Chapitre 6

Ecrit par Josephine54


 Andrew

   

- À quelle heure arriverons-nous à Londres ? demandai-je à Arnaud, mon chauffeur.

- À13 h monsieur.

- Nous irons directement à mon bureau et vous pourriez ensuite disposer.

- Bien monsieur

Je voulais retarder au maximum possible mon retour à la maison. Je n'avais pas envie de voir ma pute de femme. Elle quitterait ma maison aujourd’hui même. Pff, j'étais convaincu d’avoir trouvé la femme de ma vie. Je n'aurais jamais imaginé divorcer un jour de Samantha. Je ne pourrais pas continuer avec elle après cette trahison. Elle a continué à faire la pute malgré le fait qu'elle ait mon enfant dans son ventre ? Quand je pense qu'elle était avec Georges la veille, et le lendemain, elle me présentait son test positif, j'ai envie de vomir.

- Bon Dieu, où va ce fou ?

La voix alarmée d’Arnaud me tira de mes sombres pensées. J’eus à peine le temps de relever la tête que je sentis un choc contre notre voiture qui se mit à faire des tonneaux. Ma tête heurta violemment contre la vitre et ce fut le trou noir.

 

Samantha

 

J’avais passé une semaine merveilleuse avec Georges. J’étais arrivée chez lui lundi juste après le départ d’Andrew et on était déjà vendredi. Ma valise était déjà prête. Je sortirai au même moment que Georges ce matin, il ira au travail et moi, je rentrerai chez moi.

- Samantha dépêche-toi, on devrait y aller. Tu risques me mettre en retard au boulot.

- Donne-moi juste une minute, lui répondis-je, en enfilant mon manteau.

Je tirai ensuite ma valise et le rejoignis au salon. Il m’attira à lui et me donna un baiser langoureux.

- Chérie, tu as vu comme on a été bien tous les deux ces cinq derniers jours, tu ne voudrais pas que ce soit toujours ainsi ?

- Georges, arrête s’il te plaît, ne recommence pas.

Il m’avait tenu le même discours la nuit dernière en ajoutant qu’il m’aimait. J’avais fait semblant d’être dans un coma profond haha. Il m’avait même secouée un moment, mais rien à faire, j’ai continué à simuler mon sommeil.

- Mais Samy, j’ai raison et tu le sais, si tu n’éprouvais rien pour moi, tu ne te donnerais pas à moi comme tu le fais

- Mon cher ami, c’est de la bonne baise, je suis là pour prendre mon pied et rien d’autre.

- Comme tu veux, mais saches une chose Samantha, tôt ou tard, je me lasserai de ton petit jeu.

- C’est comme tu veux mon cher.

Je lui répondis avec un faux sourire. On avait vécu maritalement ces jours. On ne s’était pas limités à baiser comme d’habitude. On avait beaucoup parlé et je m’étais occupé de lui et de sa maison comme je le faisais avec Andrew. Je devais admettre que son discours m’avait touchée, mais que voulez-vous, il a les poches vides le pauvre Georges. Je n'allais pas laisser un homme riche comme crésus pour me mettre avec un autre qui tire le taureau par les cornes. C’était hors de question.

On se sépara au pied de son immeuble, il alla à sa voiture sans un regard pour moi, il boudait, mais ce n'était pas mon problème.

Je n'allais pas laisser ma Porsche pour me mettre en Renault 2, c'est-à-dire “by foot”. Et j’étais de surcroît enceinte d’Andrew. Il n’y avait décidément pas de futur possible entre Georges et moi. Tout nous séparait à part le sexe.

J’étais presque arrivée à la maison quand mon téléphone se mit à sonner. Je regardai l’identifiant, mais c’était un numéro non répertorié.

- Allô.

- Oui, bonjour madame Thorne, je suis le docteur Evans du service de réanimation de l’hôpital X

Entendre le service de réanimation fit battre mon cœur à vive allure

- Bon bon bonjour docteur, bégayai-je

- Je vous appelle pour vous informer que votre mari est actuellement en soins intensifs dans notre service, suite à un accident de la circulation.

- Oh mon Dieu, que s’est-il passé ?

- Nous n’en savons rien, il a été secouru sur l’autoroute Sud et a été transporté dans notre hôpital en hélicoptère.

J’éclatai en sanglots à ces mots, transporté en hélicoptère ? C’était donc si grave ?

- Soyez forte madame, je vais retourner à mon service.

- J’arrive tout de suite docteur.

- À plus tard alors et beaucoup de courage madame.

J’appelai immédiatement ma mère.

- Snif snif maman snif snif.

- Ma fille que se passe-t-il ? pourquoi pleures-tu ? Tu me fais peur Samy.

- Maman, maman, Andrew maman.

- Mais il a quoi Andrew ? demanda maman d'une voix alarmée.

- Snif snif, il est à l’hôpital maman, aux soins intensifs, snif.

- Oh mon Dieu, mais pourquoi ? Que s’est-il passé ? me demanda maman.

- J’en sais rien maman, snif snif, le docteur au téléphone tout à l’heure m’a simplement dit qu’il avait été transporté d’urgence en hélicoptère.

- Mon Dieu, en hélicoptère, c’est si grave?!

- Il serait actuellement aux soins intensifs maman, snif snif. Je suis en train d’y aller.

- D’accord, je te rejoins tout de suite ma fille. Samy, sois forte chérie, tu verras que tout va bien se passer.

- Je l’espère tellement maman.

Je changeai de direction et pris la route qui menait à l’hôpital. Je sortis en courant de mon véhicule que j’avais garé n’importe comment.

- S’il vous plaît madame, le service des urgences.

- Deuxième porte à gauche.

Je courrus comme une folle dans les couloirs de l’hôpital. Je m’arrêtai devant une porte où il était écrit en gros caractère “Emergency” “Urgences”. Je poussai la porte le cœur battant.

Je vis une infirmière qui poussait en brancard et me mis en travers de son chemin. Elle leva la tête irritée.

- Madame, faites attention.

- Snif, je cherche mon mari madame, Andrew Thorne.

- Je vois de qui vous parlez, il est actuellement au bloc opératoire, vous devez avoir beaucoup de patience madame. Vous pouvez vous asseoir dans la salle d’attente, quand le médecin sortira, il demandera à parler à un membre de la famille.

- Snif merci beaucoup.

Je m’assis en salle d’attente. Les secondes semblaient des heures. J’avais l’impression d’avoir passé une semaine ici. Maman arriva, elle aussi, au pas de course.

- Ma chérie, as-tu des nouvelles ?

- Il est au bloc opératoire, j’attends de pouvoir parler au médecin.

- On croise les doigts chérie.

J’étais soulagée que maman soit arrivée. Papa était en déplacement depuis 3 jours. Je ne sus à quel moment je me fus assoupie. Je fus tirée de mon sommeil par maman qui me secouait gentiment en me faisant un signe de la tête. Je regardai dans la direction indiquée et vis un homme sortir en blouse verte.

- Y aurait-il un parent de monsieur Andrew Thorne dans la salle ?

J’accourus à lui en me présentant.

- Je suis son épouse, Samantha Thorne.

- Veuillez me suivre madame.

- Ma mère pourrait venir elle aussi ?

- Ça dépend de vous madame.

- D’accord. Maman, viens toi aussi, fis-je à ma mère.

J’avais l’impression que mon cœur allait exploser dans ma poitrine. Le médecin nous mena dans un bureau et nous demanda de nous asseoir.

Il prit enfin la parole :

- Madame, l’état de santé de votre mari est critique. Les prochaines heures seront décisives. Il a été victime d’un grave accident de la circulation et a subi une importante commotion cérébrale avec fracture multi-fragmentaire du fémur. Le scanner montre une petite hémorragie cérébrale qui devrait se résorber toute seule. Néanmoins, nous lui referons un scanner d'ici à 6 h de temps pour évaluer l’évolution de l’hémorragie. En ce qui concerne la fracture du fémur, il a été opéré avec succès, il s’ensuivra ensuite une longue rééducation, mais il pourra remarcher sans grande difficulté.

- Que pouvons-nous faire docteur ? demanda maman.

- Rien du tout madame. Attendre et peut-être prier si vous êtes croyants.

J’avais tellement la gorge nouée que je n’arrivais pas à émettre le moindre son.

- Je dois y aller. Je suis le docteur Evans, n’hésitez pas au besoin.

- Merci beaucoup docteur, merci pour tout.

Je suivis maman comme dans un état second.

- Ma chérie, il faut qu’on aille à la cafétéria de l’hôpital pour que tu manges quelque chose, c’était la voix de maman, je sais que tu es inquiète, ce n'est pas bon dans ton état de passer toutes ces heures sans manger.

- Tu as raison maman.

On mangea un morceau rapidement et on retourna à la salle d’attente, on ne voulait pas risquer que le médecin nous cherche pendant notre absence.

Cette fois, c'était maman qui était endormie quand le médecin était réapparu dans la salle d’attente.

- Madame Thorne, veuillez me suivre un moment. Il avait le visage grave. Ça ne présageait rien de bon.

Je le suivis toute tremblante.

- Nous avons répété le scanner à votre mari et malheureusement, l’hémorragie cérébrale est en train de s’étendre. Nous attendons l’avis du neurochirurgien qui est actuellement en train de le consulter. Je crains fort qu’il doive être opéré à nouveau, mais cette fois à la tête.

- Non non docteur, ne dites pas ça.

- Madame, j'en suis vraiment désolé.

- Snif snif docteur, dites-moi la vérité, y-a-t-il de chances qu’il survive ?

- Madame, je ne saurai vous répondre, il nous faut l’avis du neurochirurgien.

- Snif snif docteur, c'est un cauchemar.

- Malheureusement mada…

Il fût interrompu par des coups à la porte.

- Entrez, hurla-t-il de son fauteuil.

- Vous êtes demandé en salle opératoire, le docteur Morgan a fini sa consultation et le patient devrait être opéré urgemment.

- Noooooonnnnnnn, me mis-je à hurler.

- Madame, je dois vraiment y aller, chaque minute compte.

Il sortit du bureau précipitamment.

- Veuillez me suivre madame, me dit l’infirmière.

Je la suivis la mort dans l’âme. Je n'arrivais pas à croire à ce qui m’arrivait.

Je rejoignis maman qui s’était déjà réveillée. Elle se mit à pleurer quand je lui annonçai la triste nouvelle.

On attendit des heures interminables sans que le médecin ne sorte à nouveau nous donner des nouvelles. Andrew était désormais entre la vie et la mort.

Mon téléphone se mit à sonner et je vis que c’était Georges qui m’appelait. Je rejetai discrètement l’appel mais maman s’en rendit compte. Il se remit à sonner la seconde d’après.

- Tu devrais répondre chérie.

- Maman, je n'ai pas la tête à ça.

- Ce pourrait être les parents d’Andrew, as-tu pensé à les prévenir ?

- Pas du tout, j’attendrai quand j’aurai une réponse définitive pour le faire.

- Mais tu es folle ma fille. Ils ont le droit d’être informés. Mais Samy que t’arrive-t-il?

- Ils ne m’ont jamais aimé maman, ils sont convaincus que j’en ai après l’argent de leur fils.

- Et alors ? Ce n'est pas une raison Samantha.

- Je le ferai plus tard maman.

- Si tu ne le fais pas, je le ferai moi.

Sur son insistance, je me résolus à appeler le papa d’Andrew, sa mère pff !

- Bonjour papa.

- Bonjour Samantha, quelle surprise !

C’était quoi cette phrase ? Quelle surprise ! Genre, je ne les appelle jamais quoi ! Bref, ce n'était pas mon problème.

- Papa, je voulais juste vous informer qu’Andrew a été admis en soins intensifs

- Quoi ????? mais que dis-tu ? que s’est-il passé ?

- En fait, il a eu un accident de la circulation et il est actuellement au bloc opératoire.

- Nous arrivons tout de suite.

- D’accord papa.

Trente minutes plus tard, ils étaient arrivés. Sa maman bien évidemment me salua froidement et je lui répondis sur le même ton. Elle pouvait m’ignorer comme elle voulait, rien à cirer. Je n'étais pas inscrite à SOS amis moi, et surtout, je n'avais pas besoin de l’amitié ni de la sympathie de ma belle-mère.

- Les parents de Mr Thorne sont attendus en salle de consultation 1.

Oh mon Dieu, le verdict final.

Nous nous levâmes tous les quatre comme un seul homme et nous rendîmes dans la salle en question. On était attendus par un autre médecin.

- Veuillez prendre place, je vous en prie. Je suis le docteur Morgan, neurochirurgien qui a opéré Andrew. L’opération ne s’est pas très bien passée et nous ne savons pas encore comment il réagira. Les prochaines heures seront capitales. Il est actuellement dans le coma.

- Non, pas mon garçon, pleura sa mère. Son père se rapprocha d’elle pour la calmer.

- Noooooon, ce n'est pas possible, pas Andrew, éclatai-je en sanglot. Pas mon mari, nooooon. Je me mis à genoux en larmes.

- Je suis vraiment désolée. Nous avons fait tout ce qui était possible. Maintenant, ce sera à Andrew de tout donner pour rester parmi nous.

- Snif docteur, c’est si injuste, il a à peine 34 ans mon mari.

- Je sais madame, soupira-t-il, tenez-bon.

Je sortis de là soutenue par maman tandis que le papa d’Andrew tenait fermement sa maman par l’épaule. On retourna à nos places.

De mon côté, ma tête tournait à mille à l’heure. Il n’a pas le droit de me laisser maintenant Andrew. On était mariés sous la séparation des biens et je sortirai perdante s’il mourrait maintenant. Quand on s’était mariés, il avait 31 ans, ses parents l’avaient convaincu de signer pour une séparation de biens. Ça ne m’avait aucunement posé problème, car il était jeune et en bonne santé, j’avais pensé “où voudrais-tu qu’il aille ?”. Je réalisai aujourd’hui que la vie tenait vraiment à un fil.

Je pourrais éventuellement compter sur mon enfant pour ne pas perdre mes privilèges, mais il fallait prier pour que je mène la grossesse à terme.

ALORS CHER ANDREW, BATS-TOI POUR RESTER EN VIE, J’AI ENCORE BESOIN DE TOI.

 

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