Chapitre XIX

Ecrit par Tiya_Mfoukama

Chapitre XIX

Je n’avais jamais remarqué à quel point les personnes de mauvaise foi, savaient argumenter pour se justifier. Elles vont trouver toutes sortes de justifications là où des personnes « normales » se seraient arrêtées pour présenter des excuses. Et il faut entendre le genre de justifications, ça vaut le détour !
Je prends vraiment conscience de ce fait alors que je suis en train d’écouter ma mère parler, ou plutôt débiter des tas de conneries illogiques. Ça a beau me permettre de répondre à tous les messages auxquels je n’ai pas répondu durant la semaine, ça reste quand même de la perte de temps que j’aurais pu rentabiliser par une sortie, un match de basket entre amis où tout autre chose. Quand on y regarde de plus près, c’est aussi de ma faute, je la connais, et sais pertinemment que les excuses lui donnent de l’urticaire alors même si mon père me les a implicitement fait miroiter, je devais savoir que c’était un gros mensonge qui me ferait regretter de m’être déplacé. 

-… Et c’est toujours pareil avec toi. Toi ce que je fais c’est pour ton bien mais ça tu ne le remarques pas ! 

Quoi donc ? Pour mon bien ? C’est ce qu’elle vient de dire ? De mieux en mieux.

-Okay. Si je comprends bien, c’est pour mon bien que tu n’as rien fait pour annuler le mariage coutumier, c’est pour mon bien que tu dissuades Peny et ses parents d’arranger la situation au plus vite, c’est pour mon bien que tu as donné et donne toujours du stress à Mayéla enceinte de ta petite fille ?
-Mais tu ne l’as pas épousée pour les bonnes raisons ! Elle te met contre le mur en tombant enceinte et toi tu ne cherches pas à discuter, tu l’épouses. Peux être que ce n’est pas toi le père de l’enfant et tu prends la grossesse de quelqu’un d’autre… Tu ne sais rien d’elle !

Bien. Je n’ai pas envie d’en entendre plus, je vais finir par m’énerver, et passer l’après-midi de mauvaise humeur, ce que je ne veux pas… 

-Je vais y aller maman…
-Tu vas y aller comment Shomari, on n’a pas fini de discuter !
-DISCUTER DE QUOI ? M’emporté-je. Tu voulais un fils marié et père, je le suis mais tu trouves à redire. Pourquoi ? Parce que je n’ai pas épousé celle que tu voulais, celle que tu peux manipuler à ta guise, qui te traite comme si tu étais une déesse descendue sur terre, et qui ne sait pas te dire non. Et tu vas jusqu’à argumenter en disant que j’ai épousé Mayé pour de mauvaises raisons. Sauf qu’il faut être de très mauvaise foi pour ne pas reconnaître que j’ai plus de bonnes raisons d’épouser Mayé enceinte de MON ENFANT plutôt que Peny !

Je voulais pas m’énerver, j’ai déjà la tête pleine et je ne voulais pas en rajouter mais… Elle a le don de me faire sortir de mes gonds c’est pas croyable !
Je me tais un instant, prends une inspiration pour me ressaisir puis reprends plus calmement.

-Cette discussion est stérile et n’aboutira à rien, nous le savons tous les deux donc on va arrêter là. Mais, sache que tout ce que tu fais ne m’atteint pas. Je m’en contre fiche. Parce que la personne qui en pâtit le plus dans cette histoire, c’est Peny. Elle pense qu’elle m’a bloqué mais ce n’est pas le cas. C’est elle qui se retrouve bloquée grâce à tes idées de génie. Quelle ne signe pas ces documents, c’est son problème, mais, Peny va rester mariée à un homme qui ne la touchera pas. Et comme elle a voulu te suivre dans tes coups foireux, tu peux lui dire que le jour où elle comprendra enfin qu’il n’y aura jamais rien entre elle et moi, qu’elle rencontrera un homme qui voudra l’épouser, je lui rendrai avec grand plaisir la monnaie de sa pièce ! Et toi tu devrais retourner à tes occupations au lieu de faire de l’ingérence de bas étage !
-C’est comme ça que tu me parles aujourd’hui Shomari ? Moi ta mère ? C’est comme ça que tu me parles ? Merci, vraiment, merci. C’est vrai que dans la vie, mon seul objectif et de te rendre triste et malheureux …
-Oh ça ne sert à rien de me sortir la carte de la mère qui ne cherche que le bonheur de son enfant. C’est TON bonheur que tu recherches et selon tes critères mais Peny, ne correspond pas aux miens. Fais-toi vite à cette idée afin de vite réparer les dégâts que tu es en train de causer dans la vie de Peny.

Elle est gonflante ! Je ne sous entends pas que mon bonheur est avec Mayéla, entre nous c’est un simple arrangement, mais je vais pas me coltiner les deux en même temps encore moins Peny, seule. Des deux c’est la pire et même si j’ai une tendance à me mettre dans la merde ces derniers temps, je vais pas non plus creuser ma propre tombe.
A croire que ma mère à des œillères, et la mémoire très courte voire sélective. 
Je préfère partir et mettre un terme à cette discussion.
Je prends le chemin de la salle à manger où j’ai laissé ma sacoche à mon arrivée, et y trouve Lyne en train de manger. Au regard qu’elle pose sur moi, je sais qu’elle a écouté toute ma conversation avec ma mère, qu’elle n’est pas d’accord ave mes propos, et qu’elle doit sûrement estimer qu’il y avait une meilleure façon de les dire, mais je m’en fous. Je devais le faire, lui dire ce que j’avais sur le cœur et c’est ce que j’ai fait, blessant ou pas au passage, je m’en moque. 

-Ce n’était pas sympa ce que tu lui as dit. Lance-t-elle en levant les yeux vers moi.
-Parce que tu cautionnes son attitude ?
-Je n’ai jamais dit ça. Tu sais que je ne suis pas d’accord avec ce qu’elle a fait mais yaya, c’est notre mère. Spécial, très spécial, je te le concède mais ça ne lui enlève pas le statut qu’elle a. On lui doit un minimum de respect, même quand elle agit mal. Tu aurais dû te retenir voire refuser de venir pour te laisser le temps de te calmer et digérer avant d’entreprendre une quelconque discussion avec elle. Ça aurait évité les futures tensions qu’il va y avoir entre maman et toi.
-Et alors ? Ce n’est pas mon souci. Si elle n’avait pas commencé avec ses conneries, on n’en serait pas là !
-Shomari…
-Y’a pas de Shomari qui tienne…
-Okay, okay ! Me coupe-t-elle en levant ses mains en l’air. Je ne t’ai pas dit ça pour que l’on se dispute. Laissons tomber, je te sens bien à cran là.
-Je ne suis pas à cran.
-D’accord, dans ce cas, parlons d’autres choses tu veux ? 
-Ce sera avec plaisir mais une autre fois. Je vais y aller, y’a un match de basket qui commence dans 30 minutes, ça me laisse le temps d’arriver à la maison
-Oh, mais tu ne rejoins pas Mayéla à sa visite médicale ? Aujourd’hui, c’est normalement la dernière d’après ce qu’elle m’a dit. Lance-t-elle en regardant la date sur son téléphone. 

Mayéla ? Visite médicale ? De quoi parle-t-elle ? 
Je fouille rapidement dans ma mémoire pour essayer de comprendre de quoi elle est en train de me parler sans pour autant éveiller ses soupçons puisqu’elle ne sait pas qu’entre Mayéla et moi, c’est juste un arrangement. 
Ah, c’est vrai, j’ai le vague souvenir qu’elle m’ait interpellé il y a trois jours, dans la cuisine pour me parler de son obstétricien, mais je l’écoutais à moitié. 

-euh…
-D’ailleurs, elle a fait comment pour y aller puisque tu es ici ? Elle n’a quand même pas pris de taxi ! Crie-t-elle en tapotant sur son téléphone.

Après quelques secondes, elle se retrouve en ligne avec celle que je devine être Mayéla. Je n’entends pas spécialement ce qu’elle dit mais je reconnais être intrigué en entendant les réponses de Lyne.

-A d’accord, ça me rassure… Lui ou Shomari c’est la même chose tu me diras… Salut le de ma part … A d’accord, je pensais que vous étiez encore ensemble. Mais il ne te dépose pas ? …. Ah okay, bien. D’accord. Et qu’a dit le médecin ? …. Ah gloire à Dieu, c’est une bonne chose. Ça m’aurait étonné si elle n’avait pas pris un peu de kilos vu l’héritage de son père ! …. Hihi… Mais lui-même on attend, son tour, ce sera pareil. I l parle pourquoi ?.... D’accord, je te laisse ma puce, bisous à vous deux. Il semble que ta fille ait enfin grossi ! Dit-elle en reportant son attention sur moi. 
-Humm

Si au moins je savais de quoi elle parlait…

-Et elle est partie avec qui ? Demandé-je intrigué
-Avec Gui-Gui. Comme la dernière fois quoi.
-Oh… Okay

Il y a une chose qui m’irrite dans les informations qu’elle vient de me donner. Je ne sais pas si c’est le fait de ne pas avoir était au courant pour l’enfant, ou que ce soit Gui-Gui qui l’ai accompagné à ses deux derniers rendez-vous ou les deux. 
On dirait bien que c’est les deux, à un degré égale quoique…

-Je vais y aller.
-D’accord. Essaie de repenser calmement à ce que je viens de te dire, s’il te plait yaya
-C’est ça. Dis-je en partant encore plus irrité que par la discussion avec ma mère

Je n’arrive pas à joindre Gui-Gui depuis un moment –j’ai essayé pas plus tard que ce matin, sans succès – et là, j’apprends qu’il se montre disponible pour Mayéla. 
Je crois qu’il est temps que l’on ait la discussion que l’on repousse depuis le mariage. Ça permettrait d’aplanir la situation. 
J’arrive chez lui une demi-heure plus tard, rassuré de sa présence par son gardien.

Etrangement, je ne me sens pas à l’aise. Il y’a une espèce de lourdeur dans le salon où je vais m’asseoir pourtant, je suis seul, et rien niveau mobilier et différent des fois précédentes où je suis venu. J’ai pas de réelles raisons de me sentir aussi mal alors je tente de me mettre à l’aise mais n’y arrive pas. Puis la venue de Guislain, les mains dans les poches, avec un sourire en coin forcé, vient accentuer le malaise.

-Oh Ari, tu ne m’avais pas prévenu que tu passais. Lance-t-il en venant prendre place sur le fauteuil parallèle au canapé où je me suis assis.
-Parce que je dois te prévenir maintenant ?

Il sourit, puis plonge un peu plus dans son fauteuil attrapant la télécommande.

-Ça fait un bail, quoi de beau ? Me demande-t-il en zappant les chaines
-Rien de particulier, tout est vieux et toi ? 
-Idem

Un blanc qu’on essaie tous les deux de faire passer pour de la concentration devant une émission de foot, s’installe. J’ai des questions bien précises à lui poser mais tout me dit que je ne vais pas apprécier les réponses que je vais entendre… Mais je décide de quand même les poser de façon plus ou moins subtile…

-Je sue comme un bœuf là, c’est pas possible. Pourquoi t’es nickel toi? T’es pas sorti ?
-Si, si. Mais c’était des trajets assez courts et j’étais en voiture, puis je viens de sortir de la douche, donc pas de quoi suer. 
-Ah okay, mais qu’est-ce que t’appelle des trajets courts ? T’es allé où ? Quoi, tu t’ais trouvé un nouveau partner in crime ou bien ?

Il sourit.
Bon, pour le côté subtil, on repassera au moins, ça a le mérite d’obtenir son attention, malgré le sourire moqueur qu’il arbore cette fois-ci.

-… D’une certaine façon, on peut dire ça ouais. Répond-il après un long silence. J’ai accompagné Mayé chez son médecin, avant de l’accompagner dans une course de dernière minute…. Mais ça tu dois le savoir, d’où ta présence ici.
-Non, je ne le savais pas. Ai-je menti. Mais comment ça se fait que tu l’accompagnes chez son médecin ?
-Parce qu’elle a épousé un connard, irresponsable qui pense qu’ignorer un souci, c’est une forme de règlement. Ce qui oblige les personnes qui sont derrière lui et qui le représente, à trouver des solutions pour résoudre les soucis. Dit-il calmement en me fixant du regard

Je regarde sur ma gauche, puis sur ma droite espérant trouver une personne. On ne sait jamais, c’est peut-être à elle qu’il s’adresse, parce que si c’es à moi… 
Le souci, c’est que je ne vois personne, il semble que l’on soit bien tous les deux, et qu’il s’adresse à moi. Mais je lui demande quand même parce que là.

-C’est à moi que tu t’adresses ? 
-…

Bien qu’il ne dise rien, il soutient mon regard pendant de longues secondes sans ciller. Et on finit par se retrouver dans un cas de figure impensable selon : on se jauge sévèrement et si l’un d’entre nous ne fait rien pour calmer le jeu, ça va très mal finir. 
De nature, Guislain est plus diplomate que moi et, c’est souvent lui qui va chercher à désamorcer une situation aussi tendue que celle que nous vivons mais, aujourd’hui, il ne fait rien. J’ai même l’impression qu’il n’attend que ça.
Il est hors de question que je me fritte avec mon meilleur ami, mon frère pour elle. Je ne la laisserai pas niquer ça aussi.
Je finis par lâcher un rire sec avant de détourner la tête puis me lever et annoncer mon départ

-Je vais y aller, on se verra une prochaine fois.
-Pas certain que je sois là
-…

Je souris.
J’ai plus que sous estimé Mayéla et tout porte à croire que je vais l’apprendre à mes dépends.
D’abord, elle me coince avec son gosse, ensuite elle copine avec ma sœur qui ne fait que des éloges sur elle, et maintenant elle se met mon meilleur ami dans la poche. A cette allure, elle va me dépouiller de mes tous mes biens. Quoi qu’avec l’explication que l’on va avoir, la donne va changer…

*****

-Mais ça c’est Mayéla. Une grande sorcière ! Lance maman Delphine devant toute la famille. C’est elle qui prend l’étoile de Kala. C’est elle ! Elle a bouffé l’enfant d’autrui, pour avoir le sien et le mari qu’elle est allée trouver je ne sais dans quel pacte.

Je reste coite devant de tels propos. Si seulement elle le disait en rigolant, mais ce n’est pas le cas. Elle pense plus que jamais ce qu’elle est en train de dire et les membres de la famille présents peuvent lui accorder du crédit, et c’est ce qui me terrifie, surtout dans le contexte d’actuel.
Si je savais ce qui m’attendait en venant ici, je serais rentrée à la maison en prétextant une fatigue ou quelque chose semblable. Ce qui aurait donné du crédit aux paroles de maman Delphine, mais au moins, je n’aurais pas été là pour les entendre. 
Ça va faire une demi-heure que je suis l’objet de ses sous entendus, ses messes basses et consorts. Selon elle, je suis à l’origine du drame qui touche Kala et Serge ; la perte de leur enfant, mort né, via des pratiques occultes qui me permettent aujourd’hui d’être mariée à un homme comme Ari. 
Ce mariage aussi je n’aurai pas du le faire, surtout quand je vois tous les soucis que cela m’emmène aujourd’hui. Si seulement j’avais écouté ya Tal, je ne me mordrais pas autant les doigts. 
Assise sur un tabouret, je m’adosse au mur en rejetant ma tête en arrière. 
Je suis lasse de tout ça. Je voudrais avoir ma fille dans mes bras puis partir loin avec elle. Dans un endroit paisible, loin de toutes ces accusations de sorcellerie, de croqueuse de diamants, où je pourrai profiter pleinement d’elle de ses gazouillis et ses babillages que j’imagine déjà. 
C’est cette pensée qui me fait tenir depuis un moment ; savoir qu’elle sera là dans quelques semaines…

La porte de la cuisine s’ouvre sur Kala, reniflant, les yeux rougis et un verre à la main. Mes yeux se posent quasi-instantanément sur son ventre, qui a encore une forme arrondie, bien qu’il soit affaissé. 

-Mais tu ne te souviens pas de son comportement au mariage de Kala ? C’est depuis là-bas qu’elle préméditait ses actes. Il faut faire attention, parce qu’aujourd’hui c’est l’enfant de Kala qu’elle a bouffé demain ça peut être l’enfant d’une autre de nos filles. Sous ses airs de timide là, Mayéla est redoutable.

Je relève mes yeux vers son visage pour voir son regard braqué sur mon ventre…
Je voudrais la serrer fortement dans mes bras, et pleurer avec elle pour partager sa peine, comme elle me serrait fortement dans les siens lorsque nous étions enfants. C’était pour me rappeler que je n’étais pas seule, et qu’avec elle je pouvais partager ma peine pour guérir plus vite. Et ça avait également le don de me remonter le moral, et me donner de l’énergie, tout ce qu’elle a besoin actuellement. Mais le regard larmoyant qu’elle pose sur mon ventre me dissuade de le faire.

Est-ce qu’elle est en train de penser que les paroles de maman Delphine sont véridiques ? On dirait bien.
Attristée par cette réponse, je détourne mon regard, récupère mon sac puis passe par la petite porte de service pour sortir. 
Je marche jusqu’à la grande route sans regarder derrière moi, marchant comme si j’étais poursuivie par l’incarnations de mes pires cauchemars 
Je me sens étouffée, et je suis presque en train de suffoquer lorsque j’entre dans un taxi. 
Guislain m’a formellement interdit de prendre un taxi dans mon état, mais je n’ai pas le choix, j’ai besoin d’être seule, de ne voir personne. Même pas lui qui pourtant a souvent réussi à me redonner le sourire… J’ai besoin d’être seule… 

Ce n’est qu'en cherchant à m’éponger le visage que je constate que ma joue est mouillée… En si peu de temps sentir mes larmes franchir la barrière de mes paupières affaiblies, et couler le long de mes joues collantes est devenues tellement courant qu’ironiquement, je ne les sens plus lorsqu’elles coulent…

Le trajet jusqu’à la maison ne m’a jamais paru aussi court, et heureusement pour moi. Je me sens plus lessivée que jamais et ressens le besoin de prendre une grande douche avant d’aller m’allonger. Mais quand je franchis la porte d’entrée, je suis interpellée par Shomari qui veut discuter.

-En fait, j’ai mal formulé. Ma phrase est : Jusqu’où es-tu prête à aller ?
-Pardon ? Je comprends pas de quoi tu parles
-tu me colles un môme sur le dos, tu réussis à te faire épouser, tu t’es mise Lyne et Gui-Gui dans la poche, alors j’aimerai savoir c’est quoi la prochaine étape et surtout jusqu’où es-tu prête à aller ? 

Et c’est reparti, tel un disque rayé, il se met à déblatérer sur la personne à la fois manipulatrice et calculatrice que je suis. Et sur sa revanche qu’il tiendra bientôt. 
J’aurais encore une fois pleuré si mes larmes n’avaient pas tari et si à l’heure actuelle, tout ce qui pouvait sortir de sa bouche ne m’intéressait pas. Je suis lasse, de tout, mentalement, émotionnellement, pschycologiquement, physiquement… Tout ! 
Il ne peut pas faire plus.
Ça devient tellement énorme que j’ai développé ma capacité à me mettre hors phase. Les paroles prononcées baissent en volume pour devenir des murmures puis des chuchotements qui finissent par disparaitre complètement, ne laissant que le silence. Le même silence que l’on entend après une pluie diluvienne. Rafraichissante, et apaisant.
Ses lèvres remuent énergiquement, tout comme ses bras, mais je n’entends rien, absolument rien, excepté une bride de sa dernière phrase :

-… Les choses vont changer.

Je l’interroge du regard afin qu’il puisse m’expliquer ce bout de phrase lorsque la sonnerie de la porte d’entrée retentie.
Il se dirige vers la porte puis l’ouvre sur Peny, tirant près d’elle une petite valise, qui je devienne ne pas être la seule.
C’est donc ça son changement ?
Soupir
Il faut que je sois seule…

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