CHAPITRE 68: ADIEU JOLIANE

Ecrit par L'UNIVERS DE JOLA

***CHAPITRE 68: ADIEU JOLIANE***


**BENJAMIN NGUEMA**


Pasteur Éric : Seigneur nous t'avons ainsi prié. Amen.


Nous : Amen!


Nous nous sommes mis à acclamer le Seigneur avant de nous asseoir pour ceux qui étaient debout, de nous relever pour ceux qui étaient à genoux ou allongés. Pour ma part, je fais partie des personnes qui étaient à genoux pendant les temps de prières. 


Pasteur Éric : Y a t-il des gens qui ont reçu des messages pendant que nous étions en train de prier?


Certains pasteurs ont levé leurs mains et ont partagé avec nous ce qu'ils avaient vu, entendu ou senti. Nous avons écouté avant de rendre gloire à Dieu. Je suis à une retraite spirituelle depuis bientôt trois mois. C'est uniquement pour les hommes de Dieu, pasteur, prophète, apôtre, évangéliste, Docteur qui ont tenu à s'éloigner un peu de leurs ministères pour venir se ressourcer. L'organisateur de cette retraite est le couple pastorale Éric et Fleur EDZANG. Certains hommes de Dieu sont venus avec leurs épouses qui ont également des appels au ministère. Je suis le seul bleu dans cette affaire. Je me suis retrouvé là comme un cheveu dans la soupe. Non seulement j'étais nouvellement converti, mais en plus je n'avais ni ministère, ni leader d'église. Quand le pasteur Édouard m'a parlé de cette retraite à laquelle il devait assister et m'a proposé de venir avec lui, je ne m'attendais pas du tout à ça et j'ai été abasourdi quand je suis arrivé à cet endroit. Nous sommes à Bitam au domicile du couple hôte. L'endroit où ils viennent quand ils organisent ce genre de choses, mais normalement, ils restent à Libreville. Le premier jour quand les gens se sont présentés et que j'ai compris dans quoi j'avais été embarqué, j'étais perplexe.


Moi: (Interpellant le pasteur Édouard discrètement) Euh homme de Dieu, je crois qu'il y a une erreur.


Pasteur Édouard : Comment ça ?


Moi: Vous m'avez dit qu'on venait pour une retraite et que je pourrais me retrouver.


Pasteur Édouard : En effet, nous sommes à la retraite.


Moi: Je vois bien que nous sommes à une retraite et je me demande ce que je fais ici, je veux dire au milieu des hommes et femmes de Dieu.

Pasteur Édouard : (Souriant) Mais tu es venu pour y prendre part et je ne te l'avais pas encore dit mais tu fais partie des intervenants de ces trois mois que nous allons passer ici.


Moi: Hein? 


Pasteur Édouard : Tu as bien entendu.


Moi: (Les gros yeux) Mais, mais, mais qu'est-ce que, que vais-je bien pouvoir venir leur enseigner ? C'est à peine si je connais les noms des évangiles de la Bible. Comment vais-je enseigner à des gens qui ont des ministères ?


Pasteur Édouard : (Riant) Tu ne vas pas leur enseigner à propos de la Bible, c'est toi qui te fera enseigner dessus.


Moi: Alors pourquoi avez-vous dit que j'allais faire partie des intervenants?


Pasteur Édouard : Parce que c'est le cas. Tu ne vas pas enseigner sur la Bible mais sur le leadership et la façon de gérer les hommes. 


Moi: Oh. 


Pasteur Édouard : N'es-tu pas un leader?


Moi: Euh oui.


Pasteur Édouard : Ne gères tu pas des hommes dans ta société ?


Moi: Si.


Pasteur Édouard : Voilà. C'est ce que tu vas enseigner à ces hommes et ces femmes qui ont à leur charge des hommes. Tu sais être un chef d'entreprise n'est pas très différent de gérer une église, certains principes sont les mêmes et si nous ne composons pas avec ces choses, nous aurons beau avoir tout l'onction du monde mais cela ne marchera pas. Voilà pourquoi tu enseigneras à ces gens les principes du leadership.

 

Moi: Je vois. 


Pasteur Édouard : Ici, tu seras enseigné sur plusieurs choses. Au programme nous avons des études bibliques, les temps de prières, les études pastorales, l'apprentissage de l'écoute de la voix de Dieu, des temps de jeûnes, des temps de témoignages, des temps de louanges et adorations, ça c'est sur le plan spirituel, mais ce n'est pas tout. Nous aurons des enseignements sur le leadership, nous ferons du sport, des randonnées, des baignades à de l'eau très froide de la rivière, des enseignements sur le bien être, sur les relations hommes/femmes et les extras. Comme tu le vois c'est un programme bien chargé et cela se fera sur trois mois. Ne t'inquiètes pas, nous aurons nos séances de travail personnel, que ce soit sur le plan spirituel qu'émotionnel. Mais pour toi, ce sera un plus. Tu es très gracieux Benjamin, ce n'est pas tout le monde qui se retrouve à ce genre d'endroit. Tu as vu que je n'ai pas emmené avec moi les autres hommes de Dieu que j'ai à ma charge mais c'est toi qui est venu. Tâche alors de retirer le meilleur. Et ne t'inquiètes pas, si Dieu a voulu que tu te retrouves au milieu de nous c'est bien pour une raison car avec notre Dieu, il n'y a ni hasard ni coïncidence. Alors si tu es là c'est que tu es à ta place. 


Moi: D'accord.


J'avais soupiré grandement et je m'étais laissé embarquer dans le programme et je dois dire que j'ai été richement béni. J'ai appris plusieurs choses au milieu de ces gens qui m'ont traité avec beaucoup d'égards et qui ont partagé avec moi plusieurs de leurs expériences. J'ai même eu mes deux baptême ici, celui des eaux et celui de l'Esprit. J'ai été tellement ému que j'en ai même pleuré. Je ne saurais dire ce qu'il en est réellement mais j'ai l'impression d'avoir gagné plusieurs années d'apprentissage dans le Seigneur, le fait d'avoir été en contact avec toutes ces personnes et d'avoir permanemment été dans leur environnement m'a fait apprendre des choses que normalement si j'étais resté à la maison, je les aurais apprises en 20 ans et peut-être pas du tout. Dieu merci aussi, mon esprit d'entrepreneur m'a permis d'être curieux et de poser des questions sur ce que je ne connaissais pas et dans mon cas il faut le dire, je ne connaissais rien. Mais présentement j'ai l'impression d'être lourd en ce qui concerne mon esprit, il a été nourri de connaissances spéciales. 


Nous sommes sortis de la pièce et je me suis dirigé vers ma chambre, une fois devant la porte, j'ai été interpellé par Fleur.


Fleur : Benji, après tu pourras venir vérifier mon site?


Moi: D'accord, laisse moi poser ma Bible et je viens. 


Fleur : D'accord, je suis dans la grande salle.


Moi: Ok.


Elle est partie et je suis rentré dans ma pièce, j'ai déposé ma Bible et je suis sorti pour la rejoindre. Fleur est celle qui nous a enseigné sur le bien être, en discutant avec elle à part, j'ai vraiment vu que c'était une mine d'or et qu'elle avait beaucoup d'informations à partager avec les gens. Je lui ai alors proposé de réunir ses idées, de bien les structurer et de les mettre à la connaissance d'un grand public en se créant une espèce de site sur le net. 


Moi: (La rejoignant) Montre moi.


Elle l'a fait, j'ai trouvé que c'était bien présenté mais il y avait un truc qui ne passait pas, nous avons cherché mais n'avons pas pu mettre la main dessus.


Moi: Je ne comprends pas ce qui se passe ni pourquoi ça bloque. 


Fleur : (Dépitée) Il n'y a donc rien à faire ?


Moi: À mon niveau, oui mais je sais qui pourrait t'aider. 


Fleur : (Reprenant son sourire) Ah oui?


Moi: Oui. Je connais un génie de l'informatique qui je suis sûr résoudra ce problème en moins d'une minute.


Fleur : Ah ça, il est bon dans ce cas.


Moi: Elle, il s'agit d'une femme et c'est la meilleure au Gabon en la matière.


Fleur : Waouh, tu as vraiment de la connaissance dans ton répertoire. Sera-t-elle seulement accessible ? Tu sais que plus tu es calé dans un domaine, plus tu es difficile d'accès.


Moi: Je sais.


Fleur : Et alors ?


Moi: (Souriant) Il se trouve que cette femme est la mère de mes enfants.


Fleur : C'est Linda?


Moi: Oui.


Fleur : (Souriante) D'accord. Je suis rassurée. Je n'ai que plus hâte de la rencontrer. 


Moi: (Souriant) D'accord. Une fois sur Libreville, j'organiserai ça. 


Fleur : Je verrai aussi tes enfants en vrai. J'espère qu'ils pourront être là en même temps qu'elle.


Moi: Nous allons voir. 


Pasteur Édouard : (Derrière nous) Benjamin ?


Moi: (Tournant ma tête) Oui?


Pasteur Édouard : C'est l'heure.


Moi: D'accord. (À Fleur) Met ça bien au chaud pour quand nous serons à Libreville.


Fleur : D'accord.


Je me suis levé et j'ai rejoint le pasteur Édouard, nous nous dirigions vers la sortie quand nous avons croisé le pasteur Éric qui finissait de parler au téléphone.


Pasteur Éric : Vous partez marcher?


Nous : Oui 


Pasteur Éric : D'accord. N'avez-vous pas vu Fleur ? Cette femme se balade beaucoup avec ses petits pieds.


Nous nous sommes mis à rire. L'homme là est un vrai taquin. 


Moi: (Souriant) Nous l'avons laissé dans la grande salle. 


Pasteur Éric : Ok, je ne sais même pas où elle en est avec la liste des enregistrements des couples pour la prochaine retraite.


Moi: Je crois qu'elle a bouclé avec hier.


Pasteur Éric : (Grimaçant) Je sens que je vais me faire crier dessus si c'est bouclé. Je viens de recevoir un appel , un homme de Dieu m'a appelé en urgence pour me supplier de prendre un jeune couple en crise. 


Pasteur Édouard : Je pensais que la prochaine retraite ne concernait que les pasteurs et leurs épouses.


Pasteur Éric : C'est le cas, il s'agit d'un jeune couple, le mari est pasteur. Normalement je n'allais pas accepter mais le jeune Élie est un bon garçon.


Pasteur Édouard : Quel Elie? Moussavou?


Pasteur Éric : Oui.


Pasteur Édouard : Il a des soucis avec Ambre?


Pasteur Éric : Apparemment.


Pasteur Édouard : Ça alors. Vraiment il faut les prendre, j'apprécie énormément ces jeunes gens.


Pasteur Éric : Moi aussi, c'est pourquoi je ferai une exception. Pourvu que Fleur ne m'égorge pas parce que j'aurais dérangé son programme.


Pasteur Édouard : (Souriant) Bonne chance.


Pasteur Éric : (Riant) j'en aurai bien besoin.


Il est parti et nous sommes sortis tous les deux. Le pasteur Éric fait également dans l'accompagnement des couples. Comme le pasteur Édouard, qui est son ami, il est aussi psychologue. Nous avons marché pendant un bon moment bercé par la fraîcheur de la nature qui soufflait sur nous et nous procurait un grand bien. C'est vraiment important de faire de temps en temps des marches dans le grand air, ça permet de se ressourcer auprès de la nature mais aussi d'aérer l'esprit qui est très souvent saturé par le train train quotidien et les différentes pressions que nous avons à subir dans nos vies respectives en rapport avec nos responsabilités. Un tour dans le grand air, fait beaucoup de bien, je le recommande.


Pasteur Édouard : Alors Benji, nous sommes arrivés à la fin, plus que cette soirée et tu devras retourner chez les tiens.


Moi: Oui.


Pasteur Édouard : Comment te sens tu par rapport à tout ça ?


Moi: Je suis beaucoup plus confiant et j'ai hâte de retrouver ma famille.


Pasteur Édouard : Par famille, tu entends ?


Moi: Les enfants et Linda.


Pasteur Édouard : Tu sais ce qu'on a dit par rapport à cette jeune femme n'est-ce-pas ?


Moi: Oui. Ne vous inquiétez pas, j'ai bien conscience de qui nous sommes à présent et j'agirai en conséquence.


Pasteur Édouard : D'accord. Et qu'en est-il de Joliane ?


Moi: (Souriant) Joliane est et restera une des plus belles rencontres qu'il m'avait été donné la grâce de faire. Elle occupera toujours une place importante dans mon cœur et je rends grâce à Dieu d'avoir pu partager sa vie le temps que cela a duré mais comme je l'ai appris, de la part de notre prédécesseur Job "l'Éternel a donné, l'Éternel a repris, que son nom soit béni". Elle a fait ce pourquoi elle avait été envoyée sur cette terre avant de retourner à son créateur, je me réjouis du fait qu'elle soit au bon endroit. J'ai décidé de la laisser partir et de continuer à vivre car j'ai d'autres choses à expérimenter. 


Pasteur Édouard : (Souriant) Je suis très fier de toi.


Moi: Merci docteur.


En effet, là je n'avais pas affaire à l'homme de Dieu mais au psychologue donc c'est pour ça que je l'appelle ainsi. Cet homme m'a vraiment beaucoup aidé. En venant ici j'étais vraiment confus et blessé de toute part sur le plan émotionnel, j'étais incapable de mettre un mot sur ma situation émotionnel. En discutant avec lui, il m'a permis de me rendre compte de la lutte qui se passait à l'intérieur de moi. Il m'a permis de comprendre que j'étais encore profondément attaché à ma femme et je n'avais pas encore accepté sa mort. Mon cerveau savait parfaitement qu'elle était morte il y a cinq ans mais mon âme avait bloqué et rejeté cette information. Pour elle, Joliane était encore présente et à tout moment j'allais la revoir pour continuer notre relation là où elle s'était arrêtée. Il m'a expliqué que cela a été causé non seulement par l'attachement que nous avions l'un à l'égard de l'autre mais aussi par son départ qui s'est fait trop brusque. Ce choc émotionnel a créé une espèce de césure dans mon âme qui m'a en quelque sorte bloqué dans le passé, mon esprit a évolué avec mon corps mais pas mon âme. C'est la raison pour laquelle je ne pouvais pas évoquer son nom et que tout ce qui avait trait à elle me perturbait. 


Pour ce qui est de Linda, mon cerveau et mon esprit qui avait déjà accepté le départ de Joliane, ont été attirés par elle et s'y sont attachés, raison pour laquelle nous avons vécu cette relation que nous avons eu. Seulement, une fois dans ma maison, mon âme que mon esprit et mon cœur ont voulu impliqué dans la relation s'est vue comme agressée par la présence de cette dernière dans un espace qui était jusque là occupé par Joliane. Mon âme l'a perçue comme une intruse et a cherché par tous les moyens à la rejeter, d'où mes crises que je faisais à chaque fois. C'était des mécanismes de défense pour protéger l'environnement de Joliane qui pour mon âme était la seule autorisée à y accéder. Et quand Linda a commencé à faire des changements à la maison, mon âme a pris peur et l'a vue de plus en plus comme une mauvaise personne qui venait pour faire du mal à Joliane et elle a tout mis en œuvre pour la rejeter. Je crois que je n'ai pas besoin de faire un dessin sur mes réactions qui ont été visibles par tous. Les raisons pour lesquelles je n'arrêtais pas de me confondre en excuse auprès de Linda après un mauvais traitement, c'était à cause de mon esprit qui lui avait déjà composé avec elle et n'était pas d'accord avec le traitement qu'elle subissait. 


Il m'a vraiment fallu travailler sur moi, le problème n'était pas mon esprit mais mon âme à qui il fallait faire accepter le départ de Joliane et ce n'était pas facile. J'ai dû me replonger dans mes souvenirs, je suis parti du moment où je l'avais aimé jusqu'au moment où elle a dû me quitter. J'ai dû dire à mon âme que Joliane était partie au bon endroit et que là où elle était, elle était heureuse d'y être. Le pasteur Édouard m'a appris que peu importe l'âge que nous avons, nôtre âme est une enfant, elle se comporte comme une petite fille qui a besoin d'être rassurée à tout moment. Comme elle est une enfant, c'est la raison pour laquelle elle nous fait souvent réagir de façon irrationnelle. Étant le siège des émotions et sachant que ce sont elles qui dictent nos actions, il est important de pouvoir convenablement composé avec elle. Sa jeunesse éternelle nous conduit dans des choses qui, lorsque l'esprit n'arrive pas à bien la guider, sont terribles. C'est le cas de toutes les guerres que nous avons subi qui sont nées des caprices des âmes mal orientées et dans mon cas, le rejet de Linda qui pourtant je le sais est une femme extraordinaire mais bon, ou encore le refus de célébrer l'anniversaire de mon fils innocent qui n'est en rien coupable de ce qui s'est passé mais qui pourtant porte sur ses épaules de façon inconsciente la responsabilité de la mort de sa mère. 


Il fallait donc que mon âme soit rassurée sur la mort de Joliane et sur le fait que son départ est bien et définitif. Dès que cela a pu être fait, il a été question pour moi d'arriver à me rappeler et à parler d'elle sans que cela me rende triste et enfin décidé de la laisser partir pour pouvoir faire de la place à un nouvel amour dans mon âme. C'est ce qui a été fait durant ces trois mois. Je me suis détaché émotionnellement et spirituellement de Joliane. Dès que ce fut fait, j'ai pu me rendre véritablement compte de la place qu'occupait Linda dans ma vie. J'ai bien conscience qu'avec elle ça ne sera pas facile, eut égard à ce qui s'est passé entre nous et les paroles horribles que j'ai eu à lui dire dans ma folie mais j'ai bon espoir, je crois que mon Dieu m'aidera dans cette affaire, je prie beaucoup pour ça. J'ai dit à mon Dieu de m'orienter par rapport à elle, que si vraiment c'est elle qu'Il veut pour moi, qu'Il me le confirme et m'aide à la reconquérir. J'ai foi en Lui.


Pasteur Édouard : Tu sais ce qui te reste à faire à ton retour chez toi, n'est-ce pas ?


Moi: Oui docteur.


Pasteur Édouard : D'accord. Tu as déjà informé ta famille de ton retour ?


Moi: Non, je compte leur faire à tous une surprise. Je mettrai d'abord tout en ordre avant de reprendre contact avec eux. J'ai ma petite sœur qui soutient son master ce week-end et toute la famille sera là, c'est là-bas que je me présenterai à tous.


Pasteur Édouard : D'accord. Je crois que nous ferions mieux de faire demi-tour et aller apprêter nos affaires, nous quitterons très tôt d'ici demain.


Moi: D'accord.


Nous avons fait chemin retour jusqu'à la maison et nous sommes allés arranger nos affaires. Quand j'ai bouclé ma valise, j'ai constaté le voyant de mon téléphone m'indiquant la notification d'un message. Je l'ai pris et j'ai constaté que c'était un message de Linda qui me demandait si elle pouvait m'appeler car les enfants avaient envie de me parler. J'ai souri et j'ai lancé l'appel, elle a décroché et a directement passé le téléphone aux enfants. Depuis cette première fois où elle s'était brusquement mise à m'appeler monsieur NGUEMA, il y a un mois, elle évite de me parler directement et lorsqu'elle le fait, elle est froide. Pourtant lorsque nous avions commencé à parler, elle m'avait semblé normale. Je ne sais pas si c'est son aversion pour moi à cause de ce qui s'est passé ou s'il s'agit d'autre chose. Je verrai bien cela quand je serai sur place. Entre-temps, je discute avec les enfants qui me racontent leur vie et tout ce qu'ils apprennent là-bas avec un énorme sourire. Je ris des histoires de Raphaël qui me dit qu'il a joué au basket avec son grand-père et qu'il l'a bien battu jusqu'à son grand-père voulait maintenant pleurer. J'imagine cet homme qui veut pleurer et je ne peux m'empêcher de rire. Monsieur Duracell est un vrai cas.


 En parlant du père de Linda, il faut que je m'excuse auprès de lui pour toutes les bêtises que j'ai pu dire contre lui et sa fille. Sur ce coup, j'avoue que j'ai vraiment merdé et je n'avais pas du tout mesuré la portée de mes actes, se mettre à dos son beau-père c'est vraiment comme se tirer une balle dans le pied ou se casser une jambe et d'après ce que j'ai compris des histoires que me racontent les enfants, la relation entre Linda et son père est plus qu'au beau fixe, si je veux entreprendre quoique ce soit avec elle et arriver à l'épouser, si bien sûr elle veut me donner une autre chance, il faudra préalablement que je règle l'affaire avec son père. C'est là où les paroles de ma mère me rattrapent lorsqu'elle me disait de ne pas dire des choses que je pourrais regretter, me voici aujourd'hui au pied du mur. J'espère que les deux balles et les coups qu'il m'avait mis auront quand même apaisé son cœur, d'ailleurs il faut que je le mette aussi en prière pour préparer son cœur. Oui depuis que j'ai découvert la prière, je ne m'en lasse plus, je mets tout le monde là-bas pour que le Seigneur intervienne, je ne vais pas me passer des privilèges que me confère ma position de fils de Dieu. 


J'ai parlé avec eux pendant un moment avant de raccrocher. Comme toutes mes affaires étaient prêtes, je suis sorti un moment tout seul et j'ai tourné dans les environs. Je voulais m'imprégner une dernière fois de cet endroit où j'ai vécu plein de choses durant ces derniers mois. Ça va me manquer, je dois l'avouer. J'ai tourné avant de retourner dans ma chambre où j'ai prié avant de m'endormir. À 4h du matin, nous étions debout comme les jours précédents pour la prière. Nous avons prié ensemble pendant une heure de temps ensuite le pasteur Éric et sa femme nous ont prodigué les derniers conseils. Nous avons pris la Cène (le repas du Seigneur) et avons fait une légère Agapé (repas fraternel entre frères en Christ) puis nous avons mis nos affaires dans les voitures et nous sommes partis de là. Nous étions en convoi et j'étais avec le pasteur Édouard comme à l'aller. Après plusieurs heures de route durant lesquelles nous nous sommes relayées au volant, nous sommes arrivés à Libreville pour ceux qui restaient ici les autres ont pris leurs chemins pour se rendre dans leurs villes respectives. J'ai déposé le pasteur Édouard chez lui et j'ai continué à la maison où j'ai salué le gardien avant de rentrer dans la maison. En franchissant la porte, des parfums frais sont venus me titiller les narines comme si la maison venait d'être nettoyée. En la parcourant, j'ai vu qu'elle était très propre et les choses parfaitement rangées. J'ai souri tout seul car je sais que Linda a fait un tour ici récemment. Je sors quand même me renseigner auprès du gardien et il me confirme mes soupçons en m'informant qu'elle venait ici une fois par semaine pour nettoyer la maison et qu'elle était même là il y a deux heures. Je l'ai remercié et j'ai rebroussé chemin, définitivement cette femme est exceptionnelle, elle n'a pas hésité à prendre soin de ma maison en mon absence et ce malgré ce qui s'est passé. J'ai vraiment beaucoup de chance et je pense que c'est la manière de Dieu de me faire comprendre que c'est cette femme qui est faite pour moi. 


Je monte dans ma chambre avec mes affaires et tout comme le reste de la maison, elle est aussi rangée, de même que mon dressing et ma salle de bain. Je défais mon sac en souriant et range mes affaires propres dans le dressing et celles qui sont sales à la buanderie. Là-bas, je remarque même que mon linge et celui des enfants qui étaient là et sales ont été lavés.


Moi: (Un sourire sur les lèvres) Linda Maxime NDOMBI qui es-tu et de quoi es-tu faite? En tout cas merci. 


J'ai déposé mes affaires dans le panier à linge sale qu'elle avait placé là pour éviter que le linge ne traîne dans tous les sens et je prends mon téléphone pour lui écrire un message WhatsApp.


-Moi: Bonsoir. J'ose espérer que tu vas bien et qu'il en est de même pour tout ce que tu fais. Je veux juste te dire merci pour tout ce que tu as fait et continue de faire pour moi. Tu es une belle personne avec une âme pure et tu es véritablement une femme exceptionnelle. Je bénis mon Dieu qui a permis que nos chemins se croisent. Du fond du cœur, merci. Et je te souhaite par la même occasion de passer une agréable nuit sous la couverture du sang de Jésus. Dors bien petit ange, dors bien ma Lin…


J'ai envoyé le message avant de ranger mon téléphone et de retourner dans la chambre. Je me suis déshabillé et je suis allé prendre un bain au sortir de là, je me sentais bien mieux. J'ai enfilé un caleçon propre et je suis allé déposer les vêtements que j'avais dans la buanderie avant de revenir. J'ai pris mon téléphone et j'ai vu qu'elle avait lu le message sans y répondre. De toutes les façons, je ne m'attendais pas à ce qu'elle me réponde. Je me suis déconnecté et je suis monté sur le lit qui avait été fraîchement arrangé. J'ai posé mon téléphone au chevet du lit et mon attention a été attirée par un carnet de couleur violette qui était posé.


Moi: (Le prenant) Linda aurait-elle oublié ce carnet ici aujourd'hui ?


Curieux, je décide de l'ouvrir pour voir si c'est le sien, mais grande est ma surprise de découvrir que ce n'est pas le sien mais plutôt celui de Joliane dont j'ai tout de suite reconnu l'écriture particulière. Comment a-t-il fait pour arriver là ? Et où était-il? Je souris devant l'interdiction qui m'est spécifiquement adressée et cela me rappelle par la même occasion que j'avais déjà vu ce journal, elle le traînait d'ailleurs partout où nous allions et se mettait à écrire dessus jusqu'à très tard dans la nuit. Je me rappelle même que je boudais souvent pour exprimer mon mécontentement. Lorsque je décide de lire la première histoire où elle raconte notre retour au Gabon et qu'elle fait mention de mon visage froissé comme l'Union, je souris davantage. Je me décide à lire ce journal et une fois de plus, je replonge dans nos souvenirs peuplés de bons et des moments pénibles. Je revis cela avec nostalgie jusqu'au moment où elle se met à parler de sa rencontre avec le Seigneur à la suite de la découverte de sa condition après plusieurs examens médicaux. Je pleure en lisant ses états d'âmes que je n'avais pas pu percevoir parce que j'étais trop occupé à essayer de nous sortir de la situation dans laquelle nous étions. J'avance dans ces écrits et je tombe au niveau de la révélation qu'elle avait reçu de l'homme de Dieu sur le fait qu'elle porterait les enfants d'une autre femme.


Moi: (Fronçant les sourcils) Qu'est-ce que c'est que cette histoire ? Comment ça elle portera les enfants d'une autre femme ? J'ai bien vu ma femme enceinte. Benjamin poursuit ta lecture.


Je l'ai fait et je suis arrivé sur notre premier départ pour l'Espagne de tout ce qui s'est passé là-bas et de la FIV ? Je tombais des nues. On aurait utilisé mon sperme pour féconder un ovule n'appartenant pas à ma femme avant de le transférer dans son ventre ? Seigneur ! J'ai parcouru le journal et je suis arrivé aux informations sur la naissance de Raphaël et ce qu'elle a écrit dessus. Je me suis souvenu de la conversation que j'avais eue avec Dieu à l'hôpital, Il m'avait dit qu'Il avait dit à Joliane d'appeler mon fils par son nom et qu'Il était là pour me guérir moi et les miens. J'ai également appris qu'elle savait qu'elle allait mourir et son comportement durant ses derniers instants prenait tout son sens à mes yeux. J'étais complètement choqué. Lorsque j'ai essayé de me pencher sur l'affaire de la mère des enfants et une ampoule s'est allumée dans mon esprit.


Moi: (Les grands yeux) Non, ne me dites pas qu'il s'agit de Linda?


Et là, j'ai eu des images rétrospectives de tout ce qui s'est passé entre elle et les enfants dès le jour où ils l'avaient rencontrée. Ce lien incompréhensible qu'il y avait entre eux et particulièrement avec Raphaël qui allait jusqu'à tomber malade.


<<Tu connecteras les enfants à leur mère et tu mettras mon nom sur sa poitrine>>


Moi: Il avait bien dit leur mère. Mais comment est-ce que, Linda aurait-elle fait un don d'ovules en Espagne ? Je vais faire un test ADN pour vérifier même si au regard des informations et des évènements qui se sont passés, tout semble indiquer qu'elle est effectivement leur mère. Dieu tout puissant, Tu n'as pas fini de me surprendre. 


J'ai poursuivi ma lecture et je suis arrivé au mot de fin qui m'a énormément fait pleurer pour la partie qui me concernait. J'ai serré ce journal contre ma poitrine et j'ai pleuré un bon coup avant de me calmer.


Moi: (Essuyant mes larmes) Merci Seigneur, merci pour tout ce que tu as fait pour moi au travers de Joliane qui était pour moi un véritable ange. Tout ce que Tu fais est bon et il y a un temps pour toute chose, un temps pour pleurer et un temps pour rire, un temps pour garder et un temps pour laisser partir.


Je me suis levé du lit et j'ai constaté qu'il faisait déjà jour dehors. Je suis allé dans le dressing et j'y ai tiré des grosses valises dans lesquelles j'ai mis toutes les affaires de Joliane qui était encore en bon état, je vais les donner et jeter celles qui sont usées. J'ai totalement vidé son côté du dressing avant de descendre avec les affaires au salon. Je suis allé dans son bureau et je l'ai aussi vidé. J'ai mis certaines choses dans la chambre des enfants et d'autres au sous-sol sans compter ce qui est allé dans les sachets poubelles. Je suis venu au salon et j'ai regardé ses photos en souriant. Je les ai décroché une à une et je n'ai laissé qu'une seule photo sur ce mur, elle sera là pour les enfants. Je suis descendu avec le reste au sous-sol et je les ai déposées là.


Moi: (Faisant une bise sur une des photos que je tenais) J'ai décidé de te laisser partir, tu garderas toujours une place spéciale dans mon cœur mon amour mais nos chemins s'arrêtent ici. Je te dis donc adieu Joliane…..

MÈRE MALGRÉ MOI