chapitre trente-deux
Ecrit par Pegglinsay
Valencia
Je mets la table et attends que les filles terminent de se préparer. Aujourd’hui j’ai invité leur père à venir manger avec ses filles. Entre moi et lui c’est toujours froid mais je suis devenue raisonnable. Je sais qu’au début je voulais la garde des enfants rien que pour moi mais c’était un acte égoïste car Karim a toujours été un bon père. Cela fait trois semaines qu’on s’est vu au tribunal puis il a passé quinze jours au States pour voir son frère Djamal qui ne se porte pas trop bien à ce qu’il parait. Comme il voulait voir les filles, j’ai organisé ce diner. J’entends le son de la sonnette retentit dans la maison puis je demande à mon aînée d’aller ouvrir, sachant que c’était leur père puisqu’avant de monter il m’avait envoyé un sms me disant qu’il était au sous-sol, dans le parking.
- Papa !
- Bonsoir mon ange ! (il pris sa fille dans ses bras et demande) où sont les autres ?
- (Elles arrivent en courant) Tu nous manques papa ! se plaigne Ivy.
- Vous me manquez aussi mes chéries !!!!!!!
Puis les autres sont venues se jeter dans ses bras et criant. Je les regarde et mon cœur se pince. J’ai été conne au point d’être celle qui a brisé ma famille. Il lève enfin les yeux vers moi et me salue. Je lui réponds et passe à la salle à manger.
- La table sera prête dans cinq minutes, leur dis-je.
- D’accord, me répond-il en se laissant tomber sur le canapé avec les filles qui lui posent des tas de messages.
- Tu nous as rien apportées ? demande Claudia.
- Lol ! puisque vous seriez demain chez moi alors vous les aurez…
- Mais pourquoi tu n’es pas venu avec papa ?
- C’est pour être sur que vous seriez à la maison, lol
- On y sera… pas vrai maman, cria Claudia depuis le salon.
- Bien sur que oui ma chérie!
Le diner se déroula bruyamment avec les filles qui n’ont pas arrêté de raconter à leur père ce qu’elles ont fait pendant les jours qu’ils ne se sont pas vu. Je les regardais sans rien dire et souris de voir mes filles heureuses.
Trois heures s’écoulèrent, après que leur père les a préparées à dormir puis il vient me rejoindre dans la cuisine entrain d’essuyer les assiettes et couverts. Il prend un autre torchon et m’aide en silence. Tous essuyés et rangés, je prends les torchons et les mets à sécher.
- Comment va Djamal ?, lui demandai-je pour briser le silence.
- Il va de mieux en mieux et pense retourner au pays dans quelques semaines.
- Ah ok. Et les autres ?
- Ils vont bien.
Puis on a rien dit pendant un bon moment. Je termine de ranger la cuisine et il me suit dans le salon où on prend place pour discuter avec un verre de vin en main.
- J’ai signé les papiers, dis-je tout de go.
- (il me regarde mais ne dit rien)…
- Ce matin je les ai remis à mon avocat alors… on attend la suite.
Il ne dit toujours rien mais me regarde avec un air que je ne pourrais déchiffrer. Je voudrais bien qu’on essaie de recoller les morceaux mais cela ne peut pas partir dans un seul sens. Je sais que Karim ne veut plus de moi et je ne veux pas le forcer. Pendant ces quelques jours j’ai appris à être réaliste et de m’y faire.
- Tout se passe bien au travail ? me demande-t-il comme si je ne venais pas lui dire que j’avais signé les papiers de divorce.
- Ça peut aller (je marque une pause) Je ne compte plus aller à New-York pour le stage.
- Ah ! Tu disais que cela comptait beaucoup…
- Oui mais j’ai d’autre priorité en ce moment. J’étais sur une mauvaise pente que j’essaie de dresser alors… me voila libre pour les vacances d’été des filles.
- (il sourit et secoue la tête) Je comprends… Je compte prendre un autre appartement plus large pour pouvoir héberger les filles pour l’été. Mais pour le moment, c’est un peu difficile de trouver un qui me plait et qui soit accessible pour les enfants.
- Il te faut au minimum trois chambres à coucher…
- Oui mais les prix sont tellement exorbitants que je suis sur le cul.
- Je pourrais t’aider !
- (il me regarde étrangement à croire que je n’ai jamais été gentille avec quiconque) euh… je te ferai signe si besoin, merci.
- Ok.
Un ange passa.
Il dépose son verre sur la table basse.
- Je crois qu’il est l’heure de partir, dit-il en se levant.
- Reste !
- Valencia je …
- Non…je veux dire qu’il est plus de 22 heures et demain tu seras ici de très tôt donc au lieu de faire un va-et-vient, je pense qu’il serait mieux que tu dormes ici comme ça demain tu pourras partir tôt avec les filles pour votre journée récréative.
- T’as pas faux…
- De plus, il te reste des vêtements que j’ai rangés dans un coin du placard. Donc… tu dis ?
- (il réfléchit un moment) d’accord je reste !
- Bien. Je vais de ce pas n’nettoyer la chambre d’ami.
- Ne te donne pas cette peine, le canapé me conviendra parfaitement.
- Sans blague Karim ! (je me lève) Je reviens dans cinq minutes.
***
Cela fait plus de dix minutes que je suis au lit et n’arrive pas à dormir. Je me mets sur le dos, ca ne va pas, je me tourne sur le ventre et c’est de mal en pire. Je n’ai qu’une envie, sachant qu’il est tout proche, c’est d’être dans ses bras. J’aimerais bien me faufiler dans son lit mais je connais Karim ; il peut faire un boucan pas possible et laisser la maison en mode furie. Et si ce n’était pas le cas ? je me lève et ne prends même pas la peine de passer ma robe de chambre sur mon pyjama assez transparent et court, et vais cogner à sa porte. une minute plus tard :
- Oui ? dit-il en ouvrant à moitié la porte.
- Je…je voulais savoir si tout va bien.
- (il me dévisage un moment puis sourit) ça va…ça va.
- Ah d’accord (je marque une pause) Tu as trouvé des serviettes?
- Oui j’en ai trouvé mais… il me manque quelque chose, murmure-t-il en me mangeant littéralement des yeux.
- (je mords ma lèvre inférieure) ah oui ?
- (il s’approche un peu plus de moi et ses yeux ne sont que dans mon décolleté) il me manque…(il sourit) il me manque…une brosse à dent. J’aimerais bien me brosser…
- Ah ! ben…je te l’apporte tout de suite, lance-je déçue de sa réponse.
Je lui rapporte une brosse neuve, il me remercie et ferme la porte sans m’adresser même un seul regard et moi je rentre dans ma chambre avec une tête de chien battu.
Daniel
C’est la deuxième fois que j’essaie de rejoindre Melissa au téléphone mais cela ne passe pas. Je sais qu’il devrait être à la maison à cette heure mais rien à faire. Je suis en route pour Grand-goave et me fais un peu de soucis pour elle puisqu’on s’est parlé depuis ce matin. Peut être que son tel est déchargé, peut être…
Je suis à la maison depuis une heure et toujours pas de nouvelle de ma chère femme. J’ai demandé a une voisine, avec qui on a l’habitude de discuter, si elle avait vu ma femme rentrer mais elle m’a dit que non. Je prends un bain et me change puis décide de me rendre à son travail. Arrive à l’hôpital on me dit qu’elle n’est pas retournée travailler après la pause déjeuner.
- Bon sang !
J’appelle une de ses amies que je connais, elle me dit qu’elle n’a pas de ses nouvelles depuis hier. Je soupire et me mets à réfléchir. Je monte dans ma voiture et décide d’aller chez une cousine de ma femme puisque je ne connais pas son numéro. Je suis en route quand j’entends mon téléphone sonné. Je ralentis et décroche sans même vérifier le numéro.
- Allo !
- …
- Bb c’est toi? Demandai-je.
- (j’entends un plainte comme une personne entrain de pleurer)…
Je me gare en catastrophe.
- Bb réponds-moi please !!!!! tu es où ?
- …
- Mel, on est des adultes alors si il y a quelque chose alors… on doit parler.
- …
Puis on a raccroché. Je regarde l’écran et cherche le numéro.
- Merde !! Un numéro masqué. Mais qu’est-ce-qu’elle me fait bon sang !!!
Je descends de la voiture et me demande si elle sait pour mon premier mariage, sinon je ne comprends pas pourquoi elle a disparu sans que je ne puisse avoir de ses nouvelles. De plus je suis plus ou moins sûr que c’était elle qui pleurait au téléphone.
- MERDE ! lançai-je en donnant un coup de pied à un pneu.
Je reste cinq minutes, assis sur le capot à cogiter puis remonte dans la voiture, direction chez moi pour réfléchir à ce que je dois faire.
***
Je me laisse tomber sur le lit avec un verre à la main et le téléphone dans l’autre. J’essaie encore une fois d’appeler Melissa mais je tombe immédiatement sur sa messagerie vocale. Je bois d’un trait mon verre de whisky et déposais le verre quand mon tel se mit à sonner.
- Mel chérie, écoute-moi.
- Désolé mais ce n’est pas ta petite bonne femme.
- (je retire le téléphone de mon oreille pour regarder l’écran mais c’est toujours un numéro masqué) vous êtes qui ? hurlai-je.
- On n’a pas le temps pour ces charabias. Si vous voulez revoir votre chienne de femme vous allez déposer 50 mille dollars à une adresse que vous aurez sous peu et que…
- C’est une blague j’espère !!!!, criai-je en me mettant debout.
- Ahahahahaha ! entendis-je deux hommes entrain de ricaner.
- Ou est ma FEMME??? je veux entendre sa voix et…
- Femen danw (ferme ta gueule) ! Tu ne peux rien exiger connard !!!! 50 mille ou ta femme en petits morceaux dans un grand sac devant ta maison. Tu as deux jours pour tout à jour . Et on ne veut pas de flics sur le dossier.
- Mais je…
Il raccroche et me laisse pantois. Je me passe une main au visage en me demandant ce que je vais faire.
- MERDEEEEEEEE ! j’envoie valser le verre au mur.