Chapitre 6 : Retour en date

Ecrit par La Vie d'Ielle

Chapitre 6 : Retour en date




**** Nedra




C'est à partir de ce moment que ma vie a changé. Je n'ai plus remis mes pieds chez mes parents, je les encore moins contacté. 

Maman n'a pas cessé de me contacter mais je ne répondais et expressément je n'ai pas changé de numéro. Elle m'envoyait des messages comme quoi je la fais souffrir mais ça m'énervait plus qu'autre chose et en décidant de gardée mon numéro c'était une façon pour moi de lui rendre ce mal.


Ce jour là où j'ai pris le taxi avec Macie, c'était le début d'une nouvelle vie sans que je ne sache.

Elle m'a logée chez elle et je lui ai dit ce pourquoi j'avais quitté la maison. C'est comme si DIEU avait fait en sorte qu'on se rencontre parce qu'on partage pratiquement la même histoire sauf que de son côté, c'est le propre frère jumeau de son père qui n'a pas hésité à faire d'elle sa domestique et sa fille de joie. Ses parents étant décédés, c'est lui qui l'avait recueilli et elle a payé de son corps le minimum qu'il lui donnait pour vivre.

Résultat ? Elle a fini par dire à sa famille mais qui peut accuser celui qui s'occupe de la famille ? L'Afrique est tellement triste sur certains point. Dans d'autres pays, on aurait ouvert une enquête, on aurait arrêté le coupable mais ici tu as juste l'impression que tout est autorisé.

Il l'a chassé avec sa petite sœur, elle s'est retrouvée à la rue. On sait très bien que l'école de la rue n'est pas toujours la meilleure et qu'elle est dure donc elle s'est débrouillée comme possible mais malheureusement, sa sœur est morte d'un fort palu. 

Du coup, dans sa débrouillardise qui ne marchait pas toujours, elle a connu le réseau de filles de joies de Louis et elle s'y est mise.

Quand on est étranger à certains situations on se met à juger les gens mais en l'écoutant et en ressentant et partageant sa peine, j'ai compris qu'il faut marcher sur la route que telle personne a emprunté pour pouvoir la juger.


J'ai jugé ces filles mais à l'heure d'aujourd'hui je suis incapable de les traiter de prostituées.

Comment d'ailleurs vu que je fais pratiquement la même chose sauf que je ne traine pas sur les trottoirs.

J'ai craché sur Macie quand elle m'a dit ce qu'elle faisait mais je n'ai pas tenu plus longtemps. 

J'ai été internée pendant je ne sais combien de semaines parce que je voulais avorter de moi-même car n'ayant pas de quoi le faire par voie normale.



_Flashback_




Macie : Dès qu'on rentre à la maison tu te casse de chez moi.



Moi : ...



Macie : Nedra !? 



Moi : ...



Macie : C'est à toi que je parle.



Moi : ...



Macie : On ne se connaît pas, je te ramasse à la rue où tu devais certainement te faire sauvagement violée et braquée, je t'héberge chez moi depuis deux mois et tu es incapable de me dire que tu es enceinte ? Non, ce que tu trouve à faire c'est prendre je ne sais quoi pour te faire avorter. Tu veux me causer des problèmes Nedra ? Tes parents que tu as fuis et que tu déteste, tu veux qu'ils me tombent dessus ? Mon DIEU, je ne te connais même pas, Pourquoi je t'ai emmené chez moi !?.


Je l'écoute mais je suis loin dans ma tête, je pense à autre chose. Je suis soulagée, j'avoue mais je suis toute aussi énervée. Énervée parce que je pensais m'être débarrassée d'un poids mais j'en ai appris un autre... J'ai la haine.


Je n'ai pensé à rien quand je l'ai fait et je croyais que ça devait se faire simplement, de façon rapide mais ça a mal tourné. N'ayant point de malaises, c'est normal qu'elle n'ait rien remarqué.


Moi : Je ne pensais que ça se passerait ainsi.


Macie : C'est aussi ainsi que tu devais mourir Nedra, est-ce que tu te rends compte de ce que tu as fais ?


Moi : Je voulais juste ne pas ressentir cette souillure plus longtemps en moi, j'avais l'impression de toujours le sentir et je ne voulais attendre plus longtemps.


Macie : Tu as fait une grosse connerie qui aurait pu te coûter la vie si je n'étais pas rentrée plus ...


Moi : Je veux que tu me montre ce que tu fais.


Macie : Pardon ?


Moi : Je veux que tu m'apprenne ce qu'il faut pour que je puisse me faire de l'argent.


Macie : Tu n'as pas encore tous tes esprits en place, on en reparlera.


Moi : Je n'ai pris aucun coup sur la tête donc je sais ce que je dis et j'y ai amplement réfléchi.


Macie : Je comprends qu'avec ce qu'on appris des médecins tu sois rongée par la colère mais crois moi que c'est ce même sentiment qui m'anime et c'est quelques fois étouffant.


Moi : Jure moi que ça ne te soulage pas ?


Macie : ...


Moi : Voilà donc ne cherche pas à m'en dissuader. De toute façon, tu ne pourras pas.


Qu'est-ce que je perds ? Rien, ma vie est déjà gâchée.





_Fin du flashback_




Ce jour là j'ai pleuré toutes les larmes de mon corps en rentrant mais ça ne m'a en rien soulagé  si ce n'est attisé toute ma haine et en l'orientant vers ma mère et son mari.


Bref !! Trop de souvenirs qui énervent mieux je  descends aussi de la voiture de celui là.



David : Je peux entrer ?


Moi : Les heures supplémentaires, quoique payantes ne m'intéressent pas. Mon argent s'il te plaît ( tendant la main ).


David : Ne sois pas pressée.


Moi : Je gagne là avec toi ? 


David : C'est ce truc là qui a fait en sorte que je m'intéresse à toi.


Moi : C'est plutôt la chose entre tes jambes qui voulait se retrouver dans de la chair fraîche, rien de plus. On se connaît ici bas… Soit on vous donne soit vous prenez de force.


David : J'ai toujours l'impression que tu es frustrée quand tu parle.


Tu n'as pas idée !!


Moi : Je n'ai pas le temps à jouer au psychologue, mon argent.


Il sort son chéquier et prend un stylo.


Moi : Je veux du cash.


David : Et si je n'en ai pas ?


Moi : Tu en as, je te connais.


Il m'a longuement regardé avant de sortir une enveloppe. Il a sorti une très grosse liasse qu'il a divisé en deux en me tendant la moins garnie.

Il a été surpris parce que c'est l'autre liasse que j'ai tiré de sa mains.


David : Nedra !


Moi : Bonne vie à toi !


J'ai ouvert la portière et je suis descendue dans lui accorder un quelconque regard.

Je suis restée debout à attendre qu'il parte avant de prendre la ruelle de chez moi… Je ne suis pas stupide de l'emmener chez moi.




**** Macie





Madame m'a dit qu'elle rentrait déjà mais j'ai été surprise de ne pas la trouver quand je suis rentrée.

La voilà qui rentre quand on parle du loup.


Moi : Tu étais où madame ? C'est ça je rentre déjà ?


Nedra : J'ai fait un détour.


Moi : Où ?


Nedra : C'est la police ?


Moi : Non, le FBI ! Tu étais où ?


Nedra : David.


Moi : Eeeh, tu as remis le couvert avec lui ?


Nedra : Il a mis ce qu'il faillait sur la table donc ça m'arrangeait.


Moi : Combien ?


Nedra ( sortant une liasse de son sac ) : Je te laisse compter ( s'asseyant ).


Moi ( comptait ) : Eeeke !! Tu as tourné comment pour avoir ça ?


Nedra : Je me suis moi-même servie.


Moi : Huuumm !


Nedra : Bha quoi !?


Moi : Comment ça s'est passé ? Ils voulaient quok


Nedra : L'ennui , la fatigue.


Moi : Mais encore ?


Nedra : Pourquoi as-tu quitté la maison ? Etc etc… 


Moi : Je vois. Ta mère y était ?


Nedra : Très sagement derrière son tendre mari comme un mouton avec leurs beaux enfants. 


Moi : Lui as-tu adressé la parole ?


Nedra : Pour quoi faire ?


Moi : Nedra…


Nedra : Tu veux que je m'arrête devant elle pour lui demander quoi exactement ? Si elle sait ? Je ne veux pas savoir, je ne veux  pas lui demander, je ne veux rien entendre qui sorte de sa bouche. 


Moi : En tout cas.


Nedra : Et avec Shawn ?


Moi : On a discuté et il campe sur sa décision.


Nedra : Que lui as-tu dit ?


Moi : Rien. 


Nedra : Que compte tu faire ?


Moi : Je n'en sais rien. 


Nedra : Bref, on fait quoi ce soir exactement ?


Moi : VIP.


Nedra : D'accord. Les gas dont tu parlais ?


Moi : Oui, ils nous invitent.


Nedra : Poches pleines ?


Moi : Pas vides en tout cas.



La vie que les gens finissent par mener n'est pas forcément celle qu'ils ont voulu. Nous, on n'a pas voulu ça, on y a été menées. A vrai dire, on ne fait même pas ça pour l'argent... Ce n'est que la compensation



Moi : Au fait, on m'a appelé aujourd'hui.


Nedra : Qui ?


Moi : C'est quand aujourd'hui ? Qui peut nous appeler aujourd'hui ?


Nedra : Je vois.


Moi : On y va à quelle heure ?


Nedra : Actuellement je veux juste me reposer et sortir faire la fête ce soir.


Moi : On peut pourtant y aller et revenir.


Nedra : Qu'on y aille demain ou aujourd'hui, qu'est-ce que ça va changer pour nous ? Rien ma belle. Aller, biens qu'on aille taper un somme.


Tant qu'à faire, elle n'a pas tort donc.

Dormir soulage quelques fois mais les autres fois ça me fait juste revoir le visage de ma petite sœur et pire encore , le visage de cet homme qui partageait le même visage que mon père.

C'est terrible comme ta vie peut basculer et surtout,  celui qui a dit que le mal ne vient jamais de loin avait trop raison. 

En Afrique on a juste l'impression que c'est la cour de la folie et que c'est une folie légalisée puisque personne ne dit rien même les gens qui sont sensés te protéger ne disent rien et regardent.



Quand mes parents sont morts c'est mon oncle qui m'a recueilli chez lui d'autant plus qu'il est le jumeau de papa. Tout allait bien pourtant, je n'ai pas compris pourquoi les choses ont changées et surtout à quel moment il a cessé de me voir comme son enfant. La vie se trouvait pas déjà assez injuste, elle m'a enlevé ma petite sœur aussi tout ça parce que quand tu n'as pas d'argent nos hôpitaux refusent de te soigner à croire que nos médecins sont là pour l'argent et non pour faire leur travail correctement.

Je me sentais seule dans tout ça et après tout ça mais heureusement que j'ai rencontré Nedra.

Les gens peuvent dire ce qu'ils veulent, penser ce qu'ils veulent de nous mais ça ne va tellement pas nous tuer. 

Être frustrée de la vie c'est quelque chose qui donne naissance à tout autre sentiment surtout quand tu sais que ta vie n'a pas vraiment plus vraiment de sens ou que tu n'es que l'ombre de toi même attendant le jour de ta mort.


Le virus de la venge...