CHAPITRE I

Ecrit par Bicht

Qu’est-ce que je peux vous dire sur ma famille. Mon père, Me Francis Yao,75 ans, ma mère, Mme Yao Adjoua née Yao,65 ans, l’aîné de notre fratrie, Marie Joseph Famien, 43 ans, Calixte Kouadio, 41 ans, Akissi Anna, 39 ans, Junior Kouadio, 37 ans et moi, Aniela Mokan Marie Yvette, 35 ans. Vous remarquerez qu’aucun d’entre nous ne porte le nom de famille de mon père à part ma mère. Choix de mon paternel. On ne devait jamais lui faire honte, on marchait au pas et à la lettre. Education stricte et surtout religieuse.

 

J’ai quitté mon pays à 26 ans en catastrophe et fâchée contre mes parents. Faut pas suivre hein : j’étais le genre à être vulgaire que dans ma tête et à accepter tout de la part de mes parents sans rien dire. Ils ont même choisi le domaine professionnel dans lequel j’allais m’épanouir et je l’ai accepté bouche fermée. J’ai fait une dépression à 20 ans à cause d’une relation d’ado ; je suis chrétienne pratiquante (je le suis toujours) et moi, j’ai épousé l’idéologie selon laquelle, les relations sexuelles sont pour le mariage. A 20 ans, lorsque tu dis ce genre de chose, on te regarde l’air de penser : « tu n’es pas un peu folle » et, c’est comme cela qu’après 3 ans de relation, je me suis faite larguer. J’étais amoureuse, j’avais même déjà pensé aux prénoms de nos futurs enfants. Résultats du largage :

-j’ai raté mon année

-Nana m’en a voulu car je mettais en péril « la réputation de sa famille » (on a fait la même école toutes les deux. Tout au long de son cursus, elle n’était que prix. Elle était une légende car personne n’a eu le même parcours qu’elle)

-Junior s’en foutait, il avait son internat de médecine. Je tiens à préciser que tous mes frères ont décidé de faire médecine et que seulement ma sœur et moi avions fait une école formant pour l’expertise comptable. Héhéhé qu’est-ce que vous croyez ?? Je ne suis pas qu’un tonneaux vide, même si cette année-là, c’est comme cela que je me suis sentie

-mon père m’en a voulu parce que je gaspillais son argent et qu’il ne gaspillerait plus un sous pour une moins que rien (c’était le premier et seul échec scolaire que j’eu)

-ma maman, elle, je crois je lui ressemblais avant : à toujours compatir mais n’a jamais voulu contrariée mon père. Elle m’a juste embrasé et m’a dit que je pouvais faire mieux.

Seuls Marie Joseph et Calixte s’en sont inquiétés. Après des larmes et milles et une explication, ils ont décidé de « me faire confiance et de me soutenir ». J’ai essayé de reprendre goût à la vie pour eux. Ça n’allait pas mais j’ai tenu bon jusqu’à l’obtention de mon master et Calixte qui connaissait le DAF d’une banque basée au Mali m’a dégoté un entretien d’embauche ; je l’ai réussi et une semaine avant mon départ, 2 femmes, zélées ont débarqué chez mes parents, me traitant de tous les noms d’oiseaux possibles, et ajoutant que je ne suis qu’une pauvre fille qui court après le mari d’autrui. HHHHEIIINNN ?? Moi Nini ?? J’ai pleuré, juré que je n’avais rien fait. Mon père a préféré croire des inconnues, Nana riait, Junior comme d’habitude s’en foutait, ma mère a pleuré avec moi jusqu’à ce que mon père lui dise : « tu n’es pas sa mère. Arrête de pleurer pour elle ; tu n’es pas une pute toi » avant de rajouter me concernant : « tu n’as plus de famille ici, va-t’en. J’ai ravalé ma fierté, me suis traînée à ses pieds, jurée que je n’étais coupable de rien. Il me dépassa, sans un regard, sans une parole.

C’est comme cela que mes frères ont organisé mon départ pour Bamako. J’ai quitté mon pays et ma famille pour un autre pays, le cœur en peine et en proie à la rancœur. C’est ainsi que mon caractère s’est plus affirmer et la cigarette un allié de taille.

ANELIA