Chapitre 61: Conséquences

Ecrit par kaynaliah

Dans la tête de Mamie Kélia

La tension est plus que palpable dans la pièce. Andrew est assis au salon avec André et Lyne. Moi je suis toujours debout avec Jason. Je suis trop en colère de savoir que Rêve a vendu ma famille au diable pour assouvir ses desseins les plus obscurs. Mais que lui est-il donc arrivé ? Elle est censée protéger sa famille et non la vendre ainsi. Il faut croire qu’on n’a jamais rien représenté à ses yeux. Et dire que je me suis convaincue qu’il est possible qu’elle revienne à de meilleurs sentiments. Je me suis longtemps leurrée en me disant qu’au fond d’elle, il était bien possible qu’elle aime un peu sa famille mais je me suis lourdement trompée. Mes yeux retombent sur cette sorcière complètement allongée au sol et je me pose juste une question : « Pourquoi ? »

-« Je me demande quel genre de mère êtes-vous ? Vous avez été jusqu’à sacrifier vos enfants pour accomplir vos plans malsains. Un enfant est une bénédiction divine et non un objet que vous pouvez utiliser selon vos désirs pour faire ça. Quand je pense que beaucoup de femmes pleurent juste pour avoir un enfant, vous, Dieu vous en donne cette grâce et vous le rejetiez ? Vous êtes une honte pour l’humanité. Mais je veux juste savoir pourquoi ? Pourquoi avez-vous fait ça ? Je parie que vous n ‘avez aucun remords pour ce que vous avez fait. Lamentable….. »
-« Roxanne ? C’est vrai tout ce que j’entends ? Tu ne m’as jamais dit que tu avais eu un enfant. Jamais de la vie. En fait tu ne m’as jamais aimé c’est bien ça ? »
-« ….Snif… »
-« Quand je te parle, aies au moins la décence de me répondre. J’ai besoin de réponses »
-« …Je suis désolé Laurent… Je ne voulais pas que les choses se passent ainsi entre nous…. »
-« Il n’y a jamais eu de « nous » apparemment…Mais qui es-tu Roxanne ? Quel être malsain es-tu donc ? Tu es une criminelle sans scrupules »
-« ……Snif…Je vais tout vous dire…Je vais tout vous expliquer »

On la regarda tous comme la bête de foire qu’elle était et je sentis que je devais m’asseoir car je sentais qu’on y serait pour la journée. Cette femme est tout simplement dégoûtante. Quand je pense que certaines donneraient tout pour avoir un enfant, d’autres les éliminent sans état d’âme comme s’ils s’agissaient de jouets sur lesquels elles auraient le droit de vie ou de mort. Je vais rejoindre Andrew et Jason s’assit auprès de Lyne. Cet enfant, je l’aime tellement. Il connaît son histoire et même s’il sait que nous n’avons aucun lien de sang, il sait pertinemment que nous l’aimons car il est notre petit-fils malgré tout et c’est ainsi qu’on le considère. On n’a jamais eu à faire de différence entre Malia, Maira et lui et il nous le rend très bien.
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Dans la tête de Roxanne

J’ai rencontré Rêve quand j’avais 19 ans et j’étais enceinte de trois mois et demie à l’époque. Mon père venait de me foutre à la porte quand ma belle-mère lui a raconté que j’étais enceinte. J’avais essayé de camoufler mon état le plus longtemps possible mais ma belle-mère m’avait surprise une soirée alors que je sortais à peine de la baignoire et avait été choqué de me voir ainsi avant d’entrer dans la salle et de s’y enfermer avec moi à clé. Elle me regardait dans les yeux et me posa la question qui brûlait tant ses lèvres : « Depuis combien de temps j’étais dans cet état ? » Je ne pus exactement lui répondre et elle ne dit rien. Mais avant de partir elle me dit que nous irions à l’hôpital le lendemain et qu’il allait falloir annoncer cela à mon père. Quand mon père a su que j’étais enceinte, ma belle-mère n’a rien pu faire pour l’empêcher de me mettre à la porte en plein 22 heures. J’étais anéantie. Que faire ? Le père de mon enfant m’avait déjà abandonné car je lui avais fait croire que j’avais avorté. Pourquoi l’avais-je fait ? Parce que je comptais le faire mais j’avais peur de passer à l’acte en plus dans la maison de mon père, grand musulman.

Je me suis donc retrouvée à dormir dans la rue une nuit mais j’avais énormément peur ca j’étais toute seule. Mon père ne m’avait pas autorisé à emporter quoi que ce soit avec moi. J’avais tellement mal et je commençais à me demander pourquoi j’avais menti. Je me sentais tellement seule comme il y a dix ans auparavant, lorsque j’avais perdu ma mère. Je me souviens que j’ai essayé de joindre Nicolas, le père de mon enfant mais son numéro ne passait plus. Il avait certainement déjà dû rentrer à Johannesburg, où il faisait ses études. Si je ne lui avais pas menti, il serait là comme il l’avait promis. Le problème est qu’il voulait de cet enfant et moi non. Quand je lui avais annoncé ma grossesse, il était aux anges même si l’anxiété était présente. Il avait décidé d’assumer pleinement ses responsabilités mais je l’ai empêché de le faire.

J’ai été recueillie au sein d’une association. Les mois ayant précédé ma grossesse se sont avérés tellement difficiles. J’étais toute seule à faire face à mon état et je regrettais tant mon mensonge à Nicolas. Je commençais à accepter le fait que j’étais une future mère mais sans père pour mon enfant. Pourquoi avais-je décidé de le priver de son père ? Je l’ignorais moi-même.
J’avais eu du mal à mettre au monde mon fils Sean Emmanuel. Il était tellement beau mon fils que je suis mise même à l’aimer à mon plus grand étonnement. La directrice de l’association, voyant que je n’avais aucun moyen pour subvenir aux besoins de mon petit garçon, me demanda de réfléchir au fait qu’il puisse être placé en orphelinat et ainsi avoir la chance de se faire adopter par une famille qui aura les moyens de lui offrir ce que moi je ne pourrai jamais. Je n’ai pas voulu me séparer de lui au début mais une semaine plus tard j’ai dû capituler car je ne pourrai pas nourrir mon fils éternellement avec du lait maternel. Ce fut avec de la douleur que je remplis le dossier permettant à mon fils un avenir meilleur. La séparation fut plus que douloureuse.

Quelques jours plus tard, je réussis à dégoter un boulot de vendeuse dans une boutique de prêt-à-porter avec un très maigre salaire. Néanmoins, je trouvais toujours le temps de me rendre à l’orphelinat tous les jours pour essayer d’apercevoir mon fils mais je ne le voyais jamais. Une des sœurs de l’orphelinat m’apprit qu’il avait été adopté par un jeune homme mais ne peut pas me dévoiler son identité. Mon fils était parti mais au moins il aurait été heureux. Je me suis mis à imaginer son futur sans penser que j’aurai souhaité sa perte un jour. Je n’aurai jamais pensé que j’aurai pu devenir un tel monstre par la suite.

Deux ans plus tard, je travaillais toujours dans la même boutique mais dans la structure située à Abuja au Nigéria. C’est ainsi qu’un jour une cliente y entra et me demanda gaiement le rayon des femmes enceintes. Elle était belle et semblait tellement heureuse. La voir ainsi me fit penser à moi quand j’étais dans cet état, seule et sans le moindre sou. Je m’apprêtais à lui répondre quand une autre cliente fit son entrée dans le magasin et nous rejoignit. Elles avaient certes des traits mais ne se ressemblaient pas pour autant. Je fus encore plus surprise quand je sus qu’elles étaient sœurs jumelles. Elles semblaient à la fois proches et distantes. C’était trop étrange. Celle qui était enceinte s’extasiait tandis que l’autre semblait beaucoup plus réservée. C’est ainsi que j’ai rencontré pour la première fois celle qui a transformé ma vie. Elle est repassée au magasin deux semaines plus tard toute seule et elle m’a vendu du rêve. Elle savait des choses sur moi et elle a su jouer avec ces informations pour m’avoir. Elle me proposait une autre vie où j’aurai pu avoir tout ce que j’ai toujours désiré : de l’argent, beaucoup d’argent, du pouvoir….. Cela me permettait de me venger de tous ceux qui se sont toujours moqués de moi. J’allais enfin avoir la revanche sur la vie. J’allais enfin obtenir la vie que j’ai toujours voulu avoir. Mais quand je lui ai demandé pourquoi elle voulait m’aider, elle m’a juste souri et fixé en me disant que nous étions pareilles toutes les deux. Rêve m’avait vraiment vendu du rêve à moi la pauvre femme que j’étais. Mais j’étais loin d’imaginer que tous ces actes que je pensais bienveillants auraient un prix, un coût très cher me forçant à faire des actes que je n’aurai jamais pensé commettre un jour. J’avais vendu mon âme au diable sans le savoir.

Quelques années plus tard, j’avais réussi ce que je voulais réaliser : avoir une maison de rêve, posséder des biens, être riche, avoir du personnel, être puissante en gros. J’étais retournée entre-temps à la maison familiale pour dire à mon père tout le bien qu’il m’avait procuré. Je voulais le rabaisser plus bas que terre. Je l’ai humilié et je ne ressentais que du bien en lui faisant du mal. Ma belle-mère n’avait que des larmes dès lors qu’elle m’avait vu mais je lui en voulais aussi mais j’ignorais pourquoi exactement. Mon père me demanda pardon mais je refusai de le lui accorder. Mais je n’avais pas prévu qu’il ferai cinq jours plus tard une crise cardiaque qui lui a été fatale. J’ai décidé de quitter le pays et c’est ainsi que je me suis rendue en Côte d’Ivoire où j’ai eu à rencontrer Laurent quelques mois plus tard. J’étais vraiment amoureuse de lui et quand il m’a demandé de l’épouser, c’était un rêve qui se concrétisait enfin. Je l’ai épousé deux ans plus tard et je suis tombée enceinte quelques mois plus tard. Malheureusement, le bébé était mort-né à la naissance mais ce qui était incroyable et que quelques temps avant mon accouchement, les médecins entendaient encore le cœur du bébé battre. Ils n’ont jamais su nous expliquer, à mon mari et moi, les raisons du décès si soudain de notre enfant. Ce bébé, on l’avait surnommé Jonathan et mon mari l’avait enterré alors que j’étais encore hospitalisée. Deux mois et demie plus tard, je me retrouvai encore enceinte mais ce bébé a survécu. Cet enfant était mon petit prince, mon petit bijou : Karl, le portrait craché de son père. Il faisait notre bonheur.

Karl était âgé de six mois quand je découvris la face cachée de Rêve. Sa face machiavélique que j’ignorais jusqu’à présent. Une nuit, j’étais endormie dans ma chambre quand j’ai eu un mauvais pressentiment et je me suis dirigée vers la chambre de mon fils. Laurent était parti en mission et j’étais en panique totale. J’entrai précipitamment dans la chambre de mon fils et accourus à son berceau. Il dormait paisiblement mais je ressentais une présence dans la pièce. Je pris mon enfant dans mes bras et le serrai fortement pour le protéger de quoi que ce soit. Je levai mes yeux au plafond et je vis un long serpent noir et jaune qui me fixai longuement et qui avança droit vers moi comme pour m’attaquer. J’eus juste le réflexe de courir rapidement vers la porte et de fermer la chambre de mon fils. J’étais pieds nus mais je m’en foutais. Je me retrouvai à l’extérieur de ma maison complètement débraillée et comme une folle avec mon fils qui dormait paisiblement. Karl était ma raison de vivre et il était hors de question qu’il lui arrive quoi que ce soit.

Je me suis retrouvée à la paroisse Saint-André avec mon fils. Je racontai au prêtre et aux sœurs ce qui m’arrivait. Ils m’ont expliqué que les forces du mal me pourchassaient et que je devais prier. Nous avons tous prier cette nuit là à une heure si tardive. J’étais endormie quand je vis Rêve apparaître dans mon rêve et m’annoncer que je lui appartenais car en acceptant tout ce qu’elle m’offrais, je lui avais vendu mon âme. Par conséquent, je lui appartenais et étais donc son esclave. Elle me dit que tout ce qu’elle m’avait donné avait un prix et que du sang devait couler. Elle voulait mon fils mais il était hors de question que je la laisse s’en prendre à mon enfant, la chair de mes entrailles.

A suivre………

Merci pour votre patience les bisounours

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