que faire de l'argent de mon beau fils. Fais ce que je te demande et nous serons quittes. 


Elle se leva et déposa ses clés de voiture devant lui.


- Comme preuve que je tiens à notre nouvelle collaboration, je te fais cadeau de ma Duster.


Il eut un sourire moqueur.


- C'est qui le nouveau pigeon ?


- Détrompe toi, je n'ai pas été marié à cet imbécile de Diarra pour rien.



*** 


Le soir venu, Malik n'eût pas à beaucoup insister pour qu'on le laisse voir Maya. Le docteur lui avait parlé du refus de cette dernière lorsqu'il avait mentionné son nom et il comprenait parfaitement pourquoi. Cependant qu'elle le veuille ou pas, ils seraient forcément appelés à parler, à discuter, ou du moins il était de son devoir à lui de fournir à la jeune femme, des explications, quelles qu'elles soient. En plus après le mensonge du docteur Diaw...


- Avez-vous vous réfléchi à la manière dont vous allez le lui annoncer ? le questionna ce dernier, une fois devant la porte derrière laquelle se trouvait Maya. Si je ne me suis pas résolu à lui parler c'est bien parce que son état ne me le permet pas.


- Je ne compte pas lui en parler tout de suite.


Il approuva d'un signe de tête.


- Je suis d'accord et j'espère que quand le moment viendra, Dieu vous donnera la force et les mots nécessaires.


Malik ne répondit rien et l'instant d'après il put entrer dans la chambre.


S'attendant à la trouver assoupie, il fut surpris de voir qu'elle était éveillée et assise, les pieds au bord du lit. Puis le regard qu'elle posa sur lui n'avait rien d'accueillant.


- Comment te sens-tu ? demanda t-il, une fois la porte refermée.


- Qui t'a laissé entrer ?


Sûr de rien, il demeura à côté de la porte. Si elle n'était pas disposée à le voir, mieux valait ne pas trop lui imposer sa présence.


- Je voulais savoir comment tu allais.


Elle haussa les épaules.


- Dieu merci je suis toujours en vie. Et ma fille aussi.


La poitrine de Malik se comprima et il se sentit pris de remords.


- Parce que autant te le dire, poursuivit-elle, en le regardant droit dans les yeux, s'il était arrivé quelque chose de grave à mon bébé, jamais je ne te l'aurais pardonné.


- Je suis désolée Maya.


Elle ramena ses pieds sur le lit et s'allongea.


- Et je suis disposé à tout t'expliquer, si tu consens à m'écouter.


Silence. 


Les yeux rivés au plafond, elle semblait vouloir oublier qu'il était là.


- Pour l'instant, tout ce que je peux te dire c'est que je m'en veux de t'avoir mêlée à tout ça. Je suis loin d'être un saint, mais c'est sans doute la pire erreur de ma vie et quand je pense que je vais devoir vivre avec...


- À t'entendre tu n'avais vraiment pas prévu que je le découvre, hein ? 


Maya ne reconnut pas sa propre voix lorsqu'elle lui posa cette question. Elle s'était promis de ne pas se laisser émouvoir par ce qu'il dirait, mais la colère qu'elle ressentait présentement vis à vis de lui était d'une telle intensité...


- Qu'est-ce que j'ai été conne, fit-elle d'une voix étranglée. Depuis le début tout n'était que complot et mensonges. Tu t'es servi de moi sans scrupule et comme cela ne te suffisait pas, tu as osé exiger que je te fasse un enfant.


- Écoute...


- Tu sais, je vois clair maintenant. Dès le début j'avais l'impression que tous tes actes étaient calculés, mais rien n'expliquait que tu puisses me manipuler. Je n'aurais jamais été assez paranoïaque pour imaginer que je n'étais pour toi qu'une arme contre mon propre père.


- Henri n'est pas ton...


La porte s'ouvrit et tous deux tournèrent la tête. C'était Sonya. Celle ci avait l'air affolé et lorsqu'elle vit Maya, ses yeux s'aggrandirent de stupeur.


- Oh mon Dieu.


- Referme la porte, s'il te plaît, lui dit Malik.


Comme elle ne bougeait pas, il lui prit le bras, la fit entrer, puis ferma derrière elle. Comment elle avait été mise au courant, il n'ignorait pas qu'Umar était contre le fait qu'il n'ait fait venir aucun membre de la famille Fall.


- Qui d'autre est venu avec toi ? s'enquit-il


- C'est vrai que tu as perdu le bébé ? demanda Sonya à Maya, de but en blanc. C'est vrai ?


Cette dernière se redressa lentement, avant de se tourner vers son mari, qui lui, se raidit.


- Comment ça...perdu le bébé ? Tu n'as pas parlé avec le docteur ? 


Sonya reprit la parole.


- Mais je viens de voir Umar, c'est lui qui m'a appelée et il m'a clairement fait comprendre que tu avais donné naissance à un...


- Oui j'ai donné naissance à une petite fille et elle est prématurée, asséna Maya. 


À nouveau, elle se tourna vers Malik.


- Où est-elle ? Où est ma fille ? 


Ne sachant que lui répondre dans l'immédiat, il se rapprocha d'elle, tandis qu'elle s'apprêtait à arracher la perfusion. Il lui prit les mains.


- Je ne pouvais pas te l'annoncer dans ton état, dit-il, calmement.


- Seigneur...


Il se tourna vers Sonya, qui venait seulement de réaliser l'erreur qu'elle avait commise. 


- Laisse nous, s'il te plaît.


- Comment peux tu me demander de partir ? Qu'est-ce qui s'est passé ? Qu'est-ce que tu lui as fait ? 


- Tu crois vraiment que j'ai envie de parler de tout ça avec toi ?


- Et toi tu crois qu'il te suffit de donner un ordre pour que ça passe ? Pour qui est-ce que tu te prends ?


Elle sortit son téléphone de sa poche et se mit à composer un numéro. 


- Qui appelles tu ?


- À ton avis ? Tu crois avoir épousée une orpheline ou quoi ?


Elle lui tourna le dos et sortit de la chambre.

 





Sensuelle Ennemie