Chapitre 64
Ecrit par Jennie390
⚜️ Chapitre 64⚜️
Yolande Otando
« Le procureur a été retrouvé mort aujourd'hui... empoi*sonné !»
Cette phrase me fait l'effet d'un seau d'eau glacée reçu directement en pleine tête. Mon premier réflexe est de jeter un coup d'œil vers Landry qui est pratiquement blême à côté de moi. Je pense que vu le silence qui règne dans la salle, on est tous d'accord sur le fait qu'une seule et unique personne est responsable de ce meurtre.
Émile!
Seulement deux semaines derrière les barreaux et il a quand même trouvé le moyen de frapper. Nous n'avons subitement plus d'appétit. Mélissa termine son assiette et je l'envoie dans sa chambre avec sa tablette.
—Comment Richard a-t-il appris la nouvelle ?
—C'est Vincent qui l'a appris depuis la Belgique, répond Hortense en avalant des verres d'eau à la chaîne. Il a donc appelé Richard pour le lui dire.
— Émile est très certainement derrière ça, dit Landry.
—Oui très très certainement, réplique Hortense. On devrait même s'attendre à ce qu'il sorte d'ici là. Ce nouveau petit procureur était très droit, il n'aurait pas pu le soudoyer, voilà pourquoi il l'a éliminé.
—Mais ses comptes ont été gelés, dis-je la gorge nouée. Où a-t-il eu accès à de l'argent pour faire ça ?
—Ah Yolande, je n'en sais rien ! Émile n'a pas que l'argent, il a des relations bien placées qui peuvent lui rendre ce genre de service sans qu'il débourse quoi que ce soit. Dieu seul sait comment il s'y est pris !
—Et là, il va sortir, fais-je en me passant une main sur le visage. Il ne va sûrement pas rentrer chez lui et tout laisser tomber comme si de rien était. Il va forcément contrattaquer en commençant par moi.
La simple hypothèse de me retrouver encore piégée avec ce type me donne des sueurs froides.
—On aurait même dû le faire empoisonner dès qu'on l'a enfermé, j'ajoute, amère. Comme ça, on en aurait été débarrassé !
Hortense et Landry me regardent.
—Mais nous ne sommes pas des assassins, Yolande, renchérit Hortense. Ce n'est pas parce qu'il en est un qu'on va devenir comme lui. Tu sais, dès que tu ôtes la vie à un être humain, peu importe qui il est. Ça te reste sur la conscience. Tu ne seras plus comme avant. Surtout quand tu le fais de plein gré.
—En tout cas, on va arriver à un niveau où ce sera lui ou nous ! Et si je me trouve dans cette situation, je peux t'assurer que je ne vais pas hésiter avant de lui pé*ter la cervelle !
La situation dans laquelle nous nous trouvons me met en colère. Je quitte la table et vais m'asseoir sur la terrasse. Quelques minutes plus tard, Landry vient s'asseoir près de moi.
—Ne pense pas qu'elle défende Émile ou quoi que ce soit, commence-t-il tout doucement. Elle le dit juste pour toi. Pour que tu ne taches pas tes mains de sang, parce que tu pourras les laver autant de fois que tu le souhaiteras, mais elles ne redeviendront plus jamais blanches. C'est seulement pour ton bien à toi.
—Oui, je sais qu'elle le dit pour moi, dis-je dans un soupir. D'ailleurs, où est-ce qu'elle est ? La façon dont j'ai quitté la table n'était pas très polie.
—Non, ne t'inquiète pas, elle n'est pas fâchée du tout. Elle est allée se coucher un moment. La nouvelle lui a donné une migraine.
—Il y a de quoi!
—Comment tu te sens ?
—Honnêtement, j'ai peur, dis-je en frottant mes mains l'une contre l'autre. J'ai peur de me retrouver à nouveau dans ses filets, piégée comme un animal. Je ne pourrai pas supporter une journée de plus dans de telles conditions, Landry je te jure que j'en mourrai. Si j'ai pu tenir aussi longtemps, c'est pour Mel. C'est parce que j'avais peur que si je ne suis plus là, Émile aurait fait ce qu'il aurait voulu d'elle.
Pendant que je parle, mes yeux se remplissent de larmes. Je revois ces moments où il m'apportait à manger quand il le souhaitait. Quand il pouvait me laisser des jours sans rien avaler. J'avais une forte envie de me tuer pour mettre fin à cette souffrance. Entre quatre murs où je voyais à peine l'extérieur. C'est une chance que je ne sois pas devenue folle avec les murs comme seuls compagnons à qui parler.
—Tu es une guerrière Yolande, dit Landry en passant ses doigts sur mes joues humides. Très peu aurait pu tenir comme tu l'as fait et de se battre seule pour recouvrer la liberté. Je te promets que tout va bien se passer. En prison ou pas, je te promets qu'on finira par se débarrasser de lui. Même s'il faut qu'on le tue, parce que toi-même tu l'as dit tout à l'heure : « On va arriver à un niveau où ce sera lui ou nous» et c'est clair que ce ne sera pas nous, mais lui !
On se regarde en silence dans les yeux et je sais qu'on pense pareil. Si l'opportunité se présente, on devra le tu*er parce que lui, il ne va pas nous épargner.
—Allez! cesse de pleurer ! dit Landry en me prenant dans ses bras pour un câlin. Tout va bien se passer.
Émile Biyoghe
2 jours plus tard...
Que disait Machiavel déjà? Ah oui! : «La fin justifie mes moyens». Je trouve qu'il avait totalement raison, parce que si un objectif est suffisamment important moralement, n'importe quelle méthode pour l'atteindre est acceptable. Mon objectif est de sortir de ce trou à rats et la seule façon pour moi d'y arriver c'est d'éliminer la personne qui m'y a envoyé et qui est catégorique sur le fait de m'y laisser moisir à vie. Ce très jeune procureur de la République était beaucoup trop zélé. Même pas un mois à la tête des poursuites pénales et il voulait déjà tout régenter, ce qui n'a pas plu à son supérieur hiérarchique direct, le procureur général.
Flashback: deux jours après l'arrestation. Dans la salle des visites de la prison...
—Il n'y a vraiment rien qu'on puisse faire, Philippe, dis-je désespéré. Tu lui as proposé combien exactement ?
—Je lui ai proposé 200 millions de FCFA, réplique Philippe. Mais figure-toi que ce procureur de la République m'a ri au nez. Il m'a clairement dit que c'est à cause de ce genre de tentatives qu'il a tout fait pour faire geler tes comptes pour que tu ne puisses soudoyer personne. Il a également ajouté qu'il n'était pas à vendre, même si on lui offre un milliard, il cracherait dessus.
Je me passe une main sur le visage, excédé.
—Avec la crise mondiale, l'économie qui est à terre, quel idiot peut avoir un tel raisonnement ? Ou alors il ne sait pas ce que signifierait un milliard de FCFA dans son compte bancaire ? Quelqu'un qui gagne des miettes et qui veut jouer la fine bouche ?
—Ah, il a dit qu'il est honnête, réplique Philippe en haussant les épaules. Que lorsqu'il a décidé de devenir magistrat, c'est parce qu'il croyait fermement en la justice et qu'il tient jusqu'à présent à mettre derrière les barreaux la ver*mine telle que toi. Ce sont textuellement ses mots.
Il m'a appelé ver*mine ? Ok!
—Puisqu'il ne veut pas coopérer, il faut trouver une autre solution. Essaye de voir quelqu'un au-dessus de lui. Tout le monde a un prix Philippe et le système judiciaire de ce pays est tellement corrompu que ce n'est pas y trouver un vendu qui va être difficile. Ça, tu le sais très bien.
—Évidemment que je le sais, Émile! Je sais très bien à quelle porte aller frapper, mais le souci, ce sont les fonds. Les comptes sont gelés. Quand on va trouver la personne qui va t'aider, où vas-tu prendre l'argent pour la payer ? Ce n'est pas de la menue monnaie que tu peux trouver dans ton compte Airtel Money hein, on parle de grosses sommes.
—Philippe, mes comptes locaux ont été gelés, pas les comptes étrangers. Le Gabon n'a aucun pouvoir pour faire geler les comptes sur un sol étranger comme la France ou les États-Unis.
Il me regarde et souris..
—Hmmm! J'avais déjà oublié que tu as des comptes à l'étranger !
—Trouve notre corrompu et on arrange ça.
—Oui, mais bon, là tu me fais dépasser mes prérogatives en tant qu'avocat, Émile. Pense à remonter mes honoraires, mon cher.
Encore lui et l'argent...
—Philippe tu gagnes plus de 100 millions de FCFA avec moi par an. Que veux-tu de plus ?
—Je suis prêt à aller très loin pour te sortir d'ici, mais je veux plus d'argent !
Je soupire.
—200 par an?
— Je veux 300 Émile.
—250 et c'est mon dernier prix.
—C'est toi qui es dans le besoin et tu marchandes encore, rigole-t-il. Mais j'accepte les 250 parce que, mis à part ce que je gagne avec toi, tu as déboursé beaucoup pour moi par le passé et ça, je n'ai pas oublié
Quand il a voulu quitter le cabinet d'avocats dans lequel il travaillait comme salarié pour se lancer à son propre compte. J'ai financé l'ouverture du cabinet dont il est aujourd'hui le patron. Il me doit beaucoup effectivement. J'ai compris que c'était l'avocat qu'il me fallait lorsqu'il m'avait aidé à maquiller le décès de mon père. J'ai su qu'il était aussi pourri que moi.
—Très bien, mais dépêche-toi, je ne tiens plus ici.
Le lendemain...
—Le procureur général ne supporte pas le procureur de la République. Il trouve que c'est un petit arrogant qui veut montrer qu'il est très honnête, qu'il maîtrise le droit et même les procédures. Tu imagines bien qu'avec cette attitude, il s'est attiré les foudres des anciens. Les gars cherchent un moyen de l'évincer.
—Donc, Philippe, qu'est-ce que le procureur général propose, demandé-je. Il est prêt à nous aider ?
—Il m'a fait comprendre que si on veut se débarrasser du petit nouveau, c'est à nous de le faire, répond Philippe. Et dès que le petit sera hors du chemin, il sera très facile pour lui de mettre une petite marionnette qui va te sortir d'ici en un rien de temps.
Je chuchote.
—On doit se débarrasser de lui nous- mêmes ? Quoi le tu*er ?
Il hoche la tête.
—C'est drastique ça !
—Ne me dis pas que tu as des scrupules maintenant, Émile. Tu as fait bien pire!
—Non, je n'ai pas de scrupules. On lui a offert quelque chose qu'il a refusé et moi, je ne resterai ici pour rien au monde. Si des têtes doivent tomber pour que je sorte, bah qu'elles tombent!
—Exactement ! Bon en ce qui concerne son élimination, ne t'inquiètes pas : je piocherai dans ma poche pour payer ceux qui vont s'en charger, ça, c'est un petit problème.
—D'accord ! Donc comment on va procéder pour obtenir l'argent de l'un de mes comptes à l'étranger ? Vu que je ne peux me déplacer moi-même.
—Tu me signes une procuration pour débloquer de l'argent d'un de tes comptes à l'étranger vers le compte du Proc Général. J'arrive là-bas et je fais la transaction.
Fin du flashback...
Puis lorsque Philippe est revenu me voir et qu'il m'avait apporté à manger, j'ai signé la fameuse procuration dans laquelle je lui donnais l'autorisation de faire virer 160.000 euros de mon compte bancaire en Suisse vers un compte qui appartient au Proc Général. En partant de la Prison, Phillipe avait remis de l'argent à un gardien pour que celui-ci me passe un coup de fil à un jour spécial.
Une fois dans la Banque en Suisse, Phillipe a appelé et le gardien m'a passé le téléphone. J'ai pu confirmer à mon gestionnaire de compte que je validais le transfert de fonds. Quelques jours plus tard, me voilà aujourd'hui, en train d'embarquer dans le véhicule de Philippe et il démarre.
—Alors qu'est-ce que ça fait d'être un homme libre ?
—Je revis, mon cher, je revis !
—Hmmm! Et que t'a dit le chef de la prison ?
—«Vous avez vraiment le bras long, monsieur Biyoghe. Votre libération a été exigée par certaines personnes haut placées».
— Et que lui as-tu répondu ?
—Que l'argent peut tout faire ici-bas! Il n'a plus rien rajouté.
—Que pouvait-il dire de plus, le pauvre ? rigole Phillipe. Les chefs ont pris la décision. Il ne peut que s'y plier et d'ailleurs, vu le poste qu'il a, il a déjà sûrement assisté à plusieurs libérations illégales. Il doit déjà être habitué.
—Vraiment !
—Bon, maintenant, que veux-tu faire ?
—Une bonne douche bien chaude, manger un vrai repas complet et dormir dans mes draps en lin ! Après ça, je verrai quoi faire.
—Je n'ai pas pu aller voir le médecin, me dit Philippe. Mais quand je l'ai appelé, il m'a dit que c'est important qu'il te parle. Je lui ai dit que dès que tu sortirais, tu passerais le voir.
Je le regarde.
—J'ai quelque chose de grave ?
—Il ne m'a rien dit, mais va le voir dès que possible. Tu te sens toujours aussi mal que la dernière fois ?
—Oui. Très souvent.
—Donc peut-être que ce n'est pas psychologique comme je le pensais. Va écouter ce qu'il a à te dire.
—Je le ferai.
***
Le lendemain...
Je viens de terminer mon appel téléphonique avec le procureur général qui m'a bien assuré avoir reçu ses sous et il m'a fait parvenir très tôt ce matin les preuves que le précédent petit procureur de la République avait amassé contre moi. Que ce soit les enregistrements audios que le docteur Ovono avait gardés, tout comme les vidéos de surveillance de la maison qui montraient la séques*tration de Yolande. J'ai donc personnellement tout détruit. Étant donné que plus aucune preuve n'existe contre moi, il est impossible de me poursuivre, surtout que le nouveau procureur de la République est un larbin du Proc Général.
Je passe toute l'après-midi à mon cabinet, le nez dans mon ordinateur et je descends une bonne bouteille de whisky. J'ai besoin de me donner du courage pour l'une des premières contrattaques que j'ai prévues contre mes fameux ennemis. Quand je sens que l'alcool m'a déjà bien pris, je passe un coup de fil rapide et je quitte mon bureau. Je saute dans mon véhicule et j'arrive dans un hôtel de la capitale.
Je prends une chambre et je demande à ce qu'on me fasse monter une petite bouteille de Vodka. Une fois dans la chambre, je retire ma veste et mes chaussures et 15 minutes plus tard, on frappe à la porte. J'ouvre.
—J'arrive pas à y croire, t'es libre! hurle Diane en me sautant dessus. J'ai cru que c'était une blague quand j'ai reçu ton appel.
—Non, ça ne l'était pas.
Elle entre et ferme la porte derrière elle.
—Et pourquoi tu m'as donné rendez-vous ici? Je pouvais passer à ton bureau.
Pendant qu'elle parle, je la regarde des pieds à la tête. Diane n'est clairement pas mon style de femme. Même en mettant de côté le paramètre de l'instabilité mentale que j'aime voir chez mes partenaires sexuelles, Diane n'a physiquement rien qui m'intéresse. Mais rien de tel qu'un peu de volonté pour accomplir les projets de notre esprit. Je me suis fixé un but en arrivant dans cette chambre d'hôtel et je vais l'atteindre. Je prends un verre de Vodka que j'avale cul sec. Je n'avais rien fait, mais Vincent s'est retourné contre moi. Je vais donc lui donner une bonne et vraie raison de me haïr avant que je ne le t*ue comme un chien.
Je dépose mon verre et j'attrape Diane par la taille avant de l'embrasser. Au bout de quelques secondes, elle se détache et me regarde avec des yeux ronds.
—Que fais-tu ?
—Ce que tu as toujours voulu...
—Tu es sérieux ?
—Je peux très vite changer d'avis...
—Oh non non!
Elle plonge à nouveau sur mes lèvres et m'embrasse à pleine bouche. En deux temps, trois mouvements, on se retrouve sans vêtements. La colère et la haine que j'ai dans ma tête me guident comme un robot. Je fais ce que j'ai à faire comme je l'ai toujours fait lorsque j'ai un objectif. Mes goûts sexuels sont peut-être autres, mais il m'arrive de faire des exceptions, comme avec Yolande avant que je ne l'épouse. Là, j'ai des comptes à régler avec Vincent, il faut donc que j'aille jusqu'au bout.
Tout nus sur le lit, je prends Diane dans toutes les positions qui passent dans mon esprit revanchard. Quelques heures plus tard, une fois la tâche finalement accomplie, elle sort de la douche après s'être lavée.
—Franchement, ça valait la peine d'attendre bébé, dit-elle en déposant un bisou sur mes lèvres. J'espère que ce ne sera pas la dernière fois. Je veux qu'on recommence encore et encore.
—Tu sais que je suis marié, Diane,dis-je de mauvaise foi. Et toi, tu es quand même encore la femme de Vincent et...
—Laisse Vincent là-bas, bébé, minaude-t-elle. Je suis prête à être ta maîtresse, ta pu*te...
Je souris intérieurement à ces mots, même si c'est vrai que je n'ai pas l'intention de recommencer. Maîtresse comme elle, même gratuitement, je refuse.
Je ne réponds pas, je me contente de sourire. Elle s'habille.
—Bon, je vais y aller...
Je prends ma veste et je sors un chèque que j'ai préparé depuis ce matin et je le lui donne. Quand elle voit le montant, ses yeux s'élargissent de surprises.
—3 millions?! Oh mon Dieu, bébé !
Elle et son "bébé" là...
Elle m'embrasse encore et quitte la chambre joyeusement après avoir raconté plein de co*nneries compromettantes. La pauvre, elle n'est pas prête ! Je verrouille la porte et je récupère la caméra que j'ai planquée près de la fenêtre. J'enregistre la vidéo, tout content.
Place au show national !!!
***
Le lendemain, 10h 30...
Vincent Mebiame
La nouvelle de la mort du procureur de la République m'a trouvé lorsque j'étais encore en Belgique chez mon frère. Dire que j'ai été choqué est un réel euphémisme. J'étais sérieusement dépassé et je le suis toujours d'ailleurs. Je suis rentré hier après-midi à Libreville. Je suis conscient qu'il est impératif que je sois sur mes gardes parce que ce ma*lade mental est libre.
J'ai donc pris les services d'un garde du corps puisque je ne sais vraiment pas où et quand il va frapper. Le temps pour moi de m'asseoir avec les autres pour qu'on discute de ce qu'on va faire, je dois me protéger, car je sais que je suis forcément la cible numéro un. Ce matin, j'arrive à Shell Gabon, la société pétrolière.
Aujourd'hui va se dérouler une importante réunion pendant laquelle de nouvelles décisions importantes vont être prises. Je suis donc obligé d'être présent, vu que je suis l'avocat attitré de cette entreprise depuis plus de 12 ans maintenant. Quand j'arrive sur les lieux, je discute brièvement avec le directeur général, puis nous nous rendons dans la grande salle de réunion.
La salle est pleine. Tous les délégués du personnel sont présents, les directeurs de tous les départements, les membres du syndicat. Il y a au moins une cinquantaine de personnes dans la salle. Je prends place entre le directeur général et le comptable. Un technicien vient brancher le grand écran avec lequel va se faire la liaison avec la branche de Shell France. Une secrétaire passe nous servir du café.
—Je suis ravi que tu sois rentré plus tôt de Bruxelles pour cette réunion, me dit le directeur général. Ça n'aurait pas été normal de la faire sans toi.
—Je n'étais pas censé durer là-bas. J'allais juste déposer Toby.
— Ah! Comment va ce petit champion, demande le comptable. Il doit être très grand maintenant.
—Oui, c'est un sacré petit bonhomme !
—Et comment va sa mère ? La charmante Diane, demande le directeur général. Ça fait longtemps que je ne l'ai pas vu.
Je m'occupe des affaires de cette entreprise depuis tellement de temps que presque tout le monde ici connait ma femme et mon fils. À plusieurs reprises, j'ai déjà invité le directeur général, le comptable et certains chefs de département à dîner à la maison. Tout comme je me suis déjà rendu à beaucoup d'événements de l'entreprise avec Diane. Mais je ne vais pas leur dire qu'on est en problème et que je m'apprête à lui envoyer la demande de divorce.
—Elle va bien.
—Ah super ! Tu lui passeras le bonjour.
—Je n'y manquerai pas...
Cinq minutes plus tard, la réunion débute. Le directeur prend la parole. Puis, il demande au technicien de lancer l'appel Zoom pour qu'on soit en liaison avec Shell France. L'écran s'éteint subitement et une vidéo commence. On est un peu tous perdus, ne comprenant pas bien de quoi il est question, puis quand je vois les visages des personnes sur la vidéo et ce qu'elles font, mon sang se glace sur place...