Chapitre 54
Ecrit par Auby88
Je n'ai que la moitié d’un corps, mais mon cœur reste entier. (Kaëm et Martina Russo, Toute ma différence) "
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Femi AKONDE
Aurore et moi sommes à nouveau sur la piste de danse. Nous réservons une petite surprise à nos invités : de la danse salsa sur la chanson "Valio la peina" de Marc Anthony. Je dois reconnaître que j'ai eu un très bon professeur de salsa : Aurore en l'occurrence. Beaucoup d'invités nous rejoignent.
Plus tard, je profite d'un moment de répit pour lui dédicacer notre chanson "The vow". Comme à chaque fois, elle est profondément émue.
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Aurore AMOUSSOU
Ça mange, ça boit, ça rit, ça danse sur divers morceaux exécutés par l'orchestre : Be my lover de Banky W ; Vive les mariés de GG Vickey ; All of me de John Legend ; No one like you de P-Square ; My praise de Sessimè ; Ada de Flavour ; Testify de Ada ; Power flow de Monique ; Excess Love de Mercy Chinwo ; Today is my day de Deborah lukalu et plein d'autres sonorités tant douces que rythmées, tant sacrées que laïques, tant d'ici que d'ailleurs…
A un moment donné, le maître de cérémonie annonce la présence de Zeynab Abib, l'une des chanteuses locales que Femi aime bien écouter. Je l'accompagnerai tout à l'heure sur son morceau "Pour son amour" que j'adore tant. Il lève les yeux vers moi, tandis que l'artiste approche de notre table.
- Aurore ! Quelle agréable surprise !
- Tu vois, il n'y a pas que toi qui sais faire dédicace hein !
Il me fait une révérence à la manière des artistes, puis met ma main sur son coeur. Nous nous sourions.
A présent, Zeynab est là, debout devant notre table, tenant ma main. Les yeux tournés vers mon époux, je fredonne avec elle "Pour son amour".
"C'est comme dans son rêve
Quand tu lui souris
As-tu jamais ressenti cette joie qui t'envahit ?
Ça ne serait pas pire qu'ailleurs
Puisque vous êtes ensemble pour la vie
Laisse de côté ta peur et viens tenter l'aventure
Vois quand ton cœur se met à battre à la chamade
Tu ressens comme une envie de lui faire une déclaration d'amour
Je veux te dire, si je sais rire aujourd'hui
C'est près de toi que moi j'ai tout appris.
Comment veux tu que je vois ma vie sans toi ?
Oh baby oublie ça, n'y compte pas…
Tu as su voir ce que personne n'a su voir
Tu as toujours réussi des coups de maître et avec délicatesse.
Tu as su lire ce que personne n'a su lire
C'est pour cela mon chéri que je te donne mon cœur pour la vie.
Dis moi, seras-tu là ?
Pour me serrer très fort contre toi
Quand dans la nuit, moi je prendrais froid
Dis oui, Chéri dis oui
Car j'ai decidé aujourd'hui de te donner mon cœur pour la vie
Prends ma main, donne-moi la tienne
Emmène-moi où tu voudras
Tout mon amour c'est pour toi
T'inquiète pas, je serai là
Prends ma main et tu sauras
Emmène-moi où tu voudras...
Contre vents et marées
Et surtout au nom de l'amour,
Les cœurs ont bravé tant de missions impossibles
Ça a été pire qu'ailleurs
Mais à cœur vaillant, rien d'impossible
Si tu t'inquiètes, non faut pas
Viens dans ma vie, je te rassure
Pardonne moi si parfois je commets quelques erreurs
Je ne suis pas une fille parfaite
Je voudrais bien apprendre pour mieux t'aimer (...) "
Nous finissons notre dédicace en l'embrassant toutes deux sur la joue. Ça se voit que le gars est extrêmement comblé ! (Rire)
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Actuellement, je balaye la salle du regard, à la recherche de ma princesse. Je viens de l'apercevoir. Elle est près de ses mémés. Qu'elle est jolie dans sa robe de princesse ! Je l'ai cousue moi-même : le haut est en partie en dentelle avec des strass et des perles, et le bas est en tulle. Au milieu, j'ai ajouté une ceinture en noeud de couleur rose poudre. Elle semble en pleine discussion avec son ami Yves. Ces deux-là sont tellement complices ! Qui sait ! Qui sait ! (Sourire).
La voix de Paula résonne dans mes oreilles.
- Tout va bien ? Avez-vous besoin de quelque chose ?
- Non, Paula, dis-je. Pas pour le moment. Merci.
Plutôt que de répondre, Femi préfère taquiner Paula.
- Paula, la future mariée ! Hmm ! La go n'a pas encore de fiancé, mais c'est elle qui sait attraper bouquet !
- Femi ! rétorque-je.
- Aurore, laisse-le parler. C'est pas sa faute oh. C'est sa bouche qui le démangeait depuis l'Eglise.
- C'est exactement cela, ma chère amie !
- Tchrouuu ! fait Paula en direction de Femi.
- Au fait, Femi, Paula ne m'a rien dit mais je crois qu'il y a quelqu'un qui occupe tellement ses weekends que son téléphone est toujours en mode OFF samedi et dimanche ! N'est-ce pas, Paula ?
- Eh bien …
Femi ne la laisse pas finir sa phrase.
- Qui ? Comment ? Il est ici ? Je le connais ? Est-ce que cet inconnu sait qu'il doit d'abord demander ma permission, en tant que ton grand-frère ?
- Grand ou petit ?
- Peu importe. En Afrique, l'homme est toujours l'aîné, quelque soit son âge !
- Macho, va ! réplique-t-elle en froissant les lèvres. En tout cas, il n'est pas là !
- Ne me dis pas que tu as accepté d'être la quatrième épouse de …
- Même pas en rêve ! Ce n'est pas lui !
- Et quand est-ce que tu comptes me présenter monsieur Mystère ?
- Moi aussi, j'ai hâte de voir ce mystérieux homme ! m'empresse d'ajouter.
- Vous attendrez encore longtemps, c'est sûr !
- Paula ! Depuis quand tu fais autant de cachoteries ?
- Paula ! attends ! renchéris-je. Viens rassasier ma curiosité !
- Vous deux-là, ce n'est pas pour rien vous vous êtes mariés ! lance-t-elle. Vous allez trop bien même ensemble !
Femi et moi éclatons de rire. Elle nous fixe longuement puis finit par rire à son tour.
- Comme vous n'avez besoin de rien, je rejoins les autres demoiselles d'honneur pour continuer ma ronde dans la pièce.
- Mais Paula …
- La curiosité est un vilain défaut, je vous le rappelle. Quant à toi Femi, tout à l'heure on saura si tu as vraiment bouche !
- Qu'est-ce tu mijotes encore, Paula ? Paula !
Un sourire malin apparaît sur la commissure de ses lèvres tandis qu'elle quitte précipitamment notre table. Femi regarde dans ma direction. Je hausse les épaules.
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Paula KOUTON
Je continue de me déplacer entre les tables pour m'assurer que le service est bien fait. Cela fait des minutes que je bouge ainsi. Là, je sens un peu la fatigue.
J'ai besoin d'une petite pause bien méritée, le temps de prendre un rafraichissement et de grignoter quelque chose pour retrouver de l'énergie.
Je m'approche donc du buffet. Tandis que je sirote allègrement mon cocktail, une conversation tombe par pur hasard dans mes oreilles. Je précise bien "par pur hasard". Il ne faudrait pas croire que c'est moi qui ai prêté attention à la discussion en premier dêêê !
- Humm ! Dieu est injuste oh !
- Je ne te fais pas dire, ma chère ! Regarde tout ce luxe ! Regarde les mariés !
- Un bel homme comme ça, plein aux as, qui va s'encombrer avec une fille comme ça, alors que nous nous sommes valides et encore libres !
Ces deux mégères ne connaissent sûrement pas ces mots de l'écrivain italien Luigi Pirandello : "Avant de porter un jugement sur ma vie ou sur mon caractère, mettez mes chaussures, parcourez le chemin que j'ai parcouru. Vivez mon chagrin, mes doutes, mes fous-rires. Vivez les années que j'ai vécues, tombez là où je suis tombé et relevez-vous tout comme je l'ai fait".
- Hmmm ! Peut-être qu'elle lui a fait "Gbotemi" pour l'envoûter et l'attacher à elle.
- C'est pas faux oh ! Hmmm ! Si au moins, elle était estropiée ou si elle clopinait, j'allais comprendre un peu. Mais pieds là, ça marche même pas. Elle est tout le temps assise ! Ça là, c'est pas loin de légume ohhh !
Tandis que ces deux mégères discutent, moi je laisse ma colère monter en intensité. Plus c'est chaud, mieux ça agit !
- Tu as bien dit ma chère ! Ça là, c'est charge au quotidien. Le gars va passer sa vie à soulever "ce sac de ciment", on dirait docker ! Hors, il ne travaille pas au Port !
- C'est sûr. Je parie même que la fillette a été adoptée. Sinon femme ça là, ça fait pas enfant dêê !
Finalement, je ne ferai pas de dégâts. Promis ! J'agirai pacifiquement. Après tout, ce n'est pas leur faute si elles parlent ainsi. Ou bien ? En tout cas, je compatis avec elles ! Hihihi.
J'ouvre ma pochette, en sors un petit papier et griffonne dessus un nom et un numéro de téléphone.
- Tu as raison, ma chérie ! répond l'autre ! C'est enfant bâtard, je parie !
- Oui, je …
Mes oreilles souffrent trop. Il est temps d'intervenir. Je les interromps.
- Ne m'en veuillez surtout pas, mesdemoiselles, mais j'ai entendu votre conversation. Je compatis avec vous. Ce ne doit pas être facile d'être encore célibataires à votre âge !
- C'est qui celle-là ? murmure l'une à l'autre.
- Une demoiselle d'honneur, je crois ! Elle est habillée comme les autres.
Elles ne semblent plus à leur aise.
- Diane, viens. On bouge d'ici !
- Un instant ! dis-je en leur barrant la voie.
- Comme je le disais à l'instant, je suis de coeur avec vous. Tenez, c'est le numéro d'un prêtre.
Elles me regardent, hébétées.
- Un prêtre exorciste, je précise. Il saura vous délivrer de cet esprit de médisance qui vous dérange tant ! Peut-être qu'après cela, vous trouverez un mari ! Peut-être que oui, peut-être que non !
Je leur cède le passage en concluant :
- Allez-y. Le plus tôt sera le mieux !
- Vanessa, allons-y et laissons ce "sac de pommes de terre" délirer seule.
- Oui, cela se voit qu'elle est folle !
- Plus vite vous irez, mieux ce sera ! leur adresse-je tandis qu'elles s'éloignent. Vos chances s'amenuisent au fur et à mesure que les secondes passent !
Je ris, rien qu'en voyant la façon dont elles se dépêchent de sortir. Elles viennent de me traiter de grosse mais je m'en fous, je m'en gniagne comme le disent les ivoiriens. Et puis, je ne suis pas si grosse que ça. J'ai récemment perdu du poids.
D'ailleurs, je souffle que ce sont mes rondeurs féminines qui me valent actuellement des sorties romantiques chaque week-end. Eh oui, j'ai bien un admirateur secret qui m'a remarquée le jour du défilé. Rien n'est encore définitif entre nous. Pour le moment, je le laisse me courtiser. Je prends mon temps pour mieux le connaître. Je ne veux pas me précipiter, comme pour ma précédente relation. Certes, il me respecte et me traite comme une reine, mais l'apparence est parfois trompeuse...
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Aurore AMOUSSOU
- Votre attention, s'il vous plaît !
C'est la voix du maître de cérémonie qui résonne dans le microphone.
- Nous avons une surprise pour les mariés.
J'écarquille les yeux. Femi aussi. L'écran géant vient de s'allumer avec un compte à rebours comme dans les vieux films.
Et moi qui pensais que l'écran faisait juste partie du décor en rapport avec le cinéma. En tout cas, c'est ce que mes demoiselles d'honneur m'ont fait croire. Elles m'ont bien eue.
5,4,3,2,1 ... puis nous découvrons un pot-pourri de nos photos depuis l'enfance jusqu'à maintenant ; avec le thème musical du film "Titanic" comme fond sonore. Certaines des photos sont en blanc-noir et d'autres en couleur.
- Ça c'est sûrement une idée de Paula, avec l'appui de mes sœurettes. Elles vont me le payer ! C'est sûr ! marmonne Femi.
Je ris sous cape avant de lui répondre :
- Ah ça ! Elles ne t'ont pas raté dêê ! Mais qu'est-ce t'étais mignon petit ? j'adore tes poses, surtout celle en caleçon !
Il me toise. Je me tais aussitôt...
Des photos de Femi adulte passent sur l'écran. Je revois sa vieille moto puis Femi bouche bée devant son DG qui danse du coupé-décalé.
- Han ! s'exclame-t-il. Même mon DG était dans le coup quoi ! J'ai pourtant demandé au vidéaste de couper cette scène-là. Et puis la partie où je danse n'était pas censée être montrée en public ! C'est quelle trahison, ça !
Là, je ris à gorge déployée.
- Aurore, j'espère que tu n'es pas de mêche avec eux !
- Mais je découvre avec toi, je t'assure !
- Tant mieux !
J'ai moi aussi droit à la même chose. Mes coups de coeur, ce sont deux photos spéciales : une vue que j'ai prise avec papa dans la piscine et une autre où l'on voit les petites Bella et Aurore, jouant aux mariées. Que d'émotions m'animent en cet instant !
Je ne suis pas encore au bout de mes surprises. J'ai droit à une reprise du titre "Happy" de Pharrell Williams par mes camarades de l'Ecole de stylisme. Tour à tour, chacun esquisse des pas de danse. J'adore.
Puis, ce sont nos proches qui nous souhaitent des voeux ou donnent des conseils, d'une façon très originale : la première personne qu'on voit, maman en l'occurence, reçoit une boulette de papier qu'elle déplie et affiche à l'écran. J'y lis PLEIN DE BONHEUR. Ensuite, elle replie la boulette et l'envoie vers la caméra. Même scénario pour la personne suivante, la mère de Femi qui nous souhaite BEAUCOUP D'ENFANTS. Et ainsi de suite pour tous ceux qui suivent. Toutes les séquences mises bout à bout donnent l’impression que tous se lancent la même boule de papier. Franchement, je kiffe. Je surkiffe.
J'avoue que j'ai été bien surprise de voir la mère de Femi dans la vidéo, car depuis le début de la cérémonie et même les jours précédents, elle est restée distante. Disons quand-même que c'est un bon début.
Au fait, parmi les invités, se trouve la directrice de l'agence de mannequinat. J'ai fini par reconsidérer sa proposition de partenariat entre BellaZ Créations et son agence. Pardonner passe aussi par ça.
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Sept de mes demoiselles d'honneurs, à savoir Laura, Sandrine, Baï, Fifa, Fumilayo, Olayinka avec à leur tête Paula viennent s'emparer de Femi. Elles tiennent toutes à danser avec lui. Il ne refuse pas. Il se laisse faire. Ça semble bien l'amuser.
- Ramenez-le moi, entier !
- Ne t'inquiète pas, Aurore ! me disent-elles en choeur.
Je souris grandement.
Enfin seule ! Je peux maintenant faire ce qui me tenait à cœur depuis.
Je prends ma coupe vide, y verse un peu de champagne puis m'apprête à trinquer avec ma 8e demoiselle d'honneur.
Qui est-elle ? Nulle autre que ma soeur de coeur, ma meilleure amie Bella.
Ça peut paraître bizarre pour certains, incompréhensible pour d'autres, mais j'ai tenu à laisser une chaise vide pour elle auprès des demoiselles d'honneur. J'ai également conçu une robe pour elle, pareille à celle des autres demoiselles d'honneur. La robe ainsi que son chapeau bibi reposent sur la chaise.
Oui, pour moi, même si je ne la vois pas, je sais que Bella est là, parmi nous. Comme l'a dit Birago DIOP dans son célèbre poème LES MORTS NE SONT PAS MORTS : "(…) Ceux qui sont morts ne sont jamais partis (…).
Je lève donc ma coupe en direction de la chaise de Bella et prononce ces mots en souriant :
Tu vois, chère soeur, nous l'avons fait !
Tu vois, chère amie, nous y sommes arrivées !
Alors trinquons ! A toi ! A moi !
A nous ! A notre belle amitié !
E
T
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R
N
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