Chapitre 8
Ecrit par kadijolie04
Après la décision de mon père, ma mère entra dans la chambre et commença à plier bagages.
De vagues souvenirs l'envahirent à ce moment. Elle repensait à cette époque où elle avait rencontré mon père. Cette époque où elle avait tout sacrifier et tout donner par amour. Supporter le mépris de son père, renoncer à cette vie où elle ne manquait de rien. Et tout cela pour vivre le grand amour avec l'homme qu'il aimait tant : mon père. Elle repensait à son mariage, à ces moments passé au près de baba.
Après 20 ans de mariage voilà que tout partait en fumée.
Ma mère se laissa tomber sur la natte, n'ayant même plus la force nécessaire pour soulever sa petite mallette. Ses larmes se mettaient à perler tout au long de ses joues sans qu'elle ne puisse les arrêter. Elle repensait à ce petit foyer, cette petite maison en terrasse qui regorgeait tant de souvenirs en elle. Cette maison ou elle m'avait vu grandir. À cet instant, ses pensées allèrent à moi, sa petite Lalia.
Elle se résigna enfin et accepta que tout était fini maintenant et qu'elle n'avait plus rien à faire dans cette maison. Elle se leva avec tout ce qui lui restait comme force. C’était le soir, et la petite Aïcha avait déjà posé sa tête sur la natte. Néné la réveilla et la sermonnai à nouveau sur cette heure du crépuscule ou elle avait l'habitude de dormir.
- Allez lève toi Aïcha et prends ton nœud d'habits, on y va
- Mais où allons nous Néné ? Demanda Aïcha inquiète
Ma mère ne donna aucune réponse et la tira hors de la chambre. Cette dernière se mit à crier'' Néné je veux pas partir'', ou allons nous ?''. Mon père qui s’était assoupi sur la natte, se leva vite en entendant les cries d'Aicha. Il se précipita vers eux et tira la petite de la main et fit comprendre à néné que sa fille n'ira nulle part. Ma mère riposta :
- J'amène ma fille Aïcha avec moi et tu m'en empêchera pas
- Hey lâche la, elle n'ira nulle part. C'est à toi de partir ! S’écria baba
Une dispute éclata de nouveau entre baba et néné. La petite Aïcha se mit à pleurer voyant le spectacle qui s'offrait à elle. Moctar et Salim venaient de rentrer. Depuis cette fâcheuse événement, mon père se refermait dans sa chambre et ne souciait même plus de son bétail. C'est mes frères qui s'en occupaient tout seul. Baba ne s'aventurait même plus dehors de peur d'affronter le regard des villageois. Mes frères voyant le visage attristé de ma mère, la questionnaire mais celle-ci garda le silence. Voyant la mallette que tenait néné, Salim s’écria :
- Mais c’est quoi ces bagages mère ! Ou va tu ?
- Je quitte cette maison et pour toujours
A cet instant mes grands-mères venaient de rentrer. C'était déjà le soir. Et comme d'habitude chaque dimanche elles avaient des réunions entre vieilles dans une place du village où elles étalaient de grandes nattes pour discuter un peu du bon vieux temps, des retrouvailles et de la nouvelle génération et des conseils qu’elles pouvaient apporter aux jeunes. Elles exigèrent vite une explication.
Ma mère raconta tout ce qui c’était passé et révéla toute la vérité sur ma supposée disparition. Elle essaya de se justifier :
- J'ai permis a Lalia de partir, je l'ai fais uniquement pour son bonheur… Je…
Sans qu'elle ne termine sa phrase, grand-mère Aïcha l'a gifla . Néné en chaude larme essaya de parler à nouveau mais elle l'arrêta :
- Mais t'es qu'une sale traite Fatima. Comment as-tu pu faire ça à mon fils ?
- Mère, laisse la. Je ne veux plus jamais voir cette femme. Je l’a répudie
Mami Zahra fut choqué par cette situation. Elle s'approcha de baba et s'exprima ainsi :
- Non Ibrahim comment peux tu détruire ton mariage ainsi ? As-tu déjà oublié les sacrifices que ma fille à fait pour rester à tes côtés ? Et les circonstances dans lesquelles j'ai dû quitté mon mari pour votre bonheur ?
- Ça suffit Zahra ! Mon fils a pris la bonne décision. Ta fille ne mérite aucune considération après ce qu'elle a fait. Allez vous en tous les deux d'ici
- Aïcha comment peux tu dire cela ! Tu me déçois beaucoup. Mais nous allons partir. On ne restera pas une minute de plus à supporter ces insultes.
Grand-mère Zahra entra vite dans la chambre et fit sa valise. Ma mère demanda à baba de lâcher la main de Aïcha car elle ne comptait pas partir sans elle. Ce dernier refusa. Une autre altercation s'en suit.
Baba fit comprendre que Mami Zahra pouvait rester dans la maison mais que aucun de ses enfants ne partiront d'ici. C’était hors de question pour grand-mère de partir sans sa fille. Ma mère réfléchit un moment puis demanda à ma grand-mère de rester pour s'occuper de sa fille Aïcha. Aïcha en pleurs se précipita vers néné et se serra très fort contre elle :
- Ne pars pas néné s'il te plait, reste avec nous snif snif
Salim s'approcha d'eux et regarda néné avec tristesse. Puis dis ceci :
- Non mère, ta place est ici dans cette maison avec nous.
Il se retourna et demanda a mon père de revenir sur sa décision mais celui-ci resta ferme. Les larmes aux yeux, néné répondit
- C'est mieux comme ça Salim, je te demande juste de prendre soin de ta sœur. Promet le moi. Salim était son dernier fils et n'avait que 16 ans. Mais malgré son jeune âge il était beaucoup plus mature que ces deux autres frères Rachid et Moctar qui avaient chacun entre 18 et 20 ans
- Promis mère !
Ma mère leva les yeux et regarda ces deux autres fils. Rachid avait l'air triste mais ne le montrait pas. Il essaya de prononcer quelques mots mais rien ne sortait. Quant à Moctar il adressa un regard méprisant à néné. Et l’on voyait bien qu'il était comme toujours du côté de mon père. Ma mère s'en alla enfin mais se retourna et croisa le regard de mon père. Ses larmes coulèrent de nouveau. Elle les essuya et partit.
La nouvelle ne tarda pas à faire du bruit dans tout le village. En effet, néné n'avait pas quitté le village. Elle avait demandé hospitalité à la vieille Rabya pour quelques temps, la grand-mère de Latifa. Ma mère n'avait pas encore les moyens nécessaires pour partir en ville. Grand-mère , Aïcha et Salim partaient souvent lui rendre visite. Ma mère restait toujours enfermer et ne sortait jamais.
Mais un jour tout se bascula. Un simple coup de fil et c’était le choc pour ma mère. C’était l’après midi, ma mère se reposait déjà dans la petite cour. Latifa et sa grand-mère Rabya papotaient dans la chambre quand le téléphone sonna. C’était le père de Latifa au bout du fil. Il annonça a sa mère Rabya la mort de son frère Yasser. La vieille poussa un cri et se mit à pleurer. Latifa essaya de la calmer et demanda ce qui s'est passé. Elle réussit a prononcé ces mots :
- Latifa, ton oncle Yasser est mort suite a un accident de voyage
Ma mère s’était déjà précipité dans la chambre et entendit la conversation. Elle se mit a crier à son tour. Des larmes se mirent à couler et réclama sa petite Lalia :
- Dis moi que ma fille n'est pas morte dans ce voyage avec ton oncle cria néné
Latifa était incapable de prononcer un seul mot.
C'est ainsi que cette triste nouvelle ne tarda pas à s’étendre comme de la poudre dans tout le village et dans tout le pays. On en parlait dans les radios et télévisions des passagers mauritaniens mort sur la route de Dakar. Tout le monde croyait que j’étais une victime mais mon corps était introuvable.
Néné n'avait pas pu supporter la nouvelle. Elle pleura des nuits successives puis tomba gravement malade. Mon père avait déjà fait le deuil.
Un mois plus tard, le vieux Mounir se pointa de nouveau et réclama à mon père son argent. Il présenta vite ses condoléances mais ne fit d'aucune preuve de compréhension même dans ces situations. Baba n'avait pas encore réunit la somme totale. Il n'avait réunit que la moitié de l'argent.
- Aicha Aïcha ! apporte de l'eau à notre invité !
- Ecoute Ibrahim je suis pas là pour boire de l’eau. Tu sais ce qui m'amènes déjà mon…
Aïcha était debout tenant une calebasse d'eau. Mounir la fixa du regard pendant un moment
- Bois de l'eau Mounir disais baba
Aïcha s'en alla après avoir repris une calebasse vide. Mounir sourit un instant et parla ainsi
- Mais Ibrahim je savais pas que t'avais aussi une autre fille aussi mignonne humm !
- Oui c'est ma fille. Mais écoute Mounir j'ai…pas la somme totale avec moi mais je promet…
- Arrête, je te propose un marché et on oublie cette dette.
Mounir expliqua a mon père l'accord. Baba hésita mais finit par accepter la proposition pour éponger sa dette. Le vieux Mounir s'en alla heureux d'avoir conclut une bonne affaire. Mais personne ne su la nature de cet accord.
Un mois déjà passé et néné n’avait toujours pas quitté le lit. Ma mère s'affaiblissait de jour en jour. Sa santé s’empirait. On voyait son joli visage perdre son éclat. Cette femme à la quarantaine faisait place à une vieille femme qui avait perdu toute ses forces.
La vieille Rabya essayait de la soigner avec des feuilles de plante mais hélas rien.
Mais le jour crucial arriva, ma mère agonisait. Elle demanda à voir mon père.
Depuis que néné était malade, baba ne daigna pas aller la voir ne serait-ce qu’une seule fois de même que Moctar. Les seuls personne a avoir assisté ma mère était ma grand-mère Aïcha et mon frère Salim.
Ce jour là où néné réclamait baba, ce dernier faisait les cents pas dans la cour de la maison. Puis il se décida à y aller. Arrivé, il trouva déjà un groupe de personnes. Baba pénétra dans la chambre mais c’était déjà trop tard, ma mère venait de rendre l’âme. Je venais de perdre néné, ma raison de vivre. Une partie de moi était mort. Mais c’était pas fini, ce n’était que le début de mes épreuves….