CHAPITRE 74: ARSÈNE LA FILLE.

Ecrit par L'UNIVERS DE JOLA

CHAPITRE 74 : ARSÈNE LA FILLE.


**LESLIE OYAME**

J’étais endormie quand j’ai senti Arsène sur lequel j’étais couchée bouger assez vivement avant de pousser un cri en attrapant sa tête.


Moi : (Paniquant) Bébé qu’est-ce qui se passe ? Qu’est-ce que tu as ?

Arsène : (Criant) Aaaahhh.

Moi : (Inquiète) Arsène, Arsène qu’est-ce qu’il y a ?


Il a arrêté de bouger et est retombé sur le lit, il semblait avoir perdu connaissance. Je l’ai secoué et j’ai commencé à pleurer quand je n'obtenais aucune réponse.


Moi : (Pleurant) Non, non bébé stp ne me fait pas ça. Réveille toi. Arsène pardon.

Arsène : (Silence) 

Moi : Ô mon Dieu. 


Je suis descendue du lit et j’ai attrapé la première robe que j’ai vu avant de l’enfiler aussi vite que possible, je suis descendue appeler le gardien pour qu’il vienne m’aider à le soulever pour le mettre dans la voiture. Nous lui avons rapidement enroulé un pagne autour des hanches pour cacher sa nudité et le gardien l’a porté pour le mettre à l’arrière de ma voiture. J’ai conduit les mains tremblantes jusqu’à la clinique où je suis ma grossesse et on l’a pris dès que je suis arrivée. On m’a demandé ce qui s’était passé et j’étais incapable de répondre tant j’avais peur qu’il lui arrive quelque chose et je n’arrêtais pas de pleurer. Le personnel qui me connait assez bien déjà vu les tours que je fais ici essaie de me réconforter en me disant qu’il ne va rien lui arriver mais j’ai peur. Mon état n’est pas pour arranger les choses et je sens que ma tension est actuellement très élevée en plus des palpitations. Archy ne peut pas me faire ça, je ne survivrai pas s’il lui arrive quelque chose. Mon gynécologue qui était également là vient rester près de moi et insiste pour que je me calme, il me rappelle que ma grossesse est à risque et donc de penser aux enfants. Je l’écoute d’une oreille distraite car actuellement ils sont les derniers de mes soucis. Si leur père ne sort pas de cette salle vivant, eux-mêmes ne vivront pas parce qu’il n’auront plus d’habitacle pour se développer vu que je mourrai aussi pour le rejoindre. Après 45 minutes, le médecin est venu me voir pour me dire qu’il s’était réveillé et était dans une chambre.


Moi : Qu’est ce qui s’est passé ?

Médecin : Nous sommes incapables de vous le dire. Nous lui avons fait un scanner et une IRM, le scanner n’a rien montré on attend les résultats de l’IRM.

Moi : Et lui, il va bien, je peux le voir ?

Médecin : Oui, pour l’instant tout va bien. Venez avec moi.


Je l’ai suivi et lorsque je suis rentrée dans sa chambre, je suis allée le serrer dans mes bras en pleurant. Il a refermé ses mains sur moi.


Moi : Archy, tu veux me tuer, c’est ça ?

Arsène : Pardonne moi bébé, je ne voulais pas te faire peur. Arrête de pleurer comme ça, pense aux enfants.

Moi : (Pleurant toujours en tremblant) Mon cœur a failli s’arrêter.

Arsène : Je sais mais je suis là et je vais bien. 


Il m’a essuyé les larmes avant de me caresser jusqu’à ce que je me calme. Le médecin nous a dit qu’il devait rester en observation cette nuit pour le surveiller et voir aussi l’IRM avant de nous laisser partir si tout était ok. Après ça, il est parti en nous laissant tous les deux.


Moi : Qu’est-ce qui s’est passé ? On dormait et tu t’es réveillé en t’agitant avant d’attraper ta tête et te mettre à crier.

Arsène : (Me regardant) Je l’ignore. Je me suis réveillé et j’ai ressenti une forte douleur à la tête et après plus rien.

Moi : C’est bizarre. Tu as fait un mauvais rêve ou comment ?

Arsène : Oui, j’ai fait un rêve très bizarre, même affreux.

Moi : Et c’était quoi ?

Arsène : (Me fixant dans les yeux) Je n’en sais rien. Je sens comme un brouillard dans ma tête.

Moi : Je vois. Si c’était affreux, je pense que c’est mieux que tu ne t’en souviennes pas.

Arsène : Tu as raison

Moi : (Lui faisant un câlin) Ne me refais plus jamais ça, tu m’as tellement fait peur pourtant tu sais que je suis fragile en ce moment.

Arsène : (Me serrant dans ses bras) Je suis désolé, je te promets de ne plus le refaire.

Moi : D’accord. J’espère qu’il n’y aura rien dans l’IRM pour qu’on puisse rentrer à la maison.

Arsène : Oui. Tu m’as emmené tout nu ?

Moi : (Souriant) Oui, j’étais tellement paniquée que je ne voulais pas perdre du temps, au moins on a mis le drap pour cacher le boss. 

Arsène : C’est ça. Et les téléphones ?

Moi : Je n’ai rien pris. On va rester ici tous les deux comme au moyen âge.

Arsène : Tu es terrible.

Moi : Tout ça c’est de ta faute, si tu ne m’avais pas effrayé de la sorte, je n’aurais pas fait ça.

Arsène : Hum. 


Nous sommes restés là à discuter et nous avons fini par dormir là-bas, j’ai dormi dans sa chambre et le lendemain le médecin nous a libéré car il n’ y avait rien dans ses examens, il nous a dit que c’était étrange mais bon. Il nous a quand même dit d’être attentif, si jamais cela se reproduit, ils lui feront un bilan complet. Nous sommes rentrés à la maison et nous avons filé à la douche pour un long bain dans la baignoire. Il était en train de me caresser le dos avec l’eau moussante avant qu’il ne me pose une question qui m’a fait me crisper.


Arsène : Tu connais Nathalie Oyame ?


J’étais incapable de dire ou faire quoique ce soit et mon cerveau tournait à une vitesse impressionnante, me donnant même le mal de tête. 


Moi : (Après plusieurs minutes de silence) Où, où as-tu eu ce nom ?

Arsène : Dans mon sommeil.

Moi : (Silence)

Arsène : C’est le nom de la femme que je vois dans mes rêves depuis tout ce temps. 

Moi : Pour, pourquoi tu rêves de cette femme ?

Arsène : Je ne sais pas. 


Je suis restée silencieuse, pourquoi il rêve de ma grand-mère ? Comment est-ce possible d’ailleurs ?


Arsène : Je ne sais pas pourquoi mais je l’ai vu, de même que j’ai vu son mari Mesmin Mbazogho ainsi que Colette et Landry Mbazogho, tes parents.


Je me suis figée dans ses bras. C’est pas possible, non, non et non. Il ne peut pas avoir vu ces gens. Ce n’est pas normal.


Arsène : J’ai été dans le village de ta grand-mère, j’ai vu ta naissance, j’ai vu comment ta grand-mère t’a récupéré et t’a emmené au village pour t’éléver, je t’ai vu cultiver la terre avec elle au champ et j’ai, j’ai également vu sa mort.


J’ai fermé les yeux et mes larmes se sont mises à couler. Je me suis brusquement levée et je suis sortie de la baignoire rapidement pour la chambre, je suis allée chercher des vêtements dans le dressing que j’ai enfilé alors que j’étais encore mouillée, je voulais partir de là.


Arsène : (Entrant dans la pièce) Qu’est-ce que tu fais ?

Moi : (Portant pêle-mêle ce que j’attrapais sans pour autant le regarder)

Arsène : Bébé ?

Moi : (Silence) 

Arsène : (M’attrapant) Leslie.

Moi : (Me débattant pour qu’il me lâche) Laisse moi tranquille Arsène, je rentre chez moi. 

Arsène : (Essayant de me maîtriser) Bébé calme toi.

Moi : (Le frappant) Lâche moi Mfoula, je t’ai demandé de me lâcher, lâche moi.


Plus je me débattais, plus il me serrait dans ses bras et plus je revoyais cette scène que je me suis battue durant plusieurs années afin de la sortir de ma tête. Je revoyais ma grand-mère courir avec moi dans ses bras dans la forêt, je la revoyais se faire frapper et violer par ces hommes, je revoyais ces machettes atterrir sur son corps, je revoyais son corps ensanglanté, je revoyais sa gorge tranchée et ses yeux ouverts et sans vie. Je suis tombée sur mes genoux et je me suis mise à crier. Crier de désolation, crier de chagrin, crier de solitude, crier de sa disparition violente et surtout crier de colère et de ressentiment contre ces hommes qui me l’avaient arraché de cette manière sans que je ne sache pourquoi.


Arsène : (Me serrant dans ses bras en pleurant) Je suis désolé ma reine, je ne voulais pas te faire revivre une telle scène.


J’ai pleuré jusqu’à en avoir mal à la tête et que ma voix se coupe, il m’a soulevé et est allé me poser sur le lit. Je me suis recroquevillée sur moi en ayant le regard dans le vide, je n’avais envie de rien et j’avais l’impression qu’on venait de me vider de toute mes forces. Il est resté à mes côtés jusqu’à la venue des enfants avec Alvine et Reine. Je ne suis pas descendue les voir et il leur a dit que je ne me sentais pas bien. Les enfants sont venus me voir et ont essayé de me faire parler mais n’ont pas pu. Je suis restée dans cet état pendant trois jours sans boire, manger et parler à qui que ce soit. C’est Arsène qui me donnait mon bain, il a essayé par tous les moyens de me faire avaler quelque chose mais n’a pas pu. C’est Lucrèce qui a pris le relais dans la préparation et les soins de ses frères vu que lui était préoccupé par mon état et la santé des enfants. Comme je ne partais pas au travail, il est passé là-bas pour dire que j’étais malade. Le quatrième jour alors qu’il rentrait du boulot, il m’a trouvé assise sur le lit, chose que je n'avais pas fait depuis lors.


Moi : Je peux avoir de l’eau à boire ?

Arsène : (Me regardant) Bien-sûr.


Il est ressorti avant de revenir quelques minutes après avec un plateau dans lequel il y avait une bouteille d’eau , des fruits et des yaourts. Il m’a fait boire de l’eau lui-même.


Arsène : (Découvrant une banane) Bébé stp, avale aussi ça, tu veux bien faire un effort ?


J’ai bougé affirmativement la tête avant d’ouvrir la bouche pour qu’il me nourrisse. Il s’est bien assis avant de me poser sur ses jambes comme un bébé et il s’est mis à me nourrir par petits morceaux jusqu’à ce que je finisse une quantité suffisante. Il m’a fait un bisou sur le front avant de poser ma tête sur sa poitrine. J’avais l’impression d’être une petite fille dans ses bras.


Moi : (Après un long moment de silence) Je suis restée près de son corps pendant plusieurs jours avant qu’un homme qui passait par là me trouve et me ramène dans le village. Il n’était pas de notre village. Il avait dit aux habitants qu’il m’avait trouvé dans la forêt à côté du corps d’une vieille femme et que je ne parlais pas. Il avait donc décidé de m’emmener dans le village le plus proche. Les gens du village étaient partis dans la forêt pour ramener son corps, elle avait été enterrée le même jour et son corps avait déjà amorcé le processus de décomposition (Essuyant une larme qui avait coulé de mes yeux) J’étais restée chez une voisine qui bien qu’ayant un peu peur de moi parce que beaucoup de rumeurs circulaient dessus, personne ne sachant vraiment ce qui s’était passé et moi ne parlant pas, elle m’avait gardé jusqu’au retour de mon grand père qui m’avait pris et ramener sur Libreville.

Arsène : Chez tes parents.

Moi : (Après un long moment) Oui.

Arsène : Alors tu as vécu avec eux.

Moi : Pendant un moment Oui, nous avons cohabité ensemble.

Arsène : Et où sont-ils maintenant ?

Moi : Je te l’ai déjà dit.

Arsène : Ils sont aussi morts ?

Moi : (Après un moment) Oui.

Arsène : Tes deux grands frères aussi ?


J’ai levé ma tête pour le regarder en me demandant à quel genre d’information il a eu accès et est ce que c’est d’abord normal qu’il ait eu ce genre d’information ?


Arsène : J’ai vu que tu avais deux frères qui étaient restés avec tes parents quand tu étais partie au village avec ta grand-mère .

Moi : Ils ont subi le même sort que mes parents. Je te l’ai dit, je suis orpheline et je n’ai aucun parent. La raison pour laquelle je ne veux pas en parler, tu l’as bien vu. J’ai énormément souffert et je me suis battue pendant plusieurs années afin d’oublier ça et aller de l’avant. 

Arsène : Je comprends et une fois de plus, je suis désolé d’avoir réveillé ces souvenirs douloureux en toi, ce n’était pas mon intention de te faire du mal. Je voulais juste que tu saches que j’avais rêvé de ça, je suis incapable de dire comment ni pourquoi cela s’est fait mais c’est ça. 

Moi : D’accord .

Arsène : Je tiens à te dire que tu es la femme la plus forte que j’ai vu de toute ma vie, je suis content que tu ne te sois pas positionner en tant que victime et que tu aies su te battre pour vivre. Tu n’es et ne seras plus seule désormais car ma famille et moi serons toujours là pour toi. Je te promets de prendre soin de toi et te protéger contre toute les personnes qui chercheront à te faire du mal.

Moi : (Regardant dans ses yeux) D’accord.

Arsène : (M’embrassant sur le front avant de ramener ma tête sur sa poitrine) Je t’aime.

Moi : Je t’aime aussi Archy.


Nous sommes restés là pendant longtemps avant que je ne lui demande d’aller se changer alors que je buvais mes yaourts. J’ai tout bu avant de descendre avec lui au salon où étaient les enfants. Ils m’ont regardé et j’ai ouvert mes bras pour qu’ils viennent s’y réfugier, ils l’ont fait tous les trois et Arsène s’est joint à nous pour un câlin de groupe. Nous sommes allés nous poser sur le canapé et je leur ai demandé ce que j’avais manqué ces derniers jours. Ils se sont mis à raconter en m’arrachant de fous rires. Un peu plus tard, Reine m’a appelé pour prendre de mes nouvelles. Je lui ai dit que j’allais beaucoup mieux et que j’étais sur pied maintenant. Elle était contente avant de me dire qu’elle a trouvé le moyen de faire fuir Alvine qui la harcèle depuis là. En lui demandant c’était quoi ? Elle m’a envoyé une image qui m’a laissé sans voix…


**REINE DIVOKOU MFOULA**


« Leslie : Tu es complètement folle ma parole »

« Moi : (Riant) »

« Leslie : Tu as fait ça quand ? »

« Moi : Aujourd’hui , je sors à peine du salon de coiffure et je suis en route pour la maison comme ça. Je sais qu’il y est et va tomber des nues quand il me verra. J’aurai la paix »

« Leslie : Tu crois qu’il va renoncer à toi ? »

« Moi : Obligé, il m’a toujours dit qu’il n’aimait pas les filles qui faisaient ça et ne pourrait jamais sortir avec une fille dans cette état »  

« Leslie : Tu es bien folle »

« Moi : C’est lui le fou. En tout cas, je te laisse je viens d’arriver à la maison. Je vais te raconter plus tard et je suis contente que tu ailles mieux. »

« Leslie : D’accord chérie, bisous »

« Moi : Bisous »

Clic !


J’ai ôté mes oreillettes avant de tout ranger dans mon sac pour descendre de la voiture. Sa voiture garée juste à côté m’indique qu’il est déjà là. Cet enfant me dépasse et me sort par tous les pores tant il me harcèle littéralement avec ses bêtises selon lesquelles il m’aime et que je suis l’amour de sa vie. Je lui ai déjà dit de me laisser tranquille parce que je n’avais rien à faire de lui et de son amour mais ça rentre dans les oreilles d’un sourd. Alors j’ai décidé de me faire couper les cheveux. Je sais que c’est extrême mais bon, aux grands maux les grands remèdes. Abessolo n’aime pas les filles qui ont des cheveux coupés car il dit que le fait de toucher une tête de femme nue pendant des rapports c’est comme si il le faisait avec un garçon. Lui seul comprend sa logique mais bon, il n’aime pas donc il me fichera la paix pour de bon afin de se concentrer uniquement sur son fils. 

Je suis rentrée dans la maison et le monsieur qui se trouvait dans la cuisine en train de préparer est sorti avec son tablier autour du cou et une louche en bois à la main, il a marqué un arrêt en me voyant et s’est mis à me fixer sans rien dire.


Moi : Bonsoir.

Alvine : (Silence)


Je me suis intérieurement réjouie de sa réaction et je me suis tournée pour prendre les escaliers menant aux chambres à l’étage . Je me suis engouffrée dans la mienne avant de faire une danse de la joie en posant mes affaires sur le lit. J’esquissais mes pas quand je l’ai entendu frapper à ma porte.


Moi : (Ouvrant) Oui ?

Alvine : (Neutre) Bonsoir, je suis venu répondre à ta salutation.

Moi : Ok. 


Il s’est retourné pour s’en aller avant de marquer une pause pour me parler le dos vers moi.


Alvine : Si le temps et toutes les stratégies que j’avais mises en place n’ont pas pu me faire t’oublier ou me faire rester loin de toi, tu te doutes bien que ce n’est pas ta tête sans cheveux qui me fera fuir n’est-ce pas ? Même si je trouve que tu ressembles beaucoup plus à Arsène comme ça mais bon ce n’est pas bien grave, Arsène même avec sa tête chauve, je l’aime et je le trouve beau gosse. Une chauve de plus dans mon entourage ne changera pas grand-chose. Sache donc que je t’aime toujours et je ferai de toi ma femme, Arsène la fille…


SECONDE CHANCE