CHAPITRE X: JE VAIS LA TUER!
Ecrit par Chroniques Femmes Fatales
- Mon Seigneur, nous avons vraiment besoin de votre aide, fit la sœur Faustine d’une voix suppliante. Elle se retourna vers l’évêque assis sur son bureau, celui-ci avait enlevé ses lunettes et croisait ses mains sur la table. Puis elle se tourna à nouveau vers le père Daniel, comme pour demander son soutien. Il se leva de son fauteuil et vint se placer près du bureau. - Mon Seigneur, je vous en conjure que si vous n’intervenez pas, le sort d’une jeune fille en dépend. Poupina ne mérite pas ce sort. Je sais que vous pouvez faire quelque chose. Quand j’étais au séminaire, on parlait en secret de vos dons d’exorcistes. - Je ne pratique plus d’exorcisme depuis plus de vingt ans déjà, répondit tranquillement l’évêque. On aurait dû vous dire aussi cela. Et puis, je croyais juste que c’était pour inaugurer et bénir le travail des bénévole qui ont aidé ces moines à sauver leur lieux de recollection, pas pour un exorcisme! L'évêque se forçait de garder son calme, il respectait le père Daniel, c’était un bon prêtre, qui avait de bons protecteurs. il ira loin, c’était évident. mais, ce n’était pas une raison pour venir le voir et croire que cela suffirait à le convaincre de reprendre l’exorcisme qu’il avait abandonné depuis si longtemps. - C’est l’une des raisons. Mais le plus important, c’est ce qui risque d’arriver à Obout, mon Seigneur. Cela aura des conséquences sur le monde tout entier. Je pouvais très bien le faire comme la première fois, mais je ne suis pas assez puissant pour affronter ce démon tout seul. Il prend de plus en plus de force, et affaiblit l’âme de cette jeune fille. Je suis sûr qu’il se nourrit d’elle, de sa vitalité, de ses émotions. - Est-ce qu’il vous avait dit son nom au moins ? Je ne doute pas que cette fille soit possédée, mais cela n’est pas loin de vos capacités père Daniel. Vous êtes un bon exorciste! Et j’ai vu cette jeune fille, elle n’a rien de spécial pour attirer la fin de je ne sais quoi. L’évêque Jean Balla se souvenait très bien de la fille en question. Il l’avait vue la première fois sept ans plutôt, suite à l’appel du père Daniel qui venait de finir son exorcisme. Il avait ressenti quelque chose en croisant le regard de la jeune fille, mais rien de plus. Quand il lui avait imposé les mains, il ne s’était rien passé. Il n’avait rien trouvé sur elle qui puisse prédire la destruction du monde, et l’annonce du chao. Le père Daniel et la sœur Faustine n’avaient cessé depuis ce temps de lui parler de la menace qui pesait sur le monde, à la majorité de la jeune fille. - Supposons que ce soit vrai, je dis bien supposons. Vous croyez vraiment que l’on peut empêcher tout cela d’arriver ? Ces grands-parents ont invoqué un esprit, normalement toute cette descendance est maudite à jamais. Une descendance qui provient de l’esprit du mal, n’a rien de bon. Ils ont voulu jouer avec le malin. Dites-moi comment on va pouvoir délivrer un esprit qui a pu prendre des forces en plus d’un demi-siècle. Chaque fois qu’un enfant naît, il gagne en puissance. Et cette famille est déjà si nombreuse. Imaginez les pouvoirs que regorgent cet esprit, et dites-moi comment on va sauver cette fille face à son destin. - Vous savez bien ce qu’il adviendra de cette famille si cette fille se laisse totalement posséder. L’esprit du mal qui la veut, voudra plus, et pour se nourrir, il ne puisera nul autre part que dans sa pauvre famille. On dirait que les membres de cette famille sont un garde-manger pour lui. C’est comme s’il a attendu tout ce temps, pour avoir assez d’âmes. Tout s’explique mon Seigneur. Et quand il n’y aura plus d’âme dans sa famille, il s’attaquera aux gens autour de lui. Il sera assez puissant. L’évêque respira un bon coup d’air. Cette histoire ne lui disait rien qui vaille. Il savait à quel point l’œuvre du diable voulait à tout prix gagner le combat devant l’œuvre de Dieu, il savait que le malin était prêt à tout pour y arriver. Y compris passer par une jeune fille à l’air innocent. Il ne voulait pas le dire, mais cette histoire, piquait sa curiosité, il voulait comprendre le mystère qui entourait cette jeune fille. On ne se faisait pas posséder pour rien, il fallait une bonne raison pour être choisi par Dieu, ou par le malin. Et elle avait été choisie pour une bonne raison. Il se leva, et se dirigea vers la sortie, imité par le prêtre et la religieuse, ils sortirent du bureau. Dehors, il faisait nuit, mais l’air était lourd, depuis quelques temps, le climat semblait orageux, mais aucune pluie ne tombait. Toutefois, malgré le noir, on pouvait admirer la maison de vacance de l’évêque, bâtie durant l’époque coloniale, il l’avait juste modernisée lui-même en l’achetant quelques années plutôt. Mais on pouvait encore admirer l’architecture coloniale. - Je verrai ce que je peux faire pour vous venir en aide. D’ici quelques jours, je vous donnerai ma réponse. En attendant, rentrez en paix mes enfants. Ils les béni, puis, le prêtre et la religieuse s’en allèrent sur cette promesse de l’évêque. - Vous croyez vraiment mon père qu’il fera quelque chose pour nous venir en aide ? demanda la sœur Faustine en ouvrant la portière côté passager, tandis que le chauffeur démarrait le moteur. - Il le faut bien ma sœur. Vous étiez là, quand cette femme en Poupina a dit qu’elle reviendrait quand Poupina serait assez grande. Poupina atteint sa majorité dans quelques temps, et regardez autour de vous, tout va de travers depuis peu en Afrique, comme si tout se précipite vers le désastre qui approche. Le père regarda sa montre. - C’est l’heure du journal, annonça-t-il en faisant signe au chauffeur. Le chauffeur alluma la radio de la voiture. La journaliste parlait de la politique, annonçant la visite prochaine du premier ministre chinois, ensuite elle parla de l’économie, de l’accident de route survenu sur la route Douala. - De la routine, conclut le prêtre. « Tremblement de terre dans la cité balnéaire de Kribi ce jour… » La religieuse se tourna vers le prêtre avec effroi. « …Ce phénomène tout à fait inattendu et étrange, est survenu ce jour dans la ville de Kribi, pour la première fois au Cameroun. Durant près de cinq secondes, les habitants de cette ville on senti la terre trembler sous leurs pieds, causant ainsi la frayeur de tous les habitants. Heureusement, plus de peur que de mal, tout est revenu à la normale. Laissant juste des questions sans réponses, sur l’origine de ce phénomène. Selon certains témoignages et superstitions, une baleine aurait heurtée la côte hier soir, mais pour certains autochtones, l’esprit de la mer réclame un sacrifice, depuis ce matin, des dizaines de paysans offrent des sacrifices afin de l’apaiser. Légende ou pas, beaucoup de gens s’interrogent. En attendant plus amples informations, les géologues se sont penchés sur le sol de Kribi, afin de détecter la cause de ce phénomène. Une chose est sûre, jamais ce phénomène ne s’est ressenti dans cette ville paisible… ». - C’est grave, murmura la religieuse en sortant son chapelet. *** Loin de là, à quelques mètres du campement, une silhouette se faufilait hors du campement, en direction de la forêt. Elle arriva en plein cœur de celle-ci, et s’accroupit. La silhouette enleva le voile sur elle, et le clair de lune, montra Marina. Elle déposa le vase rempli d’eau qu’elle avait en main, et se mit à tourner autour du vase. Quelques secondes après, une créature sortie de l’eau, on voyait un beau visage, une longue chevelure toute noire qui longeait sa taille, elle était belle à couper le souffle. Une queue de poisson d’une longueur impressionnante, complétait ce décor. De grosses écailles de poissons luisaient dans le noir, de milles feux. Son air terrifiant, pouvait glacer n’importe quelle personne L’air avait tourné, et était devenu plus lourd, de grosses gouttes de pluie tombaient de partout. - Je suis contente de toi, commença dit-elle d’une voix douce, que seule Marina pouvait entendre, le reste du monde n’entendait que le vent siffler. Je n’ai jamais eu autant de sacrifice que maintenant. Toutefois, je ne comprends pas pourquoi mon sacrifice de depuis n’est pas encore prêt, je m’impatiente. - Je sais ma reine, je m’en excuse. Je voulais le sacrifice ultime, et j’ai eu raison, il est parfait. Durant toutes ces années, j’ai su que je devais attendre, qu’il viendra. Et le premier né a donné naissance à ce sacrifice ultime. Bientôt, j’activerai le sceau qui vous permettra de contrôler qui vous voulez. - Il sera prêt ce sacrifice ? - Jamais vous ne trouverez sacrifiée, plus heureuse de vous être offert. Je briserai tout autour d’elle, pour qu’il ne reste que l’ultime choix, qui sera de vous accueillir pleinement de tout cœur. Et la première porte des enfers sera ouverte du fond des mers. Vous et le maître pourrez enfin commencer le règne de la bête. - Et je te récompenserai comme il se doit. Tu le sais très bien, je sais récompenser mes fideles serviteurs. - Je veux la jeunesse éternelle dans ce corps de jeune fille, et Richard. - Tu peux tout garder. Richard sera à toi, à condition que tu me livres le sacrifice promis cinquante ans plus tôt. - Il sera fait selon vos désires. Pour vous faire patienter, je vous offre des offrandes dignes de vous. Le tremblement de terre de ce matin a poussé les nombreux fidèles à vous faire des sacrifices dans la mer. Je ferai encore pleuvoir, et beaucoup périront dans des eaux. - La prochaine fois que tu m’invoques, assures toi juste que tu as le sacrifice que je veux, sinon je prendrai définitivement ton âme. Vieille femme ! Lentement, la sirène passa sa queue dans le vase, puis disparut dans les profondeurs du vase, laissant Marina accroupie. Elle se leva avec un sourire, il pleuvait des cordes maintenant, mais ses vêtements étaient sec, aucune goutte d’eau sur elle. Marina entra dans son camping-car. - Marina ! s’écria Jennifer Meade. Jennifer était l’amie de Marina depuis l’enfance, elle la suivait partout comme son ombre. - Où étais-tu ? Je suis rentrée de ma mission, j’ai cru que j’allais te retrouver ici, mais tu n’y étais pas. Tien, cette pluie bizarre ne t’a pas mouillée, étonnant. - Que s’est-il passé de l’autre côté ? demanda Marina en prenant place sur le lit du bas. Jennifer s’approcha de Marina, tandis que les autres présents, s’empressaient de lui apporter son repas. - Personne n’est sorti, et je n’ai pas vu l’infirme non plus. Ils ont passé le temps à faire des projets pour son anniversaire avec la responsable. - Et que projettent-ils ? - Désolée, la pluie a commencé à cet instant, et je suis rentrée quand la porte du camping-car s’ouvrait. - Tu veux dire, que tu n’as pas pu remplir ta mission à cause d’une toute petite pluie ? demanda Marina d’une voix calme. Si calme que Jennifer prit peur. - Je… - Débrouille-toi, mais je veux que tu me rapportes ce qu’ils projettent. Sinon tu dormiras sous la pluie dehors. Jennifer sortit après avoir pris son manteau, et se dirigea vers le camping-car de l’autre côté du jardin. La pluie la trempa à peine dehors, mais, elle savait que Marina mettrait ses menaces en exécution. Depuis que Marina avait fait la connaissance de Richard, elle n’était plus la même, elle était obsédée par lui. Il y avait une détermination dans le regard de celle-ci, et c’est ce que Jennifer aimait chez son amie. Seulement, au Cameroun Marina avait du tout changé en rencontrant Poupina. Elle faisait maintenant très peur. Ce n’était plus la simple peste que Jennifer connaissait, mais c’était devenue une autre, mais avec le corps de son amie. Jennifer ne put en tirer que quelques bribes de conversations, rien de plus, le vent soufflait si fort, et elle était toute mouillée. Elle retourna rejoindre Marina. - Alors ? demanda celle-ci devant la porte. - Je les ai entendus parler d’un évêque qui devrait être là, et d’une messe pour l’inauguration de nos travaux. Il pleut tellement que je n’ai pas pu entendre plus. Je suis désolée. - La prochaine fois que je t’ordonne de remplir une mission, fais-le. Sinon, tu n’auras plus une deuxième chance, est-ce que c’est clair ? C’est valable pour tout le monde ici. - Pro…promis Marina, dirent-ils tous en même temps. Jennifer éclata en sanglots, tandis que Marina se mettait de côté pour la faire entrer. - Va te changer dans la salle de bain, tu mouilles mon camping-car, petite sotte. Jennifer se précipita dans la petite salle de bain, tandis que Marina se mettait à parler toute seule. - Elle est condamnée de toutes les façons. Aucun prêtre, ni évêque ne pourra rien pour cette petite infirme. Vous autres, vous allez me procurer des bougies de couleurs rouges, une photo de Poupina où on voit ses jambes. Malheur à vous, si je n’ai pas ce que je demande. Il ne fallait pas être sorcier pour deviner jusqu’où la folie qui illuminait son regard pouvait s’étendre, pensa chacun des colocataires de Marina. Toute la nuit, la pluie tomba, ainsi que le jour suivant. Cela paralysa la finition des travaux. Chaque groupe était bloqué dans son camping-car. C’était comme si une force obscure accompagnait cette pluie, pensa Poupina allongée sur sa couchette. - A croire que je ne vais pas donner cours à mes petits élèves aujourd’hui. Avec cette pluie, je paris qu’aucun ne viendra de toute façon. Et ce n’est pas moi qui vais m’en plaindre, car quand j’étais petite, les jours de pluie, je restais allongée dans mon lit. Et personne ne s’en plaignait, j’avais la permission de la directrice. - Si tu veux te sentir moins coupable, dis-toi que tu n’étais pas la seule Poupina. Moi aussi, et l’université n’a rien arrangé, fit Jack en tirant de plus belle sa couverture. - Moi aussi, je déteste sortir sous la pluie, ajouta Jane. Et rien ni personne ne me fera sortir d’ici aujourd’hui. Poupina leva les yeux vers Richard, il avait le lit au dessus des garçons. Ils avaient tiré des rideaux pour pouvoir communiquer tous ensemble. - Tu as froid ? demanda-t-il en la voyant frissonner. Prends ma couverture, ajouta-il en descendant de son lit. - Et toi alors ? - C’est toi qui compte le plus. - j’ai mieux, viens me rejoindre. Poupina tira Richard vers son lit, il ne se fit d’ailleurs pas prier, et se coucha derrière elle. Les protestations s’élevèrent dans tout le véhicule. - Je suis toute seule, mais je supporte le froid moi, fit Christelle, avec une moue qu’elle s’efforçait à rendre boudeuse, en vain. - Dois-je vous rappeler, la clause du règlement que nous tous nous avons signé ? dit jack en s’asseyant. Qui stipule formellement que pas de corps à corps entre habitants d’un même véhicule. Poupina éclata de rire. - On ne fait rien de mal. Vous, ce n’est pas un petit froid qui va vous déranger, vous êtes habitués à la neige. Mais nous africains, il n’est caché à personne qu’on déteste le froid. Et dois-je vous rappeler que peut être qu’il ne me reste que quelques jours à vivre ? Par conséquent, je dois profiter, vous ne croyez pas ? Cet argument les fit tous éclater de rire. - Le mieux, dirait un médecin à son patient, c’est vraiment de profiter des jours qui lui restent, murmura Richard à son oreille, en lui donnant un baiser au cou. - Je ne cesserai jamais de le répéter, mais vous allez très bien ensemble, remarqua Jane. - Merci, répondit Richard. Mais, tu sais, je suis sûr et certain que ton amoureux n’est pas si loin. Jane regarda John, tandis que les rires fusaient de plus belle. - Ah non, pas vous aussi ! s’écria Jack. - Ne t’en fais pas Jack, si d’ici nos quarante ans, ni toi ni moi ne sommes mariés, alors, je promets que je réfléchirais à finir ma vie avec toi, dit Christelle moqueuse. - Très drôle, marmonna Jack. Me voilà condamné à finir seul. Une fille aussi belle que toi, trouvera un mari dans très peu de temps. Merci de te moquer Christelle. C’est dans cette ambiance chaleureuse qu’ils passèrent la matinée, la route qui allait au village était inondé d’eau, personne ne sortait. Ce que Poupina ignorait, c’était que tout le continent africain, subissait la même pluie, les inondations sévissaient partout. - J’ai l’impression que certaines grands-mères du village se sont entendues pour verser du sel dans le feu. - Encore une légende camerounaise ? demanda John. - Et la préférée en plus, fit Poupina. Selon la légende, quand on veut qu’il pleuve suffisamment pour arrêter toute activité, on verse une poignée de sel dans du feu en bois. Il pleuvra suffisamment. Mais si l’on veut que la pluie soit aussi forte comme celle-ci, il faut tout un rassemblement des grands-mères. On retrouve surtout cette légende au centre du pays. - Et cela marche ? s’enquit Jane. - Je crois. Parfois oui, parfois non. Et pour que cette pluie s’arrête, il faut qu’un jumeau ou jumelle aille taper une machette, devant la cour de la maison. Vous savez les jumeaux ont une puissance selon nous. - Ne comptez pas sur moi pour taper quoi que ce soit devant la cour, fit Jack. - Pas la peine de me regarder aussi, je ne ferai rien. Tout le monde se mit à rire. - Le Cameroun paraît être riche en légendes apparemment, remarqua Richard. - On est un pays riche en culture en effet. On compte plus de deux cents langues et tribus. Un vrai trésor. Elle leur raconta les histoires de son enfance durant un bon bout de temps. Jane fut chargée de prendre les repas du déjeuner, John l’accompagna. Ils revinrent quelques minutes après, totalement effrayés. Jane posa la gamelle sur la table, essayant de reprendre ses esprits. - Vous ne devinerez jamais ce que l’on a vu, s’écria-elle son manteau à peine enlevé. - On t’écoute Jane, dit Poupina. - Vous vous souvenez de la discussion qu’on avait eue au sujet de Marina ? Je crois que Poupina a raison, elle n’est pas étrangère à ce qui se passe. Je ne sais pas comment, mais après la rencontre de tout à l’heure, elle me fait peur. Vraiment peur. - Tu parles de quoi Jane ? demanda Christelle en servant les plats de tout un chacun. - Elle est venue prendre le repas de son groupe, il fallait la voir, elle n’avait ni manteau ni chaussure, raconta John. - Cela ne prouve rien d’autre que cette fille est folle. Et la chaleur du Cameroun, n’arrange rien à son état, rétorqua son jumeau. - Vous nous laissez finir au moins notre histoire ? Tous se turent, on voyait bien de l’effroi dans le regard de Jane. - Elle donnait l’impression d’être une autre, les cheveux en bataille, pieds nus, et ce regard bizarre accompagné de son sourire qui ne la quitte plus. Elle est venue vers nous, tenez vous bien, elle n’était pas du tout mouillée. Personne ne comprenait vraiment pas ce qu’elle entendait par là. - Explique-toi. Tu veux dire quoi par là ? - Je veux dire que Marina n’avait pas une seule goutte de pluie sur elle. Ses cheveux, sa robe, tout était sec. Moi avec mon manteau, je suis mouillée, mais elle, elle n’avait rien ! - Le plus étrange, ajouta John, c’est quand elle a dit quelque chose de ce genre, « j’aime la pluie, surtout quand le vent s’y mêle ». Et là, le vent s’est mis à souffler comme par magie, juste autour d’elle. Puis elle est partie en prenant sa gamelle. Si vous l’aviez vue, vous alliez comprendre ce que l’on veut dire. Marina n’est plus Marina. - Celle que l’on connaissait était une peste, mais celle-ci est plus diabolique que peste. Elle n’attaque plus, ne lance plus les vacheries à tout le monde. On savait d’avance ce qu’elle allait faire, mais là, j’ai eu peur de me retrouver face à elle toute seule. Jane se tut. Le silence qui s’en suivit plongea chacun dans ses propres pensées. - Si je comprends bien, du jour au lendemain, Marina s’est retrouvée impliquée dans l’histoire de Poupina d’une façon qu’on ignore ? Vous ne trouvez pas cela dingue ? Moi si. - Christelle, fit Jane. C’est difficile à croire, mais après ce que j’ai vu, je ne doute pas une seule seconde. Elle sait tout je t’assure. - La fois où on s’était parlées, elle savait ce qu’elle me disait, il ne fait aucun doute. Elle avait dit que la prochaine fois, le serpent se retrouverait sur moi, et non sur la route. Mais comment est-ce possible ? Le lendemain de ma mésaventure au cimetière, elle avait changé, elle passait plus de temps à me regarder d’une façon étrange qu’à me lancer ses piques amères. - Elle a dû mal prendre le fait que tu sois avec Richard. Et cela a rempli son cœur de haine, en facilitant peut être à ce qui te poursuit de la posséder, conclut Jack. - Je suis d’accord avec lui, fit Christelle. C’est la seule explication. Il faut dire que depuis que je te connais Poupina, rien ne m’étonne plus dans ce monde. - La question reste à savoir ce qui va arriver vraiment, ce que l’on peut faire pour lutter contre ses forces. Il n’y a plus que Poupina, mais aussi Marina. D’une façon ou d’une autre, je me sens coupable, je lui avais dit que j’aimais Poupina, et que je ne voulais plus qu’elle me fasse des avances, le soir où tu avais subi l’agression au cimetière. Je crois qu’elle l’avait mal pris. - Ce n’est pas de ta faute Richard, mais tu as raison, nous devons essayer de la sauver aussi. Tous étaient de l’avis de John. *** De loin, on pouvait ressentir que tout n’allait pas, et que le pire restait à venir. Le continent africain était ravagé en quelques jours, de toutes sortes de fléaux. Suite aux multiples inondations, le choléra apparue au Congo Brazzaville et Kinshasa, le virus Ebola sévissait en Sierra Leone. On ne comptait plus le nombre de morts. Les inondations au Cameroun et en Cote d’Ivoire, laissaient les familles dans le chao total. Les nombreuses ONG ne savaient plus où donner la tête face à tous ces fléaux qui touchaient l’Afrique. Jamais, on n’avait vu autant de catastrophes en une seule fois. Les sommets des chefs d’Etats se multipliaient pour trouver des solutions à toutes ces tragédies. Au campement, Poupina n’allait pas mieux non plus. Elle passait maintenant ses journées allongée. Les cauchemars se faisaient de plus en plus chaque nuit, et la laissaient totalement fatiguée. A la grande joie du père Daniel, l’évêque avait décidé de faire la messe, et de profiter après pour l’exorcisme de Poupina. Les finitions de différents travaux du monastère, étaient maintenant sous la direction des autorités locales d’Obout. Ils avaient reçu un financement ainsi que les moines. Il ne restait plus que la messe, et dans une semaine, tout le monde s’en irait, en attendant, tous allaient profiter de l’anniversaire de Poupina, qui était dans trois jours, pour faire la fête d’adieux avec tous les villageois qui. La responsable priait de toutes ses forces que chacun des enfants confiés à sa direction retourne en santé. Mais surtout que le jeune Richard Slater, ne fasse pas à la dernière minute le choix de rester près de Poupina. Elle voyait bien qu’il était attaché à elle, et elle redoutait le pire. Il était bien capable de le faire.
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