Chapitre 6: Dingue de lui

Ecrit par Néfi

-  Non, non, non Dona, cet homme est trop bizarre. Tu le vires. Je n’arrive pas à croire que tu aies pu te laisser avoir comme ça. Clamait Lili, après que je lui ai raconté toute l’histoire et surtout ce que je venais de voir.

-          Mais Lili, je t’avoue que moi non plus je n’y comprends rien. Je me suis juste laisser aller. C’était tellement naturel. Il était tellement doux, gentil et attentionné ! lui dis-je pour me justifier.

-          Attent.. quoi ? Dona dit-elle en ricanant. Réveille-toi là, ça n’existe plus les hommes comme ça. Tu te souviens de l’histoire d’Annabelle, (une de ses cousines) ? Elle y avait cru elle aussi quand elle avait rencontré Georges. Il était plus doux que le miel. Et au final, il n’en voulait qu’à son cul (oui elle était aussi crue des fois, j’avais oublié de vous le dire, désolée). Une fois qu’il a eu ce qu’il voulait, il l’a laissé tomber comme un sac de patates. En plus, il se permet d’embrasser une autre fille, le lendemain du jour où il t’a fait des avances. Tu dois l’oublier ma chérie. Il le faut, ajouta-t-elle en me secouant par les deux bras.

Je vous avoue que j’étais totalement perdue. Les deux personnes qui me connaissaient bien, ma sœur Sheila et Lili, étaient plutôt dubitatives par rapport à cette histoire.

« Et si tu demandais  directement au concerné?» me souffla discrètement ma J.A.

-  Et si je lui demandais directement, répondis-je soudain pleine d’espoir ?

-  Hahahaha, ce serait la meilleure Dona. Tu veux carrément lui montrer que tu en pinces pour lui c’est ça ?

- Non mais, peut-être qu’il y a une explication logique à tout ça.

- Ouais ouais, mais bien sûr dit-elle, en repartant dans la cuisine.

Je lui emboîtai le pas. Elle était en train de cuisiner une sauce d’arachide au poulet fumé, accompagnée de riz blanc. Cela sentait divinement bon et mon estomac commençait à gazouiller. Il devait sûrement être déjà midi.

Nous n’abordions plus le sujet « Alex » jusqu’à ce que je reparte de chez elle à 16h. Elle me raccompagna jusqu’à mon taxi. J’étais confortablement installé à l’arrière et je remarquai que le chauffeur n’arrêtait pas de me jeter des coups d’œil. Il finit par me dire:

-              Hé, jeune fille, ti es belle hein. Ti veux pas me donner ton tel ?, révélant ses dents jaunies par le tabac.

Je le regardai dégouttée. C’était un monsieur, âgé environ de 40 ans. Il portait une chemise (blanche/grise/beige, je ne saurai vous dire), qui avait sûrement connu de meilleurs jours. La puanteur qui émanait de lui me donnait envie de vomir. Sa barbe crasseuse, laissait entrevoir de part et d’autre un cou recouvert de plein de boutons pullulants. Dégoutant. J’avais qu’une hâte c’était de sortir de sa carcasse qu’il appelait taxi. Je ne pris même pas la peine de répondre à son interpellation. Je lui lançai mon regard le plus sévère. Il dût comprendre et directement renfrogna la mine et se tût.

« Bien fait pour toi, sale pervers » jubila ma J.A. en levant le pouce et en me faisant un clin d’œil.

Ah ces hommes, toujours en train de réfléchir avec leur bas-ventre.

Il se gara en trombe devant mon portail. Je lui tendis sèchement un billet de 500 fcfa et il me rendit 100 fcfa en monnaie. Je me dirigeais vers mon portail quand je vis au loin la maman de Loïc, tantie Reine, sortant également de son taxi, et les bras chargés de sacs.

Je m’avançai naturellement vers elle, pour la décharger.

-              Bonjour tantie Reine. Je peux t’aider? lui demandai-je en accourant vers elle.

A la fois surprise et ravie, elle me prit dans ses bras.

Ah ma fille  Dona. Tu tombes vraiment à pic.

Tant bien que mal, nous arrivâmes à prendre à nous 2, tous les 6 sacs chargés de je-ne-sais-quoi. J’avançai vers la maison, pendant qu’elle payait à son tour le taxi.

Merde, je venais tout juste de penser que j’allais peut-être revoir vous-savez-qui. J’étais vraiment partagée entre la joie de le revoir, et la crainte de la réponse qu’il me donnerait. Et bien, j’avais tout vrai! Je déposai calmement les sacs sur la table de la salle à manger. La salle à manger donnait sur le salon, exactement comme chez moi. Je vous laisse imaginer avec qui Alex se trouvait. Avec Mademoiselle-je-prends-aussi-Alex-dans-mes-bras. Ils me faisaient dos et ne me voyaient pas. Ils étaient tous les deux assis dans le canapé, tordus de rire, devant un film de Gohou Michel. “Décidément, ces 2 là sont vraiment faits pour s’entendre. Et bah, je ne vais pas les pertuber plus longtemps”, pensai-je. Je décidai de m’éclipser silencieusement. Mais Tantie Reine apparut à ce moment-là à l’entrée de la porte  et s’écria:

-              Merci ma fille. Tu m’as vraiment aidée.

-              De rien tantie lui répondis-je. Ce n’était rien ça.

Evidemment, Alex et sa “copine” remarquèrent notre présence à ce moment-là, se retournèrent et se levèrent vers nous. Quand il me vit, il me fit son sourire Clean up. Il semblait heureux de me revoir. Je le toisai avec mon regard le plus méprisant. Il se figea aussitôt, faisant mine de ne pas comprendre ce qui se passait. “Ouais ouais c’est ça, prends nous pour des connes” s’exclama ma J.A. en se limant les ongles.

Sa “copine” se dirigea vers tantie Reine et lui fit 2 bisous bien sonores sur les joues.

“Et en plus, il l’a présentée à la maman de Loïc! De mieux en mieux”, pensai-je attristée et en colère.

-              Vous êtes là mes enfants? vous avez mangé? demanda la mère de Loïc.

-              Oui oui tantie, on a mangé comme des pachas, la rassura Alex.

Je les interrompis aussitôt. Je ne voulais pas rester une minute de plus dans la même pièce que cet individu. Il me décevait énormément. Je ne pouvais qu’en vouloir à moi-même.

-              Bon, Tantie, je vais y aller moi, bonne après-midi.

-              Au revoir ma fille. A bientôt, bonjour aux parents, répondit-elle, avec sa voix aimable.

Je me dirigeai hâtivement vers le couloir. Je le sentais derrière moi. Il me suivait et essayait de me rattraper. Il m’attrapa vigoureusement par le bras et me retourna vers lui.

-              Dona, que se passe-t-il? Peux-tu m’expliquer s’il te plaît? J’ai l’impression que tu me fuies, ragea-t-il.

“En plus, monsieur s’emporte, comme si de rien n’était” pensai-je en levant les yeux.

-              Ne me touche pas Alex, dis-je en le repoussant violemment. Je t’interdis de me toucher.

-              Hier pourtant, tu m’as laissé te toucher. Que s’est-il passé d’hier à aujourd’hui, questionna-t-il, inquiet.

Il avait repris son air craintif, celui qu’il avait quand il attendait ma réponse suite à sa demande de mon numéro de téléphone. Je le trouvais terriblement sexy ainsi, et je trouvais craquant qu’un gros gaillard comme lui, puisse devenir aussi soucieux à cause de moi. Il continua.

-              Je suis passé chez toi tout à l’heure, mais ta soeur Angie m’a dit que tu étais sortie depuis le matin.

“En plus, il s’incruste déjà chez moi. Et bah, on est pas sorti de l’auberge.”

-              Oui Alex, figure toi que j’ai une vie, tout comme toi. D’ailleurs, je vois que tu n’as pas perdu de temps. Tu t’es très vite consolé de la déception d’hier, lui rétorquai-je.

-              Quoi, mais qu’est-ce que tu racontes. Explique-moi s’il te plaît. J’ai vraiment du mal à te suivre dit-il frustré. Viens, allons dans ma chambre. Je ne tiens pas à ce que tout le monde nous entende.

J’étais encore partagée. J’avais vraiment envie de savoir qui était cette fille.

“Bah vazy, qu’est-ce que tu attends. Il faut que tu saches”, souffla ma J.A., intéressée.

Il se dirigea vers sa chambre, s’arrêta et me tendit la main. Cela ressemblait à un “Tu viens”? Je ne résistai plus. Je pris la sienne, et il me dirigea vers sa chambre.

 

A peine à l’intérieur, il ferma la porte rapidement, et me plaqua contre le mur. Il prit mes lèvres violemment. Sa bouche prit possession de la mienne, comme si elle lui avait toujours appartenu. Je ne pouvais pas résister. Je répondis à son baiser ardemment, en l’attrapant par son tee-shirt. Je le rapprochai encore plus vers moi et passai ma main autour de son cou. Il sentait bon. Sa bouche sentait bon. Elle sentait lui, Alex. Sa langue s’enroula encore plus autour de la mienne, pendant que ses mains commençaient à s’insinuer sous mon débardeur. Ses mains étaient  si habiles, si sensuelles. Elles traçaient des petits sillons fiévreux tout le long de mon corps, dans mon dos, sur mon ventre, mon cou, partout. Ses caresses étaient si légères mais si intenses. Elles me rendaient folle. Je frissonnai à son toucher. J’avais désormais posé mes deux mains de part et d’autre de ses épaules. Quand il effleura mes seins, je n’en puis plus. Je passai à mon tour mes mains sous son torse. Mmmm, son corps était si ferme et sa peau si lisse. Je descendis sur ses tablettes de chocolat. Elles étaient à croquer. J’en profitai pour les toucher, une à une. Je remontai ensuite sur sa poitrine, pendant qu’il commençait désormais à descendre le bonnet de mon soutien-gorge. Il enleva mon tee-shirt.

-              Oh Dona, tu es si belle, si douce. J’ai envie de te croquer, souffla-t-il.

Il prit mes seins dans ses paumes tout en m’embrassant. Je passai mes doigts sur ses tétons. Il gémit. Il entreprit alors de prendre mes tétons dans sa bouche. C’était juste magique. Il les léchouilla, les suça, les rendant encore plus tendus. Je n’arrêtais pas d’émettre aussi des sons exprimant mon désir, mon excitation. Oui, il m’excitait, oui il me rendait folle cet homme. Je le voulais désormais partout, sur moi, en moi, dans moi.

Je ne voulais que lui et lui seul. Je sentais désormais la bosse se former dans son pantalon.

Il me souleva brusquement mais doucement par mes deux jambes que j’enroulai comme par réflexe autour de ses fesses. Je la sentis encore plus, la bosse. Il me déposa doucement sur le lit et une fois encore s’empara de mes lèvres. Il me recouvrait entièrement de son torse si vigoureux et j’enfouis mes mains dans ses cheveux. Son baiser se faisait de plus  en plus ardent, provoquant et possessif quand la porte s’ouvrit brutalement.

-              Alex, qu’est ce que……..

“Oh non, pas maintenant”. C’était elle, Mademoiselle-je-prends-aussi-Alex-dans-mes-bras.

Je ne sais plus de nous 3, qui était le plus surpris. Alex s’écria aussitôt, toujours allongé sur moi :

-              Mais putain Maggy, on ne t’a pas appris à frapper avant d’entrer dans une chambre fermée.

-              Oh, je suis désolée, excusez-moi, murmura-t-elle en décampant et en fermant la porte violemment.

Cela tombait bien cette petite interruption. Ça m’avait permis de remettre toutes mes idées en place et de me retrouver.

-              Mais qui est cette fille Alex ? Je t’ai aperçue avec elle tout à l’heure. Tu la prenais dans tes bras, lui lançai-je énervée tout en me redressant pour qu’il se mette à côté. Mon côté « femme jalouse »  ressortait à présent.

-              Ah, Maggy, mais c’est..Ah mais attends, c’est donc à cause de ça que tu me faisais toute cette crise tout à l’heure !

-              Ecoute, je ne t’ai fait aucune crise Alex. J’ai juste compris que tu avais une petite amie. J’ai préféré m’écarter.

-              Mais seriez-vous jalouse Mademoiselle Dona ? demanda-t-il amusé ?

-              Moi, non jamais. Jalouse de quoi ? tu rigoles. (Si j’avais été blanche, j’aurais sûrement été aussi rouge qu’une tomate).

-              Mais si tu es jalouse. Je n’y crois pas, affirma-t-il de plus belle en souriant.

« Mais va-t-il finir par me dire qui est cette foutue fille ? J’en meurs d’envie et lui il est là à me faire lambiner. Je rage là.» pensai-je intérieurement.

Il s’approcha de moi et reprit mon visage dans ses deux mains.

-              Tu n’as pas à être jalouse mon bébé.

« Bébé, moi !? Je suis son bébé maintenant ? Il se fout de moi là non? »

Je le regardai surprise par ses paroles. Il vit mon regard étonné et reprit posément et distinctement:

-              Oui, tu es mon bébé et tu n’as pas à être jalouse. J’ai été sincère avec toi et je te l’aurais dit si j’avais une petite amie. Maggy est juste ma cousine.

-              Ah oui, ta cousine qui te prend dans ses bras aussi amoureusement ?

-              Amoureusement ? non mais tu veux que je t’emprunte mes lunettes ou quoi ?

-              J’ai bien vu comment elle était avec toi.

-              Mais non arrête bb. Ecoute, moi. Mes parents m’ont envoyé ici à Parakou me reposer un peu. Il se fait que, Maggy, enfin Magalie, qui est inscrite à l’internat de Kandi (une ville plus au nord de Parakou) vient de finir ses cours également. Elle m’a donc rejoint ici, afin que nous rentrions ensemble à la capitale Cotonou. C’est juste nos retrouvailles que tu as aperçues tout à l’heure.

Les filles, je peux vous dire que j’avais l’air d’une conne. Je ne savais plus où me mettre. Mais s’il y a une chose dont je suis sûre, c’est que je me sentais soulagée. Il dut le sentir sur mon visage et me dit :

-              Tu vois, je t’avais dit que tu pouvais me faire confiance. Je suis et je serai toujours sincère avec toi bébé, en me donnant un baiser soyeux.

-              Ça me rassure beaucoup tu sais, lui répondis-je avec un sourire éclatant. Je te connais à peine et tu me fais déjà des frayeurs.

-              Il faut que tu me fasses plus confiance dit-il en me prenant dans ses bras.

Il me serra si fort que je n’arrivai plus à respirer. Nous restâmes comme ça pendant un moment. C’était si bon, si calme, si magique, comme si nous étions dans notre bulle.

Cet homme venait encore une fois de me prouver que je me trompais à son sujet. Je revivais à présent. Cette satanée Maggy avait failli m’éloigner de lui. Elle n’y arriverait pas et personne d’ailleurs me promis-je à ce moment-là.

-              Et j’attends toujours que tu me donnes ton numéro de téléphone, m’interrompit-il.

-              Ah oui, tu l’as bien mérité. Prends, c’est le  97…….

Il sortit son téléphone, le nota et me bipa.

On vient toquer à la porte.

-              Oui, répondit-il.

C’était tantie Reine.

-              Alex, stp, pourrais-tu venir voir les achats que j’ai fait. Nous n’avons plus beaucoup de temps pour tout  finaliser avant ton départ à Cotonou. C’est très bientôt.

-              Oui, oui, donne-moi quelques minutes et je suis à toi tantie.

J’eus comme un tilt dans ma tête. Quoi bientôt, il part bientôt ?

Je me retournai vers lui :

-              Tu pars bientôt c’est-à-dire ?

-              Euh, je pars dimanche.

Je fis le calcul. 3 jours, il repartait dans 3 jours ? 3 jours et après plus rien ? Comment allais-je survivre sans lui ?

Amour ou raison