Chapitre 6: la vie à Cardiff

Ecrit par Josephine54

 

       Paul

J’avais commencé le nouveau boulot depuis près d’un mois. De tout le mois, je n’étais pas remonté sur Londres. J’avais fourni comme excuse que mon nouveau travail était très prenant et que je ne pouvais pas me permettre de ne pas réussir la mission qui m’avait été confiée par monsieur Smith, ce qui n’était pas totalement faux. Mais je savais au fond de moi que si je l’avais voulu, j’aurais trouvé le moyen de me rendre à Londres vu que je ne travaillais pas le week-end. Je devais admettre que j’arrivais le vendredi  soir crevé et je ne rêvais que de me reposer. On était jeudi et j’hésitais si je devais aller à Londres ce week-end. Éventuellement samedi matin pour rentrer dimanche soir. Bref, je verrais.

La vibration de mon téléphone me sortit de ses pensées. C’était un appel provenant de maman.

- Hello mum.

- Hello chéri, ça va ?

- Ça va maman et toi ? répondis-je en soupirant sachant déjà la question qui suivrait. Ça faisait près de trois semaines que j'y avais droit.

- Comment voudrais-tu que j’aille bien si mon fils unique m’abandonne ? demanda-t-elle d'une voix faussement triste.

- Mamannnnnn t’es toujours dans l’excès, lui répondis-je en riant.

- Mais c’est vrai, tu me manques chéri.

- Je sais maman, tu me manques toi aussi, soupirai-je.

- Alors qu’est-ce qui t’empêche de revenir ne serait-ce que pour un jour ? Si tu es si fatigué, tu pourrais prendre le train. Tu n’auras pas à conduire.

- D’accord maman. Je te rappelle demain et je te dis exactement quand j’arrive.

- Enfin ! Il était temps. À demain chéri.

- Bonne nuit maman. Je t’aime.

- Je t’aime aussi chéri.

Je raccrochai en soupirant. Je ne pouvais plus y échapper, je devais aller à Londres. Juste la pensée de Londres me renvoya à une autre personne que je préférais oublier. Je ne saurais dire comment elle réagirait vu la manière qu’on s’était séparés au téléphone. Quand j’y repensais, j’en avais des céphalées.

 

 Flashback

 

 << Salut Annie, comment-vas-tu ?>>

Elle lui avait répondu le lendemain soir et très sèchement.    << Salut le fantôme>>

Mince c’est tout ? Rien d’autre. Je compris à ce moment que j’avais merdé. Même si j’étais convaincu qu’il était mieux pour nous de tenir un minimum de distance, je m’y étais mal pris en l’ignorant comme je l’avais fait. Pff, je vais devoir trouver un moyen de la calmer, parce qu’une Annie en colère n’était jamais un beau spectacle, surtout quand on était le responsable de cette colère.

<< Un fantôme carrément ! haha, tu ne changeras jamais>> répondis-je tentant de détendre l’atmosphère qui était à couper, malgré le fait qu’on ne soit pas en face l’un de l’autre

<< Comment appellerais-tu quelqu’un qui disparaît du jour au lendemain et réapparaît quand ça lui chante>>

<< Tu n'exagères pas un peu ? Je t’ai pourtant expliqué que j’étais débordé par le boulot>>

<< Où es-tu ?>>, demanda-t-elle.

<< Euh, je devais t’en parler, je suis actuellement à Cardiff pour un boulot>>

<< Et c’était trop demandé de m’en parler>>

<< Mais c’est ce que je fais maintenant>>

<< Figure-toi que je me suis inquiétée vu que tu ne répondais pas, je me suis rendue chez toi avant d’appeler tata Maggie morte d’inquiétude>>

Tout à coup, j'eus honte. Je n’avais pas pensé qu’elle se serait inquiétée pour un silence de 2 jours.

<< Tu as raison ma chérie, excuse-moi. J’ai obtenu ce contrat à la dernière minute et j’ai dû me préparer à la va vite pour venir ici. Je comptais t’appeler dès que je me serais installé”

J’avais un peu honte de ce mensonge. Je savais que ce n'était pas totalement vrai.

<< Bon, tu fais comme tu veux. Bonne soirée>>

<< Te fâche pas s’il te plaît. Je t’appelle une minute et on en parle de vive voix>>

Après ce dernier SMS, j’avais essayé de la joindre, mais elle n’avait pas décroché. Je m’étais simplement dit que ça lui passerait.

Les jours suivants, je lui envoyais de temps en temps de petits messages pour prendre de ses nouvelles et elle lui répondait généralement très poliment, mais sans l’enthousiasme auquel j’étais habitué. Pff, plus rancunière qu’elle, il n’y a pas.

Je soupirai en y pensant. Durant le week-end, je devrais la rencontrer pour en parler. Je savais déjà qu’elle ne m’aurait pas facilité la tâche. Mais si j’osais aller à Londres sans la voir et qu’elle venait à le savoir, c’était tout simplement RIP pour moi.

 

Fin du Flash-back

 

Durant ce mois à Cardiff, je m’étais lié d’amitié à Jordan, le responsable du service d’informatique. Il arrivait parfois qu’on se retrouve dans un bistrot du coin pour papoter et pour boire une bonne bitter, bière classique anglaise. J’avais essayé plusieurs fois de lui tirer les vers du nez, mais dès que j’abordais le sujet boulot, ce dernier devenait muet comme une tombe ou alors, me répondait vaguement.

Je me rappelle bien la conversation sur mon prédécesseur, Mr Cooper

- Dis Jordan, tu sais pourquoi Mr Cooper est parti de la société ? avait-il démissionné ou avait simplement été renvoyé ?

Un lourd silence chargé de tension s’installa. Je ne comprenais pas, ma question n’était pas aussi étrange que ça.

- Je ne sais pas, lâcha-t-il sèchement, je suis là pour travailler et je ne m’occupe pas des postes des autres, ajouta-t-il en se redressant sur sa chaise, il semblait subitement très agité.

- Du calme mec, c’était une simple curiosité. Parlons d’autre chose veux-tu ?

- De toute façon, je dois y aller. Ma femme m’attend, tu sais, vu que je suis un beau mec, elle s’inquiète quand je tarde, tenta-t-il de plaisanter en me faisant un clin d’œil. Mais c’était évident qu’il n’était plus à l’aise.

- C’est bon, je vais y aller moi aussi. La bière est bonne quand elle est savourée en compagnie. Allons y.

On se sépara devant l’entrée du bistrot et Jordan s’éloigna presque en courant.

Étrange ! Pourquoi serait-il comporté ainsi ? Je lui avais posé la question parce qu’il y avait des documents qui manquaient à la comptabilité et j’espérais avoir le contact de mon prédécesseur pour savoir où je pourrais les trouver, vu que Paola et monsieur Brown ne savaient pas me fournir les informations dont j’avais besoin pour mon audit.

Parlant de Paola, j’étais de plus en plus convaincu qu’elle était attirée par moi. Je ne savais pas comment me l’expliquer, mais j’en avais l’intime conviction. Elle était assez subtile dans sa manière de se comporter avec moi. Ce n'était pas le genre d’aguicheuse qui te montrait ouvertement qu’elle te voulait et était prête à se faire prendre n’importe où. Elle avait juste de temps en temps des regards appuyés. Ou alors, sans aucun motif, elle commençait à me fixer droit dans les yeux avec un regard que je ne parvenais toujours pas à cerner. J’avais l'impression que tout ce scenario était dans le but que je fasse moi le premier pas. Mais pourquoi ? Je n’y comprenais rien.

De toute façon, je n’avais aucune intention de céder. Elle ne me laissait pas indiffèrent. C'était une vraie bombe et sûre de son potentiel. Mais ma dernière relation avec une collègue de travail m'avait complètement découragé. Elle pourrait être miss monde en personne que je ne céderais pas. En plus, il y'avait quelque chose en elle qui ne me convainquait pas, j’avais l'impression qu'elle jouait un rôle. Je ne saurais dire exactement ce qui me poussait à le penser.

Je repensai à la fin de ma relation avec une ex-collègue et j’étais encore plus sûr de moi. On était en couple depuis plus d'un an, mais de mon côté, ce n'était plus trop ça. Non seulement, elle était d'une jalousie maladive, surtout en ce qui concernait Annie qui pourtant était gentille avec elle, mais en plus, elle avait un très sale caractère. Ma maman ne la supportait pas. Connaissant son caractère, je l'avais invitée au restaurant pour rompre avec elle pensant qu'elle m’éviterait ainsi un scandale. Mais c'était mal la connaître. Elle se doutait déjà de mon intention, car dès son arrivée, elle avait été sur la défensive. Et quand j’avais commencé le discours classique de celui qui veut rompre

- Tu sais, Stéphanie t'es une fille sympa et cette année avec toi a été une belle expérience, mais…

- Mais quoi ? m'avait-elle interrompu en hurlant et en se levant de table. Tu veux rompre c'est ça ? Tu as assez profité de moi et maintenant, tu veux passer à autre chose. Tu crois que tu peux me jeter aussi facilement ? avait-elle ajouté.

- Calme-toi Stéphanie, ce n’est nullement le cas, avais-je en essayant de la calmer, surtout parce que j’avais remarqué des têtes qui commençaient déjà à se tourner vers nous.

- Qu'est-ce que c'est donc ? penses-tu que je ne te voyais pas venir ? Tu vas le regretter ! Crois-moi, je te le ferai payer !!!! avait-elle hurlé en tirant fortement sur la nappe de table, faisant ainsi tomber toute la vaisselle qui y était posée et était ensuite sortie du restaurant dans un tel état.

Elle semblait possédée. Mon Dieu ! Avec qui avais-je été cette année ? Il est bien vrai que j'entrevoyais déjà ce côté un peu fou d'elle, mais je n'aurais jamais pensé qu'elle arriverait à de telles extrémités. Je m’étais rapproché du propriétaire du restaurant pour payer les dommages commis par mademoiselle pendant que tout le restaurant chuchotait en me regardant.

J’aurais encore pu digérer si tout s’était arrêté à la scène du restaurant, mais non, madame avait décidé de me rendre la vie impossible au travail. Elle parlait mal de moi à tout le monde. Que j’étais un goujat à la face d'ange et avait ensuite commencé à saboter mon travail.

Un matin, j'arrivai au boulot et fus immédiatement convoqué dans le bureau du directeur. Il jeta un dossier sur la table en me regardant durement.

- Monsieur Stone, pouvez-vous m'expliquer ce torchon ? me demanda-t-il sèchement.

C'était un dossier sur lequel j'avais bossé jour et nuit. Je ne comprenais pas ce qui se passait. J'étais sûr de moi. J'étais même très confiant quant à l’issue de ce projet. J'étais estomaqué par la réaction de mon patron. Je récupérai précipitamment ledit dossier et c'était encore pire que ce que je pensais. Tout avait été remplacé. C'était une pâle copie de mon travail.

- Mon mon Monsieur, bégayai-je, je ne comprends pas ce qui s'est passé, mais je vous promets que ceci n'est pas le projet sur lequel j'ai bossé, réussis-je à balbutier.

- À qui appartiendrait-il donc ?

J'avais ma petite idée dessus, mais bien sûr, je ne pouvais pas l’énoncer à haute voix.

- Vous avez jusqu'à demain pour me rectifier ce torchon, renchérit durement mon patron.

Il était méconnaissable, d'une certaine façon, je le comprenais, l’échec de ce projet lui ferait perdre des millions de francs.



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