Chapitre 5
Ecrit par Djelay
Ciara devient nerveuse en entendant des pas se rapprocher. Son cœur a complètement cessé de battre lorsque le portail s’est ouvert. Elle s’attendait à se retrouver nez à nez avec Stéphane. Le soulagement qu’elle a ressenti en voyant un homme autre que son mec d’internet la fait glousser. L’homme en face la regarde avec un air étonné. Il doit penser qu’elle est folle. Il est assez charmant avec une taille moyenne et légèrement enrobé. Elle lui donne tout au plus trente-cinq ans. A première vue, il paraît antipathique dans son uniforme. En plus, Il ne ressemble pas du tout à un agent de sécurité. Il n’en a pas la morphologie. De toute façon, cela lui importe peu.
- Bonsoir mademoiselle. Dit-il d’une voix un peu trop sérieuse. Veuillez me suivre, Monsieur m’a demandé de vous conduire jusqu’au hall.
- Après vous. Répond Ciara en le gratifiant d’un léger sourire.
Durant le trajet qui mène à l’entrée, Ciara ne peut se retenir de regarder autour d’elle. A sa gauche il y a un magnifique jardin avec une pelouse impeccable qui encercle une belle petite fontaine. C’est tout simplement splendide. Le parking se trouve tout juste à sa droite et à voir tous ces véhicules stationnés, c’est évident que ce mec est millionnaire, peut-être même milliardaire. Dans quoi vient-elle de se fourrer ? Merde Ciara ! Il a fallu que tu suives les conseils de Lala. La porte d’entrée s’est ouverte dès qu’ils y sont parvenus. En face d’elle, se tient une belle dame vêtue d’un charmant ensemble tailleur beige. Gênée par sa propre tenue Ciara se couvre instinctivement la poitrine. Cette dame doit certainement la prendre pour une prostituée vue la mine dégoutée et pleine de reproche qu’elle affiche.
- Bonsoir Mademoiselle. Dit-elle froidement. Je suis madame Melan, la gouvernante de cette maison. Si vous voulez bien me suivre, monsieur vous attend dans son bureau.
Ciara la suit en silence. Le hall est immense. Elles empruntent un couloir et s’arrêtent devant une grande porte à deux battants. Ciara retient son souffle au moment où la gouvernante ouvre la porte. Sans même le voir, elle sait qu’il est derrière cette porte. Elle ne se l’explique pas mais elle parvient à sentir sa présence. Cette forte présence masculine lui donne aussitôt des frissons.
- Votre invitée est là monsieur N’….
- Merci madame Melan, l’interrompt-il, ne prenant pas la peine de se retourner.
Il se tient en face d’une grande baie vitrée. La vue dehors est spectaculaire. On peut nettement voir le jardin parfaitement éclairée. La statue d’éléphant au milieu de la fontaine, avec l’eau sortant de la trompe est des plus originales.
- Désirez-vous autre chose monsieur ? Demande la gouvernante.
- Non. Ça ira pour l’instant. Merci madame Melan.
- Je vous en prie.
Elle s’incline légèrement puis s’avance vers la porte qu’elle ferme silencieusement après être sortie. Ciara reste figée là, près de cette porte, n’osant ni parler, ni bouger. La voix grave et en même temps douce de Stéphane l’a clouée sur place. Il n’a pas daigné se retourner. Lui non plus n’a pas prononcé un seul mot. Sans doute attend-t-il qu’elle se décide à parler. Dans ce cas il attendra longtemps. Elle se sent assez gênée à cause de sa tenue pour qu’il vienne en rajouter avec son silence. Il ne l’a pas encore vue. Tout comme madame Melon, lui aussi la prendra pour une prostituée. Mais bon sang ! Va-t-il se décider à mettre un terme à cet insoutenable silence.
- Bonsoir Ciara. Dit-il d’une voix douce qui la fait sursauter.
Elle ne s’y attendait pas. Il lit dans ses pensées ou quoi ? Lorsqu’il lui fait enfin face, ses yeux s’attardent d’abord sur son décolleté avant de la détailler entièrement sans aucun scrupule. A présent son regard est rivé au sien. Il parvient à lire sa gêne. Elle baisse les yeux, les mains fermement accrochées à son sac. Cette fille ne sait pas du tout mentir. Elle est loin d’être ce qu’elle essaie de paraître. Si on ne se fit qu’à son accoutrement indécent, on dirait sans réfléchir que cette une femme aux mœurs légères. Mais lorsqu’il a pénétré le fond de ses yeux, il n’y a vu que de la peur et de la nervosité. Une prostituée se serait déjà mise à le chauffer. Pourquoi s’est-elle habillée de cette façon bon sang ? Pourquoi fait-elle ça ? Putain, elle est tellement plus belle en vrai. Et ce corps… seigneur. Il faut que je me maîtrise, pense-t-il. De son côté, Ciara regrette d’avoir enfilé cette tenue. Elle ne supporte pas le regard dégouté de Stéphane. Il va surement la renvoyer. Elle s’y est préparée au moment où les yeux de la gouvernante se sont posés sur elle. Jamais elle n’a subi pareille humiliation.
- Ne reste pas debout. Viens t’assoir. Je t’offre un truc à boire ?
Les mots ne parviennent pas à sortir de sa bouche. Ils sont comme coincés dans sa gorge et elle s’en veut de paraître intimidée. Le comble c’est qu’elle l’est réellement. Stéphane, le bel inconnu du site de rencontre la trouble énormément.
- Ressaisis toi Ciara, ne montre surtout pas que tu es faible. Se dit-elle pour se donner du courage.
- Alors ? Tu vas rester debout toute la nuit à me regarder ?
Il part s’installer dans l’un des canapés et lui fait signe de la main pour qu’elle le rejoigne. Si elle hésite, ce n’est que durant un bref instant. Dans une démarche mal assurée, ce qui la surprend d’ailleurs, elle se dirige vers le fauteuil qui fait face à Stéphane.
- Je constate que tu es réellement timide. Tu ne parlais pas beaucoup lors de nos entrevues virtuelles. J’aurais dû me douter que ce serait pire en vrai. Dit-il avec humour.
- Je ne suis pas timide. Réplique-t-elle sèchement.
Cette réaction inattendue l’amuse beaucoup. Elle essaie de se donner une contenance même dans cette tenue un peu trop vulgaire. Ses mains ne cessent pas de tirer sur le bas de sa robe. Eh bien ma chère Ciara, nous verrons si tu parviendras au bout de cette soirée. Pense-t-il, le sourire en coin.
- Prouve-le dans ce cas ? Sa voix s’est faite rauque ce qui la trouble d’avantage.
- Pardon ?
- Prouve-moi que tu n’es pas timide. Répète-t-il, le regard insistant.
Ciara ne reste plus en place. Elle se sent atrocement mal à l’aise. Qu’est ce qui lui prend de lui dire ces choses et de surcroit avec cette voix ? C’est clair qu’il essaie de la chauffer et il réussit très bien. Se l’avoue-t-elle. Comment arrive-t-il à produire en elle de telles sensations ? Même Franck n’y était jamais parvenu.
- Ciara, Ciara, reprend toi, c’est dans ta tête. Se dit-elle.
Inutile de se voiler la face, elle désire follement cet inconnu et le volcan qui s’est déclenché tout au fond de son être entier le prouve assez bien. Putain ! Mais que doit-elle faire ? Elle n’est plus sûre de vouloir coucher avec ce mec même si elle en meurt d’envie. Que faire, que faire ?
- Ciara ?
Il la voit tressaillir. A quoi peut-elle bien penser ? Il payerait cher pour le savoir.
- Euh oui.
- Si tu veux, on arrête tout maintenant. Tu n’as qu’à le dire et…
- Non ! S’écrie-t-elle un peu trop hâtivement.
- Nous nous sommes mis d’accord alors il faut aller au bout. Reprend-elle.
- Je ne veux en aucun cas que tu te sentes forcée. Parce que là, c’est l’impression que tu donnes.
- J’en ai envie.
Ces mots sont sortis sans qu’elle ne s’en aperçoive. La honte s’empare immédiatement d’elle. Et le silence de Stéphane ne l’aide pas. C’est sa faute. Il n’aurait pas pu simplement la fermer et la sauter à l’instant même où elle a pénétré cette pièce ? Et c’est quoi cette conversation chiante ? Ils ne sont pas là pour faire ami ami tout de même. Alors pourquoi ne passent-ils pas aux choses pour lesquelles elle se trouve dans cette satanée baraque.
- Veux-tu boire quelque chose ? Du vin ? Un soda ? Ou préfères-tu une boisson forte ?
Cette fois Ciara est à bout de patience. Elle le regarde ébahie. C’est sûr, il se moque d’elle. Il n’y a aucune autre explication.
- Si tu as changé d’avis, tu peux me le dire. Inutile de tourner autour du pot. Lui balance-t-elle au visage.
- Je te demande pardon ?
- Ne feins pas la surprise s’il te plait. Dit-elle sarcastique.
- Je vois bien que tu essaies de me renvoyer. Fais-le une bonne fois pour toute. Ajoute-t-elle.
- Qu’est ce qui te prend d’un coup ?
- De toute évidence tu n’oses pas le dire dans ce cas…
Alors qu’elle sur le point de se lever sans doute pour s’en aller, Il bondit du canapé en un éclair. A présent, se tenant penché au-dessus d’elle, les mains posées sur chaque accotoir du fauteuil dans lequel elle est toujours assise, il la fixe intensément. Ciara se retrouve prisonnière entre ses bras sans aucune échappatoire.
- Je ne souhaite qu’une seule chose depuis que j’ai rencontré ton regard, c’est-à-dire il y’a moins d’une demie heure.
- Quoi ? réussit-elle à dire malgré le souffle tout chaud de Stéphane sur son visage.
- Te faire l’amour. Murmure-t-il à son oreille.
Elle s’apprête à dire quelque chose mais ses lèvres sont immédiatement capturées par celles de Stéphane. Son baiser est rude, sauvage. C’est comme s’il n’en pouvait plus de se retenir. D’un coup, il la soulève et la porte comme un jeune couple fraichement marié. Il l’emmène sans dire un mot. Sûrement qu’ils se dirigent vers sa chambre. Pense-t-elle lorsqu’il gravit à grands pas les marches des escaliers. La chambre dans laquelle il l’a conduite est gigantesque. Elle n’a pas le temps de la contempler, déjà il l’allonge délicatement sur le lit et s’active à la tâche. Son baiser est plus doux cette fois.
- Nous avons perdu trop de temps ma douce. Chuchote-t-il contre ses lèvres.
Sans attendre d’avantage, il lui retire d’un geste rapide ses vêtements y compris les siens. Ils sont à présent tous deux nus comme des vers. Etendue sous lui elle se délecte des délicieuses caresses qu’il lui procure. Elle se sent bien là, contre lui comme si cela a toujours été sa place. Stéphane se montre très attentionné. Il la touche là où il faut et comme il le faut. Il lui murmure sans cesse des mots doux ce qui quadruple son plaisir. Excitée est un faible mot pour décrire l’état dans lequel elle se trouve. La sentant prête, Stéphane s’introduit lentement en elle sans se faire prier. Il lui fait l’amour comme jamais il ne l’a fait auparavant à une femme. Ils refont l’amour encore et encore durant presque toute la nuit. Epuisés, ils finissent par s’endormir dans les bras l’un de l’autre.
Dans son rêve, Stéphane tient la belle Ciara entre ses bras. Ils sont couchés sur le sable fin de la plage, la douce brise caressant leurs corps entremêlés. Le gout de ses lèvres est exquis, il ne peut plus s’en passer. Il la désire encore et encore. Soudain il la voit s’en aller sans qu’il puisse la retenir. Désespéré, il se met à sa poursuite mais elle s’éloigne de plus en plus jusqu’à disparaitre. A son réveil, il est soulagé de constater que ce n’était qu’un mauvais rêve. Mais son désespoir dans le rêve refait surface lorsqu’il réalise que Ciara n’est plus là. Il sort à la hâte de son lit en direction de la salle de bain. Elle doit certainement y être. Hélas, ce n’est pas le cas. Il enfile son bas de pyjama et descends en trombe les escaliers. Dans le hall Il trouve madame Melan en pleine conversation avec Nafi, la femme de ménage.
- Bonjour monsieur N’Goran. Dit-elle en l’apercevant.
- Bonjour, avez-vous vu mon invitée d’hier ? s’empresse-t-il de demander.
- Elle est partie il y’a à peine trente minute monsieur.
- Quoi ? Et a-t-elle laissé quelque chose ? A-t-elle dit quelque chose ?
Madame Melan ne cache pas sa surprise devant la panique de son patron.
- Non, pas que je sache. y a-t-il un problème monsieur ?
- Aucun ! Lâche-t-il sèchement.
Il retourne dans sa chambre sans rien ajouter. Il se met tout de suite à la recherche d’un mot laissé par elle. A son grand soulagement il retrouve un petit bout de papier posé sur sa table de nuit. ‘’Merci pour cette soirée’’.
- Quoi ? c’est tout ? s’écrie-t-il.
Il prend son téléphone et décide de l’appeler. Pour qui se prend-t-elle pour le laisser en plan dans son propre lit ? Pourquoi est-elle partie si soudainement alors qu’ils avaient passé une excellente nuit ? Il désire la revoir ; Cette nuit ne lui a pas suffi et il en veut d’avantage. C’est vrai qu’ils se sont mis d’accord sur le fait que ce serait juste pour cette fois mais cet accord ne lui convient plus. Sans se l’expliquer, Ciara vient de laisser un grand vide dans son existence. Pourtant elle n’y a séjourné que quelques heures. C’est quoi cette folle envie de la revoir ? Qu’est-ce qui lui arrive à la fin ? Bon sang !
- Messagerie de merde. Grogne-t-il en jetant le téléphone sur le lit.
-
Tant pis j’essaierai plus tard. Elle devra
tôt ou tard rallumer son portable. Se dit-il à voix haute voix pendant qu’il
avance vers la salle de bain.
Fin du cinquième chapitre. Bizbi.