Chapitre X
Ecrit par Tiya_Mfoukama
Chapitre X
-Mais attends, donc à ton âge là, tu es toujours vierge ? Me demande Elodie l’air choqué
Je soupire blasée.
Elle ne m’écoute pas depuis tout à l’heure. Je lui ai portant raconté toute l’histoire !
-Alors d’une, ce n’est pas une tare d’être vierge à 26ans, et entre nous, j’aurais bien aimé le rester jusqu’au mariage, enfin bon. De deux, je ne le suis techniquement plus mais certains me considéreront comme l’étant encore et d’autres non. Tout dépend de la définition qu’on utilise
-Ton affaire est longue, dis-moi simplement, tu es vierge ou pas
-Non, je ne le suis plus...dans les faits
-Mais pourquoi avoir réagi comme une pucelle alors? Et ça veut dire quoi dans les faits ?
-Je te l’ai dit. Soufflé-je en repoussant le dossier posé sur mon bureau et ouvert à la même page depuis une vingtaine de minute
-Ma première fois, il y a cinq ans, s’est résumée à une pénétration. J’ai été prise de douleurs tellement intenses dès les débuts que je n’ai pas voulu aller plus loin. On a tenté deux autres fois et ça n’allait toujours pas, c’était même pire. On a pas insister et quelques jours après le dernier essaie, il m’a quitté.
-C’était un gros con. Lance-t-elle en grimaçant.
Je le sais aujourd’hui, mais à l’époque c’était pas si évident que ça. Ça ne m’a pas aidé de me faire plaquer parce que je n’arrivais pas à satisfaire mon copain.
Je n’avais déjà pas énormément confiance en moi, et cette rupture ne m’a pas aidé. D’autant plus qu’il m’a imputé, en totalité, la responsabilité de cette séparation.
-Tu as essayé de recommencer après lui ? Reprend Elodie
-Non, principalement parce que ça avait été dure de se faire larguer pour “ça”, et secondo, parce que j’étais par la suite complètement bloquée. Rien que l'idée me donnait des sueurs froides. Quand Shomari, a tenté...enfin tu vois, je pensais vraiment que cette fois ça passerait mais non.
-Et ça te fait énormément mal ?
-C’est insupportable. J’ai même tenté de serrer les dents, mais rien du tout.
Et ce n’est pas une métaphore. On a également réessayé à plusieurs reprises avec Shomari, et même les dents serrées c’était douloureux. J’ai fini en larmes la dernière fois. A cause de la douleur mais pas que.
Je me suis rendue compte que je ne lui apportais rien de particulier, et aujourd'hui je commence à crainte une éventuelle séparation.
Je suis bien avec lui et j'aime ce qu'il fait ressortir en moi, mais il faut voir l'évidence, qu'est-ce que lui gagne à être avec moi ? Rien.
Avec toutes les femmes qui constituent Brazzaville, sa situation et son physique, il a l’embarras du choix, il n’a qu’à se pencher et ramasser celle qu’il veut. Déjà qu’il me semble un peu plus distant ces derniers temps.
Oui, il m’avait averti qu’il aurait plus de travail pour les semaines à venir mais j’ai peur qu’il se serve de sa charge de travail pour s’éloigner un peu plus.
-Tu as consulté ton gynéco ? C’est peut-être une infection, une mycose ou quelque chose du genre qui se soigne
-Oui, je l’ai vu et, il m’a dit que ce n’était rien de tout ça. Selon lui, ce serait psychologique, et lié à l’estime que j’ai de moi, ou plutôt le manque d’estime, au stress, à l’anxiété et mon vécu. Il semble que tout cela me bloque et m’empêche de m’épanouir. Sauf que, j’arrive à faire abstraction de toutes les potentieles causes de blocage, qu’il m’a évoqué, lorsque je suis avec Shomari. Je me laisse aller sous ses baisers et ses caresses. Son diagnostique n’a donc aucun sens.
-Pas si sûr que ça. Peut-être que tu penses être en confiance mais que tu ne l’es pas vraiment. En tout cas, je ne sais pas trop quoi te conseiller, si ce n’est discuter avec Shomari. Je sais que tu as beaucoup de mal avec la notion de discussion mais c’est important. Informe-le de ton mal, de ce que tu as vécu dans le passé et de ce que le médecin t’a diagnostiquée et conseillée. Ensemble vous pourriez peut-être trouver une solution. Quoi qu’il en soit, il ne pourra pas se servir de ton mal pour te larguer comme l’autre lâche. Je connais mon bof, c’est un homme valable, il ne peut pas te laisser pour ça.
Et pourtant, j’ai bien peur que ce soit ce qui arrive dans pas longtemps
-Ne commence pas tes pensées négatives de dépressive là ! Lance-t-elle comme si elle lisait en moi. Parle-lui en et trouve une solution avec lui.
Je pouffe avant de me replonger dans le dossier qui se trouve sous mes yeux mais que je ne vois pas. Les lignes sont vagues et lorsque je force mes yeux à se concentrer, elles deviennent floues.
Ce n’est décidément pas la peine d’espérer bosser aujourd’hui, de toute façon, je ne comptais pas rester toute la journée au travail. Ya Tal m’a demandé de l’aider avec la préparation de la surprise party pour les 35 ans de ya Louis.
J’ai promis de lui apporter mon aide en cuisine et avec la décoration. Je vais l’appeler pour savoir où est-ce qu’elle en est. A défaut de pouvoir bosser, je pourrais lui permettre de prendre de l’avance en l’aidant.
Je compose son numéro et après l’avoir salué, je la questionne sur son emploie du temps, et son avancée. Elle est à la bourre, un peu hystérique et dégoûtée de devoir gérer les petits imprévus qui sont en train de s’enchaîner. Quand je lui annonce que je prends ma demi-journée pour pouvoir l’aider, j’imagine sans mal le large sourire qui doit étirer ses lèvres, et sens l’affection des bisous qu’elle m’envoie en signe de remerciements.
Après la minute d’effusion, nous revoyons le programme qu’elle s’était fait, et répartissons plus équitablement les tâches. Après quoi, je réunis mes affaires, remercie Elodie pour ses conseils et rejoins ya Tal chez elle avant qu’elle ne se remette à courir derrière les responsables des multiples imprévus.
La quasi-totalité des tâches que j’ai à faire est au niveau culinaire, ce qui n’est pas pour me déplaire. La cuisine est mon domaine de prédilection. J’ y entre, m’habille d’un tablier puis fais abstraction de tout ce qui m’entoure, de tous les évènements qui me tracassent, ainsi que de toutes les émotions qui régissent mes journées ces derniers temps, puis me mets à cuisiner.
Je ne vois même pas le temps passer tant je suis concentrée sur ce que je fais. Y’a pas mieux pour se relaxer. La cuisine et moi c’est une grande histoire d’amour. Plus jeune, je n’aimais pas trop sortir, jouer avec les autres enfants. J’aimais rester chez moi, près de ma mère, qui était pour moi la meilleure des protections. Elle passait beaucoup de temps en cuisine, et moi je passais beaucoup de temps à la regarder. Puis j’ai commencé à l’aider pour ensuite la remplacer. C’était avec plaisir que je le faisais. J’adorais et j’adore toujours émincer les aliments, la plupart du temps c’était les oignons, tandis que mes cousines se plaignaient toujours. C’est la répétition du même geste que je trouvais et trouve toujours relaxant. Ça avait et a toujours sur moi les mêmes vertues que plusieurs coups de poing dans un sac. A chacun ses méthodes pour évacuer
-Mayé tu as préparé tous les plats ?
Je me retourne vivement pour faire face à ya Taliane, qui balaie la pièce avec des yeux ronds, près à sortir de leurs orbites.
-Ah, je t’ai pas entendu entrer !
-Mais il ne fallait pas faire tout ça, c’est trop yaya !
Elle avance lentement devant chaque plateau de nourriture prêt. Certains sont recouverts d’aluminium, d’autres non. Elle pose les sacs qu’elle a en main dans un coin de la cuisine puis vient soulever l’aluminium de quelques plats.
-T’aurais pas dû.... Fallait pas. Répète-elle
-C’est pour mon beau frère, ça m’a fait plaisir de le faire.
-Je sais pas ce que j’aurai fait sans toi, petite soeur. Merci beaucoup.
Elle me tend ses bras et je vais m’y réfugier pour un super gros câlin. Ça m’avait manqué, ses câlins. Ya Tal est hyper câline et ce n’est pas moi qui vais m’en plaindre. Cette femme a un grand coeur et je suis bien contente de l’avoir dans ma vie. C’est le genre de personne qui sera toujours là pour toi même après des mois sans avoir discuté ensemble, ni même l’avoir vu.
-Bon, rentre chez toi et va te préparer pour ce soir
-Mais je devais t’aider pour la déco ?
-Avec ce que tu viens de faire, je vais pas te demander en plus de l'aider pour la décoration. Tu en as déjà trop fait !
-Mais ya Tal…
-Non pardon, regarde, on est bien, restons bien. Rentre chez toi, apprête toi et on se retrouve ici pour 20h30. Ne te néglige pas, Shomari sera là.
Je perds pendant un quart de seconde le sourire que j’affichais jusqu’à présent. Shomari sera là ? Oh.
Ce n’est pas si étonnant que ça, ils se connaissent, ya Louis et lui, et ont été amenés à travailler ensemble.
Là où se crée la surprise, c’est dans l’annonce de sa venue. Moi il ne m’a rien dit. Il ne me dépose plus au travail chaque matin, depuis qu’il a beaucoup de boulot, mais il s’est arrangé avec un chauffeur pour qu’il vienne me récupérer et me déposer chaque matin et chaque soir. Ca date d’il y a deux semaines, mais entre nous c’est comme différent depuis un mois, depuis la première nuit où nous n’avons pas pu…
Je crois qu’il est réellement temps de me faire à l’idée que je vais redevenir célibataire
*****
-Gars tu m’écoutes quand je te parle ?
-Honnêtement non. Ai-je répondu en calant mon téléphone entre mon oreille et mon épaule pour récupérer le costume que je vais mettre ce soir.
Je voulais être soft et ne pas me prendre la tête mais il y aura beaucoup de monde que je connais. On a le même cercle professionnel Louis et moi, je pense que Tal a dû en inviter quelques uns que je connais, puis on a aussi quelques amis en commun, que je retrouverai à coup sûr. Je vais jouer la carte du décontracté chic, total look noir et on va éviter la cravate.
J’avais pas spécialement envie d’y aller, avec tout le travail que j’abats ces derniers jours et la tension que j’emmagasine. J’aurai pas été contre une soirée dans ma chambre en tête à tête avec mon lit, et dans un profond dialogue horizontal avec mon oreiller, mais c’est Louis. Je lui dois bien ça
-Sale con, même écouter tu ne sais plus faire ?
-Fred, mon cerveau est programmé sur “tâche séquentielle”, je peux pas me préparer et t’écouter en même temps. Alors lâche moi deux minutes
-Gars c’est quoi toute cette agressivité, baise un coup c’est quoi ?
Justement, j’aimerai bien, cependant je ne peux pas. Pourtant j’ai un plan cul attitré, mais elle ne supporte pas ma queue. J’ai un plan cul avec qui je n’ai jamais eu d’histoire de cul, c’est quand même ironique !
-Ta soeur est dispo ?
-Enfoiré ! Trouve-toi une petite dans la ville, au lieu de zieuter sur ma soeur !
-... Disons que j’en ai déjà une mais... C’est compliqué
-T’es en train de me dire que t’es enfin maqué ?
-Non, je suis en train de te dire que j’ai une petite sous la main, mais c’est compliqué. Elle se bloque quand il faut y aller. Pourtant, elle semble réceptive quand on envisage de….merde mais pourquoi je te raconte ça ?
-Parce que je suis de bon conseil, que tu le veuilles ou non, ton subconscient me demande de l’aide et je vais te répondre en te disant que tu es peut-être trop pressé. Si tu me dis qu’elle se montre réceptive pendant l’échauffement, puis ne veut pas rentrer sur le terrain, c’est peut-être parce que tu la brusques, tu penses à ta queue, et pas à elle. Les femmes sont compliquées mais ils faut retenir une chose; plus tu feras attention à elle et plus tu recevras d’elle. Fais pas ton prépubère
-Ta soeur, ne m’a jamais comparé à un prépubère
-Ton cul, ma soeur ne peut pas se rabaisser à coucher avec un mec comme toi. On parle beaucoup pour rien,je barre ton nom de la liste, oublie mon appel.
J’éclate de rire sans retenu, en visualisant sa tête. Il pense que je rigole mais je suis loin de rigoler. Je me suis vraiment fait sa soeur, et pas qu’une fois. Ce ne serait pas judicieux de lui dire tout ça. S’il l’apprenait, malgré l’amitié qui nous lie depuis plus de dix ans, je pense qu’il chercherait à me tuer. Je me contente de sécher mes larmes de rire et lui présenter mes excuses.
-Arrête de jouer les petites fillettes vexées et ajoute mon nom, une partie de basket ne me fera pas de mal. Bon, je vais devoir te laisser on se rappelle.
-Okay, mais je te dis déjà, je vais te mettre dans une équipe de merde. Bye
Je souris en raccrochant parce que je sais qu’il est sérieux.
Je me dirige vers la salle de bains en repensant à ses paroles tout en analysant les fois où on s’est retrouvés allongés Mayéla et moi. Il a peut-être raison, j’ai peut-être pas été assez attentionné envers elle. D’habitude, je n’ai pas à l’être outre mesure mais j’oublie souvent que l’on est pas dans une situation habituelle. C’est Mayé, très réservée, assez silencieuse, et calme, ce n’est pas le genre de fille dont j’ai habitude… Je devais peut-être essayer une autre technique d’approche.
Durant ma préparation, je recherche la technique d’approche qui correspondrait plus à Mayéla, et ce n’est qu’une fois sur le pas de la porte, prêt aller chez Louis, que je la trouve: être vrai.
Je me suis cassé la tête pour rien, j’oubliais qu’elle n’avait pas besoin de faux semblants pour attirer l’oeil et qu’elle ne demandait pas à son interlocuteur d’en avoir avec elle. Elle ne demande rien de plus que du vrai, de l'honnêteté, je vais le lui en donner.
Lorsque j’arrive chez Louis, je suis surpris de voir Mayéla, dans une belle robe de cocktail noire, en pleine discussion avec Taliane. C’est vrai, qu’elles sont très amies j’aurais dû me douter que je la trouverai ici
-Tiens, je t’envoyais un message pour te dire que je serai ici ce soir. Dis-je en allant vers elle
-Ah.
Elle a l’air contrarié. Pour quelle raison ? Je ne cherche pas à le savoir durant la soirée, puisque je programme de rentrer avec elle et discuter comme il se doit.
La soirée se passe assez bien même si Mayéla passe son temps à m'éviter lorsque je vais vers elle. Je note dans un coin de ma tête qu'il faudrait aussi que je lui dise d'arrêter d'agir de cette façon quand elle m'en veut, et qu'elle vienne directement me parler.
Quand elle annonce à Taliane qu'elle veut rentrer et que Taliane lui suggère de rentrer avec moi, elle répond sèchement un :
-Non merci, je suis venue en taxi, je vais rentrer de la même façon.
Il me suffit d’un simple regard en sa direction pour lui faire comprendre que l’on rentrera ensemble.
Je prends mon temps pour saluer quelques collègues puis Tal et Louis avant de rejoindre ma voiture.
Je conduis avec une Mayéla silencieuse à mes côtés, qui ne prononce aucun mot jusqu’à ce qu’elle comprenne que je ne vais pas la déposer chez elle.
-Où est-ce que tu m’emmènes?
-Chez moi, on doit discuter.
Je n’en dis pas plus, elle ne me demande rien de plus.
Nous arrivons chez moi, accompagnés par le même silence qui a guidé notre trajet.
Je prends la direction de ma chambre et l’invite à me suivre afin que nous ayons notre discussion.
Je m’assois au bord du pied de mon lit tandis qu’elle décide de rester debout, en face de moi, appuyée sur la commode derrière elle.
Elle n’a toujours pas décoléré depuis que nous avons quitté Taliane. et Louis. Je laisse passer quelques secondes avant d’enfin lui poser la question:
-il semble qu’il y ait un souci entre nous et j’aimerais savoir de quoi il s’agit
Elle croise ses mains sur sa poitrine et se mord la lèvre inférieure. C’est un tic nerveux chez elle qui m’informe qu’elle est tracassée depuis un moment.
On dirait pas comme ça, mais j’ai appris en trois mois, à déchiffrer ses gestes, et ses tics et ça s’est avéré beaucoup plus bénéfique que de tenter de tirer quelque chose d’elle par la parole.
Elle ouvre la bouche pour la refermer puis l'ouvrir de nouveau
-Je… je préférerais que tu sois honnête avec moi. Commence-t-elle par dire. Que tu me dises clairement que c’est fini entre nous plutôt que de te comporter comme tu le fais ces derniers temps. Je ne vais pas t’en vouloir, tu as tout à fait le droit de mettre un terme à cette relation, mais tout ce que je te demande c’est de le faire honnêtement.
-D’accord mais je ne veux pas mettre fin à notre relation. L’idée ne m’est pas venue en tête. Je ne sais même pas sur quoi tu t'es basée pour tirer cette conclusion. Si c'est à cause de la distance nouvelle qu’il y avait entre nous et mon comportement, je te rappelle t’avoir informé de mon nouveau rythme de travail dû à un surcroît d’activité. Rien d'autre. Quant à ce que tu as sous entendu, sache que non, je ne me cacherais pas derrière le prétexte qu’on ait pas réussi à avoir des rapports sexuels ensemble pour rompre.
Elle est surprise de ma réponse, et agréablement. C’est le léger soupir qu’elle pousse et l’expression plus détendue de son visage qui me le disent.
-J’ai bien compris que tu avais du mal à dire les choses que tu ressens. Ai-je repris. Mais, je te demande d’essayer, parce que je n’aurais pas tous le temps le réflexe de chercher à interpréter tes silences ou les expressions de ton visage. Ça peut m’échapper parce que je suis fatigué, ne fais pas attention, ou je ne sais quoi d’autres et si on ne fait pas d’effort, de petits soucis pourraient ainsi se transformer en grands problèmes relationnels. Alors je t’en prie, parle.
Elle opine du chef et murmure un “tu as raison, je vais apprendre à le faire” avant de se terrer de nouveau dans le silence.
Je n’aime pas l’atmosphère qui règne dans la pièce, on dirait celle d’une salle d’audience, où il y a un jugé et un juge. Ce n’est pas dû tout sur cette note que je veux finir cette soirée et si tout se passe comme je l’ai prévu, elle ne se finira pas sur le même ton.
-Bien, maintenant que notre petit souci est réglé, je peux te demander une faveur ? Lui demandé-je en braquant mes yeux dans les siens
-...Quoi donc ?
-Tu peux te déshabiller, là maintenant ?
Ma requête semble la surprendre, d’autant plus qu’elle détonne avec l’atmosphère qu’il y a dans la pièce. Ça pourrait paraître étrange ce que je lui demande mais non, ça ne l’est pas. J’ai repensé aux propos de Fred durant le trajet retour et il s'avére qu’il avait raison d’une certaine manière. On était chez moi, mais j’ai suivi ses règles parce que je pensais qu’elle m’arrangeait alors qu’elle me desservait grandement. Ça m’était égal de coucher dans le noir tant qu’on couchait, mais je ne me suis pas rendu compte que c’était pour se cacher, et l’attention que je lui portais s’arrêtait lorsque je me sentais prêt. Ce soir, je veux un peu réparer ça.
-Que je me déshabille ? Répète-elle en enlaçant sa taille
-Oui
-Je n’ai pas envie de …
-On ne fera rien que tu ne veuilles pas faire... Je te demande juste de te déshabiller entièrement.
Elle resserre d’avantage son étreinte, en dandinant sur elle même, embarrassée.
Je ne sais pas comment j’ai fait pour rater ça. Ne pas voir tout ce stress, toute cette peur, je suis pourtant assez attentif.
-Pourquoi ? Demande-t-elle dans un murmure
-Parce que jusqu’à présent, je ne t’ai pas encore vu, si ce n'est dans la pénombre et que je veux te voir telle que tu es …. Tu sais qu’il n’y a que nous deux ici, et personne pour juger. Personne pour te juger. Me suis-je senti obligé de rajouter
-...
Je lui en demande beaucoup, je le sens dans son regard, et je m’attends à une réponse négative. Pendant plus de cinq minutes, j'attends l'argument qu'elle va me sortir pour ne pas le faire mais au lieu de ça, elle passe ses mains dans son dos et fait redescendre la fermeture éclaire de sa robe. Elle porte un magnifique ensemble bleu nuit satiné, avec de la dentelle noir brodée. J’aime beaucoup le rendu sur sa peau, ça l’éblouie un peu plus.
Le regard rivé au sol, elle observe la robe tombée à ses pieds, tout en retirant son soutien-gorge. Chacun de ses gestes, sont hésitants, maladroits et exécutés avec appréhension, mais elle ne s’arrête pas.
Lorsque ses seins sont libérés, elle a le réflexe de croiser ses bras sur sa poitrine, puis les retire lentement quand elle relève le visage...pour fixer un point à côté de moi, avant de baisser le regard de nouveau et retirer son boxer
Elle ne sait pas où placer ses mains.
Elle les croise sur sa poitrine, puis les décroise pour les poser sur ses hanches, et les retire aussitôt avant de les rejoindre, puis les séparer pour les laisser pantelantes le long de son corps.
C’est marrant de voir le comportement d’une femme aussi peu sûre d’elle.
Je ne peux pas m’empêcher de comparer ses réactions à celles de sa cousine, de Penny, ou même n’importe quelle femme à qui j’aurais demander d’ôter ses vêtements. Ça aurait été le moment tant attendu, propice, pour elles, de montrer leurs atouts et de les mettre en avant.
Mais pour elle, ça semble être un moment gênant, qu’elle passe à tenter de cacher ses imperfections. Imperfections qu'elle pense sûrement avoir, parce que pour moi, on est loin des imperfections. J’ai déjà vu les quelques vergetures sur ses seins, qui ne retirent rien à leur beauté, j’ai aussi vu celles qui marquent ses hanches, et ses cuisses, et elles ne m’ont pas dérangé.
Elle est voluptueuse, ça ne se cache pas, et des le début je lui ai fait comprendre que je n’avais aucun problème avec ça, bien au contraire. Fallait peut-être que je le lui dise
-Tu es belle mwana
-Arrête… Dit-elle en frissonnant.
-Je suis sincère.
Je me lève, la regarde de toute ma hauteur avant de la prendre dans mes bras, pour la réchauffer, et la détendre.
Elle a levé sur moi, un regard indéchiffrable. Il contenait toutes ses craintes, ses appréhensions et une autre chose qui semblait essentielle mais sur laquelle je n’ai pas réussi à mettre de nom.
Je l’embrasse pour au moins effacer ses craintes et ses appréhensions de son regard, le temps d’un baiser.
Si je m’écoutais, je retirerais à mon tour mes vêtements, mais on reviendrait au point de départ. Je dois la mettre en confiance, lui faire comprendre qu’elle n’a aucune crainte à avoir, avec moi, que si elle est à cet instant avec moi, c’est bien parce qu’elle est désirable à mes yeux.
-Je peux me rhabiller maintenant ? Demande-t-elle quand je m’éloigne d’elle
-Non, pas encore. Allonge-toi
-Quoi ?
-Allonge-toi. Fais-je la main au creux de ses reins pour l’orienter vers le lit
-Shomari…
-Je ne vais rien faire qui puisse te déplaire. Lui expliqué-je
Elle me lance un regard de suspicion en coin, mais finit par s’allonger en croisant les bras et les jambes. Je retire ma veste que je vais tranquillement accrocher sur un cintre avant de la ranger dans l’armoire où je l’ai prise et remonter mes manches. Je suis pas pressé, il est à peine 23h30, on a toute la nuit devant nous, je vais prendre mon temps.
Je reviens vers elle et m’allonge à ses côtés en prenant appuie sur mon coude gauche puis me penche pour cueillir ses lèvres. Elle a cette façon de répondre aux baisers qui m’incite à les approfondir, mais si je m’oublie encore une fois, tout ce que j’aurai fait précédemment n’aura servi à rien.
J’y mets rapidement fin avant que ça ne dégénère et me place au dessus d’elle pour lui faire face. Le regard planté dans le sien, je lui murmure calmement
-J’ai besoin que tu me parles. Si tu n’aimes pas, si tu veux que je m’arrête, ou si tu en veux plus, dis-le moi.
Elle hoche la tête, toujours aussi anxieuse, et me laisse déposer de simples baisers sur ses joues, son menton et le creux de son cou, avant de me pencher vers sa poitrine. Ses mains y sont encore, mais elle les retire lorsque je dirige mes lèvres vers son sein droit. Contrairement à ce qu’elle pense, je ne m’empare pas de son sein pour le suçoter. Je dépose un baiser, sur ses stries qui la complexent tant, avant de descendre plus bas, sur son ventre, loin d’être totalement plat, où je retrouve quelques sillons. Je marque mon passage d’un baiser, et répète l’opération sur chacune partie de son corps qu’elle estime disgracieuse.
Parce que je les vois, mais elles ne m’arrêtent pas, j’ai d’autres choses à regarder, comme l’intérieur de ses cuisses qui ne demande qu’à être parcouru de baisers.
Elle est beaucoup plus détendue et profite du moment, mais je ne la veux pas détendue. Je la veux vibrante sous ma langue, agitée sous mes caresses, gémissante sous mon doigté. Je la veux complètement abandonnée.
Je descends du lit, m’installe sur mes genoux avant de décroiser ses jambes qui étaient encore croisées, puis attrape ses mollets, et la tire jusqu’au bord du lit.
Elle est réceptive, et suit du regard chacun de mes mouvements.
Du bout de la langue, je dessine de petits cercles dans l’intérieur de ses cuisses, à l’endroit où les zones sont plus chaudes, puis remonte jusqu’à son aine, que je retrace lentement. Elle a les yeux toujours rivés sur moi, tandis que j’observe sa poitrine monter et descendre à un rythme plus soutenu.
Elle s’attend à ce que j’enfouisse ma tête entre ses cuisses, suite logique de la caresse que je lui prodige mais je la retourne légèrement et poursuit le tracé de son aine jusqu’à la plissure de sa fesse. Ce qui la fruste pour mon plus grand plaisir.
Je joue avec sa hanche, la caresse, l’embrasse, la mordille avant de lui faire reprendre sa position initiale. Je joue avec ses nerfs en taquinant toutes les parties qui entourent son sexe.
-Ça va toujours, tu n’as rien à dire ?
Elle secoue négativement la tête, et continue de m’observer. Ses pupilles sont dilatées et enfin dans son regard, mais pas que, je vois du désir et de l’envie.
-Ahhh
Je souris, puis retire ma tête et la regarde droit dans les yeux avant de lui annoncer la couleur, dans un murmure
-Mwana, ce soir, je vais entendre ta voix.
Et je l’ai entendu. A plusieurs reprises.
Je la vois encore bomber la poitrine et crier sous les assauts de ma langue. C’était jouissif de la voir jouir et même si elle était seule, je ne regrette rien. Je recommencerais simplement pour ce moment où son corps se crispe, sa respiration s’entrecoupe et que ce long gémissement rauque s’échappe de sa gorge. Il m’aura fallu beaucoup de retenu et deux longues douches froides, mais ça valait le coup.
-Ari?
-Hum
-J’ai faim
-Tu sais où se trouve la cuisine
-Je voudrais que tu me prépares un truc à manger ?
Je décale un peu mon bras qui se trouve sur mon visage pour, la regarder.
Emmitouflée sous les draps, il n’y a que ses yeux tirés mais pétillants de malice, qui sont visibles.
-Mwana, je t’ai dit de me parler pas de me commander, encore moins pour aller dans la cuisine et préparer !
Ses yeux se plissent sous son sourire qui même caché se devine.
Parce que je ne suis pas d’humeur à être méchant et seulement pour ça, je me lève et vais en cuisine. J’inspecte le contenu du frigo et opte pour une omelette. C’est facile à faire, ça ne prend pas du temps et avec ça , elle ne pourra plus se plaindre d’avoir faim.
Je suis en train de casser deux oeufs dans un bol quand elle apparaît, enroulée dans un drap et vient s’asseoir sur la chaise haute se trouvant en face de moi
-Tu viens prendre la relève ?
-Non, juste te regarder faire
Je passe la nuit à lui procurer du plaisir, je dois en plus à mon réveil lui préparer à manger, et elle ose venir me narguer, c’est ce qu’on appelle se faire avoir sur toute la ligne. Je note ça dans un coin de ma tête et trouverai bien le moyen de me faire justice plus tard.
-Tiens
-Merci
-Un simple merci, c’est tout ?
Elle descend de sa chaise, puis vient se placer devant moi et me tend ses lèvres. Ma main posée au creux de ses reins me rappelle qu’elle est nue sous le drap.
Damn, une baise dans la cuisine ça peut me faire oublier ma phobie de cet endroit. Je devrais essayer, un jour …