
Chapitre 9
Ecrit par Spice light
Chapitre 9 – Séparation
- Marguerite IYOMBE -
— Je ne comprends pas pourquoi tu veux laisser mon petit-fils à ces gens-là.
— Ce ne sont pas des inconnus, papa. C’est son père.
— Peu importe. J’ai un mauvais pressentiment.
— Papaaa, je sais que tu es amoureux de ton “homo”, il reviendra.
— Ton père a raison, Maguy.
C’est vrai que c’est son père et que tu le connaissais avant . Mais tu n’es jamais parti où il vit . Comment est sa femme ? Si c’est pour me faire souffrir le mari mieux il reste ici.
— Je comprends votre inquiétude. Moi non plus, je n’ai pas envie de me séparer de mon fils. Mais il faut penser à son bien-être. Aujourd’hui, il ne pose pas de questions… mais que sait-on de demain ?
— On te regarde seulement. Mais s’il ose venir sans sa femme, mon petit-fils ne partira pas. Vous vous apprêtez à vous installer à l’étranger, et tu veux envoyer ton fils sans aucune garantie ?
— C’est justement une raison de plus pour qu’il rencontre son père, papa. Quand nous voyagerons, le billet coûtera plus cher que cette rencontre.
— Que Dieu le protège simplement, dit maman Jeane en quittant le salon.
Yoan est leur premier petit-fils, né sous leur toit. Ils sont contre son départ chez son père. Et le principal concerné ne veut pas partir non plus. Yoan est capricieux. Autant qu’il parte déjà, et qu’on passe à autre chose.
Quelques jours plus tard…
La réunion vient de prendre fin. Victor et sa femme se sont entretenus avec papa et maman Jeane. Ils ont promis de le ramener à la fin des vacances.
C’est la première fois que je me sépare de mon fils… mais c’est pour une bonne cause. Le projet de voyage date de plusieurs années. L’étranger, c’est un luxe ; il nous a fallu trois ans pour le concrétiser. Je vais m’installer au Canada avec mon fils. Avec Steve, on s’est arrangés pour qu’il nous rejoigne dès que possible.
- Victor FOKE -
Voir mon fils en face… ça me réchauffe le cœur. Il me ressemble tellement. Et il est déjà trop maniaque et direct pour son âge. Ce seront des vacances de folie.
— Allô Maguy, bonsoir.
— Bonsoir Victor, vous êtes déjà arrivés ?
— Oui, on est à la maison. Tiens, Yoan, parle à maman.
— Maman ?
— Oui, Yo-Yo, tu as fait bon voyage ?
— Oui… Je rentre quand ? J’aime pas ici, maman.
— Chéri, on s’était entendus : tu passes les vacances avec papa, et ensuite tu reviens chez nous. D’accord ?
— Ah non maman, je veux plus.
— Yoan ! (elle le dit fermement)
— …Oui. (voix timide)
— N’est-ce pas toi qui dis toujours que les enfants n’interfèrent pas dans les affaires des grandes personnes ? Tu restes là-bas jusqu’à la fin des vacances. D’accord ?
— Ok, maman.
Il me rend le téléphone et s’installe dans son coin. Je raccroche et appelle tous les enfants.
— Yoan, je te présente ta grande sœur, Light.
— Enchanté, Yoan.
— Merci beaucoup.
— Et elle, c’est Mine, ou tu peux l’appeler “la mienne”. Ta deuxième grande sœur.
— Hum, le petit prince est dans la place, dit Mine en dévisageant son frère, tout timide.
— Mine ! je la gronde fort.
— Hum, j’ai rien dit, hein ! Elle tord sa bouche, cette enfant.
— Lui, c’est Sun, un de tes frères. Tu as aussi un grand frère, mais il ne vit pas avec nous. C’est le grand frère de tout le monde, et votre grand cousin, il vit en Belgique.
— D’accord papa, dit Yoan en fixant Sun dans les yeux. Un petit défi silencieux s’installe entre les deux. Après trois longues minutes, c’est Sun qui détourne le regard.
— Et enfin, voici Ivy, votre différence d’âge n’est que de 11 mois.
— Bonsoir Ivy.
— Ehh, faut dire yaya ! reprend-elle aussitôt.
— Bon, trêve de bavardage. Sun, prends la petite valise, tu dormiras avec ton frère. Les filles, vous pouvez y aller.
Je tire moi-même la grande valise et range ses vêtements. Maguy a du goût, franchement. Moi qui croyais que la petite valise contenait encore ses habits… Je découvre plutôt des chaussures de qualité. Normal, avec un grand-père ex-sénateur.
Je vais me jeter dans mon lit. Elsa est partie directement à l’hôpital. On aurait dû rentrer hier, mais on a dû présenter le nouveau membre de la famille à ses grands-parents paternels.
Le lendemain matin, je suis réveillé par du bruit dans la chambre des garçons.
— Sun, je te dis de t’excuser ! tonne la voix de Light.
— Moi ? M’excuser auprès d’un gamin qui n’a même pas l’âge de ma petite sœur ? Jamais !
— Que se passe-t-il ici ?
— C’est Sun, il s’est permis de piétiner Yoan pendant son sommeil !
— Sun ?! (je gronde, plein de colère)
— Papa… (il baisse la tête)
— Excuse-toi. Et tout de suite.
— Excuse-moi… (il le dit en le regardant de travers)
— La prochaine fois, je ne te laisserai pas faire, répond Yoan, calmement.
— Bon. Que chacun vaque à ses occupations.
Ça s’annonce brutal ici… Heureusement que Light est là. Mais elle partira bientôt : elle veut faire de l’informatique, et il n’y a pas d’université spécialisée ici. Elle devra déménager.
À la fin des vacances, j’ai inscrit mon fils dans un internat. Il ne rentrera pas chez sa mère. Elle a profité de lui pendant sept ans. C’est à mon tour.
J’aurais voulu qu’il vive ici avec nous, mais le comportement de ses trois petits sorciers m’exaspère. Et Elsa ne fait rien pour les recadrer. Alors, internat.
J’ai changé de carte SIM. Comme ils n’ont pas le numéro d’Elsa, ils ne pourront pas appeler.
— Yoan ?
— Oui, papa ?
— Dès demain, tu iras vivre à l’internat. C’est là que tu continueras l’école, d’accord ?
— Pourquoi je ne rentre pas chez maman ? demande-t-il d’une voix tremblante.
— Tu as assez vécu avec maman. Maintenant, tu vivras avec papa, jusqu’à nouvel ordre. Ta maman s’appelle maman Elsa, ton papa, papa Victor. Et toi, tu t’appelles désormais Joan. Compris ?
— Oui…
— Bon, file dans la chambre.
Je lui ai changé de prénom. J’aurais voulu modifier même son nom, mais sans l’acte de naissance, c’est compliqué.
Je sors voir une petite avec qui je m’entends bien. Je lui remets l’argent pour préparer le panier de mon fils. Joan est compliqué niveau alimentation, je l’ai précisé à sa nouvelle école. Ce panier les aidera à mieux le gérer.
Maintenant, je me sens complet. Joan MUAMBA FOKE est uniquement à moi. À personne d’autre.
Pourquoi cette décision ? Je ne sais pas. Ça m’est venu sur un coup de tête, tout simplement.