CHAPITRE 5: ACCEPTER SA PLACE

Ecrit par L'UNIVERS DE JOLA

CHAPITRE 5 : ACCEPTER SA PLACE

**LOYD MBAZOGHO**

J’ouvre la porte sur Marwane.

Marwane : (Souriant) Finalement tu es revenu ?

Je lui tourne le dos sans lui répondre.

Marwane : (Entrant derrière moi) Je pensais que tu fuirais toute ta vie.

Moi : Hum.

Les enfants qui l’ont vu sont venus sauter sur lui et il les a soulevés avant de tournoyer avec eux dans ses bras sous leurs rires. Quand il les a redéposés, ils titubaient comme des ivrognes.

Moi : Gère-les le temps pour moi de me changer.

Marwane : Tu te changes pourquoi ?

Moi : On va faire un tour chez le coiffeur.

Marwane : Ah. Je croyais que c’était ton nouveau look.

Moi : Ce n’est pas le cas.

Marwane : Et donc pourquoi tu t’es laissé pousser la barbe et les cheveux ?

Moi : Je n’avais pas le temps de le faire et de plus je n’ai pas trouvé un endroit fiable là-bas où me faire couper ça.

Marwane : Ok

Je les ai laissés au salon et je suis allé me changer avant de les rejoindre. J’ai pris leurs pulls et mon portefeuille puis nous sommes partis avec Marwane chez celui qui me coiffe ici à Libreville. Il s’est correctement occupé de moi et aussi de mon fils qui avait quelques cheveux dont il fallait se débarrasser. Marwane nous a fait des photos et vidéos avec des petits commentaires. J’ai récupéré quelques unes et je les ai mises en statut. ‘’Mon double et moi’’, ‘’copie conforme à l’orignal’’. J’ai mis une petite vidéo de Leslie et lui ‘’mes raisons de vivre’’. Une de Marwane qui est venu faire la grimace sur ma photo ‘’mon karma’’ et une des enfants et lui ‘’ma famille’’. J’ai rangé mon téléphone et nous sommes rentrés après avoir payé.

Moi : (Une fois rentrés) Tu passes le week-end avec nous ou tu as juste voulu faire un aller-retour ?

Marwane : Tu veux que je reste hein ?

Moi : Même pas en rêve.

Marwane : (Riant) J’ai vu ton statut hein. Ton karma est ton seul parent alors je sais que tu veux que je reste là.

Moi : Hum.

Marwane : De toutes les façons, j’avais bien l’intention de rester avec vous pour le week-end car j’ai besoin de me détendre. Ce mois a été très intense au boulot. Tu sais que papa m’a mis en relation directe avec les clients depuis son départ pour la France.

Moi : J’imagine. J’espère que ça ne se passe pas trop mal et que tu arrives à gérer.

Marwane : (Soupirant) On va dire qu’il y a des jours avec et des jours sans.

Moi : (Le regardant avec insistance) C’est toi qui te mets ce blocage n’est ce pas ?

Marwane : Je ne me mets aucun blocage, je ne suis pas juste doué pour aller au contact des gens, c’est papa qui le maîtrise.

Moi : Toi et moi savons que c’est faux. En matière d’aborder les gens, tu excelles dans ça mieux que tout le monde et tu arrives à te faire des amis en un claquement de doigts alors il est évident que le problème n’est pas là-bas mais ailleurs.

Marwane : (Silence)

Moi : Je t’écoute.

Marwane : (Silence)

Moi : On n’a pas toute la soirée monsieur.

Marwane : Hum.

Moi : Tu as perdu ta grande gueu

Je me suis retenu en regardant les enfants qui étaient juste à côté en train de dessiner.

Marwane : (Esquissant un faible sourire) Vas-y, pervertis-moi les enfants avec ton langage.

Moi : Tchuip.

Il rit avant de soupirer.

Marwane : Je suis très souvent anxieux à chaque fois que je dois rencontrer un nouveau client car je me dis que cela pourrait se reproduire.

Le jour où il a commencé à travailler avec l’équipe sans son père, il a rencontré un client avec qui il avait traité à l’époque dans le cadre de sa vie passée et ce monsieur l’avait complètement déstabilisé en le laissant incapable d’aligner une phrase correcte et bien évidemment, il n’avait pas pu conclure ce travail. On en avait parlé mais je pense maintenant que la chose l’avait touché plus que ça.

Marwane : J’ai à chaque fois peur de recroiser quelqu’un que je connais et pire encore qu’ils décident de ternir l’image de la boîte. Alors je perds mes moyens bien avant l’entretien et ça se passe presque toujours mal.

Moi : Je vois. Je peux te poser une question ?

Marwane : Vas-y.

Moi : Si un homme normal et sain d’esprit couche avec un fou ou une folle en secret, lequel des 2 doit craindre pour sa réputation ?

Marwane : Tu es en train de me traiter de fou ?

Moi : Répond à ma question.

Marwane : (Me regardant de travers) L’homme sain d’esprit.

Moi : Voilà, tu as la réponse à tes problèmes.

Marwane : Je ne comprends pas. En quoi est-ce la réponse ?

Moi : Il fut un temps, tu étais fou et tu as posé certains actes dont on ne peut pas t’imputer la responsabilité car les fous sont irresponsables. Un fou n'a pas honte de manger dans une poubelle car c’est sa nature qui l’oblige à le faire. Mais si quelqu’un qui a soit disant toutes ses facultés, se met à agir comme tel, c’est sur lui qu’on devrait crier. Ces hommes qui se sont approchés de toi par le passé dans ce cadre sont ceux qui devraient avoir honte d’eux et non toi. Ils présentent au yeux du monde ce qu’ils ne sont pas et contrairement à toi qui n’a jamais joué un rôle, ce sont de menteurs que toi tu as la faculté d’exposer au grand jour pour faire connaître leurs fourberies.

Marwane : (Silence)

Moi : Tu n’as pas à te stresser à cause d’un détraqué ayant des penchants sexuels malsains. Au contraire tu devrais plutôt lui sortir une de tes phrases à la Paul que vous irez en enfer.

Il rit et moi aussi.

Moi : (Souriant) Tu vois ce que je veux dire ?

Marwane : (Répondant à mon sourire) Oui.

Moi : Alors fais ce que tu sais le mieux faire. Tu as reçu le don pour déstabiliser les gens qui vivent mal alors fait le.

Marwane : (Souriant) Il y a des jours où tu es très sage et on peut croire que tu es quelqu’un de normal alors que c’est faux.

Moi : Si tu le dis.

Marwane : Exemple ce qui s’est passé avec Lucrèce.

Moi : Je t’ai déjà dit que c’était une erreur.

Marwane : Sérieusement ?

Je me lève et m’éloigne car je n’ai pas envie d’en parler devant les enfants alors je vais dans une autre extrémité de la pièce et il me suit.

Moi : Oui. Cette nuit nous avons dormi ensemble et je n’ai pas pu me retenir. Mais je lui ai dit et je te le redis, ça ne se répétera plus.

Marwane : Ça ne se répétera plus jusqu’à ce que vous vous retrouviez à nouveau entre 4 murs et que vous recommencez l’expérience ?

Moi : Ça n’arrivera pas.

Marwane : Tu es vraiment pathétique sérieux. On peut vivre dans le déni comme ça ? Ça te coûte quoi de réunir la famille et de demander pardon comme Lucrèce l’a fait ? Ça te coûte quoi de dire à tout le monde que tu es dingue d’elle et que tu veux en faire ta femme de façon légitime ? Ça te coûte quoi de faire les choses bien ?

Moi : Ça me coûte qu’il n’y a rien à faire avec cette histoire. Je ne sais pas si tu as écouté leurs discours ‘’la famille ce n'est pas uniquement une affaire de sang ou de naissance’’ je l’ai compris alors il n’y a plus rien à dire sur cette affaire.

Marwane : (Bougeant la tête de gauche à droite) Tu es vraiment désespérant.

Moi : J’accepte.

Marwane : Ok. Comme tu as choisi de vivre malheureux toute ta vie, c’est bien. Je vais me changer.

Il est parti dans la deuxième chambre pour le faire et oui, il a des affaires à lui là-bas. Depuis le dernier appel qu’on avait échangé où il m’avait montré Lucrèce en train de demander pardon à la famille, il avait retenté de me joindre le même soir mais je n’avais pas pris ni les 2 jours qui ont suivi, j’étais resté dans mon coin en train de repenser à cet échange et l’attitude de Lucrèce les semaines qui ont suivi m’ont conforté dans l’idée selon laquelle il n’y avait vraiment rien à faire. C’est moi le méchant de cette histoire et c’est moi qui avais dérangé la quiétude de la pauvre famille. J’ai pris bonne note et j’ai décidé d’agir en conséquence. Quand Marwane m’avait reparlé de ça je lui avais dit que c’était une erreur et que j’avais laissé mes pulsions s’exprimer mais cela n’allait plus se reproduire. Il m’avait dit qu’il m’attendait à Libreville pour en parler de vive voix mais voilà rien a changé. Les choses sont claires, entre Lucrèce et moi, il y a une tension et une animosité latentes et c’est tant mieux, ainsi chacun reste dans son coin et les choses sont sans équivoques. Nous sommes coparents et partenaires d’affaire. Le reste c’est la fille de Leslie et Arsène, l’histoire s’arrête là. J’ai arrêté de visionner nos vidéos et sa photo qui était en fond d’écran a été remplacée par celle de mes enfants. Petit à petit je vais me détacher d’elle et j’irai de l’avant, une chose à la fois.

 Marwane est revenu nous trouver et nous sommes passés à table avec les enfants…

**ARIANE MOUGOUELI**

Je regarde Jérôme qui est en train de s’habiller puis il vient vers moi et m’embrasse sur la bouche.

Jérôme : Je t’appelle dès que j’arrive à la maison.

Moi : Cette histoire va durer jusqu’à quand ?

 Jérôme : Nous en avons déjà parlé Ariane.

Moi : Ça va bientôt faire 2 mois J.

Jérôme : Oui et c’est toujours beaucoup trop tôt.

Moi : (Silence)

Jérôme : (Venant me prendre dans ses bras en s’asseyant derrière moi) Bébé je ne veux pas que tu te stresses ou que tu penses à ça. (Caressant mon ventre) Je veux que tu penses au bébé, à ce merveilleux trésor qui grandit ici.

Moi : Justement c’est à lui que je pense J, je suis en train d’aller à 2 mois et bientôt mon ventre se verra. Que suis-je censée dire aux gens ? Anselme m’a demandé la dernière fois si j’étais malade à cause des malaises et je n’ai pas su quoi lui répondre. On va bientôt me regarder à la route et les gens vont commencer à se questionner, qu’est-ce que je vais répondre ?

Jérôme : Rien du tout car tu n’as aucun compte à rendre à qui que ce soit. Tu es une adulte responsable.

Moi : (Silence)

Jérôme : (Me faisant un bisou sur l’épaule) Je te promets qu’après le premier trimestre, nous le dirons à tout le monde.

Moi : Sérieusement ?

 Jérôme : Oui. Allez n’y pense plus et fais-moi un joli sourire.

Je m’exécute et il me fait de nombreux bisous dans le cou qui finissent par me faire rire puis il me fait coucher sur le lit et se met au dessus de moi avant de m’embrasser avec entrain jusqu’à essayer de faire rentrer sa main dans ma petite culotte.

Moi : (Le repoussant en riant) Pardon pars, je ne veux plus. Bientôt le jour va se lever et les enfants vont te voir.

Jérôme : (Souriant) Heureusement la semaine prochaine ils seront chez maman et je pourrai disposer de toi comme je le voudrais.

Moi : Hum.

Il m’a fait une longue série de bisous sur les lèvres puis il s’est levé.

Jérôme : J’y vais.

Moi : D’accord.

Je me suis levée à sa suite et je l’ai accompagné jusqu’au portillon pour ne pas qu’il réveille le gardien qui dort encore car il est 5h45. Il s’en va et je ferme derrière lui en retournant dans la maison, je vais m’allonger sur mon lit et je soupire grandement. Ça fait va faire 2 mois qu’il était venu me trouver à Koulamoutou et que nous avons eu cette escapade tous les deux. Naturellement, je n’avais pas assisté à la soirée du mariage et j’avais fait un message à Elvia pour lui dire que j’étais quelque part. Nous avions passé cette journée jusqu’au lendemain en après midi où il avait pris ses affaires et était remonté sur Libreville. Elvia avait essayé de m’interroger sur l’endroit où je me trouvais et ce que j’avais fait mais je n’avais pas lâcher le morceau. Nous étions remontées sur Libreville le lendemain et toute la semaine en question, Jérôme venait à la maison après le boulot et dormait même là. Tout allait bien jusqu’au retour des enfants où il a mis une distance entre nous, c’est-à-dire qu’en leur présence il était neutre et me traitait comme on avait l’habitude de le faire mais une fois hors des parages, il me touchait, me prenait dans ses bras, m’embrassait et me faisait l’amour. J’avoue qu’au début cela m’a déstabilisée.

Moi : À quoi est-ce que tu joues au juste ?

Jérôme : À rien du tout.

Moi : Alors c’était quoi ça ?

Jérôme : Ça quoi ?

Moi : Tout à l’heure devant les enfants. Tu m’as esquivée.

Jérôme : Oui. Nous avons dit que nous resterions discrets pour le moment.

Moi : J’ignorais que l’on devrait aussi faire semblant devant les enfants.

Jérôme : C’est trop tôt pour parler. Je ne veux pas que nous les perturbions avec cette histoire et qu’ils commencent à se faire de fausses idées. Après ce sont eux qui en souffriront alors pour le moment, on ne leur dit rien.

Moi : (Silence)

Jérôme : Allez bébé (me tirant dans ses bras) C’est juste pour le début et après nous dirons tout à tout le monde au moment venu.

Moi : (Capitulant) D’accord.

J’ai accepté ça et quelques semaines après j’ai commencé à ressentir des malaises. Pour avoir déjà expérimenté la chose, j’ai su que c’était forcément que j’étais enceinte et le test de grossesse a confirmé. Je le lui ai dit, il est devenu 2 fois plus attentionné et dort à la maison presque tous les soirs mais seulement quand c’est ma semaine, il veille avec nous, fait semblant de rentrer chez lui puis revient autour de 23h pour partir au petit matin. Quand c’est sa semaine, il va déposer les enfants chez ses parents et passe les voir après le boulot. Ça va faire un mois que ça dure depuis que nous avons découvert la grossesse. Naturellement hors de la maison, il m’ignore. Si je dis que ça ne me fait pas mal, je mentirai car concrètement je suis dans un état de confusion. Je ne sais pas s’il veut nous redonner une chance ou je ne sais pas exactement ce dans quoi on se trouve. L’autre chose aussi c’est que sa copine est toujours chez lui. À chaque fois que je lui demande ce qu’il en est, il me dit de ne pas m’inquiéter car elle ne compte pas. Il l’héberge juste parce que maison a des difficultés en ce moment. J’essaie de me dire que c’est vrai parce qu’après tout, il est avec moi presque toutes les nuits et il mange également à la maison. Mais n’empêche que j’ai quelques doutes qui m’assaillent l’esprit. Est-ce qu’il a vraiment mis fin à cette relation ? Est-ce qu’il continue de coucher avec elle ? Est-ce qu’elle sait qu’il est avec moi ? Tout cela me tient en éveil surtout pour les jours où il dort chez lui et accentue ma confusion.

Moi : (Soupirant) On attend la fin du premier trimestre et si rien ne change, je tirerai moi-même mes propres conclusions, je ne resterai pas dans ce brouillard longtemps, je n’ai plus l’âge pour ça…

 

 

L'AMOUR SUFFIT-IL? T...