CHAPITRE 6

Ecrit par Maylyn

-J’espère ne pas trop vous ennuyer avec mon histoire…

-Non pas du tout ! Au contraire ! Elle est passionnante ! J’en ai même les larmes aux yeux ! Que vos parents acceptent comme ça une petite fille venue de nulle part… Elle a été bien chanceuse Yélé de vous rencontrer je trouve.

-Oh je pense plutôt le contraire ! C’est nous les chanceux ! Elle nous a tellement apporté. Vous savez, 2 ans après ma naissance, ma mère a fait une fausse couche et c’était une fille. Après ça, les médecins ont déclaré qu’elle ne pourrait plus tomber enceinte. Ce fut une période très difficile pour mes parents. Alors, que cette petite apparaisse dans nos vies fut une vraie bénédiction ! Vous êtes certaine que vous n’avez pas un programme plus intéressant que de rester là assise à m’écouter ? Il est 10h33 à ma montre. 

-Je suis libre comme l’air ! Vous n’allez pas me laisser sur ma faim non ?

-Décidément, vous me rappelez vraiment quelqu’un… Dis-je dans un murmure.

-Pardon ?

-Oh rien ! Ne faîtes pas attention ! Alors et si nous allions nous étendre sur un transat près de la piscine ? Nous serrons plus à notre aise, non ?

-Très bonne idée ! 

-Après vous Madame !

-Merci Monsieur !

5 minutes plus tard, nous sommes étendus tous les deux sous une tente blanche pour nous protéger du soleil, des cocktails de fruits à la main et les pieds en éventail, faisant fi du brouhaha autour de nous lorsqu’elle déclara:

-Je suis prête pour la suite.

-Vous ne préféreriez pas plutôt…Bon bon ça va, je continue. Où en étais-je déjà ?

-Vous vous êtes envolé pour New York…

-Oui pour mes études. Bien sûr, j’y allais le cœur un peu lourd parce que je quittais ma famille. Mais d’un autre côté, j’étais aussi excité de vivre cette nouvelle aventure qui m’attendait dans ce pays complètement différent du mien. En plus de mon enrichissement culturel, j’y ai fais de très belles rencontres amicales. New York me faisait un peu penser à Abidjan par certains côtés, surtout concernant la diversité de sa population. Vous vous rendez compte que près de 170 langues sont parlées là-bas ?!

-Tant que ça ?

-Mais oui ! On pouvait en un jour rencontrer plusieurs habitants d’origines diverses. C’est d’ailleurs aussi pour cela que j’avais choisi cette ville pour mes études supérieures. Et le plus beau dans tout ça, c’était que j’y rejoignais ma petite amie Kady. Sa famille s’y était installée définitivement. Donc pour moi, c’était comme faire d’une pierre deux coups !

-Le veinard ! 

-Eh oui ! Ajoutai-je avec un clin d’œil. 

-Mais votre mère vous avait dit…

-Je sais ce que ma mère m’avait recommandé ! Je n’allais certainement pas mettre Kady enceinte et risquer de gâcher nos vies ! J’y étais avant tout pour mes études d’architecture et je m’y tenais croyez-moi. Seulement, je profitais aussi de la présence de cette jeune femme chaque fois que je le pouvais. Ah Kady ! 1m68, courbes généreuses entretenues grâce à quelques heures en salle de sport chaque jour, jambes longues et galbées, teint bronzé qui me rappelait ses origines peulhs, visage aux traits fins. Kady, aussi belle qu’arrogante ! Cependant, je ne lui en tenais pas rigueur. En effet, je pouvais comprendre qu’en tant que fille unique gâtée outrageusement par ses parents-surtout son père-, elle ait cette impression d’avoir le monde à ses pieds. C’est d’ailleurs le fait d’être tous les deux les seuls enfants de nos parents qui nous avait d’abord rapprochés au lycée. Mais malgré ce qu’elle pouvait laisser croire, elle avait aussi des qualités : drôle, gentille quand elle le voulait bien, très intelligente aussi. En plus, elle avait abandonné ses cheveux aux milles couleurs pour des rajouts bien trop longs à mon goût mais bon, je ne pouvais pas trop lui en demander, n’est-ce pas ?

Dans un éclat de rire, ma compagne du jour renchérit :

-Bien sûr ! Elle avait fait assez d’efforts !

-Arrêtez avec vos railleries sinon je me tais !

-Pardon ! Promis, je serai aussi muette qu’une tombe !

-C’est mieux oui même si je doute que vous y parveniez. Donc je disais…Ah oui ma relation avec Kady était loin d’être parfaite c’est vrai : elle était jalouse et possessive, me reprochait, alors que nous n’avions même pas 23 ans, de ne pas vouloir investir dans un appart pour nous deux. Lui expliquer que nous devions grandir en maturité avant de prendre une décision aussi importante n’y changeait rien ! Néanmoins, je m’en accommodais et j’avoue que j’étais amoureux de cette fille capricieuse.

-Bon d’accord. Mais vous êtes resté longtemps aux USA ?

-Je vois que ma relation avec Kady vous passionne…

-Désolée mais je n’aime pas ce genre de femmes. Et puis, j’aimerais plutôt en savoir plus sur ce qui se passait à Abidjan durant votre absence. Vous aviez certainement des nouvelles de vos proches.

-Bien entendu ! Chaque deux semaines, j’appelais pour être à jour sur les news. Et grâce à ma pipelette préférée qui n’était d’autre que Yélé, je les avais toutes ! Attendez, je vous raconte une anecdote : le Lundi après mon départ, elle avait repris le chemin de l’école. Ecole qu’elle a ensuite dû changer suite à l’un des grands moments d’El Dragón. D’après les dires de Yélé, peu de temps après son entrée dans sa nouvelle classe de CM2, elle s’était retrouvée dans le bureau de la directrice. L’une de ses camarades de classe l’avait traité de sorcière et elles s’étaient donc battues. Lorsque ma mère et celle de l’autre petite étaient arrivées à la suite d’une convocation de la directrice, Maman avait demandé aux deux fillettes d’aller attendre dans le couloir. Yélé avait ensuite, après dix minutes environs, entendu des cris puis vu Maman sortir en trombe en hurlant que non seulement, l’école ne recevrait plus aucune aide financière de la part de son mari et d’elle mais que si jamais elle revoyait la directrice un jour, ce n’est pas juste une gifle qu’elle lui recevrait cette fois-ci.

Un gloussement m’interrompit.

-Votre mère et la mienne sont pareilles sur ce point : de vraies tigresses lorsqu’il s’agit de leurs enfants.

-C’est sûr que la mienne ne rigolait pas avec ça ! Ajoutai-je également amusé. Elle était d’autant plus indignée par le fait que la directrice semblait prendre partie pour l’autre fillette.

-Ensuite ?

-Eh bien elles sont rentrées à la maison. Puis, Maman l’a inscrite dans une autre école et a bien spécifié au directeur qu’elle n’admettrait aucune insulte à l’encontre de sa fille. Elle répéta ce même message l’année suivante au directeur du collège privé dans lequel Yélé fut orientée après l’obtention du CEPE. Menace qui porta ses fruits apparemment puisque ma sœur n’eut plus de soucis de ce genre. Il faut dire aussi qu’au fil des années, son tempérament s’est affirmé donc elle savait se défendre toute seule.

- Elle avait un bon professeur sans doute, émit mon interlocutrice, un rire dans la voix.

-A qui le dîtes-vous ! Et pas qu’un seul en plus : toutes les femmes de la famille de ma mère !

-J’aurais aimé les rencontrer.

-Et je suis certaine que vous vous seriez très bien entendue avec elles.

-Ah oui ? Vous croyez ?

-Je ne vous connais que depuis quelques heures mais je sens d’après vos paroles un caractère bien trempé.

-On peut dire ça oui. Mais nous parlions plutôt de vous alors continuez. Vous n’êtes pas rentré chez vous durant les vacances ?

-Je suis effectivement rentré sur Abidjan pour un bref séjour environs 4ans plus tard, mon Bachelor Of Science in Architecture en poche. Et ces vacances furent pour le moins riches en découvertes. Je vous en dis plus ?

-A votre avis ?

-Je m’en doutais. Alors voilà…

                                                                                   ***

-Hello ! Il y a quelqu’un ? 

Il n’y avait personne dans le vestibule lorsque je fis mon entrée dans cette immense mais si accueillante demeure qui m’avait tant manqué. Je me demandais où ils pouvaient être tous lorsque j’entendis une exclamation derrière moi :

-Seigneur ! Pierre-Marie c’est bien toi ?

-Oui Aïssata, c’est bien moi !

La soulevant presque de terre, je serrai dans mes bras celle qui avait d’abord été ma nounou avant de devenir la cuisinière de la maison. 

-Mon Dieu ! Tu es un homme maintenant ! De dos, J’ai d’abord cru que c’était ton père. 

-Eh non, désolé mais ce n’est que moi !

-Comment ça désolé ? Au contraire ! Tu nous as tellement manqué ici ! Oh Mon Dieu ! Quand tes parents et ta sœur te verront !

-Laisse Dieu tranquille et dis-moi plutôt où je peux les trouver. 

-Dans le salon de Madame. Ils ont pris l’habitude d’y rester après le dîner. Attends je les préviens…

-Non ! Surtout n’en fais rien. Je vais d’abord monter mes valises et ensuite j’irai leur faire la surprise ! 

-Laisse ces valises. Il y a assez de domestiques dans cette maison pour le faire. Vas plutôt rejoindre ta famille. Je sais que tu en meurs d’envie !

Après avoir échangé des sourires complices, je me dirigeai à pas rapides dans le couloir qui menait au salon dans lequel ma mère recevait ses amies. Arrivé devant la porte coulissante, je pris une seconde pour inspirer et expirer. Puis l’ouvrant d’un coup je m’écriai :

-Qu’est-ce que vous attendez pour me souhaiter Akwaba* ?

Je vis plusieurs expressions s’inscrire sur ces trois visages que je m’étais tant repassé dans la tête dans mes moments de solitude : tout d’abord la perplexité, puis l’étonnement et enfin une grande joie. Papa fut le premier à reprendre ses esprits.

-Pierre-Marie ! C’est bien toi Mon Fils ? S’exclama-t-il en se levant pour venir à ma rencontre.

-Bien sûr Papa ! 

-Jésus, Marie, Joseph ! C’est pas possible ! Renchérit Maman qui fit pareil que Papa.

-Evidemment que c’est possible Maman ! Lui répondis-je, un gloussement dans la voix.

Mais avant qu’ils aient franchi la distance qui nous séparait, je vis une adolescente albinos courir vers moi à toute vitesse en poussant des cris et se jeter dans mes bras. La seconde qui suivit, nous étions tous dans les bras les uns des autres, nous serrant à nous étouffer. Puis se dégageant, Papa qui avait des larmes dans les yeux me reprocha :

-Mais PM, pourquoi nous avoir caché ta venue ? Nous serions allés te chercher à l’aéroport !

-Oui c’est vrai petit cachottier ! Répliqua Maman en me donnant une tape dans la nuque. Pourquoi nous surprendre ainsi ?

-Eh bien tout simplement parce que je voulais vous faire une belle surprise. Déclarai-je un sourire satisfait aux lèvres.

-En tout cas, c’est réussit ! Et tu sais comment il est difficile de m’avoir n’est-ce pas ?

-Oh oui, je suis au courant ! 

-Laisse-moi te regarder un peu dit-elle en s’éloignant de moi. Et toi Yélé, arrêtes de te pendre comme cela au cou de ton frère ! Tu risques de le tuer !

-Maman !

-Quoi ? 

-Papa tu vois ? C’est elle qui commence !

-Ah non vous deux ! Pas ce soir s’il vous plait ! Au moins, pour le retour de Pierre-Marie !

-Mais moi j’ai rien fait…

-Yélé ! J’ai dit pas ce soir ! Conduis plutôt ton frère vers un fauteuil. Il doit être épuisé par un si long voyage.

Se murant tout d’abord dans un silence boudeur, elle me murmura ensuite pendant que nous avancions bras dessus, bras dessous :

-Elle me cherche tout le temps PM ! Je ne peux rien faire sans entendre ses reproches ! Un vrai dragon je te dis !

-J’ai entendu ! S’écria Maman qui était juste devant nous.

Faisant une grimace dans son dos, Yélé l’appuya en lui tirant la langue. J’étouffai un rire et j’eus la confirmation que, même si elle n’était pas sa fille biologique, ma petite sœur chérie avait le même caractère que notre mère. Prenant place dans le divan confortable, Yélé à ma gauche et Maman à ma droite, je tendis l’oreille vers mon père qui me parlait :

-Alors on te sert à boire Fils ?

Comme si elle n’attendait que ça, je vis Aïssata débarquer avec un grand plateau dans lequel il y a avait du jus de fruit de la passion, mon préféré.

-Merci Aïssata ! Tu me sauves la vie ! J’ai tellement rêvé de ça là bas ! 

-J’ai fait un mélange avec le sirop de grenadine, juste comme tu aimes !

-Que deviendrais-je sans toi ?

-Pas grand-chose c’est sûr !

Cette affirmation fit rire tout le monde puis Aïssata repartit dans sa cuisine me faire quelque chose à manger.

-Alors, reprit le chef de famille. Quelles sont les nouvelles ?

-Il n’y a rien de grave. Au contraire, les nouvelles sont très bonnes. Je suis rentré pour d’abord passer un mois avec vous parce que vous me manquiez beaucoup. 

-Surtout moi n’est-ce pas PM ?

-N’interromps pas ton frère Yélé !

-Mais…

-Ta mère a raison Chérie. Laisse-le parler d’accord ?

-Ok Papa. Vas-y Grand-Frère.

-Donc je disais que vous m’aviez tous manqué et surtout toi Sun, ajoutai-je rien que pour voir son visage s’éclairer de ce magnifique sourire que j’adorais. Voilà la première nouvelle.

-Sois le bienvenu chez toi Fils.

-Merci Papa ! La nouvelle suivante est que, bien que vous sachiez déjà que j’ai obtenu mon Bachelor, je tenais à vous le montrer. Vous avez bien reçu la vidéo de la cérémonie de remise de diplôme ?

-Hum ! Un peu qu’on l’a reçue ! Maman passe son temps à la regarder ! Elle l’a tellement visionné qu’elle connaît toutes les phrases du discours que tu as fait en tant que Major de la promotion même si elle ne sait pas ce que ça veut dire ! Ricana Yélé.

-Mais tu vas te taire Insolente ! Parce que toi tu comprends l’anglais peut-être ?

-Mieux que toi c’est sûr ! Pas vrai Papa ?

Tous deux éclatèrent d’un rire complice dont je sus qu’il y avait une anecdote derrière.

-Pourquoi vous riez ? Allez, racontez-moi s’il vous plait !

-Bon je t’explique Frérot.

-Et c’est reparti pour un tour ! 

-Laisse-moi raconter Maman ! Tu te rappelles PM que l’année dernière, nous sommes allés en Vacances à Cape Town n’est-ce pas ?

-Oui oui. Et ?

-Nous sommes descendus dans l’un des hôtels les plus luxueux de la ville. C’était trop beau ! Mais bon, je te parlerai de ça plus tard. Revenons à nos moutons. Cela fait une semaine que nous sommes dans l’hôtel et ce soir-là, Maman préfère rester dans notre suite alors que Papa et moi allons dîner dehors. Environs deux heures plus tard, on rentre à l’hôtel et on la trouve devant la télé. Quelques minutes plus tard, elle me demande comment on dit « salle à manger » en anglais. Je lui réponds « dinning room » et là elle éclate de rire ! Nous on la regarde sans rien piger et là elle nous explique : « je comprends mieux la tête qu’a fait l’employé du room service quand il m’a livré mon repas! Il m’a demandé dans quelle pièce il devait laisser ça et moi je lui ai répondu dans le « dressing-room » ! 

Nous éclatâmes tous de rire, même Maman qui riait tellement qu’elle en avait les larmes aux yeux.

-Oh Mon Dieu, hoqueta Maman en se tenant le ventre. Le pauvre garçon a dû me prendre pour une folle.

-Mais non Ceecee ! Il s’est juste rendu compte que tu ne comprenais pas l’anglais.

-Oui Maman, renchérit Yélé en essayant vainement de reprendre son sérieux.

S’adressant de nouveau à moi : 

-D’ailleurs le lendemain, quand il est venu, en discutant avec Papa, il lui a expliqué qu’elle n’était pas la seule cliente à lui sortir ce genre de perles.

-Je n’ai jamais eu aussi honte de toute ma vie !

-Je comprends mieux pourquoi Sun t’embête avec ça. Mais t’inquiète Maman, je suis là donc nous regarderons ensemble la vidéo et je t’expliquerai tout.

-Merci Chéri ! Toi au moins tu m’aimes !

-Mais nous aussi on t’aime Ma Mamoune adorée ! Pas vrai Papa ?

-Bien sûr ! Tu es le pilier de cette maison Ceecee !

Mais alors que Maman esquissait un grand sourire, Yélé ajouta :

-Sauf que tu as juste de grandes lacunes en anglais !

Et elle se remit à glousser avec Papa.

-Hum ! Je savais bien que c’était trop beau ! Tu vois comment je souffre avec ces deux-là ?

Yélé bondit immédiatement sur ses pieds et vint entourer Maman de ses bras en lui faisant pleins de baisers.

-Si on se réfère à ce proverbe « qui aime bien, châtie bien » que tu passes ton temps à me répéter chaque fois que tu m’interdis un truc, alors tu peux imaginer l’étendue de l’amour que nous avons pour toi. N’est-ce pas Papa ?

-Très belle analyse Yélen !

-Merci ! Alors tu vois Maman, nous ne serions rien sans toi.

-Oh arrêtes avec tes bêtises et lâches-moi avant de m’étrangler avec tes lianes que tu nommes bras là ! 

Refusant d’obéir, Yélé la serra encore plus fort et recommença avec ses bisous. Malgré les yeux qu’elle leva au ciel, Maman avait visiblement beaucoup de mal à se retenir de rire.

-Bon, je crois que tu devrais monter prendre une douche et te reposer Pierre-Marie, me conseilla mon père. Aïssata te montera un plateau repas. Demain, lorsque tu te seras bien remis de ton voyage, nous aurons tout le temps de profiter de ta présence.

-Oui tu as raison Papa. Je souffre un peu du décalage horaire aussi. 

Après les avoir serré encore une fois contre mon coeur et leur avoir souhaité une bonne nuit, je quittai la pièce, entendant derrière moi les voix de Yélé et de Maman qui devaient sans doute encore se quereller. Ah que c’était bon d’être enfin à la maison, me dis-je en souriant.

Akwaba* : Bienvenue en langue locale ivoirienne

YELE, Lumière de ma...