Chapitre XXVI
Ecrit par Tiya_Mfoukama
Chapitre XXVI
Je sens que ma vue a décidé de me lâcher malgré toute la dose de caféine que j’ai consommée, et je voudrais bien m’arrêter… Mais je ne peux pas. Je toise avec dédain cette pile de dossiers posée sur le bord, pour ne pas dire l’extrémité, de mon bureau et prête à tomber –un peu comme moi. C’est tellement gros et risible ce qu’il m’arrive actuellement que j’en aurais probablement ri dans d’autres circonstances…dans d’autres circonstances.
« —Tiya, je suis mort et je ne peux plus rien. soupire Sam en passant sa main sur son visage.
—Mais je t’ai dit de rentrer y’a une heure. T’es debout depuis cinq heures ! Je vais me débrouiller.
—Je suis sincèrement désolé. il dit, peiné en se levant.
—T’as pas de raison de l’être. je lui dis en allant déposer un baiser sonore sur sa joue. Tu mérites bien ça. »
Contrairement au grand sourire auquel il m’a habitué lorsqu’il arrive à obtenir de moi un baiser, c’est un regard compatissant et un sourire en demi-teinte qu’il me rend. Ce qui n’est pas bon signe. Sam c’est celui qui rit constamment, qui remonte le moral des troupes quand tout va mal. Alors si le booster de troupe se met à agir comme tout le monde, ce n’est vraiment pas bon signe…
« —Tu sais que…
—Oui je sais. je le coupant en souriant. T’inquiète pas. »
Il sort du bureau, les épaules affaissées et je referme la porte derrière lui en lâchant un soupir bref.
Si on m’avait dit que je vivrais une situation pareille, j’aurais vivement crié que ce serait impossible. Moi la grande gueule de service, comme le disait Dylan, je ne me serais certainement pas laissé faire. J’aurais ameuté les troupes, crié au scandale, taper du poing pour me faire entendre, mais ici… Comment taper du poing, comment se faire entendre quand de telles pratiques sont monnaie courantes ? Encrées dans la coutume au point de ne plus surprendre personne, de ne même pas choquer. Le pire étant le comportant de certains lorsqu’on ne fléchit pas sous la menace. « elle se prend pour qui celle-là ? Elle pense qu’elle est mieux que qui ? Qui n’est pas déjà passé par là ? Parce que elle c’est qui et puis on ne peut pas lui faire ça ? ». J’ai entendu tellement de conneries en circulant dans les couloirs que j’en suis venue à me demander si j’étais normale de refuser.
Je ferme les yeux un moment, en me massant le cou, savourant les bienfaits de ce mini massage. Je me fais la réflexion qu’il faudrait que je pense sérieusement à prendre un rendez-vous dans un institut de beauté. Je ressemble plus à rien, je porte les mêmes tresses depuis un mois et demi, mon vernis mal posé par mes soins est écaillé par endroit, et mes muscles sont tellement noués que je me question sur ce qui en moi peut autant donner envie à ce sale pervers de coucher avec moi.
« —une queue n’a ni œil, ni odorat, ni goût. Elle plonge partout où il y a un trou. chantonne une petite voix intérieure.»
J’étire faiblement mes lèvres dans un semblant de sourire, puis retourne derrière mon bureau où j’entreprends de ranger mes affaires. Même avec toute la bonne volonté du monde, je ne pourrais pas rédiger de synthèse de chaque dossier tout en proposant des éléments de réponses à chacun. Et ça il le sait pertinemment. Sachant que je ne coucherai pas avec lui comme il me l’a implicitement fait comprendre, je vais probablement me faire virer et tant pis si aucune procédure « légale » n’entoure mon licenciement. Après tout, nous sommes dans un pays où l’illégalité est légale.
Quoi qu’il en soit, j’ai beau être une boro, je préfère mourir que me faire imposer un partenaire, surtout lorsque ce dernier à au moins quinze ans de plus que moi, un ventre protubérant, conséquence certaine de ses excès.
La sonnerie de mon téléphone fige mon rangement et me pousse à fouiller dans mon sac en me questionnant sur l'identité de la personne m'appelant à une heure si tardive.
Mon téléphone en main, j'ai un sourire aux lèvres en voyant le nom de mon interlocuteur au devrais-je dire mon interlocutrice, et je lève les yeux au ciel en imaginant sans mal l'air qu'elle doit prendre à l'autre bout du fil.
« —Katy ! je m'exclame, sincèrement ravie de l'avoir au bout du téléphone.
—Pourquoi tu ne décroches que maintenant ? elle chuchote la main probablement sur son téléphone.
—Arrête de chuchoter, on n’est pas dans un film d'espionnage. je la taquine en riant. Tu peux parler normalement et retirer le foulard et les lunettes que tu portes.
—Qu’est-ce que t’en sait ? On n’est peut-être pas dans un film d'espionnage mais rien ne nous garantit que tu ne sois pas sur écoute. elle réplique toujours en marmonnant. »
Mais quelle drama cette femme, je me dis en levant de nouveaux les yeux au ciel.
« —Si on était sur écoute, je peux t’assurer que tu parles à voix basse ou à haute voix n’aurait rien changé au fait qu’il pourrait te retrouver, puisqu’il lui suffirait de te localiser ou écouter tes propos en mettant le volume pour les décrypter !
—Oh merde! Elle hurle. »
J'éclate de rire en continuant à l'imaginer puis reprends mon sérieux moins de dix secondes après, quand je comprends que pour elle ce ne doit pas être aussi facile et évident que ça ne l’est pour moi.
« —Écoute. je reprends d’une voix qui se veut apaisante. Il n'a pas mon numéro de téléphone, personne dans ton entourage ne l’a et même s’il cherchait à l’avoir, il aurait beaucoup de mal à me retrouver car j’ai fait ma puce en inscrivant le nom de jeune fille de ma mère et mon second prénom donc tu n'as rien à craindre de ce côté-là. Ta mission actuellement est de te concentrer sur toi et rien que toi. Okay ?
—C’est plus facile à dire qu'à faire. elle soupire la voix éteinte. Ça fait des années que je n'ai pas bossées à proprement parler et là je t'avoue que c'est difficile de m’y remettre même si je prends plaisir à travailler. J'ai toujours le regard braqué sur la porte d'entrée et dès l'instant où j'entends une voix grave similaire à la sienne, je sursaute et me recroqueville sur moi-même comme une petite fille apeurée. C'est pitoyable. J’ose même pas imaginer ce qu’il me ferait s’il me retrouvait.
—Rien, absolument rien ! je réponds vivement. Il ne te fera rien parce qu’il n’a aucun droit sur toi. Vous viviez en concubinage et maintenant c’est fini. Point ! Tu n’as pas à avoir peur de retomber sur lui, ou à t’imaginer des retrouvailles en dent de scie.
—Je te rappelle que je lui ai volé son argent ! Alors même si ce n’est pas pour me récupérer, je peux sans mal imaginer ce qu’il me fera pour récupérer son argent !
—Ouais mais déjà arrête de voir les choses sous cet angle. Il ne s’agit pas d’argent volé mais de dommages et intérêts que tu as perçus suite aux multiples violences subies au sein de votre foyer durant vos années de concubinage. je la corrige en m'installant dans mon siège. »
Je peux l’entendre soupirer et marmonner des paroles inaudibles derrière son combiné. J’arrive à comprendre que cela puisse être difficile pour elle, même si j’ai du mal à concevoir qu’on puisse accepter d’être aussi dépendant d’un homme, au point d’être presque asservie.
L’idée qu’un homme puisse un jour me cracher à la figure que je ne suis rien sans lui, qu’il peut me déshabiller d’un claquement de doigts sous prétexte qu’il ait financé tout ce que je porte, jusqu’à mes serviettes hygiéniques, m’est insupportable. D’accord tous les hommes ne sont pas si cons pour en arriver jusque là, mais une bonne majorité l’est assez pour oser rabaisser leur femme sous prétexte qu’ils ont contribué à tel ou tel achat. Germain en est la preuve vivante.
« —J’aimerais être comme toi. Indépendante, sûre de toi, de tes choix.
—Qu’est-ce qui te fait croire que je suis sûre de moi et de mes choix ?
—Je t’ai vu. A plusieurs reprises face à Dylan. T’avais l’air déterminé, et pas prête à te laisser marcher dessus. Il aurait pu te forcer à ployer sous son autorité mais il ne l’a jamais fait parce que tu ne lui en as jamais donné l’occasion. J’aurais aimé faire preuve d’autant de résistance. »
Pour finir dans un mariage à l’intérieur duquel union n’a aucune signification ? Je suis pas sûre qu’elle le voudrait toujours si je lui disais de quoi il en retournait réellement.
« —Les apparences sont parfois trompeuses… je murmure à mon tour le regard dans le vide. »
Si une fois, j’avais mis toute cette assurance –qui se confond souvent avec de l’orgueil –de côté, je me demande si notre relation serait la même. Probablement pas. Certainement pas. Assurément pas….
« —Non, pas pour toi. Et c’est d’ailleurs ce que j’apprécie énormément avec toi. Tu ne te laisses pas intimider par plus grand ou plus puissant que toi et tu solutionnes toujours tes problèmes.
—..Et tu as vu tout ça en moi ? je demande surprise.
—Ouais, et je vais essayer d’être un peu plus comme toi. »
Très mauvaise idée, je me retiens de lui dire.
« —Essaie d’être toi avant tout. je dis en regardant de nouveau la pile de dossier.
—Okay… Enfin bon. Je te rappelais surtout après avoir lu ton mail, concernant la visite de Germain. Il ne t’a rien fait ?
—Non comme je te l’ai dit, il n’en a pas eu l’occasion et avant que tu ne t’emballes, je vais reprendre tes mots et te dire que je ne lui en donnerai jamais l’occasion. »
Je l’entends rire et murmurer à quel point je suis spéciale. Ce que je prends pour un compliment.
« — Bon, il va falloir que je te laisse Katy, discuter avec toi m’a permis de me rappeler une chose essentielle et je te remercie, mais maintenant, il va falloir que je mette tout ça en pratique.
—Okay, si j’ai pu t’aider j’en suis heureuse. On s’appelle plus tard ?
—Oui. Passe une bonne soirée, et prépare-toi, je viendrais peut-être faire un petit tour vers Ponton un de ces quatre matins.
—Et tu seras chaleureusement accueillie sois en certaine. »
Cet appel m’a vraiment fait du bien, je me dis en finissant de ranger mes affaires avec plus de sérénité. Durant notre conversation Katy a dit une chose totalement vraie que j’avais commencé à oublier « je ne me laisse pas intimider par plus grands ou plus puissant que moi », jamais. Qu’importe la réputation, qu’importe le pédigrée, je me bats toujours pour ceux en quoi je crois. J’ai baissé trop rapidement les bras dans cette histoire d’harcèlement, parce que c’est avant tout de ça qu’il s’agit. J’ai laissé les propos des uns et des autres me dicter ma conduite. Je me suis d’une certaine façon pliée à la coutume en ne dénonçant pas, mais acceptant de subir un acharnement à travers les multiples dossiers qu’il me demandait de traiter dans des délais plus que courts. Mais ça c’était avant. Quoi qu’il advienne, je vais probablement me faire virer, mais il est hors de question que je le sois sans avoir tenté quoi que ce soit, je me dis en sortant de mon bureau.
J’arrive à la maison dans les environs de 23h30, une première depuis un moment, et m’attèle à rechercher un téléphone portable. Après tout, je suis sensée être mariée au dirigeant d’une entreprise fabriquant des téléphones portables. Ce serait le comble de ne pas en trouver un.
« —Tout comme c’est le comble que la fille du dirigeant de « YOKA compagnies » utilise une puce MTN, et un téléphone Samsung 6edge. me murmure une petite voix intérieure que je fais rapidement taire. »
Je me retrouve dans le bureau de Dylan, à ouvrir plusieurs tiroirs jusqu’à ce que je tombe sur deux téléphones encore emballés. Le premier est plutôt sobre et s’avère regrouper toutes les fonctionnalités dont j’ai besoin, et le second me parle beaucoup plus en terme de présentation. Très girly, avec sa couleur rose, il m’a l’air tout aussi plat que mon Samsung et à regarder les caractéristiques, elles m’ont l’air assez similaire à mon téléphone actuel. Je décide de le prendre avec moi histoire de tester un peu la marchandise et ne pas passer pour une traitre aux yeux des autres.
Je fais donc glisser les deux téléphones dans mon sac et au même instant la porte s’ouvre sur la volée avec un Dylan plus que suspicieux. Faut dire que je me suis un peu relevée comme une petite voleuse, mais quand même…
« —Qu’est-ce que tu fais là ?
—Rien. je réponds en refermant le tiroir de mon pied. »
J’attrape mon sac posé à terre et sors aussi vite que me le permettent mes talons, évident de justesse une discussion avec lui.
Ce n’est pas du vol ! C’est… un emprunt pour une période indéterminée !.
Après une bonne douche relaxante, je me plonge sous les couvertures et apprends à manipuler les deux téléphones que j’ai « empruntés » durant la soirée. Leur utilisation est tout ce qui a de plus intuitives et bientôt, tous les secrets concernant leur maniement s’avèrent ne plus être un secret pour moi. Je me sens d’ailleurs tellement à l’aise avec la manipulation du téléphone rose que je décide d’y mettre ma puce à l’intérieure. Une fois fait, je me mets à envoyer quelques messages et navigue rapidement sur le net avant d’éteindre les lumières.
*
* *
« —C’est que maintenant que t’arrives ? me demande Sam en pénétrant dans mon bureau.
—Oui chéri ! je réponds en prenant place lourdement dans mon siège. J’étais tellement fatiguée que j’ai éteint mon réveil. Tu sais quoi ? Je me disais qu’on pourrait aller manger dans un coin différent ce midi. J’ai découvert une application sur mon nouveau téléphone, qui te géo-localise et te propose plusieurs restaurants autour de toi où tu peux manger et passer un agréable moment, en plus t’as une note et un message d’appréciation provenant des personnes qui sont passés avant toi pour te faire une idée ! C’est top ça ! Je pensais pas que ça pouvait exister ici !
—Tiya ? Ça va ? il me demande la mine soucieuse.
—Hum-hum.
—Pour ton rendez-vous avec Louango, tu …..
—Je ne coucherai pas avec lui. je dis enfin à voix haute. »
Jusqu’à présent, je me contentais de faire comme tout le monde, de ne pas prononcer le mot qui fâche, de dire les choses à demi-mot mais aujourd’hui, je n’ai rien à perdre.
Il me regarde avec de gros yeux ronds, comme si ma réaction le surprenait au plus haut point, et qu’il ne m’en pensait pas capable. Lui aussi a oublié l’emmerdeuse enquiquineuse que j’étais au début et qui n’aurait pas hésité à réagir comme je viens de le faire, à une différence près, elle l’aurait fait beaucoup plus tôt.
« —On se retrouve tout à l’heure pour déjeuner ?
—Euh..okay. il articule difficilement. »
Je lui fais un clin d’œil puis me reconcentre sur le premier dossier que je venais d’ouvrir, quand mon téléphone se met à sonner.
Après avoir pris une grande inspiration, je décroche et sans surprise, tombe sur Louango qui m’attend dans son bureau pour le débriefing.
Sans le stress et la précipitation qui m’habitait il y a encore vingt-quatre heures, je me rends dans son bureau avec les dossiers que j’ai pus traiter et mon nouveau téléphone…
« —Bonjour Monsieur. je dis après être rentrée dans son bureau. »
Comme beaucoup de bureau de grands « messieurs », un bureau en chaîne qui avale à lui seule presque la moitié de l’espèce du bureau, trône au centre de la pièce, une épaisse moquette étouffe les pas de ce loup aux canines acérés, et une imposante bibliothèque d’ouvrage de droit vient compléter le tableau déjà trop cliché à mon goût.
« —Installez-vous, je vous en prie. il me dit, par-dessus ses lunettes sans montures. »
Je fais deux pas vers un des fauteuils destinés à accueillir ses invités et ses collaborateurs, puis m’emmêle les talons dans la moquette et me rétame au sol.
Les documents que j’avais en main quelques secondes plus tôt se mettent à virevolter dans les airs comme des feuilles mortes en plein automne, avant de se poser avec grâce sur le sol. Par compassion ou pour mieux apercevoir mes cuisses dénudées, Louango se précipite vers moi puis sous couvert d’aide, s’appuie sur –pour ne pas dire caresse – mon postérieur, pour se mettre à genoux et ramasser les feuilles tomber. Réaction tellement prévisible, je me dis en évitant de sourire. Je réunis un maximum de feuilles, puis me relève plus vite que lui et profite de ce petit temps pour poser le téléphone déjà programmé sur une étagère de la bibliothèque.
Bien évidemment, je le laisser se ridiculiser pour se remettre sur ses deux jambes en feignant de ne pas le voir.
Il se relève difficilement, la respiration sifflante comme s’il venait de courir un marathon. Et c’est avec ce genre d’endurance qu’il espère me sauter ? God forbid him !
« —On s’y met ? le lance en récupérant les feuilles qu’il a en main.
—Oui…oui…. Vous …
—Alors, pour le dossier un. je le coupe, avant qu’il ne me pose une quelconque question. Nous avons… »
Pendant plus de trente minutes, nous faisons le point sur les dossiers que j’ai réussis à traiter, et pendant ce temps, il se comporte comme un véritable manager, me posant des questions, me demandant d’approfondir certains points ou d’étudier d’autres possibilités que celles proposées. Puis arrive le moment où je clôture le dernier dossier traité et lui annonce que je n’ai pas pu terminer la pile donnée.
« —Les dossiers ont été répartis de façon équitables et chacun de vos collègues a su me rendre un compte rendu pour chaque dossier donné. Vous êtes la seule à me rendre un travail incomplet. »
Il faudrait aussi préciser que je suis la seule sur qui vous ne faites pas de crise d’asthme, je rajoute in petto.
« —Qu’avez-vous à dire pour votre défense ?
—Pour ma défense ? je reprends l’air de ne rien comprendre. Je commis un crime au point d’avoir besoin d’une défense ?
—Ne jouez pas avec les mots mademoiselle Obame. Vous avez compris ce que je voulais dire…. Vous savez, j’apprécie votre travail. Vraiment. J’aime la façon minutie dont vous faites preuves sur chacun de vos dossiers. Votre professionnalisme est frappant…. »
Et bla-bla-bla- et bla-bla-bla… Tout ça pour me ken !
« —Vous pourriez prendre du temps pour vous perfectionner, assister à plus de colloques, vous entourer de manager chevronnés qui seraient ravie de vous transmettre leur savoir faire, pour un jour être à un poste comme le mien pourquoi pas.
—Et pour pouvoir bénéficier de tout ça je dois….
—Ne jouez pas à celle qui est plus bête qu’elle ne l’est…. Nous avons discuté ensemble la dernière fois.
—Oui mais ne n’était pas très explicite, j’aurais pu comprendre tout et n’importe quoi ! je dis en faisant de grands gestes. Vous auriez pu me dire de… je ne sais pas « Mettre la vidéo en marche ! » pour filmer vos prestations d’orateur, ou encore remplacer votre assistante de tant à autres, pour la soulager et … Et je ne sais pas mais…
—Ecoutez, vous avez juste à vous monter coopérative. il me coupe en se levant. »
Faisant le tour de son bureau à pas de loup, il s’appuie contre ce dernier alors qu’il est à quelques centimètres de moi, que la chaleur de son souffle s’écrase sur mon buste et poursuit, une main trainant sur ma jambe.
« —Je peux rendre vos journées beaucoup moins longues et fastidieuse qu’elles ne l’ont été jusqu’à présent. Il vous suffit d’être un peu plus..réceptive. il ajoute en glissant sa main entre mes cuisses ».
Une envie de rendre tout ce que j’ai pris au déjeuner monte de façon exponentielle, et me je me lève de mon siège avant de ça n’aille trop long. Il est tellement répugnant qu’avec toute la volonté du monde, je pourrais supporter qu’il pose plus longtemps ses sales pattes sur moi.
« —Ne me touchez plus jamais ! Je n’ai pas été embauchée pour vous servir de vide-couille ! Vous allez avoir de sacré problèmes lorsque j’irai en référé à qui de droit. »
Il éclate de rire. Un rire tonitruant à faire glacer chaque millimètre de mon corps. Je m’éloigne de lui, de peur qu’il ne me tombe dessus, tout en gardant en tête que je ne dois pas trop le faire bouger.
« —Et vers qui comptez-vous allez en référé ? Qui est donc ce « qui de droit » ? Ne savez vous pas qu’après moi ici il n’y a personne ?
—Ce cabinet ne vous appartient pas ! Je suis certaine que monsieur Akoli saura écouter ma plainte. »
Il continue de rire et maintenant les larmes aux yeux, me donnant presque le sentiment de m’être trompée. S’il rit autant, c’est peut-être parce qu’Akoli lui permet de faire ce qu’il veut. Ce qui est logique. D’après ce que Sam et les commérages de couloirs ont laissé entendre, ça fait quelques années, qu’il s’offre des « collaboratrices » pour son petit plaisir, sans jamais être inquiété. Akoli doit forcément le couvrir… Quelle idiote je fais, mon plan tombe à l’eau, je me dis défaitiste.
« —Akoli….il me mange dans la main comme le gentil petit toutou qu’il est. Je n’ai qu’à claquer des doigts pour lui faire faire ce que je veux. il ajoute en s’approchant de moi. Et toi…. tu peux continuer à faire ta petite prude mais crois-moi, tu ne feras pas long feu ici sans mon accord, alors je serais toi, je me coopérerai. »
Sans que je ne m’y attende, il vient se coller contre moi, et me plaque contre le mur, avec une force que je ne devinais pas. Il plaque une de ses mains contre ma bouche, puis de l’autre, retrousse d’un geste sec, ma jupe et tente de nouveau de passer sa main entre mes cuisses.
Je réunis toute l’énergie qu’il me reste malgré la peur et le flanque un coup genou entre ses cuisses, puis le plante le talon d’un de mes escarpins dans le pied avant de le pousser, récupérer mon téléphone posé sur la bibliothèque et sortir de son bureau.
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Bonsoir,
Deux petites suites pour bien commencer la semaine.
Des bisous en pagaille,
Tiya