Chapitre 6 : l'histoire de boris (2)

Ecrit par Alexa KEAS

J’ai pensé des jours et des jours à cette proposition. Je ne pouvais accepter car je savais que c’était mal mais une autre situation m’a finalement poussé à dire oui.

En effet, le cancer de ma mère fut diagnostiqué à l’époque et nous avions besoin d’argent pour ses soins, si j’avais su que cette maladie l’emporterait quand même, je n’aurais pas pris cette décision à l’époque… mais du moins je ne peux regretter de l’avoir aidé à rester en vie un peu plus longtemps que prévu même si c’était avec cet argent sale…

La proposition de Saïd était de faire passer sa marchandise (la drogue) dans les pays voisins, le Ghana et le Bénin. Je me doutais qu’il était trempé dans du louche en considération de la réputation qu’ont les libanais dans nos pays ici en Afrique mais je n’imaginais pas que c’était jusqu’à ce point.
Mon travail devait consister à passer ces frontières avec quelques kilos et remettre le paquet à une autre personne une fois de l’autre côté. Je m’étais dit que ce serait simple car avec mon air d’innocent et de garçon pauvre, je ne susciterais pas l’attention des policiers sur moi. C’est ainsi que j’ai commencé et 6mois après, malheureusement pour moi je fus arrêté à la frontière du Bénin Hila Kondji. Je passais cette frontière au moins 10fois par semaine et j’avais surement dû être remarqué ou surement trahi par un ennemi de Saïd car ce dernier à ma sortie de prison deux semaines après n’était plus au pays…

Bref, quand je fus arrêté, j’ai été transféré sans aucune forme de procès à la prison civile de Lomé, saisi avec 3kilos de cocaïne je ne devais pas faire pitié malgré mon air d’innocent! Tu dois être étonnée que je n’y ait  fait que deux semaines !  

Eh bien, Saïd avant de disparaitre a pu mettre tout en œuvre pour me sortir de là. Il avait contacté un de ses partenaires un très riche homme d’affaire Togolais de me faire sortir. Comment il s’en était pris, je n’en sais rien mais j’imagine qu’il avait dû payer un certains nombres de gens… cette liberté qu’il m’avait accordée avait un prix à payer et ce prix était de commettre des vols pour son compte. J’ai été contraint d’adhérer le groupe de jeunes qui travaillait pour lui, il nous fournissait des informations sur des gens venant du Ghana, de l’Afrique du sud et d’autres pays qui transportaient de l’or, du diamant et des bijoux et nous allions les braquer en cours de route pour récupérer ces chargements pour lui et il nous payait…

Je sais que tu dois te dire que j’aurais dû refuser, que j’aurais dû peut être m’enfuir mais je n’avais pas vraiment le choix. D’un côté j’avais toujours ma mère à soigner et de l’autre j’avais la menace de “mon bienfaiteur“ qui n’hésiterait pas à me renvoyer croupir en prison si je voulais me dérober. Il avait les moyens et les relations de m’avoir et moi je n’avais et n’a personne pour me protéger.
C’est ainsi que je me suis embarqué dans cette aventure, néanmoins je gagnais assez et j’avais pu faire revenir mes deux sœurs et mon petit frère auprès de ma mère, louer une maison pour eux, payer leurs études et m’occuper du traitement de ma mère…

Lydia, je te jure que je regrette ce côté de ma vie. Je n’ai pas vraiment eu le choix, rassures toi, je n’ai jamais tué personne, je ne suis pas capable d’ôter la vie mais j’étais obligé de leur arracher leurs biens à ces gens pour le compte de cet homme. C’est vrai que je gagnais ma part mais je ne pouvais pas non plus regarder ma mère mourir sans rien faire…
Depuis que j’ai enterré cette dernière et t’ai rencontré, j’ai pris la décision d’arrêter, j’ai voulu changer de vie et c’est ce que j’essaie de faire sauf que cet homme est toujours dans mes pattes, il me réclame une forte somme d’argent que je n’ai pas pour pouvoir me libérer de cet engagement. Je suis condamné mais la force de mon amour pour toi, cette lumière que tu es dans ma vie m’aident à tenir et faire tout pour réunir cette somme et me libérer !
Lydia :…………..
Boris les larmes aux yeux : Ly…. BB, stp dis quelque chose

***********************Lydia*************************
Je l’ai écouté, je ne peux le juger, il n’a pas eu beaucoup de chance dans la vie contrairement à moi qui suis née dans un berceau en or. J’ai bien envie de le serrer dans mes bras, de lui dire que je serai là pour lui, que je l’aiderai à se libérer de cet engagement, j’ai bien envie de parler mais aucun son ne sorti de ma bouche ce jour-là, je pris juste mon sac et les clés de ma voiture et mis les voiles…

Le choix de Lydia