CHAPITRE 68: JE MÉRITE MIEUX.

Ecrit par L'UNIVERS DE JOLA

CHAPITRE 68: JE MÉRITE MIEUX.

**LUCIA MANGA MFOULA**

Je me lève ce matin avec un petit sourire au souvenir de la petite fête improvisée que nous avions faite avec Erine hier soir. Cette petite est trop folle mais j’avoue qu’elle m’a fait oublier mes soucis le temps d’une soirée et donc je l’en remercie. Elle m’a fait une mise en beauté totale et j’ai moi-même apprécié le résultat. Ça faisait longtemps que je m’étais apprêtée et que je m’étais trouvée aussi belle. On a dansé, on a bu, on a fait les photos et une soirée karaoké jusqu’à très tard dans la nuit, nous avons dormi ensemble sur mon lit.

Je me tourne pour regarder sa place et elle est vide, signe qu’elle s’est déjà levée. Je me lève à mon tour et je vais dans la salle de bain me soulager et me brosser avant de sortir pour aller la chercher. Je fais un tour dans sa chambre à côté et elle n’y est pas. Je vais donc voir en bas et en m’avançant vers la porte centrale je m’arrête en surprenant une conversation entre Erine et Rail à la terrasse.

Rail : Tu n’aurais pas dû parler comme ça hier Erine, les parents sont fâchés contre toi.

Moi : Je m’en fous complètement de leurs états d’âme. Quelqu’un a-t-il pensé une minute à ce que ya Lucia puisse endurer avec cette situation ?

Rail : Bien-sûr que nous pensons à elle et nous l’aimons tous mais Ya Bhernie ne pouvait pas rester sans enfants à cause de cette situation toi aussi.

Erine : Et pourquoi pas ? N’étaient-ils pas à deux quand ils prenaient cette décision ? Pourquoi est-ce à elle de porter le poids des conséquences de cet acte toute seule ? Pourquoi ? Vous pensez qu’elle n’a pas non plus envie d’être mère ? Tu crois que c’est facile d’être là et de savoir que jamais elle ne pourra le faire ? 

Rail : Nous n’avons pas dit que c’était le cas et ya Bhernie a essayé de faire les enfants avec elle et il a même dépensé énormément d’argent dessus mais malheureusement ça n'a rien donné. Qu’aurais-tu voulu qu’il fasse ?

Erine : Eh bien qu’il continue à essayer jusqu’à ce que cela se fasse non pas désister après une seule tentative comme un lâche. 

Rail : Il voulait continuer à le faire mais la tradition l’en a empêché à cause des rituels pour la femme enceinte. 

Erine : N’importe quoi.

Rail : (Soupirant) Erine, essaye de mettre de l’eau dans ton vin.

Erine : Je ne serai jamais une hypocrite comme vous Rail qui encouragez votre frère dans les bêtises et la sorcellerie. Il a poussé Lucia à avorter et cela a eu des répercussions sur elle, il aurait dû la soutenir jusqu’au bout. À la limite même faire une vasectomie pour être sûr que personne ne l’emmerderait jamais à cause de cette histoire et tous les deux auraient été stériles. Mais non, vous lui avez trouvé une autre femme avec qui il vit tranquillement sa vie de famille et c’est ya Lucia qui est traitée comme de la merde. Vous êtes partis faire vos fiançailles hier non ? C’est bien. Soyez heureux avec votre nouvelle femme et votre fille mais ne comptez pas sur moi pour m’associer à votre lâcheté. Tu peux aller dire à ton frère que s’il veut il n’a qu’à me tuer mais je maintiens ce que je lui ai dit hier vous êtes une famille de sorciers et c’est Dieu qui va vous punir. Qu’il vienne porter ses boules et aille déposer l’enfant d’autrui dans la maison de ses parents.

Rail : Tu sais bien qu’il ne fera jamais ce que tu dis et contrairement à ce que tu crois, il regrette cet avortement et se sent coupable par rapport à Lucia. Il n’ignore pas non plus tout le soutien que Lucia et sa famille lui ont apporté et il a beaucoup de considération pour eux, raison pour laquelle il ne peut pas aller déposer Lucia chez ses parents. Et après tout, s’il la quitte dans sa condition, qui voudra d’elle ? Réfléchis 2 minutes avant de parler sans comprendre les choses. Et va simplement t’excuser auprès de la famille.

Erine : Ne perds pas ton temps, je t’ai déjà dit que je ne le ferai pas. D’ailleurs mes jours ici sont comptés, mieux je retourne au Sénégal car cette famille me sort par tous les pores. 

J’ai arrêté d’écouter leur conversation à ce niveau et je suis remontée dans ma chambre. Je me suis assise sur le lit et mes larmes ont repris à couler. Bhernie a donc fait les fiançailles à cette femme hier, je ne sais même pas pourquoi cela m’étonne encore avec tout ce qu’il a déjà fait depuis le début de cette histoire. Mon téléphone s’est mis à vibrer à côté de moi Me sortant de mes pensées et je l’ai récupéré pour voir la notification de réception de messages WhatsApp. J’ai cliqué dessus et c’était un numéro inconnu qui m’écrit depuis un mois maintenant pour m’envoyer les moments de bonheur de Bhernie avec sa famille. Il y a des jours où je reçois des notes vocales de ses paroles évoquant sa joie d’être père et de faire tout ce qui était en son pouvoir pour rendre sa fille heureuse, d’autres c’étaient des femmes qui se moquaient de moi en m’appelant la domestique et gardienne de sa maison, la quémandeuse d’amour, le torchon, la serpillière, le bois sec, la prostituée ou encore la buveuse de sperme. Des vidéos de cette femme avec son enfant ou avec la mère de Bhernie l’appelant ma belle fille et aujourd’hui j’ai reçu des clichés d’une cérémonie que je suppose être les fiançailles en question avec une vidéo de Bhernie faisant son discours.

Bhernie : J’étais dans une grande angoisse quant à la perspective de ne pas avoir des enfants et je me questionnais énormément sur mon futur face à la situation dans laquelle je me trouvais. Mais en entrant dans ma vie Chancelle, tu as mis fin à toutes mes angoisses et tu m’as également fait l’honneur et comblé d’une joie immense en me donnant ce beau joyaux. Notre petite Zoé qui est venue apporter un tout autre sens à ma vie et à la tienne. Je te promets de prendre soin de vous comme il se doit en faisant de vous ma priorité. Reçois cette bague en signe de mon engagement envers toi. 

Il lui a mis la bague sur le doigt puis il l’a embrassée sur la bouche, sa mère les a rejoints avec le bébé dans les bras et s’est mise à danser autour d’eux en chantant en fang. J’ai glissé et je me suis assise par terre en posant le téléphone à côté de moi puis j’ai pleuré pendant je ne sais combien de temps au point de m’allonger par terre, Erine est venue me trouver dans cette position en rentrant avec un plateau dans les bras. 

Erine : (Paniquée) Ya Lucia ?  (Posant le plateau sur un fauteuil en se précipitant sur moi) Ya Lucia qu’est-ce qui se passe ? Pourquoi tu pleures ?

Moi : (Pleurant) Qu’est-ce que j’ai fait de mal à ton frère Erine ? Pourquoi il me fait ça à moi ? Hun ? Pourquoi ? (Attrapant ma poitrine) Je lui ai tout donné, j’ai tout fait pour ton frère Erine. Ô mon Dieu je vais mourir. J’y ai crû, il m’avait dit qu’il ne prendrai jamais une autre femme et j’y ai crû, il est parti fiancer une autre hier à mon insu en lui promettant de faire d’elle sa priorité. Il me l’avait promis aussi autrefois et aujourd’hui il l’a fait à quelqu’un d’autre. Suis-je vraiment devenue sans importance ? Le fait de ne pas pouvoir enfanter m’a enlevé ma valeur en tant que femme ? Ne suis-je plus rien du tout Erine ?

Erine : (Me prenant dans ses bras en pleurant) Bien-sûr que si ya Lucia. Bien évidemment que tu as de l’importance, tu es une femme, tu es la plus grande femme que je connaisse ya Lucia et ta valeur est inestimable. N’en doute jamais. 

Moi : (Pleurant) Alors pourquoi ton frère me fait ça ?

Erine : Parce que c’est un gros porc qui ne te mérite pas. Cet imbécile est mon frère et crois moi j’en ai honte, il ne te mérite pas ya Lucia. Tu mérites bien mieux qu’un homme égoïste qui ne pense qu’à lui-même. Tu mérites bien mieux qu’un homme incapable de tenir les promesses qu’il t’a faites. Tu mérites bien mieux qu’un homme incapable de reconnaître ta valeur. Tu mérites bien mieux qu’un homme qui te traite comme de la merde. Tu mérites bien mieux que cette vie que mon frère a choisi de t’imposer ya Lucia. (Prenant mon visage en coupe et me regardant dans les yeux à travers nos larmes) Tu mérites bien mieux que ça parce que tu es une grande femme. Tu es mon modèle et la personne que j’admire le plus. Que tu fasses ou non des enfants ne change rien à ton identité, rien du tout. Tu comprends ?

J’ai remué affirmativement ma tête en pleurant et elle m’a à nouveau serrée dans ses bras. 

Erine : Ne reste pas assise par terre car ce n’est pas ta place. Tu ne seras jamais assise là-bas. (Prenant ma main) Viens sur le lit, viens t’allonger ici.

Je me suis laissée faire et elle m’a faite coucher sur le lit. Elle s’est allongée derrière moi et s’est mise à me caresser les cheveux et me faire des bisous sur le cou, le visage et la tête jusqu’à ce que je finisse par me calmer (…)

Je suis allongée sur le lit et nous sommes une semaine après que Bhernie se soit fiancé. Depuis lors je ne l’ai pas encore revu, il a dû certainement faire sa lune de miel avec sa fiancée. Erine est retournée au Sénégal hier et je suis à nouveau toute seule à la maison. Sa présence à mes côtés ces 2 mois m’a été salvatrice car très certainement je serais morte de chagrin. Elle m’a littéralement portée sur ses bras malgré son jeune âge et j’ai beaucoup pensé à tout ce qu’elle m’a dit qui rejoignait le point de vue de Lucrèce : ‘’je mérite mieux’’. Je repense à ma vie avec Bhernie. Je me souviens de la première fois que nous nous sommes rencontrés chez tantine Leslie, je repense à cette première fois que je partais travailler avec son groupe, à la première fois qu’il s’était énervé à cause de mon maillot de bain, à la première fois qu’il m’avait caressé le visage, la première fois qu’il m’avait tenu la main, qu’il m’avait embrassée, que nous avions fait l’amour et à toutes les autres premières fois. Je repense à tous nos anniversaires et aux cadeaux qu’il m’offrait. Je repense à cette tige de rose qu’il m’avait donné pour la première fois avant de m’offrir cette bague qui ne quitte presque jamais mon doigt. Je repense à nos nuits en Allemagne, en Belgique, en Angleterre, en France, en Italie. Je repense à nos fiançailles, à ce week-end que nous avons passé juste après. Je repense à la mort de son père, à la découverte de la grossesse, à l’avortement, à mon hospitalisation et de tout ce qui s’est passé jusqu’à aujourd’hui. J’ai aimé cet homme, je l’ai aimé de toutes mes forces au point de m’oublier pour lui mais apparemment cet amour n’a pas suffit.  

Je me suis redressée et me suis assise en regardant mes valises posées près de la porte. Je me suis levée et j’ai commencé à les prendre pour aller les mettre dans ma voiture, il ne restait plus qu’une seule dans la chambre. Je suis allée dans la salle de bain pour prendre ma douche. Lorsque j’ai fini, j’ai mis ma serviette dans mon sac avant de me vêtir. J’ai vérifié que je n’avais rien oublié d’important puis je suis venue m’asseoir une fois de plus sur le lit et je me suis mise à caresser mes deux bagues sur mon doigt, malgré moi mes larmes se sont remises à couler car ces deux objets m’étaient très précieux et chargés d’histoire. Ils représentaient le symbole de notre engagement et me rappelaient la réalité de notre relation alors m’en séparer est quelque chose de difficile. Une fois que je les aurais retirés, ce serait la fin. Je reste là pendant un moment à les triturer et la porte de la chambre s’ouvre sur Bhernie qui marque un arrêt en voyant le trolley posé devant la porte puis lève ses yeux vers moi, nos regards s’accrochent et il finit par rentrer dans la pièce. Il la balaie du regard et arrête ses yeux sur la coiffeuse puis les ferme en respirant fortement par la bouche.

Bhernie : (Les yeux toujours fermés) Tu t’en vas.

Moi : (Silence) 


Il a ouvert les yeux pour me regarder.

Moi : (Regardant à nouveau mon doigt) Tu sais, je pensais partir à ton insu, ne sachant pas quand est-ce que tu daignerais te pointer ici pour me faire la faveur de ta précieuse visite. Je me disais qu’il te fallait très certainement du temps pour jouir de ton nouveau statut de fiancé vu que par le passé, tu n'avais pas eu l’occasion d’en profiter. J’espère que cette fois-ci tu as pu le faire. 

Bhernie : (Silence)

Moi : (Le regardant, les larmes coulant de mes yeux) Si j’ai supporté ces choses jusqu’à présent Ciel, c’est parce que j’ai cru que tu m’aimais encore. Au fond de moi j’avais ce petit espoir qui me disait que nous deux ce n’était pas fini, que nous avions partagé trop de choses ensemble pour que cela s’arrête aujourd’hui. 

Bhernie : (Silence)

Moi : Peut-être que pour vous je ne suis pas une vraie femme mais je crois que je mérite mieux que la reconnaissance, la culpabilité et la pitié. Si ce sont ces choses qui te ramènent encore dans cette maison et t’obligent à rester avec moi Bhernie, ce n’est plus la peine. Avec le peu de dignité qui me reste (essuyant mes larmes) je te libère de cette relation. Va et sois heureux, je tâcherai de le faire de mon côté sans toi.

Je me suis levée et j’ai marché jusqu’à devant la porte (retirant mes deux bagues que je pose sur la tablette) Voici tes choses. Adieux.

J’ai attrapé mon trolley et je suis sortie de la maison pour aller monter dans ma voiture puis j’ai démarré pour sortir définitivement de sa vie. J’ai pris mon téléphone et j’ai appelé Lucrèce.

 «Lucrèce : Allô ? »

 «Moi : (Reniflant) Tu es à la maison ? »

 « Lucrèce : Oui, je fais mes valises. »

« Moi : D’accord. J’arrive chez toi, je suis en chemin. »

« Lucrèce : D’accord »

Clic ! J’ai rangé mon téléphone et j’ai continué mon chemin jusqu’à chez elle. J’ai klaxonné et elle est venue ouvrir le portail et s’est arrêtée non loin de là où je devais garer pour m’attendre. Lorsque je suis descendue, elle m’a regardée.

Lucrèce : Qu’est-ce qu’il y a ?

Moi : Tu t’en vas toujours dans deux jours ?

Lucrèce : Oui.

Moi : Ok. Je viens avec toi. 

Elle me regarde sceptique.

Moi : (Coulant mes larmes) Je mérite mieux que ça Lucrèce, j’ai décidé de partir. Je lui ai dit que je le libérais de son engagement envers moi, c’est fini.

Elle a attrapé ma main gauche pour voir si les bagues y étaient et quand elle a vu que ce n’était pas le cas, elle m’a tirée et serrée dans ses bras.

Lucrèce : Je suis contente que tu aies décidé de te choisir et de choisir ton bien être. Nous allons nous en sortir toutes les deux tu verras et je sais que nous serons heureuses loin de ce pays. 

Moi : Je le pense aussi.

Lucrèce : Tu as pris tes bagages ?

Moi : C’est dans le coffre. Mais il faut que j’aile rendre cette voiture, c’est pour l’Etat. 

Lucrèce : Tu comptes le faire quand ?

Moi : (Essuyant mon visage) Aujourd’hui. Juste le temps pour moi de retirer mes affaires et j’irai la rendre. 

Lucrèce : D’accord. Viens je t’aide. 

Nous nous sommes exécutées et avons fait rentrer toutes mes valises. J’ai vidé mon sac à main des choses qui devaient restées et j’ai pris tous les papiers du véhicule ainsi que ma lettre de démission puis je me suis rendue à mon lieu de travail où les gens étaient surpris de me voir vu que j’étais censée être en congé maladie. C’est la version officielle de mon absence de plus d’un mois au travail. C’est mon supérieur direct qui m’avait demandé d’aller me reposer car il m’avait vu mal en point un jour dans mon bureau et le fait aussi que je maigrissais était une raison de plus pour croire à une hypothèse de maladie. Je me suis rendue à son bureau et me suis faite annoncer par sa secrétaire, il m’a reçu.

Lui : (Me regardant) Mademoiselle MANGA, asseyez vous. Je vois que vous n’allez toujours pas mieux.

Moi : (Esquissant un faible sourire) Non et c’est pour ça que je suis venue.

Lui : D’accord. Que puis-je faire pour vous ?

Moi : J’ai l’intention d’effectuer un voyage imminent pour les besoins de santé et ne sachant pas combien de temps ça me prendra, je suis venue vous présenter ma démission (Déposant ma lettre, mon badge, les clés de mon bureau, les papiers et les clés du véhicule) et toutes ces choses dont j’ai eu droit. 

Lui : (Regardant les affaires avant de me regarder) Vous pensez que vous mettrez du temps ? Plus d’une année ?

Moi : Oui.

Lui : Je vois. Toutefois Mlle Manga je ne peux pas accepter votre démission. 

Je le regarde.

Lui : Vous êtes une excellente agent, l’une des meilleures que j’ai eu à côtoyer et ce serait vraiment une perte pour le ministère et même pour le pays de ne plus vous avoir. Allez vous faire soigner et revenez occuper votre poste. Dans l’hypothèse où ce serait véritablement long nous envisagerons la possibilité de faire un détachement, d’accord ?

Moi : D’accord et merci monsieur.

Lui : Je vous en prie. Allez y et tâchez de prendre soin de vous afin de nous revenir en pleine forme.

Moi : (Esquissant un faible sourire) D’accord. (Me levant) Je vais y aller et bonne journée. 

Lui : À vous aussi et soyez prudente. 

Je suis sortie et je me suis arrêtée dans mon bureau afin de récupérer quelques affaires auxquelles je tenais et je suis partie de là pour chez ya Reine.

Ya Reine : (Me faisant la bise) Aka Lucia c’est comment tu as encore maigri comme ça ? Ne me dis pas que tu étais encore malade et tu n’as rien dit à personne.

Moi : Je n’étais pas malade.

Ya Reine : Alors c’est quoi ?

Moi : Les problèmes ya Reine.

Ya Reine : (Fronçant les sourcils) Les problèmes de quoi ?

Moi : Je vais te raconter mais stp ne me coupe pas avant la fin.

Ya Reine : (Silence)

Moi : (Prenant une grande inspiration) L’année de mes fiançailles avec Bhernie, quand j’étais retournée en Belgique, j’avais découvert que j’étais enceinte mais j’avais enlevé cette grossesse à la demande de Bhernie qui m’avait dit que ce n’était pas encore le moment pour nous et qu’il avait trop de choses à gérer avec la mort de son père pour pouvoir suivre une grossesse. Comme j’avais énormément de malaise, j’avais décidé de faire comme il disait. Malheureusement cela ne s’est pas bien passé et on a dû me retirer les deux trompes ( essuyant mes larmes qui avaient coulé) Cet avortement m’a rendue stérile et 

Je lui ai expliqué ce qui s’est passé, ce que les médecins ont dit sur nos chances d’avoir des enfants, les démarches que Bhernie et moi avions faites ces dernières années, le voyage de l’année dernière, l’échec que nous avions essuyé, la décision de Bhernie d’abandonner, de prendre une autre femme, de l’enceinter, sa désertion de la maison et tout ce qui s’est passé jusqu’à la décision que j’ai prise de mettre fin à cette vie de souffrance en rompant cette relation. Elle a pleuré tout le long de mon récit.

Ya Reine : (Pleurant) Je suis fâchée contre toi Lucia. Comment peux-tu vivre de telles choses sans rien dire à personne comme quelqu’un qui n’a pas de famille ? Donc je ne suis pas ta sœur ?

Moi : (Pleurant) Si.

Ya Reine : Non apparemment tu ne nous considères pas comme ta famille Lucia. Parce que je ne comprends que tu puisses vivre de telles choses dans ton foyer alors que ta famille juste à côté ne sait rien. Tu serais morte du jour au lendemain là on aurait jamais su les raisons. Tu crois que c’est normal Lucia ? 

Moi : (Pleurant en silence)

Ya Reine : C’est normal ? Ton comportement est normal ? C’est l’amour de quoi qui fait que tu vives comme une bénie oui-oui en acceptant tout ce que ton gars te demande de faire même quand c’est contre ta volonté ? Tu vas mettre ta vie en danger parce qu’Ello disait qu’il n’était pas prêt ? Et tu prends une lourde décision comme ça sans rien dire à ta famille Lucia ? C’est quel enfant que moi ta sœur ou maman ne pouvait pas garder pour que tu puisses continuer tes études ? C’est quel enfant ? (Mettant les mains sur la tête) Ô mon Dieu ! 

Moi : (Pleurant)

Ya Reine : Et cet Ello là aussi c’est ce qu’il a trouvé de mieux à te faire ? C’est bien. Heureusement cette relation toxique est finie, qu’il aille au diable ce petit sorcier que l’on prenait pour un saint. C’est Dieu qui va le juger. 

Elle a arrêté de parler puis m’a regardée avant de se lever et venir me serrer dans ses bras. J’y ai pleuré un bon coup puis je me suis calmée.

Moi : Je suis en train de faire un voyage. Je pars dans 2 jours en Belgique et je ne sais pas encore quand je vais revenir.

Ya Reine : Comment ça ? Et ton travail ?

Moi : J’ai tout arrangé de ce côté.

Ya Reine : Les parents sont au courant ?

Moi : Non. Tu sais qu’ils sont encore au village et ne vont rentrer que la semaine prochaine. Pour l’instant tu es la seule. Je vais appeler maman une fois sur place parce que je ne veux pas qu’elle fasse encore les réunions avec Bhernie. Je ne veux plus parler de ses choses et c’est aussi pour ça que je veux m’éloigner pour le moment.

Ya Reine : Hum. Tu sais que les parents ne seront pas contents d’apprendre ça n’est-ce pas ?

Moi : Je sais mais au moins je serai déjà loin d’ici .

Ya Reine : Hum. Je ne suis pas à l’aise avec l’idée que tu ailles seule en Belgique surtout dans ton état.

Moi : Je ne pars pas seule, je pars avec Lucrèce.

Ya Reine : Hum. Pourquoi je ne suis pas étonnée que ta complice de crimes soit toujours impliquée dans l’affaire.

Moi : (Silence) 

Ya Reine : En tout cas j’ai compris. Il faudra me faire signe avant votre départ. 

Moi : D’accord. 

Je suis encore restée avec elle 1h heure avant de rejoindre Lucrèce chez elle pour l’aider à boucler toutes ses valises. J’ai réglé l’histoire de mon billet et nous avons passé le reste du jour à bien peaufiner notre départ…


L'AMOUR SUFFIT-IL? T...