Chapitre 8: Briser la glace
Ecrit par Lalie308
Brise là, cette glace entre nous. A coups de marteaux.
Les jours à venir, seront plus beaux.
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Michelle
La porte étant entrouverte, j'ouvre directement et pénètre dans l'appartement. Je découvre le petit Andrew assis sur le sofa et jouant à un jeu vidéo. Son regard remonte sur moi et son visage s'illumine.
— Michelle ! s'enthousiasme-t-il en courant dans mes bras.
— Andrew mon meilleur pote de tous les temps, me réjouis-je en le serrant dans mes bras.
Lorsque nous nous détachons, je reprends :
— Que fais-tu ici ?
— La maman de Tom m'a amené ici, il me répond.
Je fronce les sourcils, un peu inquiète, où peut bien se trouver sa mère ? Et Liam ? Ce dernier apparaît dans le salon, tendu.
— Hey Mich, commence-t-il en se grattant la nuque.
— Hey, et Ashley ? lui demandé-je.
— Reprend ton jeu, on revient, indique-t-il à Andrew qui s'exécute.
Nous nous éloignons un peu, dans la cuisine et il reprend :
— Tu peux le garder ce soir ? Aussi j'ai vraiment besoin de toi, souffle-t-il.
— Que se passe-t-il ?
— Tu as fait une formation en soin de santé alors je me suis dit que...
Il s'arrête et soupire. Il me tire finalement par l'avant-bras jusqu'à une chambre. Dès que j'entre, je découvre Ashley allongée sur le lit. Je lance un regard interrogateur à Liam et me rapproche d'elle. Je réprime un petit cri en la découvrant. Elle a des bleus sur le corps, le visage bouffi et peut à peine ouvrir les yeux. Je porte ma main à ma bouche avant de la retirer.
— Que s'est-il passé ? Pourquoi elle n'est pas à l'hôpital ? m'étranglé-je.
— Elle a été agressée, déclare rapidement Liam. Je préfère que tu le fasses, elle n'aime pas les hôpitaux.
Je ne me fais pas prier, passe rapidement dans le salon et rejoins mon appartement pour prendre ma trousse de soins pus j'essaye d'arranger un peu les choses. J'ai suivi cette formation en plusieurs étapes pendant les étés et j'espère qu'elle a été utile. Ashley dort alors je remonte mon regard sur Liam qui a l'air mal.
— Calme-toi, elle ira mieux, le rassuré-je.
— Merci beaucoup, me remercie-t-il.
Je souris.
— Andrew peut dormir chez moi ce soir, tu lui as dit quoi ?
— Que sa maman travaille ce soir, répond-il.
Je lance un dernier regard inquiet à Ashley, Liam me cache bien assez sur sa vie, mais je n'insiste pas cette fois et espère juste que ce secret ne le mènera pas à sa perte. Je rentre finalement chez moi avec Andrew, le laisse lire quelques livres pour enfant et vais prendre ma douche. A mon retour, il pose sur moi un regard insistant, comme si quelque chose le tracassait.
— Il y a un problème ? je lui demande.
Il tourne son livre vers moi, pour me montrer ce qui ne va pas. Je lis le petit passage, mais ne comprends toujours pas.
— Le papa de Lulu est gentil, mon papa est méchant, se lamente-t-il.
Mon cœur se brise lorsque je lis la tristesse dans son regard. Je ne sais rien de leur famille et je n'aimerais pas être indiscrète. Je m'installe près de lui et parle doucement :
— Mais ta maman est gentille et puis tu as tes amis, Liam et moi aussi, le rassuré-je.
— Michelle,tu resteras mon amie pour toujours ? demande-t-il, les yeux gros d'espoir.
— Pour toujours, lui dis-je en souriant.
Il me sourit. Je me lève et le soulève en grognant.
— Maintenant le plus beau petit garçon de monde va manger, j'annonce.
— J'adore manger, déclare-t-il en riant.
Je le repose dans la cuisine.
— Ça tombe bien alors.
Je m'active à la cuisine sous le regard attentif de mon compagnon qui me raconte sa folle journée en passant par la fête d'anniversaire de son amie à qui il a offert le meilleur cadeau. Le narcissisme se répand dans son petit corps. Mon téléphone sonne et je le prends après avoir rangé le couteau.
Je ne connais pas le numéro, mais décroche. Je ne parle pas d'abord, attendant que mon interlocuteur entame la conversation. On n'est jamais trop prudent, mon père me chante qu'il y a des voleurs d'âmes via le téléphone. En parfaite superstitieuse, et surtout, vivant presque dans les mondes fictifs que j'écris, je le crois.
— Ginger ?
Je reconnais la voix de Harry et je me crispe un peu, je mets le téléphone en haut-parleur pour ne pas incendier l'immeuble.
— Harry... soufflé-je.
— Je... voulais juste savoir si tout va bien ?
A ce moment, mon doigt touche la casserole et je me brûle. Je laisse échapper un petit cri.
—Michelle, ça va ? insiste Harry.
— Michelle, tu as un bobo ? me demande Andrew, une moue bien trop adorable sur le visage.
Je me rince le doigt en espérant que l'eau calmera la sensation de brûlure.
— Tout va bien, je me suis juste brûlée.
Je referme la casserole et me rends vers mon téléphone que je saisis de nouveau.
— Je disais que tout va bien, merci de t'inquiéter, dis-je à Harry.
— Brûlure ? Tu es sûre que ça ira ? m'interroge-t-il un peu en panique.
Sa réaction me surprend quelque peu.
— Mais oui, ne t'inquiète pas, le rassuré-je.
— Ravie de le savoir, bonne nuit, termine-t-il après quelques secondes d'absence, comme si l'évocation de la brûlure lui avait laissé un mauvais goût dans la bouche.
Ma bouche parle, pas moi :
— Tu veux venir diner ?
Je me frappe le front. Quelle conne ! Le forcing et moi sommes nés au même moment peut-être.
— Hum... commence-t-il.
— Je veux dire, si tu veux diner. Enfin, je veux dire que tu as sûrement déjà diné, pas que je dise que tu n'as pas à manger chez toi ou encore de quoi te prendre à manger. Je t'invitais juste, pas que tu sois affamé ou quelque chose dans le genre, non pas du tout. Après tout, tu gagnes beaucoup, pas que je m'intéresse à ton salaire. Enfin, je veux dire, bref, déblatéré-je.
Satanée bouche, arrête de me foutre la honte !
— Je ne pense pas pouvoir dire non après une telle invitation, fait-il avec une once de moquerie.
Je lance un regard frustré à Andrew qui me fixe bizarrement. Je raccroche finalement et grogne longuement.
— Michelle ? m'interpelle Andrew, les yeux plissés.
Je me calme et pose mon regard sur lui.
— Tu es folle ? me demande-t-il sérieusement.
Je ne sais pas trop quoi penser, je le regarde d'abord un peu attristée mais finis par afficher un air de psychopathe avec un sourire étrange.
— Ça dépend. Tu acceptes les folles comme amie ? lui demandé-je.
Il acquiesce en souriant, affichant ses dents de lait.
— Si c'est toi, oui, me confie-t-il.
— Quel honneur ! fais-je en lui ébouriffant les cheveux.
Je finis de cuisiner et mets la table avec l'aide d'Andrew. On sonne ensuite à la porte, je souffle longuement avant d'aller ouvrir. Je découvre Harry, vêtu d'un jean et d'une chemise. Il me sourit et je le laisse entrer. Je ne parle pas encore, me contentant de le conduire à la cuisine. Il découvre Andrew déjà attablé. Il lance un regard curieux.
— C'est le fils à une amie, lui indiqué-je.
— Oh, ça va toi ? fait-il à Andrew qui le regard de travers avant de reporter son attention sur moi.
— J'ai faim, lance-t-il sèchement.
Il fait de nouveau des caprices, pourquoi ? Je hausse les épaules et Harry s'installe.
— Je sers d'abord le boss, commencé-je en voulant servir Andrew.
— J'ai des mains, me rabroue-t-il.
Je ne comprends pas cet enfant. Je me contente de souffler d'exaspération.
— Harry, tu peux nous excuser ? dis-je à Harry en tirant Andrew dans le salon.
Une fois dans la pièce, je m'abaisse à son niveau et parle.
— Il y a un souci ? lui demandé-je.
Il ne me répond pas et boude.
— Andrew je pensais qu'on était amis, dit moi ce qui se passe, insisté-je.
Il ne répond toujours pas.
— Andrew ?
— Tu as dit à ton amoureux que je n'étais que l'enfant d'une amie. Tu as honte de dire que je suis ton ami, comme les méchants de l'école et comme papa, se lamente-t-il.
Oh ! Une épine me lacère le cœur à l'idée d'avoir brisé celui du petit ange démoniaque en face de moi.
— Excuse-moi Andrew, attend je vais corriger ça. Tu me pardonnes ? Tu sais bien que tu es le meilleur ami de tous les temps. Ces méchants à l'école sont stupides. Et puis ce n'est pas mon amoureux.
Il me sourit et reprend la parole.
— D'accord.
Je me rends d'abord dans la cuisine.
— Accueillons mon meilleur pote de tous les temps, le numéro un, Andrew de Michelle, annoncé-je sous le regard amusé de Harry.
Andrew fait son entrée en souriant à pleines dents. Ils s'installent et nous entamons le diner.
— Tu cuisines bien, m'intime Harry.
— Merci, soufflé-je.
— C'est moi qui lui dis, se plaint Andrew, tu cuisines hyper trop giga bien tata chocolat.
Je souris.
— Merci mon meilleur pote.
Harry a l'air amusé par la situation.
— Tu es très commode toi, fait-il.
Je fronce les sourcils, Harry ne sait définitivement pas tenir une conversation, mais je me tais pour voir où cela mènera.
— Fais pas le canard, réplique Andrew en buvant une gorgée de son jus de pomme.
— Au moins, on aime tous le jus de pomme à cette table, continue Harry, tentant désespérément de contrôler la situation.
— Tu as copié sur ma tata chocolat et moi, répond Andrew.
Je roule des yeux. Ce gamin est sacrément dur à amadouer enfin sauf pour moi. Harry le fixe longuement et finit par abandonner, il fait la moue puis se concentre sur son repas.
— Tu pourrais être plus gentil avec lui, mes amis sont gentils, réprimandé-je gentiment Andrew.
Il me regarde durant un long moment et finit par souffler :
— Flemme.
Je le regarde outrée alors que Harry rigole. Je dépose les armes. Nous mangeons finalement dans le silence. A la fin du repas, je débarrasse avec leur aide et nous nous rendons dans le salon.
— Je te défie, annonce Andrew en regardant Harry avec un air de défis.
— Volontiers, réplique-t-il.
Je croise les bras sur ma poitrine et les observe pendant un moment puis finis par me rendre dans la cuisine pour mettre la vaisselle sale dans le lave-vaisselle avant de nettoyer de fond en comble. Quand je reviens, je découvre un Andrew endormi sur le sofa et Harry qui est simplement assis, les yeux fixés sur un point invisible. Je ne pourrais jamais être aussi inactive, je dois toujours faire quelque : taper des pieds, me triturer les doigts, chanter l'alphabet dans ma tête mais au moins quelque chose.
— Hey !
Il dévie son regard sur moi et je viens m'asseoir près de lui.
— Merci pour la soirée, ce gamin est vraiment original.
Il semble confondre chose et être vivant.
— Il est spécial oui, je le corrige.
— Il a perdu plusieurs fois, mais pourtant il a persisté et j'avoue qu'il m'a battu à la fin, me confie-t-il.
— Ça c'est mon Andrew, affirmé-je avec fierté.
Un blanc s'installe tandis que plus aucune parole ne sort de notre bouche. C'est assez troublant. Après quelques minutes, il se lève, sans doute ennuyé par la situation. Je le raccompagne sans objecter.
— Merci encore Ginger, dors bien.
Je remarque qu'il y a de l'évolution. Harry a l'air sociable et hyper à l'aise en conversation mais en réalité c'est le contraire. Je lui souris et entoure son cou de mon bras, pour une étreinte. Il semble d'abord surpris, mais risque un peu ses mains sur le bas de mon dos. Son parfum m'enivre et l'étreinte dure un peu, le temps de provoquer à mon corps des palpitations, des dysfonctionnements, des éruptions, des tsunamis.
— Bye, soufflé-je.
Je referme finalement la porte, réveille Andrew et le fais coucher dans la chambre vide avant d'aller rejoindre mon lit douillet, moins douillet que celui de ma chambre au Bénin, mais pas mal. Je n'arrive pas à voir Harry comme un collègue ou encore un patron, mon attirance pour lui est encore plus présente que quelques jours plus tôt. Mais il n'a pas l'air de partager ce sentiment. Je m'allonge, mais je ne m'endors pas vite, je pense à tellement de choses que mon cerveau est en court-circuit. J'ai pourtant toujours voulu être comme ces personnes qui s'endorment à la seconde que leur tête touche l'oreiller.
La lumière du soleil éblouit mes yeux dès que je les ouvre, je mets du temps à m'y adapter. Lorsque je me retrouve enfin, mon regard se pose sur Andrew au pied de mon lit qui me fixe d'un air bizarre, comme ces enfants dans les films d'horreur. Je sursaute et pousse un petit cri avant de souffler bruyamment. Je me passe une main dans les cheveux, sourcils froncés.
— Mais Andrew, qu'est-ce que tu fais là ? m'écrié-je en me redressant.
— J'ai faim, répond-il en plissant les yeux.
Je le regarde longuement et finis par esquisser un sourire. Cet enfant est un vrai phénomène. Je lui indique de m'attendre, je fais ma toilette et me rends dans la cuisine. Je découvre Andrew déjà attablé en train de dévorer des céréales. Je plisse les yeux, mais ne peux m'empêcher de sourire. Je n'en peux plus de ce gamin. Il lève la tête vers moi en esquissant un grand sourire.
Il finit par retrouver sa mère qui lui dit franchement que des méchants lui ont refait la face — chirurgie esthétique façon rue —, Andrew sous son air qui s'est assombri a eu l'air dubitatif. Il s'est contenté de serrer Ashley fort dans ses petits bras, j'ai vraiment aimé cette scène. « Quand je serai grand, je bastonnerai tous ceux qui t'ont fait du mal » lui avait-il confié.
Nous nous sommes finalement séparés et j'ai décidé d'aller faire un tour au parc. Je marche calmement dans le parc, je me demande ce que Harry fait en ce moment. Je me risque à lui envoyer un petit message. J'efface plusieurs fois, mais finis par lui envoyer un simple bonjour.
Ce n'est pas trop froid ? Je stresse déjà. Et s'il me trouve trop collante et décide de ne pas me répondre ? Pire, et si c'est Audrey qui voit le message ? Que feraient-ils ensemble à cette heure d'ailleurs ? Je souffle pour calmer mes pensées étranges et continue ma marche dans le parc plutôt vide, vêtue d'un pantalon de jogging et d'une veste. Le bip de mon téléphone me sort de mes pensées et je lis directement le message, mon cœur battant fort dans ma poitrine.
» Bonjour, Ginger. Bien dormi ?
J'esquisse un sourire et ne tiens plus en place. Je sautille un peu partout avant de répondre.
» Comme un bébé et toi ?
Pourquoi je lui parle de bébé ? Il peut penser que je veux faire des enfants avec lui, non ? Dommage, déjà envoyé.
» Bien.
C'est tout. Il n'ajoute rien. Ça me blesse un peu. J'aimerais prolonger la conversation, mais je n'y arrive pas. Je n'aime pas cette impression de forcing. Je suis encore dans mes songes quand un bras me saisit par la taille et une main me bloque la bouche. Mon dos collé contre un torse masculin, je me débats pour tenter de m'échapper.
Pourtant, je sens l'individu se détacher brusquement de moi. Il est cagoulé et vient de se faire tirer vers l'arrière par un homme noir bien baraqué et ultra sexy qui lui assène des coups de poing. La peur me paralyse et bientôt, mes jambes flageolent, je sens des vertiges me turlupiner. L'homme noir le remarque et pousse l'autre sur le côté, ce dernier ne se fait pas prier pour s'enfouir. Je respire doucement.
— Michelle, vous allez bien ? me demande-t-il en se rapprochant.
Euh, on se connait ? Mon regard tombe sur son visage dessiné dans les règles de la beauté divine, sa mâchoire carrée se contracte légèrement et ses lèvres charnues rosées sont pincées sous un nez aquilin. Il a un accent entre celui britannique et celui sénégalais.
— Oui, soufflé-je en me redressant.
De trop fortes émotions me font souvent cet effet-là.
— Abdou, votre garde-corps, m'explique-t-il.
— Ah d'accord, et pourquoi je ne vous ai jamais vu ? m'étonné-je.
— Je travaille dans la discrétion, ajoute-t-il, l'expression neutre.
S'il pense qu'il va me faire cette tête sérieuse pour longtemps, il se trompe. Rires diaboliques. Je jette un dernier regard à mon téléphone, aucun message d'Harry. Je soupire. Je rentre avec Abdou, j'essaye de briser la glace pendant qu'il conduit.
— Pourquoi vous ? lui demandé-je.
— Harry m'a proposé spécialement pour vous, m'explique-t-il.
Je hausse les sourcils. Pourquoi Harry proposerait-il spécialement quelqu'un pour moi ?
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Coucou, pour ceux qui pensent que les choses vont trop lentement entre Michelle et Harry, j'aimerais que vous compreniez que cette histoire doit être réaliste et qu'ils ya beaucoup de paramètres qui entrent en jeu, ce serait domage qu'ils se jettent facilement dans les bras l'un de l'autre.
Sinon, j'espère que vous aimez.
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Lalie