Chapitre 8: Tentations
Ecrit par Cornelie
ÙChapitre 8 : Tentations
L’année académique est terminée. J’ai brillamment réussi et je passe en deuxième année ainsi que mon amie Agnes et tous les autres camarades de classe. Nous avons trois mois de vacances d’été de juin à août. L’été est caractérisé par un beau temps, du soleil, des journées plus longues que les nuits, la bonne humeur, les voyages …. Je ne pourrais pas aller à Kinshasa. Je suis à la recherche d’un job d’été. Tonton Joseph m’a aidé à en trouver. Je serai serveuse au glacier moderne Rene Nardone situé pas très loin de la résidence universitaire. C’est un glacier tenu par une famille italienne. Ils font des glaces, des sorbets, des desserts glacés, des milk-shakes, des crêpes, gauffres, boissons chaudes ou froides. J’ai passé l’entretien pour être serveuse auprès de l’une des deux patronnes Mme Beatrice. L’entretien a été concluant et la patronne n’a pas manqué de me dire que la devise c’est le sourire, être toujours souriante avec les clients, polie et gentille. Le glacier était géré par les deux petites-filles du propriétaire Mme Béatrice, l’aînée et Mme Olive la cadette avec leurs maris.
Après quelques jours de formation à comment porter un plateau, enregistrer les commandes sur des tablettes, mémoriser les numéros de table, servir les clients sans se tromper de table, j’étais prête. Les deux premières semaines, je faisais le service en journée de 8h à 16h. Dès mon arrivée, je commençais par le nettoyage du restaurant. Puis après je commençais le service. En matinée, il y avait peu de clients. La plupart des vacanciers arrivaient en grand nombre dans les après-midi à partir de 14h et le glacier pouvait fermer vers minuit en soirée. En journée, en plus d’une des patronnes, il y avait juste quatre serveurs, les après-midi et la soirée il y avait une dizaine de serveurs à cause du grand nombre de clients. Il y avait des rotations pour que chaque serveur, tous des étudiants, puisse faire huit heures de services. Au début de mon service, j’avais souvent mal aux bras et aux pieds d’avoir tenu des plateaux et d’avoir beaucoup marché mais après je me suis habituée et j’aimais bien ce job surtout que les patrons nous offraient souvent des crêpes avec des glaces, hummmmmmmm un pur délice !
Un autre des principes du glacier était la mise en commun des pourboires reçus par tous les serveurs et le partage équitable des pourboires entre tous à la fin de chaque semaine. Après deux semaines de service en journée, j’ai été affectée au service de l’après-midi. Avec tous les clients qu’on recevait, j’avais beaucoup de pourboires. Une fois, un soir à la fin du service, j’ai remis une partie des pourboires et j’ai gardé le reste. J’ai agis ainsi durant trois jours. Le quatrième jour le matin, en faisant ma prière, ma conscience m’a dérangé. En lisant la bible, je suis tombée sur les dix commandements dans Exode 20, 2-17 et particulièrement le verset 15 qui dit « Tu ne commettras pas de vol ». Par rapport à ce verset, deux voix parlaient en moi :
- Voix 1 : les pourboires que tu gardes pour toi, c’est du vol
- Voix 2 : non ce n’est pas vrai. Tu as travaillé et tu le méritais
- Voix 1 : tu as trouvé des principes dans ce glacier et respecter une partie du principe revient à ne pas le respecter
- Voix 2 : est-ce que tu penses que les autres-là ne font pas comme toi ? c’est le fruit de ton travail, tu as le droit d’en jouir. Et puis qui t’a vu ? qui saura ?
- Voix 1 : même si personne ne t’a vu, Dieu voit tout. Ne dit-il pas qu’il attend de ses enfants d’être fidèle dans les petites choses ?
- Voix 2 : pense à toutes les belles choses que tu pourras t’acheter avec cet argent
- Voix 1 : N’est-ce pas que Dieu a toujours pourvu à tous tes besoins ? N’est-ce pas lui qui t’a donné ce travail ? N’oublie pas qu’Il faut agir pour honorer le Seigneur dans tout ce qu’on fait. Demande toi comment Jésus aurait agi dans ta situation ?
- Voix 2 : Ne l’écoute pas n’est-ce pas que dans la bible, la plupart des héros étaient des pêcheurs et avaient des défauts ? David, Jacob….
- Voix 1 : qui est ton modèle ? N’est-ce pas Jésus ? De plus Hébreux 13 :5 nous demande de ne pas nous livrer à l’amour de l’argent, de se contenter de que nous avons car Dieu prend soin de nous.
Après tout cela, j’ai décidé d’écouter la première voix qui était certainement celle du Saint Esprit. J’ai demandé pardon au Seigneur d’avoir agi par égoïsme. Et le lendemain, lors de la remise des pourboires, j’ai restitué tout ce que j’avais pris. En fin de semaine, chaque serveur a eu une partie des pourboires de la semaine. En recevant ce qu’on m’a donné, j’étais contente car c’était le fruit de l’honnêteté de ma part, une victoire sur la tentation du vol, de l’égoïsme et de l’avarisme.
Une fois en après-midi, un couple avec ses trois enfants sont venus au Glacier. Ils ont passé leur commande et je les ai servis. Il y avait une grande foule de clients. Le mode de paiement des factures était soit par carte bancaire soit en cash. Le couple a réglé en cash. Je suis allée avec le montant remis à la caisse puis je suis rentrée leur restituer le solde. J’ai continué mon service. Mais quelques minutes après, l’une des patronnes m’appelle. J’arrive et elle me dit que les clients, le couple en question qui était devant elle, se plaint que je leur aurais donné un montant inférieur à ce qui devait leur être retourné. J’étais surprise car je n’avais même pas vérifié le montant rendu. J’avais juste pris ce que le caissier m’a donné et je leur avais apporté. J’ai essayé de m’expliquer mais le monsieur a commencé à m’engueler et a me traité de « négresse voleuse ». J’étais tellement choquée et en colère. La patronne les a calmé et leur a donné le montant qui soi-disant manquait. Lorsqu’ils sont partis, je suis allée m’enfermer dans les toilettes. J’étais en colère contre eux et choquée par ces propos racistes. Puis je suis sortie et je suis allée voir la patronne. Elle m’a dit de continuer mon travail avec sourire et nous allions discuter à la fin de la soirée. En fin de soirée, j’ai discuté avec ma patronne :
- Elle : Marie, pourrais-tu m’expliquer ce qui s’est passé
- Moi lui racontant tout ce que j’avais fait
- Elle : ok je te crois. Depuis que tu as commencé à travailler avec nous, aucun client ne s’est jamais plaint. Je suis désolée pour les propos désobligeants de ces clients. Ne garde pas cela dans ton cœur. La leçon à retenir c’est de toujours compter le montant rendu à la caisse avant de l’apporter aux clients, d’accord ?
- Moi : oui madame
- Elle : ok tu peux rentrer maintenant, à demain, bonne nuit
- Moi : merci madame, bonne nuit également
En rentrant ce soir-là à pied, parce que j’avais raté le dernier funiculaire de la soirée, je regardais les étoiles. J’avais l’impression par leur éclat qu’ils reflétaient l’amour et la présence de Dieu pour moi. En marchant, je demandais à Dieu d’enlever dans mon cœur la colère et la haine que j’ai eu pour ce couple avec leurs propos racistes. Puis la paix de Dieu m’a envahi et j’ai remercié le Seigneur que ma patronne ait cru en moi et m’ait gardé pour ce job.
Les vacances c’était aussi de nombreuses sorties. Mes camarades de classe qui n’avaient pas voyagé m’ont invité plusieurs fois à aller danser. Après plusieurs refus, et face à leur grande instance, j’ai finalement accepté d’aller avec eux en boîte de nuit un soir où je ne travaillais pas. Dans ma tête, je me disais « j’espère que cette fois-ci je n’aurais pas encore la diarrhée hein comme à Kinshasa la fois où j’allais sortir avec ma cousine ». Le soir en question, autour de 22h, nous sommes allés en boîte en bande de dix camarades. Dès que nous sommes entrés, il y avait trop de fumée, des jeunes qui prenaient l’alcool, de filles habillés avec des bouts de vêtements, des gens qui se trémoussaient sur la piste de danse avec des garçons qui collaient les filles comme le super-glu, la musique faisait boom boom et je le ressentais dans les jambes. C’était effrayant ! Pourtant tout le monde semblait à l’aise dans ce milieu. Nous avons trouvé un carré où s’asseoir et chacun a commandé des boissons. Je me suis contentée d’un coca et je regardais les autres. Tous mes camarades sont allés dansés sur la piste et moi je me contentais de les regarder. J’étais tellement mal à l’aise qu’au bout d’une heure, j’ai prétendu avoir très mal à la tête et je suis sortie. Quel soulagement d’être à l’extérieur de cette boîte ! Pourtant j’aime danser mais je pense que les boîtes de nuit, c’est pas mon truc !
A un moment, le travail au glacier était tellement prenant que j’étais tout le temps fatiguée. Je rentrais tard (au-delà de minuit). Au retour, je n’arrivais pas à dormir et je restais éveillée jusque 6h et après je dormais quelques heures. Au réveil, je devais nettoyer mes tenues de serveuse, préparer, manger et vers 13h commencer à me préparer pour aller au glacier. J’ai dû consulter mon médecin traitant qui m’a expliqué que j’avais des troubles de sommeil et m’a prescrit des somnifères à prendre dès le retour du boulot. J’ai pris ces médicaments quelques jours mais après j’ai arrêté pour ne pas m’y habituer. Toutefois durant ce temps, j’avais relâché un peu avec la prière. Je n’arrivais plus à passer beaucoup de temps dans la prière et la méditation de la parole. J’ai contacté ma copine Annie pour le lui expliquer et elle m’a dit :
- Marie, la prière peut avoir plusieurs formes. Tu peux décider de prendre juste un verset de la bible et de la répéter dans ton cœur même durant ton service. Ou tu peux tout simplement chaque heure dire « Jésus je t’aime ». Quand tu rentres, si tu ne trouves le sommeil et que tu as la paresse de lire ta bible, alors écoute la musique chrétienne, laisse-toi emporter par les paroles et tu peux prier à partir des chants
Je lui ai dit merci et j’ai commencé à appliquer ses conseils.
Finalement les vacances d’été se sont bien passés. Après deux mois et demi de job d’été au glacier, j’ai pris deux semaines pour profiter des vacances. Avec Agnès, nous sommes allés à Paris. Mon ami Jean s’est chargé de jouer le guide touristique et nous a fait découvrir quelques lieux cultes de Paris : la célèbre tour Eiffel, l’Arc de Triomphe, les champs Elysées, le musée du Louvre, la cathédrale Notre Dame de Paris ….. C’était des beaux moments. Mais j’ai trouvé la vie à Paris stressante : les transports, le style trop « speed », beaucoup de gens partout à tous moments, le traffic routier et les embouteillages, les prix élevés … Après une semaine, nous sommes rentrés à Lyon. Décidément, je préfère ma ville de Lyon, plus calme et tout aussi belle !