Chapitre 7

Ecrit par MoïchaJones

Ma nouvelle sonnerie retentie, me sortant la tête de mon travail. Il est presque 16 heures et c’est son numéro qui s’affiche. Une partie de moi veut décrocher tandis que l’autre ne sait pas sur quel pied danser. La dernière fois qu’on s’est parlé ça s’est mal terminé. J’ai perdu un téléphone et j’ai frôlé la dépression. Du coup je ne sais plus trop.


- Allez Belinda, tu es une adulte.


Je me dis en me saisissant de mon portable. Je glisse le doigt sur l’écran avant que la sonnerie ne s’arrête et le mets sur haut-parleur.


- Allo ?
- Je pensais que tu n’allais pas décrocher.


Il m’attaque d’entrée de jeu, mais heureusement ou malheureusement, je ne suis pas d’humeur. La journée a été rude et elle n’est pas encore finit. Je ne tiens pas à me mettre les nerfs à vif alors que j’ai encore des choses à faire.


- Je n’ai aucune raison de ne pas décrocher un appel de mon mari.


Je martèle bien la fin de ma phrase et ça porte puisqu’il se tait un moment. Quand il reprend, sa voix est hésitante.


- Vu comment on s’est quitté la dernière fois, je me disais que…
-  Nous sommes des adultes, on doit pouvoir être en mesure de gérer des discordes sans que l’un ou l’autre ne fasse la tête.
- Insinuerais-tu que moi je ne réagis pas en adulte ?
- Je n’ai rien dit de tel. Je parle pour moi et pour personne d’autre.
- J’ai essayé de te rappeler mais ton numéro ne passait pas. Maman m’a dit que tu n’avais plus de téléphone.
- Oui maman a fait du bon boulot. En fait je crois qu’elle a raté sa vocation. Elle aurait dû faire reporter sans frontière.
- Belinda !


Le reproche est clair dans sa voix et ça m’agace un tout petit peu. Depuis ce matin-là, j’évolue en mode avion. Déconnectée de tout. De la famille, des bonnes manières et même du respect. Oui il a foutu le camp, et pour aussi longtemps qu’il veut, je m’en accommoderai. Et les autres ont intérêt à se conformer eux aussi, car je suis partie pour ne faire aucun effort. Amaya est peut-être une femme de l’ancienne époque, comme ma mère, comme la majorité de mes tantes et parentes. Mais n’empêche que ce comportement de rapporteur m’irrite au plus haut point. Le fait que pour elles, la femme est sous la responsabilité de son mari, qui qu’il soit, où qu’il se trouve et quoi qu’elle fasse, elles doivent comprendre que c’est dépassé. Elles doivent simplement nous laisser mener nos vies comme on l’entend. Faire nos erreurs et les corriger. Elles se disent, nous ne sommes rien sans eux, et sommes tout grâce à eux. A nous de leur montrer qu’elles ont tort.


Mais je ne cherche pas le conflit ce soir. Malheureusement ou heureusement pour lui.


- Excuse-moi. Je dis en portant mes mains à mes tempes. Mais le fait de savoir que tu m’appelles encore une fois pour me faire des reproches m’énerve. Je ne supporte pas que tu n’aies pas d’autre raison de m’appeler si ce n’est parce que maman t’a informé d’un truc me concernant.
- Je m’inquiète pour toi.
- Tu t’inquiètes trop et pour rien. En fait j’ai l’impression que depuis que tu es au courant de ce qui s’est passé, tu es devenu un esclavagiste. Tu veux me faire marcher comme tu veux, où tu veux et quand tu veux.


Il se tait un moment et semble réfléchir à mes paroles.


- Je ne veux pas qu’on continue de se prendre la tête pour des futilités. C’est la deuxième fois que tu m’appelles, et c’est bien parti pour se finir en dispute.


J’ai parlé d’une voix calme et je l’entends qui essaie de se calmer à l’autre bout du fils.


- Est-ce qu’on est en train de devenir un de ces couples qui n’a rien à se dire si ce n’est se crier dessus ?
- Ce n’est pas ce que je veux.
- Moi non plus chéri.
- Excuse-moi si je te donne l’impression d’être en prison. Dit-il après un nouveau moment de silence.


L’intonation de sa voix est grognon. Il n’aime pas faire des excuses et encore moins quand il pense qu’il a raison. Je souris d’avoir gagné cette petite bataille.


- Et moi je m’excuse si je te donne l’impression de mettre ma vie en danger en allant là-bas.  C’est juste qu’il y a des enfants qui ont besoin de moi, et je fais de mon mieux pour leur venir en aide.
- Oui j’imagine. Mais est-ce que tu ne peux pas le faire étant à la maison. Tu peux très bien engager des gens qui…
- Est-ce moi je te dis comment gérer tes clients ou tes contrats ?


Il se tait, surpris.


- Touché dit-il avec le rire dans la voix. Mais fait attention, d’accord ?
- Je fais attention à chaque fois bébé.


Nouveau silence.


- Comment tu vas ?


J’ai peur qu’il ne raccroche si ce silence n’est pas vite comblé.


- Je suis épuisé mais je ne peux pas m’arrêter. Le tiers du boulot qui m’a emmené ici n’est pas encore entamé et j’ai déjà fait plus de la moitié du temps.


Il se met à me raconter ses journées, les difficultés qu’il rencontre avec le nouveau marché qu’il essaie d’investir et à sa voix je peux très bien juger de son état de fatigue avancée. Mon pauvre chéri.


- J’aurai pris soin de toi si j’avais été à tes côtés.


Je retiens ma respiration. Chaque nouvelle pierre que je pose sur les reliques de notre union, je la pose avec incertitude. J’ai peur de voir le tout tomber comme un château de cartes sous la coupe du vent.


- Tu le feras bientôt. J’arrive en fin de semaine.
Mon cœur fait un bon dans ma poitrine.
- Sérieux ?


Il éclate de rire devant ma stupéfaction.


- Je ne pensais pas que ça te ferai plaisir.


Un doute m’étreint l’estomac.


- Ne me dit pas que c’est à cause de moi que tu écourtes ton voyage ?
- J’ai besoin d’une pause.


Il n’a pas répondu à ma question.


- Uhu ? J’insiste.
- J’ai besoin de me changer les idées pour repartir d’un bon pied.


Ca sonne faux, mais je fais celle qui y croit. J’ai besoin d’y croire. Une partie de moi a besoin de croire que je lui manque aussi affreusement que lui me manque. Malgré tout.


- Il y en a une qui va crier de joie quand elle va l’apprendre.


Il rigole et moi aussi je rigole. L’espace d’une seconde je me sens transportée à cette période d’insouciance et de désinvolture qui nous portait.


- Tu lui manques beaucoup tu sais.
- Elle me manque aussi.


Silence.


- J’ai hâte de te voir. Dis-je finalement avec timidité.


Je retiens mon souffle en espérant qu’il dise quelque chose. Mais ça tarde à venir. Je commence à désespérer quand il me répond finalement que lui aussi. Je suis aux anges, c’est assez contradictoire avec sa manière de me traiter, mais je m’en contrefiche. Je grappille des débris d’affection et je n’en ai pas honte. Au moins j’y mets du mien.


Je raccroche sur un petit nuage, un sourire éclatant ne quitte plus mes lèvres. Le  reste de la journée se passe comme dans un rêve. Tout me semble beau, doux, chaud. Même le bruit ressemble à la meilleure des symphonies. Rien n’arrivera à entacher ma bonne humeur, même pas Amaya qui rentre dans mon bureau quelques minutes plus tard pour solliciter ma présence pour le diner qu’elle organise. Il en ressort de son ton impératif que je vais passer la nuit là-bas. Mais comme j’ai dit, rien n’entachera mon bonheur aujourd’hui. Je lui fais un grand sourire et me contente d’hocher la tête. Tout ce que tu veux, je le ferai.


C’est le cœur léger que je retrouve une Imani qui semble avoir oublié qu’elle m’en voulait. Je l’a prend dans mes bras et l’odeur de la soupline à la lavande qu’on parsème sur ses vêtements m’envahi. Je plonge mon nez dans son cou et  lui fait plein de bisous. Elle rit à en perdre le souffle et ça rajoute à ma joie. On monte dans ma chambre. Pendant que je me débarrasse de mon sac, elle me fait un marathon de tout ce qui s’est passée dans sa vie depuis 3 jours que nous ne nous sommes pas vu. 3 jours et il s’en est passé des choses. Et bien sûr son flot de paroles ne s’est pas amoindri.


Heureusement qu’aujourd’hui est un jour particulier. Je suis heureuse de l’entendre.


Le diner se passe bien, Jomo n’est pas là. Je ne cherche pas à savoir où il se cache, peu m’importe qu’il aille bruler en enfer. Du moment que sa route ne croise pas la mienne. Une super ambiance règne à table, on parle de tout. Culture, politique, agriculture, nouvelle technologie et même mon bébé n’est pas en reste quand on parle de musique. Elle a toujours un tour dans son sac. Les rires fusent de partout, et je regrette juste qu’Uhu manque ça.


Les doubles battants qui donnent sur le hall s’ouvre pour laisser entrer la réplique de mon homme. Les cris de joies l’accueillent, mais pour moi la joie est aux oubliettes. Je me suis battue en 1 semaine pour ne pas croiser son chemin et j’y suis parvenue. Ce soir pourtant mes prières n’ont pas été entendues. Il est là devant nous, en chair et en os. Avec son sourire arrogant qui fend son visage. Il fait la bise aux femmes et fait des accolades aux hommes. Imani n’est pas en reste quand elle se jette dans ses bras. Moi je détourne mon regard de lui, tout en le surveillant du coin de l’œil. Dans mon attitude, je garde un semblant de distance entre nous. Je ne veux pas qu’il essaie de se rapprocher de moi-même si nous avons des invités.


J’y arrive jusqu’à ce que nous sortions de table et qu’on décide de se mettre au salon pour un digestif. Je profite de l’occasion pour prétexter mettre Imani au lit et prends presque la fuite. Je la borde le plus longtemps possible, et même quand elle s’en dort, je reste là à la regarder roupiller. Mes jambes engourdies me rappellent à l’ordre et je finis par me lever pour rejoindre ma chambre. Dans le couloir je me sens happée sur ma gauche et mon dos heurte lourdement le mur. Jomo me fait face, sa main bien fixe sur mon cou et son regard intimidant ancré dans le mien.


- Tu pensais que tu allais me fuir longtemps ?
- Lâche-moi connard.


Son rire se fait de plus en plus effrayant au fur et à mesure que son visage se rapproche du mien. Je ne peux m’empêcher de frissonner en sentant son souffle chaud sur ma joue. 


- Sinon quoi… Tu vas crier ?


On dirait qu’il a lu dans mes pensées. La menace que je m’apprêtais à lui servir me semble tout à coup désuète. Mes lèvres demeurent sceller, quand mon regard du sien à ses lèvres incurvés.


- Alors comme ça tu joues les espionnes à tes heures perdues… Ma vie t’intéresse ?
- Je n’ai rien à faire de toi, tu devrais le savoir.


Je le lui dis avec un semblant de courage


- Ta bouche dit des choses quand ton corps dit le contraire.


Qu’une idée aussi saugrenue lui passe par la tête me ferait rire, s’il ne m’avait pas à sa merci.


- Ta place n’est pas parmi nous. Même un asile ne voudrait pas de toi, tu es fou.


En réponse sa langue vient tracer un sillon humide sur mon cou, me faisant frissonner.


- Tu vois ce que je dis. Ton corps parle un langage que je connais très bien.
- Ne me touche pas.


Je me débats comme une forcenée, mais mes gestes ne font pas de vague. Au contraire, on dirait que ça le motive à se rapprocher encore plus de moi et de presser son corps tout contre le mien. Je sens la preuve de son désir sur ma cuisse et je suis dégoutée par la réaction de mon corps. Ca doit être le fait de tous ces jours d’abstinence. J’ai comme des petites décharges transitoires qui viennent de mon mont de venus. Je ferme les yeux tout en m’admonestant silencieusement. Il continue d’explorer mon corps de sa seule main de libre. Il a ses jambes de part et d’autre de moi, m’empêchant tout mouvement de protestation. Sa main me parcourt lentement, et finit par se poser sur le relief d’un de mes seins.


- Regarde-moi !


Sa voix me rappelle à l’ordre. Je dois me dégager de là. Il le faut absolument.


La pression de sa main sur ma poitrine finit de me sortir de la transe dans laquelle je me suis abandonnée. J’ai comme un sursaut de lucidité et le coup part tout seul. Le contact de mon genou avec son entrejambe est fugace mais pas moins douloureux. Il relâche la pression et se tord de douleur, pendant que moi je me dégage et court  me réfugier dans ma chambre. Je ferme derrière moi mais n’ai pas le temps de verrouiller que le battant s’ouvre à la volée m’envoyant valser à l’autre bout de la pièce.


- Tu vas me le payer, sorcière.


Il fond sur moi et étouffe mon cri avec sa main large.


- Je t’ai déjà dit de garder tes griffes pour ton  mari. Mais apparemment la douceur ne te parle pas. Je vais t’apprendre moi ce que c’est que la bestialité.


Il s’assoit en travers de moi, sa main toujours en appui sur ma bouche. De l’autre, il essaie de me débarrasser de mon chemisier. Quand je comprends ce qui est en train de se passer, je me mets à remuer de toutes mes forces. Ca ne peut pas se passer. Pas encore une fois, surtout pas. Uhu m’en voudra à mort et je ne pourrai plus rien pour sauver mon mariage.


Je pousse un cri qui ne sort pas de ma gorge. Tout ça l’amuse. Je suis comme un animal que le chasseur regarde sadiquement gigoter, en captivité dans un piège sanglant. Une lueur inhumaine brille au fond de ses yeux, et il est comme animé par un esprit machiavélique. Je balance mes pieds aussi forts que je peux tout en continuant de crier comme si ma vie en dépendait. En fait, oui, ma vie en dépend.


Les soubresauts désordonnés de mon corps ne le font pas chanceler le moindre du monde. Ma silhouette toute frêle disparait sous sa masse. On dirait un rocher. Il ne me reste que mes larmes qui inondent mes joues. J’ai beau me débattre comme une furie, mais j’assiste impuissante à mon effeuillage, par un homme qui n’est pas mon mari, dans ma chambre conjugale.


Mes cris n’y change rien. Mes pleurs lui donnent plus de force. Mes ondulations le ravies. La jupe que j’arborais fièrement un instant plus tôt, repose honteusement sur mn ventre. Il ne me reste plus que le tissu fin de ma culotte comme rempart. Il parle, dit des mots qui ne traversent pas la barrière de mes oreilles. Je suis éblouie. Son sourire cruel m’éblouie. Ses dents luisantes encore plus. Elles ressemblent à des crocs de chiens enragés.


Dans notre corps à corps, je réussis à ouvrir ma bouche en dessous de sa main et je n’hésite pas un seul instant. Mes dents pénètrent sa chair et s’y agrafe. Son grognement me satisfait et me conforte. Je ne vais pas te rendre la tâche facile. Je mets encore plus de pression et finis par lui arracher un cri de douleur cette fois. Il réplique par une gifle retentissante que j’encaisse avec bravoure.


- Jomo !


Le cri nous parvient de la porte. Je ferme les yeux et remercie le ciel dans une prière silencieuse.


- Mon Dieu, qu’est-ce que tu lui as fait ?


Le me jette un regard assassin et finit par se lever.


- Je lui apprends les bonnes manières vu qu’Uhu et vous la laissez faire ce qu’elle veut.
- Sort d’ici tout de suite.


L’injonction claque comme le bruit sec d’un coup de fouet. Il se retourne une dernière fois vers moi avec dans ses yeux la promesse de terminer ce qu’il a commencé. Je détourne mon regarde et éclate en sanglot. Mon Dieu, j’y suis passée à un fil. Une seconde de plus et… je ne veux pas imaginer ce qui se serait passé si Amaya n’était pas arrivée.


- Oh ma chérie, je suis désolée. Il t’a fait du mal ?


Elle me demande s’il m’a fait mal ? J’aurai ri si ce n’était pas aberrant. Je me contente de pleurer comme une madeleine. Amaya ramène les lambeaux de ma chemise sur ma poitrine. Elle m’attire à elle et essaie de me réconforter. Je n’ai qu’une chose en tête, sortir de cette maison, m’éloigner de l’antre du diable. Je dois partir d’ici, je n’y suis pas en sécurité.


Je rassemble les forces qu’il me reste, me dégage et sort de la chambre.


- Belinda… Où tu vas ?


Je vais dans la chambre d’Imani et l’empoigne à bras le corps. Elle remue mais ne se réveille pas.


- Belinda...


La mère d’Uhu me suit comme mon ombre, mais je n’ai qu’un seul objectif, nous mettre en sécurité, loin de lui. Je descends et passe devant Joseph et les Sallybaki. Ils me regardent tous comme si un arbre m’avait poussé sur la tête. Je veux bien être une bête de foire si ça me permet de décamper au plus vite.


- Amaya que se passe-t-il ?


L’inquiétude dans sa voix ne m’arrête pas. Encore moins celle hystérique de sa femme.


- Joseph empêche là de partir.
- Mais explique-moi ce qui lui arrive… Belinda tente-t-il quand sa femme ne sait pas quoi lui dire.


Je ne m’occupe plus d’eux. Je me dirige déjà vers la voiture des M&M. Ils sortent de la maison en même temps que nous et je m’adresse à eux comme si nous étions seule dans la cour.


- Ramenez-moi à la maison.


Je fais le pied de grue devant la portière arrière du Navigator noir. Ils me regardent comme si ce n’étais qu’une des nombreuse lubies d’une enfant de riche pourrie gâtée. Mon visage est inondé de larmes, mes vêtements sont sens dessus dessous. Je dois être affreuse, mais j’ai plus important à gérer que mon apparence.


- Je vous interdis de la conduire où que ce soit.


C’est Amaya qui a parlé. Elle ne me quitte pas des yeux. Elle est entre eux et moi, et me fait face.


- Ma chérie on va en parler. On va régler ça en famille. Ne t’en va pas, pas comme ça. Il fait nuit, la petite va se réveiller. Demain tu auras les idées claires, tu seras plus calme et je crois même qu’on va en rigoler ensemble.


Je me passe une main dans les cheveux avec un cri de frustration. Qu’elle réagisse comme ça ne m’étonne pas. Il faut sauver les apparences d’une famille parfaite.


- Aba, ramène-moi à la maison s’il te plait.


Ma supplication l’interpelle par son intonation agonisante. Il avance vers nous malgré les cris d’Amaya qui tente de l’arrêter. Joseph les sépare et Aba peu enfin déverrouiller le véhicule. Je monte avec mon fardeau et même une fois bien assise à l’arrière, je ne la lâche pas. Les cris de sa grand-mère ont fini de la réveiller. Je sens son petit cœur aussi effrayé que le mien affolé. Ils battent en symbiose. Pourtant elle ne dit rien. Elle semble avoir compris la gravité du moment, car ses menottes sont fermement agrippées à mon cou.


Ma pauvre chérie, je suis désolée. Tellement désolée. Pour tout et n’importe quoi. La voiture sort silencieusement de la concession, et je libère ce qu’il me reste de larmes. J’ai le visage dans le cou d’Imani. Ma vie est en train de virer au cauchemar.

Jamais sans elle