Chapitre 6

Ecrit par WumiRa

- Tu vas faire quoi ?!


Maya leva les yeux au ciel.


- Baisse le ton So.


- Tu comptais vraiment épouser ton Djibril sans m'en parler ? demanda de nouveau Sonya. Et si je ne n'étais pas rentrée de Paris je n'aurais jamais rien su ?


- Shut ! Maman peut entrer à tout moment. 


Maya vit sa cousine l'interroger du regard. 


- Mais attends. Tu veux dire que maman aussi... Tu veux dire que tu n'as mis personne au courant ? 


- Papa est au courant, répondit-elle précipitamment, pour l'empêcher de poursuivre. 


- Ah.


- Et je ne me marie pas avec Djibril.


- Ah non ? Vous avez rompu ? 


- Non. 


Elle aurait voulu lui dire la vérité, Sonya et elle avait grandi ensemble avant que chacune ne s'envole pour d'autres horizons, mais il allait falloir qu'elle mentionne les problèmes que rencontrait son père et ça c'était hors de question. 


Devant le regard soupçonneux de Sonya, elle décida de lui servir l'histoire qu'avait façonné Malik. Deux jours déjà qu'elle ne l'avait pas revu, mais ils étaient supposés se rencontrer chez les parents de Maya le lendemain même. 


- Non je n'ai pas rompu avec Djibril mais... Je... j'aime un autre homme. 


Les yeux de sa cousine s'agrandirent de surprise. Maya repensa à ce qu'elle venait de dire. Pourquoi ne ressentait-elle aucun malaise en disant qu'elle était amoureuse de cet homme sans scrupules ? Elle aurait dû avoir la nausée ! 


- Sans blague ? s'ecria Sonya, avant de baisser le ton devant le regard désapprobateur de Maya.


- Toi, Maya, tu es tombée amoureuse d'un autre homme ? poursuivit-elle. Mais bon sang, Djibril et toi êtiez fiancés, non ? 


Maya jetta un regard à sa main gauche. Quelques jours plus tôt, la bague de Djibril était à son annulaire. Mais tout juste après avoir parlé à Malik Sylla, ce dernier s'était saisi de sa main et la lui avait enlevée sous prétexte qu'elle ne porterait désormais que "sa" bague. 


C'était injuste envers Djibril, elle le savait. Mais à présent rien ne lui tenait plus à coeur que la société de son père et s'il fallait sacrifier quelques années pour cela, elle était prête à le faire. 


- Allô, Maya ? 


- C'est une longue histoire So. Djibril n'est même pas au courant. 


- Oh ? Et qui est donc le Leonardo DiCaprio dont tu t'es amourachée ?


DiCaprio ? Vraiment ? Bien sûr, Malik était l'idéal masculin de toute femme normalement constituée et elle-même aurait peut-être succombé à son charme si les choses n'étaient pas telles qu'elles étaient. Dommage que ledit charme n'ait pour égal que son insolence.


- Il s'appelle Malik. Malik Sylla.


- Malik ? Je le connais ?


- J'en doute. 


Elle haussa les épaules.


- Il n'a pas beaucoup vécu ici.


Qu'en savait-elle exactement ? Ils s'étaient croisé au Maroc, mais jusqu'à maintenant elle ne savait rien de lui. Comment allaient-ils pouvoir s'entendre quand l'un ignorait tout de l'autre ? Et à propos...


Son téléphone se mit à sonner et le nom de Djibril apparut. La poisse !


- Tu ne décroches pas ? s'enquit Sonya.


- Euh... Non, ne t'inquiète pas.


- C'est Djibril, tu ne veux pas lui parler ?


- Que veux tu que je lui dises ? «Allo Djib çava ? Tu sais je me marie dans quatre jours, et tu es invité». Mais bien sûr que non, je ne veux pas lui parler. Ou du moins je ne peux pas !


Elle se leva et alla se placer devant la fenêtre.


- Mon fiancé... C'est à dire Malik viendra voir mes parents demain. 


Elle sentit la main de sa cousine sur son épaule.


- Pourquoi ai-je l'impression que tu n'es pas heureuse à l'idée de te marier ? Personne ne t'y oblige, si ? 


Maya sentit ses yeux devenir humides. Si seulement elle pouvait se confier. Elle s'éclaircit la gorge, puis se retourna.


- Je suis heureuse. C'est peut-être le stress qui me rend aussi désagréable. Mais j'ai vraiment hâte de me marier. 


Le plus gros mensonge qu'elle ait jamais prononcé.


- Et bien dans ce cas je te souhaite tout le bonheur que tu mérites, déclara Sonya. Heureusement que je ne connais pas Djibril sinon j'aurais eu beaucoup de peine pour lui. 


- Il comprendra.


- À sa place tu comprendrais, toi ?


Ce n'était pas la même chose.


Le téléphone sonna plusieurs fois de suite, et au moment où elle allait demander à Sonya de décrocher à sa place, la sonnerie s'arrêta pour de bon.


Ouf...


- Ça te dirait de sortir ce soir ?


Elle sourit. 


- Tu n'as pas du tout changé, toi. 


- Alors ?


- Tu sais que je ne sors pas beaucoup la nuit So, mais...


- Mais bientôt tu seras casée et tu ne pourras plus du tout sortir la nuit. 


- Ce n'était pas ce que j'allais dire, mais OK.


- À moins que tu ne souhaites inviter ton Malik ? 


Son ? Très drôle.


- Où veux tu qu'on aille ? 


- Je passerai te chercher à vingt-heures. 


***


Malik accepta le verre de vodka que lui tendit son ami et ils allèrent s'assoir à la dernière table vide, dans un coin. 


- Je me demande vraiment ce qui m'a pris de te suivre, maugréa t-il.


- Cesse d'être rabat-joie Mal, on passe toute notre vie à travailler. Surtout toi. 


- Tu aurais pu me décrire le genre d'endroit dont il s'agissait.


Umar sourit. 


- Tu as peur de te laisser tenter par toutes ces filles autour de toi ?


- Les putes ce n'est vraiment pas ma tasse de thé. 


- Ouais, c'est ça.


Umar porta son verre à ses lèvres. 


- C'est demain que tu comptes aller voir les Fall ? 


Malik sembla se raidir, puis il acquiesça. 


- M...Ouais. 


Il se leva.


- J'ai un travail à terminer avant demain matin. Passe une excellente soirée. 


Il se fraya ensuite un chemin jusqu'au bar, commenda une bouteille d'eau gazeuse et se dirigea vers la sortie. 


Mais alors qu'il atteignait l'entrée, une silhouette retint son regard. Une silhouette assez familière. Il s'agissait d'une jeune femme mais celle ci avait le dos tourné. Elle était vêtu d'une robe noire qui lui arrivait à mi-cuisses et des bottes de la même couleur. Visiblement, elle était accompagnée car elle avait les bras noués autour du cou d'un homme qui lui faisait face. 


Pourquoi donc avait-il l'impression de connaître cette femme ? À moins qu'il ne l'ait fréquentée par le passé? C'était possible. Renonçant à savoir qui elle était, il allait poursuivre son chemin lorsqu'un rire lui parvint. Puis des paroles qu'il entendit avec distinction.


Maya. 


Maya ? Comment n'avait-il pas pu la reconnaître ? Et nom de Dieu, que faisait-elle dehors à une heure aussi tardive de la nuit ? Avec qui ?


Il s'approcha d'eux. Elle ne le remarqua pas sur le champ et il l'entendit éclater à nouveau de rire quand le jeune homme qui l'accompagnait la plaqua d'avantage contre lui. 


Avait-elle toute sa tête ? Non, il en doutait, elle devait être ivre ou folle, pour se laisser tripoter de la sorte alors qu'il allait l'épouser dans quelques jours. Pour qui le prenait-elle exactement ? 


- Tu m'accompagnes aux toilettes ? 


Le jeune homme parlait tout en rapprochant son visage de celui de Maya. Elle fronça les sourcils et écarquilla les yeux comme si elle venait de se souvenir de quelque chose, puis elle tenta alors de s'éloigner de son partenaire de danse. 


- On t'as déjà dit que tu as des seins fabuleux ? susurra t-il tandis qu'elle essayait en vain de se libérer de son emprise. 


Se tenant à l'écart, Malik croisa les bras tout en observant la scène. Peut-être bien qu'elle l'avait vu et voulait faire semblant ; elle ne perdait vraiment rien pour attendre, songea t-il. Cependant, quand il vit le jeune homme poser ses mains sur les hanches puis les fesses de Maya, une colère inattendue s'empara de lui. En deux jambées il fut près d'eux et posa une main sur le dos de la jeune femme. 


- Je suis désolé d'avoir mis autant de temps chérie, dit-il alors que les yeux de son compagnon s'écarquillaient de surprise. Maintenant je suis là, allons y. 


Maya se retourna et dès qu'elle le reconnut, elle se colla à lui. Le coeur de Malik manqua un battement. Aucun doute, elle était bourrée d'alcool. Il posa un regard incendiaire sur l'homme qui se trouvait en face de lui. Il ne voulait même pas penser à comment ce serait terminé la soirée s'il ne s'était pas trouvé là au bon moment.


- Que lui avez vous fait ? demanda t-il d'une voix glaciale. 


- Euh... rien, désolé je pensais qu'elle était seule. 


Et il l'avait prise pour l'une de ces filles qui offraient leurs services à n'importe quel inconnu. 


Malik poussa Maya vers le chemin de la sortie, mais il fut vite obligé de la rattraper lorsqu'elle trébucha, manquant de tomber. Elle leva un regard soucieux vers lui et sourit. 


- Tu es en colère ? demanda t-elle d'une petite voix.


Très en colère, faillit-il répondre, mais le mieux était d'attendre qu'elle ait retrouvé ses esprits avant de lui reprocher quoi que ce soit. Il voulait être sûr que ce qu'il allait lui dire rentrerait une bonne fois pour toute dans sa cervelle. Si elle pensait qu'une fois son épouse, elle pourrait se déguiser en prostituée et se promener de bar en bar, elle allait être très déçue. 


«Jaloux» ? le nargua sa conscience. Il jura dans sa langue maternelle et sortit avec la jeune femme. 


- Je ne peux pas rentrer, protesta t-elle lorsqu'ils parvinrent à l'extérieur. Je ne veux pas.


Il promena son regard sur ses jambes et ses bras nus. Ce n'était pas la Maya qu'il connaissait, celle en face de lui était...


- J'attends... J'attends...


- Ferme ta bouche, s'il te plaît.


Encore une fois elle manqua de perdre l'équilibre et s'aggripa à lui. Les effluves d'alcool qui parvinrent jusqu'aux narines de Malik, lui firent perdre son sang froid. La fille d'Henri était-elle en réalité le genre de femme qu'il détestait ? Avait-il tort de l'épouser ? Il n'imaginait que trop bien la tête que ferait Umar s'il les voyait. 


Lorsqu'il la fit monter à l'arrière de sa voiture, elle s'affala sur la banquette, avant de nouer d'une manière imperceptible, ses bras autour de son cou. Elle n'aurait pas pu être plus ivre, songea t-il. Mais justement, s'il aimait les femmes, il ne supportait pas celles qui s'enivraient sans raison. Que faisait-elle donc là ? Était-elle une habituée de la boîte ? Avant qu'il ne se décide à poser la question, elle posa ses doigts sur ses lèvres et tenta de l'attirer à l'intérieur du véhicule. 


- Embrasse moi, marmona t-elle, tandis que ses yeux se fermaient. 


Il se libéra de son étreinte et la secoua doucement, sans prendre la peine de masquer son exaspération. 


- Toi tu auras des comptes à me rendre à ton réveil.


Pour la première fois de sa vie, il se surprit à tirer sur le bas d'une robe par soucis de décence. Ce n'était pas le moment de s'attarder sur le fait qu'il avait une vue parfaite de sa... Il poussa un soupir et se redressa. Elle fit de même et le dévisagea d'un air complice. 


- J'ai beaucoup bu, tu sais, déclara t-elle, comme s'il s'agissait de quelque chose de tout à fait normal. Mais c'est la première fois.


Non, il en doutait. 


Elle bailla avec volupté et se pelotonna sur la banquette. 


- C'est fantastique... !


- Cela aurait été moins fantastique si j'avais laissé cet idiot t'emmener avec lui. 


Elle eut un sourire désabusé.


- Oh oh, tu es jaloux. 


Malik claqua la portière et regagna la partie volant. Ce n'était pas la peine de discuter avec elle si elle ne savait pas ce qu'elle disait. Mais avant de démarrer, il se tourna vers elle et déclara d'une voix sévère. 


- Je n'approuve pas qu'on perde le contrôle de soi-même, une femme ivre n'est jamais un beau spectacle. Et quant à savoir si je suis jaloux de t'avoir trouvée complètement ivre, dans les bras d'un inconnu à deux heures de la nuit... 


Il la toisa. 


- Il faudrait qu'on ait une sérieuse discussion tous les deux. 


***


Lorsqu'elle ouvrit les yeux et se tourna sur le côté, Maya fut surprise de rencontrer un corps chaud. Elle ne se souvenait de rien de particulier, mais la brûlure présente dans sa gorge ne lui rappellait que trop bien où elle et Sonya étaient allé la veille et ce qu'elles avaient fait ; elles avaient vraiment abusé de l'alcool. Elles avaient bu en l'honneur du retour de So, de son propre mariage qui aurait lieu dans trois jours et en l'honneur de pleins d'autres choses stupides. Elles avaient même trinqué en l'honneur de Djibril.


Maya leva la main, s'apprêtant à réveiller sa cousine, lorsqu'elle se figea de surprise. 


Ce n'était pas Sonia... mais Malik ! 


Un sentiment très désagréable s'empara d'elle et elle sauta hors du vaste lit. Elle venait également de se rendre compte qu'elle n'était pas chez elle, ni dans son lit. Mais... Où était donc passé Sonya ? Comment se faisait-il qu'elle soit dans le même lit que cet homme ? 


Elle fut sur le point de le réveiller, quand il se redressa à son tour.


- Je commençais à me demander si tu n'étais pas morte, fit-il. 


- Qu'est-ce qui... 


Il repoussa les draps et se leva. Elle pu alors constater qu'il ne portait qu'un caleçon blanc de chez Calvin Klein ; son coeur tambourina contre sa poitrine. Elle promena un regard sur son propre corps et retint un cri de surprise, au lieu de sa robe de la veille, elle n'avait qu'une grande chemise et ne portait rien en dessous ! Elle leva un regard atteré vers lui, tandis qu'il la dévisageait d'un air indifférent. 


- Qu'avez-vous fait ?


Sensuelle Ennemie