Chapitre 7 : Call me Kadidja

Ecrit par Fleurie


°°° Kadidja °°°


Je suis ivre de rage. Tellement une colère me submerge. Ma respiration devient de plus en plus haletante.


Hier j’ai cru qu’il avait une erreur. Ce matin je suis allé vérifier, mais mon nom n’est affiché nulle part. Je ne peux l’accepter. Comment est-ce possible ? Cette garce est admise et moi, j’ai échoué. Tous ceux que je voyais échouer, ont réussi et moi alors. On aurait dit que je suis maudite. Comment expliquez vous qu’à chaque fois que je fais quelque chose, celà n’aboutit jamais  à une fin. 


Dieu est là, pourtant il laisse tout m’arriver tchip. 


Je casse le vase qui se trouve devant moi. Comme si ça allait calmer ma colère, je me met à tout envoyer valser dans le salon. De toutes les façons, maman en achètera d’autres. Tous ces maudits mois à galérer sous la pluie et le soleil, me voilà à la case départ. 


°°° Maina °°°


Je me réveille d’un bon de mon lit. Je me demande d’où vient ce vacarme. J’enfile rapidement mon peignoir et mes pantoufles. Je me dirige et qu’est-ce que je vois ? Ma fille avec un morceau de verre cassé, voulant se couper les veines. 


Moi (m’approchant d’elle) : Chérie non s’il te plaît ne fais pas ça.


Elle (le visage noir de colère) : Juste un pas de plus, et je te jure que je vais en finir avec ma vie. 


Moi (essayant de la calmer) : Dis pas ça bébé. Tu es encore très jeune, tu as toute la vie devant toi. Viens là.


Après des minutes à lui parler, elle se laisse enfin s’écrouler sur le tapis. Il y a des morceaux de verre cassés un peu partout sur le tapis. Je me précipite pour la prendre dans mes bras. Elle éclate en sanglots. Je nous dirige dans la salle de bains. Son visage est plein de larmes et de morve. 


C’est si triste de la voir dans cet état. Je fais couler l’eau, y ajoute du gel moussant, un peu de sel de bain pour qu’elle se détende mieux. Je la déshabille et l’aide à s’installer. Elle est si fragile mon bébé. Je frotte chaque partie de son corps, tout en prenant soin de le faire avec douceur. Après quinze minutes, je l’habille et l’allonge sur mon lit. Je met sa tête sur mes genoux et lui caresse les cheveux. Elle finit par s’en dormir. Je me détache d’elle et lui met la couverture avant de sortir sur la pointe des pieds. Je vais me faire du lait chaud à la cuisine et m’installe dans le salon. La femme de ménage a déjà tout nettoyé. 


J’allume la télévision, aucune des chaînes que je capte ne montre rien d’intéressant. Je me lève et regarde le jardin par la baie vitrée. Je vois Driss qui joue au foot avec Tom en courant dans tous les sens le sourire aux lèvres. Qu’ils sont mignons tous les deux. Cette image m’arrache un sourire. Il faut que je réfléchisse à comment faire pour éviter une dépression à Kadi. Elle doit se faire consulter par un psychologue.


J’entend des pas derrière moi. Je me retourne pour croiser le regard doux et tendre de cet homme qui remplit ma vie de bonheur. Il s’approche et me prend par la taille avant d’écraser ses lèvres sur les miennes. Je répond à son baiser et on s’embrasse langoureusement.


Lui (se détachant lentement de moi) : Je te sens un peu tendue qu’est-ce qui ne va pas chérie ? 


Moi : Il s’agit de Kadi, elle n’a pas eu son bac, la pauvre est dans tous ces états. Où est Driss ? 


Lui : Dans sa chambre, Salimath l’aide à prendre son bain, il est tout sale mon petit champion. Je suis désolé pour elle chérie.


Moi : T’inquiète elle s’en remettra ce n’est qu’une mauvaise passe. Elle s’est endormie dans ma chambre. 


Lui : Tu as raison (regardant sa montre), je dois y aller. J’ai un rendez-vous tout à l’heure. On se dit à ce soir je lui parlerai. 


On se fait la bise et il s’est empressé de partir.


Je paresse un peu dans le canapé avant de finir par me lever. Elle dort à points fermés ma princesse. Des fois il est préférable de dormir pour oublier ses soucis. Mais malheureusement, une fois réveillé tout nous revient en tête et il est impossible de s’en débarrasser. Ce n’est pas facile aux jeunes d’aujourd’hui d’accepter un échec. C’est le cas de Kadi. Je suis et serai toujours là pour elle. Je m’assied à son chevet. 


Elle se réveille brusquement et se met à crier tellement fort, comme si elle avait vu un fantôme. Je la prend délicatement et la serre dans mes bras. 


Moi : Shhhhhh  calme toi bébé, c’est fini.


Elle (en pleures) : Maman c’est injuste, pourquoi moi, et pas elle. J’en ai marre qu’elle obtienne toujours ce qu’elle désire,  tout tu m’entends. J’ai travaillé dur maman.


Moi : Tout ira bien princesse, tu n’as que 17 ans, tu peux toujours essayer l’année prochaine. 


Elle : Jamais et avoir le regard de pitié de tous sur moi, non. Je ne le supporterai pas je préfère mourir. Mourir c’est la seule solution. 


Moi : Tu m’arrêtes ça et tout de suite, ne sois pas lâche merde.


Elle se lève, ouvre un tiroir et sort un ciseau.  Je me précipite vers elle, lui retire ça des mains et lui flanque une paire de baffes. Elle se met à crier et pleurer de plus belle. Je n’ai jamais vu ma fille dans cet état hystérique . J’appelle Salimath pour qu’elle lui apporte un verre de jus de fruit, en y ajoutant des somnifères. Mieux elle dort. 


Après des minutes de réflexion, je trouve enfin une solution. ,Elle a besoin d’aide, c’est décidé elle ira se faire consulter, il le faut. 


°°° Louna °°°


Nous sommes tous réunis dans l’enceinte de l’établissement depuis des heures. Ce soir c’est la délibération des résultats des épreuves écrites. 


Après des heures debout, ils finissent par annoncer les résultats. Certains sont dans tout leurs états. Pendant que d’autres jubilent, il y en a d'autres qui roulent au sol. J’ai du mal à voir ces scènes. Nous, sommes tous admis avec mention très bien, on le mérite. J’ai tellement hâte de le dire à mes parents. Mourad me dépose chez moi. 


Lorsque je franchis le seuil du portail, je vois mes parents assis sur la terrasse. Cette image d’eux me rappelle les anciens jours. On dit souvent à quelque chose malheur est bon. Gâce à cet accident, j’ai retrouvé mon papounet d’amour. Je m’avance et leur fait la bise. Je vois bien leur regard interrogateur.


Moi (baissant la tête) : Maman papa…sniff je suis désolée mais sniff, je dois vous dire que…que je vous ai déçu.


Maman (Me prenant dans ses bras) : Viens là ma princesse et dis nous ce qui ne va pas. 


Moi (en larmes) : Ça n’a pas marché.


Elle : Oh mon bébé je suis désolée.


Moi (me mettant alors à rire) : Mais vous ne me connaissez pas hein. (Essuyant mes larmes) Je vous ai eu. Je suis admise avec mention très bien maman. 


Maman : Je dis hein la fille qu’on appelle Louna est comment même, tchip. Viens ici que je te tire les oreilles. 


Je jette mon sac au sol, et me met à courir dans la cour. Maman fait de même essayant de m’attraper. Après quelques minutes, on s’arrête toutes les deux essoufflées. Maman me tire les oreilles, je crie et lui jette un regard, nous sommes parties sur un fou rire. Que ces moments m’ont manqué, le sourire de ma mère. Depuis l’histoire de la paralysie de mon père, c’est la première fois que je la vois rire autant.


Papa qui nous observait depuis un bon moment ne fait que sourire. Tel est mon souhait en tant que leur fille, voir mes parents heureux malgré tout. 


Maman : Lou tu m’as fait une de ces peurs.  J’avoue que j’y ai cru, même si j’avais des doutes. Félicitations mon bébé, tu nous rend si fiers. Que Dieu te bénisse et te guide toujours.


Papa : Bravo ma fille, je suis très heureux pour toi. 


Moi : Amen, merci maman, papa.


Je la serre dans mes bras, et en fait de même à papa avant de les laisser, j’ai besoin d’une douche bien froide.


Une semaine plus tard, nous entamons les épreuves orales et sportives. Tout se passe bien, nous nous debrouillons pas mal. 


[…]


Les résultats finals ont été prononcés et tout est bien qui finit bien. Nous avons tous décroché notre bac avec brio. Kadi, j’aurais appris qu’elle n’a pas réussi, mais elle n’est nulle part. 


Nous n’avons aucune nouvelle d’elle et de sa mère. Elles ont désertées la maison sans avertir personne, elles ont disparues de la surface de la terre.


Les garçons nous invitent ce soir pour célébrer notre réussite. J’adore les robes,  donc je met une robe mini blanche avec une ceinture noire à la taille. Je laisse mes cheveux tomber sur mes épaules. Je fais un léger maquillage, quelques gouttes de mon parfum Angel. Je jette un regard à mon reflet dans la glace et j’aime ce que je vois. 


Des klaxons me font savoir que mon chauffeur est là, lol il me tuera s’il m’entendait. 


Mourad se comporte toujours comme un gentleman avec moi, il est tout le temps doux, attentionné et très romantique. Il ne cesse de me prouver chaque jour combien il m’aime. Je suis si heureuse de savoir que ma première relation se passe à merveille. Je ne me plains de rien. Une chanson de Shania Twin  passe à la radio, ma préférée  “ You’re still the one”. Je frédonne quelques paroles tout en dévorant mon homme. Son regard est plein de désir.


Moi : Bébé arrête de me faire tes yeux là.


Lui : Si tu continues avec cette voix je te jure que je fais demi tour.


Moi : Tu vas me faire quoi petit coquin krkrkrkr.


Lui : Ne me tente pas. 


Je préfère me taire sinon il y aura plus de sortie. Nous savons tous comment celà finira. Il gare une dizaine de minutes plus tard devant un restau de la place. Le programme selon mon chef est de manger la bonne bouffe et on clôture la soirée en boîte.


Serveur (souriant) : Bonsoir Monsieur.


Lui (au serveur) : Bonsoir, une table pour huit s’il vous plaît.


Serveur : Suivez moi. 


Il nous conduit vers une table non loin de l’entrée. Je suis assise juste en face de cette dernière et je peux voir toutes les personnes entrant et sortant du restau. La vue au dehors est juste magnifique. Cotonou est si beau, avec toutes les lumières qui brillent de mille feux, c’est juste splendide. 


Il passe nos commandes. Je balaie la salle du regard et je reste sans voix. La décoration est bien faite, il y a de belles fleurs un peu partout ce qui donne un aspect plus beau au cadre. Les tableaux montrent une œuvre de professionnels, je parie qu’ils sont  importés, car les dessins sont tellement originaux. 


Moi (admirant toujours le décor): Chéri que c’est beau par ici. 


Lui (souriant) : Je sais bébé c’est pourquoi je l’ai choisi.


Moi : Je ne veux pas paraître villageoise krkrrk, mais je savais pas que ma ville possède cette beauté. On sent la classe, je… 


Merde que vois-je ?  Pincez moi là elle ici ? 


°°° Mourad °°°


Son visage change soudain et elle ne finit même sa phrase. Je me retourne pour voir ce qui attire au tant son attention. Maina la disparue, sa fille et un homme de teint clair très élancé, beau et bien vêtu viennent de faire leur entrée. Lou se lève brusquement, mais je l’attrape par le poignet. Maina qui nous a vu,  lance un regard glacial à Lou. Je sens un frisson me parcourir, ce qui me fait froid dans le dos. Cette femme me fait peur.


Elle : Mourad lâche moi. 


Ça ne présage rien de bon quand elle appelle mon nom.


Moi : Calme toi bb


Elle : Tu t’imagines, cette femme disparaît sans nouvelles pendant des semaines, et je la vois rayonnante au bras d’un autre ? 


Moi : Je sais et te comprend mais tu dois te calmer, ça ne servirait à rien crois moi. 


Elle (les yeux rouge de colère) : Je dois lui dire deux mots. 


Moi (la tenant fermement) : Tu n’iras nulle part, d’ailleurs on s’en va.


Le serveur apporte nos rafraîchissements. Je le paie et on quitte le restau. Un silence total reigne dans l’habitacle. 


Je gare devant l’hôtel le chevalier, un endroit dont j’apprécie toujours leur boîte. Mon devoir ce soir est de faire oublier à Lou sa rencontre. Elle est restée silencieuse durant tout le trajet. J’ai appelé Adil  pour lui faire part du changement du plan. 


Amira, Adil et toute la clique nous attendaient déjà. Nous prenons une bouteille, j’essaie tant bien que mal de détendre Lou. Après quelques minutes, elle commence par se laisser aller. Nous levons nos coupes de champagne en portant un toast à notre réussite. Le Dj  met un morceau de Rihanna, Lou se dirige sur la piste de danse et se déhanche comme une folle, l’alcool fait déjà son effet (rire). Pour une minute on aurait cru que c’était une autre personne. Je la rejoins et elle se frotte ses fesses contre moi, et bouge comme une déesse. Je sens l’adrénaline monter en moi.


Je la prend par la taille et elle prend les reines, elle guide nos pas. Les autres se joignent à nous. Le reste de la soirée se passe sans encombre. Nous rentrons vers 6h du matin.  


~~~~~ Deux heures plus tard ~~~~~


°°° Louna °°°


Je me vois dans un endroit désert, les rayons du soleil brûlent mes yeux. Je suis pieds nus et ne porte qu’un pagne. Je sens tout à coup une silhouette venir vers moi.  


J’essaie de mettre une image sur ce visage, mais en vain. Je me met à courir vers elle, au fur et à mesure que je m’approche de la personne, elle recule. Je cours de plus belle, de toutes mes forces. Une fois proche, je le vois tout beau vêtu d’un ensemble blanc. 


Il prend ma tête entre ses mains et plonge son regard dans le mien. Ses lèvres se mettent à bouger, mais aucun son ne sort de sa bouche. Il se met à pleurer. 


D’un geste rapide il me tire et m’invite à courir. Nous courrons de toutes nos forces, comme si on avait le diable à nos trousses. 


Il lâche brusquement ma main en poussant un cri strident. Il tombe lourdement au sol. Je le vois allongé sur le ventre, gravement blessé au dos. Son corps inerte me fait couler des larmes. 


Tout devient calme autour de nous. Je ne peux le laisser là, seul. Je le tire avec le peu de force qui me reste. Comme un éclair il disparaît, et tout s’assombrit comme par magie. Il est parti.


Je me réveille en pleures, 


Non ! 


Non ! 


Non !  Pas lui


Pas maintenant…

Louna : Mon destin