chapitre six
Ecrit par Pegglinsay
Cela fait deux semaines que j’ai pris le travail. Je ne sais pas si c’est l’excitation mais je ne ressens pas de la fatigue jusqu’ici. Dès mon arrivée, j’ai fais la connaissance des membres de la direction de l’établissement, sauf l’assistant du directeur qui est en Angleterre pour un master en sciences économiques. D’après les dires d’un employé, il lui reste trois mois avant de retourner au pays. Pour le moment, mon travail consiste à assimiler les différentes tâches que je dois m’occuper.
Les employés sont assez charmants et je me suis déjà fait une amie. Elle s’appelle Emy, elle est plus âgée que moi (quinze ans de plus), mariée et a trois enfants ; des jumelles et un garçon ; elle est la secrétaire du directeur. C’est une femme charmante et bavarde en plus. Elle détend toujours l’atmosphère quand elle est dans les parages.
On s’est rencontré dans le bus, le chauffeur était passé la prendre, elle et ses enfants puisqu’ils fréquentent l’école. Elle travaille ici depuis huit ans déjà et me dis qu’elle n’a jamais eu de problème sauf quand elle était enceinte de son fils. Elle n’était pas en forme et avait du être remplacée temporairement par quelqu’un d’autre pendant six mois. Elle est drôle, inspire la confiance et te mets a l’aise dès votre première rencontre. Je peux dire, grâce à Dieu, tout va pour le mieux.
Du côté de David, on n’était plus en froid mais ça se voyait que quelque chose le tracassait. Je lui avais fais cette remarque il y a une semaine mais il m’a dit de ne pas m’inquiéter. Ben…. J’ai pris ses paroles à la lettre et essayé de ne pas y penser jusqu’à ce matin, où, il m’a appelée de très tôt pour me dire qu’il avait une chose importante qu’on devrait discuter. J’ai commencé à me faire des films dans ma tête mais j’ai du me concentrer sur mon travail pour ne pas tirer des conclusions trop hâtives. Il était vendredi et c’était l’anniversaire d’Emy. Le staff avait cotisé pour lui donner un cadeau et j’ai été celle choisie pour faire l’achat. Je lui ai pris un beau sac de Louis Vuitton et un collier artisanal puisqu’elle aime en mettre.
La journée se passait sans encombre. On a fait une petite fête surprise pendant la pause de trente minutes qu’on avait. Puis l’assistant du directeur lui a fait un coucou sur Skype pour lui souhaiter joyeux anniversaire. Ça se voyait que ces deux là étaient proches. Il l’appelait tante Emy et elle mon fils.
Vers les midi trente, je laisse le bureau et passe récupérer mes enfants. Trop fatiguée pour faire à manger, je suis passée dans un petit restaurant et on a pris du poulet braisé et des frites pour mes fils. Je n’avais pas trop faim puisqu’il y a un cafeteria à l’école. Rentrés à la maison, je les aide à faire leurs devoirs puis les laisse se vautrer devant la télé.
Il était déjà vingt-une heure, les enfants étaient déjà au lit malgré leur protestation. J’avais hâte de parler à mon mari, je fis l’appel vidéo en étant assise sur le lit de Nicolas. Les deux voulaient parler à leur père.
- Mon amour, comment tu vas ?
- Plus ou moins ma chérie, toi et les enfants ? ça va ?
- On se porte bien. Je vais te passer tes fils, ils ont très envie de te parler.
Je leur passais le téléphone et en profite pour aller me rafraichir à la cuisine. J’y retourne et prends le téléphone après avoir laissée aux enfants le soin de dire bonne nuit à leur père. Je me dirige dans ma chambre et m’assois sur le lit.
- Léa, j’ai quelque chose d’important à te dire et cela, je sais déjà ne va pas te plaire mais je te demande d’être compréhensif mon amour.
Il prit quelques secondes et continue :
- Je peux te dire que… cela n’est pas facile mais je suis prêt à tout faire pour vous avoir prés de moi a l’endroit ou je suis...
- Tu me fais peur David ! Mon chéri qu’est-ce qu’il y a ?
- Chérie, cela fait plus de six mois que je cherche à me régulariser et pour le moment ça n’aboutit à pas grand-chose… Ce gouvernement ne donne pas aux immigrant l’opportunité de rester et de devenir résident dans leur pays… Donc ma grande peur c’est d’être chassé ici comme un malpropre… Tu sais que j’ai pas dans mes plans de retourner vivre au pays mais…. Pour le moment j’essaye de tout tenter pour avoir le papier mais rien ne marche... La seule chose qui semble être une solution maintenant dear c’est de me marier. Je sais que….
Dès qu’il avait prononcé le mot «marier » j’avais perdu le fil de la conversation. J’avais le pressentiment que quelque chose allait nous tomber sur la tête et ce quelque chose était arrivé.
Il m’arrivait de penser à cela, puisque c’est un fait qui se produit souvent dans notre société mais je me disais que notre couple n’allait pas traverser cette épreuve. J’ai peur de perdre mon mari. Ce n’était pas la première fois que j’entendais des maris abandonnés leurs femmes et enfants au détriment de la nouvelle famille qu’ils ont dans leur pays hôte. Ça c’était trop, je n’en pouvais plus ! David va devoir fait un choix ; rentrer ou se marier et nous oublier.
- David n’y pense même pas !
- Léa attend ! Laisse moi t’exposer les faits…
- Tu sais quoi ? Je ne suis pas d’accord… Tu oublies que t’es déjà marié et...
- Dear…
- Laisse moi te dire quelque chose ; je n’en peux plus David ! Je suis celle qui se demerde pour presque tout ici avec les enfants. Quand tu avais décidé de nous laisser, j’étais pas d’accord mais je comprenais ton choix. C’est pour cela je ne me suis pas opposée à cette époque. Apres ces années sans trouver de travail je savais que c’était dur de rester à la maison à ne rien faire et d’être à la merci des autres. Mais là, je n’en peux plus. Qu’est-ce que tu vas me dire ? Tu vas te marier et après avoir trouvé les papiers tu vas divorcer !! Puis on pourra aller te retrouver. Moi je dis NON ! J’ai pas envie d’entendre tes arguments David !! Sois tu te maries sois tu nous oublies, dis-je en criant.
David
Je suis resté sans voix en écoutant ma femme me crier dessus. Je savais qu’on allait se disputer a cause de ca mais je ne m’attendais pas a ce qu’elle soit si catégorique. Je ne savais quoi faire. Je l’écoutais exprimer ses frustrations, sa colère et ses peurs. Je la comprends, elle a peur de me perdre mais comment lui dire que cela n’arrivera jamais, je l’aime trop, l’oublier ce sera perdre mon identité, une moitie de moi-même, perdre mon ultime but dans la vie ; la rendre heureuse. Je ne savais quoi répondre face à tout cela.
- Chérie, écoute-moi je t’en prie !!! J’ai passé plusieurs mois à faire tout ce que je pouvais pour pourvoir ne pas arriver à ce choix extrême. Mais tout a échoué et maintenant je risque l’expulsion Léa !!!
- Cher époux je t’ai entendu et j’espère également que tu m’as entendu. Je t’ai demandé de faire un choix et je vais te donner du temps pour le faire. Tu nous choisis ou tu choisis tes papiers de résidence. Tu sais ce que je vais faire ? Je vais te donner du temps pour te décider. Tu pourras m’appeler quand tu auras pris une décision. Sur ce, bonne soirée David !
- Léa ! Léa !
Elle venait de me raccrocher au nez et c’était la première qu’elle me faisait un coup pareil. J’ai essayé de l’appeler mais sans succès. J’étais debout dans ma chambre entrain de cogiter sur le choix que je devrais faire pour ne pas perdre les personnes qui me sont chères.