Chaud devant !
Ecrit par Farida IB
Debbie…
J’avale à petites gorgées, mon thé brûlant debout devant la table à manger du salon où sont attablés Sophie, Caroline et Junior pour le petit-déjeuner. J’écoute leurs causeries d’une oreille distraite, je suis en pleine réflexion en fait. La panne d’Armel m’a mis dans le cogito depuis deux jours. Bon, je sais que c’est susceptible de toucher tous les hommes au cours de leurs vies même si c’est la première fois dans son cas. C’est du reste cela qui m’intrigue et qui me fait réfléchir. J’ai fait des recherches sur Internet parce qu’il faut le dire nous n’en avons pas encore vraiment discuté. Nous ne nous sommes presque pas vu hier, je sais qu’il m’évite. Il a semblé gêné sur le moment lorsque je lui en ai parlé du coup, je n’ai pas voulu insister. J’ai lu que ça peut être lié à un stress, un problème psychologique en particulier ou s’il vient de vivre une période d’abstinence sexuelle. Je penche plus sur cette dernière hypothèse dans la mesure où ça va faire deux mois qu’on n’a pas fait boom boom crac crac. On connait tous le très récent passé d’Armel ici et vous serez d’accord avec moi pour dire que c’est un véritable exploit.
Ça m’a toutefois mis devant une évidence : mon travail est en train de nuire à ma vie amoureuse ! Et pourtant, je ne suis qu’à mes débuts. C’est pourquoi j’envisage sérieusement de modifier mon emploi du temps et revoir mes priorités tant qu’on y est. C’est le bruit de la télécommande que viens de jeter Etiam qui me sort de mes pensées. Lui depuis qu’il a commencé à se déplacer à quatre pattes, on n’a plus le temps. Je me mets à ses trousses en marchant avec les jambes et les bras fléchis, le dos courbé tout en maugréant. Il le prend comme un jeu et accélère sa course vers ma chambre en riant. Je le rattrape dans le vestibule.
Moi : toi, je vais te donner une bonne fessée ce beau matin.
Il rit encore plus, je plonge ma tête dans son cou pendant qu’on retourne au salon.
Moi : tu sens bon (aux autres) allez, on se dépêche. Vous allez me mettre en retard.
Junior : moi yai finit !
Sophie : moi aussi !
Moi : hum, c’est vrai ce mensonge ? (m’arrêtant devant eux) Rhoo Junior tu en as mis partout. Caro, tu comptes le boire ce thé ?
Caroline faisant la moue : c’est chaud.
Moi : bon laisse tomber, je vais te faire une tartine à emporter. Sophie, ma chérie va voir si leurs en-cas sont prêts et tu peux s’il te plaît enlever la tâche de chocolat sur le t-shirt de Junior ?
Sophie : oui-oui (ajoutant) oui pour les en-cas et oui pour la tache.
Moi : lol, tu fais super super attention pour éviter que ça se propage. Applique la vaseline d’abord.
Sophie ton gai : d’accord d’accord ! Juju vient !
Ils s’en vont et je tourne mon regard dans leur direction pour appeler Noémie.
Moi (hurlant) : Noémie !!!!
Noémie : deux minutes !
Moi : fais bien ta star, tu vas confirmer le train onze un lundi matin.
Caroline criant : davi Noémie dépêche toi de sortir pour qu’elle arrête de crier dans mes oreilles.
Moi faussement menaçante : petite chipie, tu vas voir ce que je vais te faire !
Elle descend précipitamment de sa chaise et sors en riant. Ça m’amuse pendant que je range et débarrasse la table. On commence à sentir l’effet des séances chez le psy. Effets positifs, je dois dire. Elle retrouve peu à peu sa personnalité ainsi que son humeur espiègle. Mais toujours est-il qu’on n’y met tous du nôtre pour que ce drame ne soit plus qu’un lointain souvenir pour elle. Par mesure de sécurité, je leur ai changé d’école. Je les ai inscrits dans une école avec garderie et c’est soit Noémie soit moi qui les récupère en début de soirée selon ma disponibilité. C’est plus facile comme ça pour tout le monde parce que dada… Enfin bref !
On s’active tous pour sortir de la maison à la file indienne. Pendant que je traîne les enfants sur la moto, Sophie nous pousse par l’arrière et miss Noémie est alignée juste derrière elle. Je peux voir dans le rétroviseur qu’elle pianote sur son téléphone. Ce qui me met en rogne.
Moi : tu chattes avec qui encore ce matin ? La personne n’a rien à faire ?
Noémie souriant à l’écran :….
Sophie tournant vers elle : je crois que c’est à toi qu’elle parle.
Moi pestant : comme si elle l’ignorait ! Noémie ne perd pas de vue que tu es en classe d’examen cette année. Le bac ce n’est pas de l’amusement.
Noémie dans un souffle : Debbie, s’il te plaît, ne commence pas à me casser le feeling ce beau matin ! Ma semaine s’annonçait bien !
Je passe le portail vénère. Je prends le soin de garer la moto, faire descendre les petits et me mettre bien en face d’elle avant de parler en gesticulant.
Moi : tu me parles sur un autre ton, tu as compris ? Tu trouves normal pour un élève en terminale d’être tout le temps sur son téléphone, d’avoir des conversations tardives avec je ne sais qui ! On a dit pas de téléphone, pas de médias en semaine. D’ailleurs même, je parle trop, je vais te le confisquer et qu’on en parle plus.
Noémie la petite voix : est-ce vraiment nécessaire ?
Caroline : ça y est, tu l’as mise en colère !
Je lui jette un regard réprobateur qu’elle fuit. Son intervention a tout de même le don de me mitiger. Je soupire et fixe Noémie à nouveau.
Moi calmement : c’est toi tu veux qu’on te traite comme un enfant. N'oublies pas que ces règles, nous l’avons instauré (faisant un geste d’ensemble) tous les cinq, pour notre bien à tous. C’est toi qui devrais montrer l’exemple, mais tu fais tout le contraire.
Noémie : c’est bon c’est bon, je m’excuse. Je vais l’éteindre.
Moi : non, tu me le rends ! Tu le récupéreras ce soir.
Noémie : oh je…
Elle s’interrompt en avisant ma moue réprobatrice.
Noémie soupir résigné : ok, je l’ai mérité.
Moi sourire jaune : enfin, tu deviens raisonnable !
Je prends le téléphone et le glisse dans mon sac. Elle se met à bouder dans son coin et nous, on se met à discuter gaiement. Enfin, je prends note de la liste des choses que je dois leur ramener ce soir (lol). À 6 h 45 pile-poil, on voit Marianne ouvrir la porte de leur garage en même temps que Armel sort sa voiture. C’est son heure. Il gare à notre hauteur et pendant que Noémie, Sophie et Marianne montent à l’arrière, je vais me pencher par sa vitre qu’il a entièrement baissée. On s’échange ensuite les bonjours.
Moi : ça va toi ?
Armel (levant les yeux sur moi) : je suis très en forme et toi ?
J’égrène un sourire pour avoir pigé le double sens de sa phrase.
Moi : merci pour l’info, je vais très bien moi aussi merci.
Il a un sourire entendu également.
Moi : on se voit ce soir ? Je veux dire après mes cours. On doit se parler et surtout s’écouter.
Armel : tu n’auras pas une correction ou des recherches à faire ?
Moi : ce soir, je fais une exception.
Armel sourire en coin : c'est bon à savoir.
Noémie : et mon portable ?
Moi la fusillant du regard : tu as dit quelque chose ?
Elle passe la main sur sa pomme d’Adam (parce que oui, elle en a une) en grimaçant.
Noémie : un chat, coincé dans ma gorge.
Moi : tchuiip’s tu ferais mieux de l’avaler.
Les autres rient.
Armel : à ce soir donc.
Noémie : hmmm.
Moi : toi, je vais te gifler ! (fixant Armel) À ce soir mon amour.
Je lui fais un smack vite fait.
Elles : woouuuoohhhh !!
Marianne et Sophie en même temps : Armel et Debbie sont amoureeeuuuxxx.
Armel et moi secouons la tête amusés, elles continuent jusqu’à ce que j’embarque Caroline et Junior derrière la moto. Nous démarrons au même moment et roulons en parallèle sur une certaine distance avant de prendre des directions opposées. Moins de dix minutes après, je stationne devant l’école et attends qu’un responsable récupère les enfants pour remettre le contact.
Moi : bonne journée mes chéris.
Caroline : bonne journée à toi aussi.
Moi : Junior, power five !
Il cogne légèrement son poing contre le mien et se tape la poitrine, je souris. On agite nos mains pour se dire au revoir définitivement et je redémarre. Comme chaque lundi matin, nous avons une réunion d’information. C’est pour cela qu’en arrivant au magazine, je me dirige tout droit vers la salle de réunion. Je salue tout le monde avec sourire, je serre quelques mains et réponds joyeusement aux compliments de certains collègues. En principe ici, je n’ai pas vraiment d’atomes crochus. Je me contente d’être joviale envers tout le monde. Je pousse le battant du show room qui s’ouvre sur le sourire éclatant de notre Directeur artistique qui me dévisage la bouche entrouverte comme à son habitude. Je déchante, si ce n’est pas de la poisse ça.
M. Atayi (c’est son nom) : miss Deborah bravoure (c’est devenu une chanson ici) on sent que toi, tu as passé un bon week-end.
Moi roulant des yeux : mademoiselle Diapena, s’il vous plaît ! Bonjour M. Atayi.
M. Atayi : bonjour, tu n’en as pas marre d’être tout le temps conventionnelle ?
Moi : pourquoi devrais-je en avoir marre ?
Je l’ai dit sur un ton plus agressif que je ne l’aurai voulu, ce qui fait qu’il lève la main en guise d’apaisement.
M Atayi : oh ho ho, ne commence pas déjà à cracher ton venin sur moi. Je viens en paix !
Je le toise du regard, mais ne dis rien et quitte devant lui. Lui par contre je ne peux pas le blairer ! De fait, nous sommes tous les deux nouvellement embauchés et on est d’accord que c’est un jeune émergent, élégant, intelligent et prometteur. Il occupe un poste à responsabilité à 25 ans. Je le sais parce qu’il est le sujet de conversation de toutes les femmes au sein de la boite, elles craquent toutes pour lui. C’est vrai qu’il est plutôt mignon, même très mignon pour être totalement honnête. Mais en même temps, il dégage quelque chose de louche. Enfin, j’ai tout de suite flairé une aura pas très nette sur lui au premier contact donc il m’énerve seulement.
M. Atayi (me suivant) : je voudrais savoir une chose, tu as quoi contre moi ? Dis le moi est-ce que je t’ai fait quelque chose ?
Moi sans me retourner : non rien du tout.
Il se hâte et revient se mettre à ma hauteur.
M. Atayi : mais alors quoi ? Pourquoi tu fais ça ?
Moi : faire quoi ?
M. Atayi : pourquoi tu me snobes ? Tu m’évites à longueur de journée.
Moi : n’importe quoi, je ne vous évite pas. (accélérant mes pas de nouveau) Maintenant si vous voulez bien me laisser aller travailler.
M Atayi m’imitant : attends-je n’en ai pas fini avec toi.
Moi me tournant à demi : moi si, bonne journée M. Atayi.
M. Atayi : je préfère Paterson.
Et puis quoi encore ? Je change de direction pour aller vers le distributeur d'eau, je ne vérifie pas s’il me suit ou pas. C’est lorsque je place un verre jetable sous le bouton d'eau tempérée que sa fragrance du dernier bois d’argent vient me titiller les narines. Je tourne vers ma gauche pour le voir adosser contre le mur les bras croisés sur sa poitrine.
Moi me relevant : quoi encore ?
M. Atayi : je tiens à ce que tu me dises ce que je t’ai fait.
Moi avec humeur : non mais fichez-moi la paix diantre !
M. Atayi posément : on peut avoir une conversation civilisée et sans effets sonores ?
Je souffle agacée et tout à coup…
M. Atayi : Deborah, je ne cherche pas à te mettre dans mon lit.
Moi outrée : quoi ? Je n’ai jamais dit ça !
M. Atayi : tu n’as pas besoin de le dire. Je veux tout simplement sympathiser. Enfin, on est tous les deux nouveaux ici et on à peu près le même âge si je ne me trompes pas.
Moi : parce que tu connais mon âge ?
M. Atayi ton dérisoire : mais dis-donc, on avance bien. Tu vois que c’est plus facile de tutoyer.
C’est à ce moment-là que je m’en rends compte. Je roule des yeux et fais demi-tour vers la salle de réunion. Une collègue déboule au même moment et l’accapare, ce qui me permet de m’éclipser doucement pour vaquer librement à mes occupations.
Un moment plus tard, j’entends mes collègues se lever. La réunion est terminée et ils regagnent leur bureau. Je range la paperasse préoccupée par les conclusions de la réunion. Bon en ce qui me concerne, j’ai été choisi pour une mission au Burkina Faso et le voyage est prévu dans trois jours. C’est dans le cadre d’une enquête pour une nouvelle campagne de lutte contre le travail des enfants. Normalement c’est une bonne nouvelle, seulement que ça vient contrecarrer mes plans de sauvetage de mon couple. Mais ça encore, c’est gérable. Il me suffit de mettre les trois jours à profit. Le cauchemar, c’est que je vais devoir y aller avec le mec le plus insupportable de la terre que je connais. Je parle du loup quand je vois sa queue.
M. Atayi : j’en connais une qui va devoir me supporter pendant deux semaines. Ça fait 15 jours, 360 heures et...
Moi prenant sur moi : d’accord, tu n’as rien à faire ?
M. Atayi : ouais c’est ça ouais, cache ta joie !
Il rigole sarcastiquement et disparaît derrière la porte sans crier gare. Je ravale ma frustration quand tata Mimi revient dans la salle. Elle me confie la synthèse des interviews qu’elle a faites pendant le week-end. Je me plonge dedans sans aucune retenue jusqu’à ce que mon téléphone se mette à vibrer. Je le prends et trouve un message d’Armel.
Armel : « Coucou, tu as du temps pour déjeuner ? »
Moi répondant : j’ai du boulot, mais je pense pouvoir finir avant l’heure du déjeuner.
Armel : il est l’heure de passer à table boring madame !
J’avise la montre pour m’apercevoir qu’il est exactement l’heure de la pause-déjeuner.
Moi : pardon, je n’ai pas vu le temps passé.
Armel : je m’en doutais bien, tu veux bien faire une pause et descendre me voir ?
Moi : tu es ici ?
Armel : oui.
Moi : j’arrive !
J’éteins l’ordinateur après avoir enregistré mes textes. Je mets le téléphone dans ma poche et récupère mon sac sur la chaise de bureau. Je traverse le hall à pas pressés. Dans ma course folle, je heurte quelqu’un qui s’accroche à mon habit pour ne pas tomber. Malheureusement pour lui, je porte une combinaison en satin donc il se retrouve quand même sur le sol carrelé.
Moi : oh je suis dés (me ravisant) ah, c’est vous.
Il se relève en riant. Il y a un truc drôle ici inh ?
M. Atayi : je suis désolé, miss Deborah bravoure, je m’excuse.
Moi soufflant : ça va, ça va.
Je poursuis mon chemin sans plus, je peux deviner qu’il me suit. Enfin, son parfum me suit.
Love (une collègue qui passe à ce moment là) : vous partez manger un bout n’est-ce pas ? Je peux venir avec vous ?
M. Atayi qui répond : je voulais me livrer un truc, mais si miss Deborah bravoure accepte, je peux vous inviter toutes les deux.
Je penche la tête sur le côté pour m’adresser directement à lui.
Moi : non merci, je suis attendue.
M. Atayi : on peut savoir par qui ?
Moi jetant un regard froid : non mais de quoi je me mêle ?
M. Atayi : hoo parle bien déjà !
Moi vénère : je parle comme je veux d’accord ?
Il fronce les sourcils et me regarde, regard que je soutiens. On se jauge ainsi pendant quelques secondes au bout desquelles il décolle ses yeux et se redresse avant de défroisser un pli imaginaire sur sa veste.
Love : oo-k d’ac-cord ! Paterson si tu veux bien m’inviter moi, j’accepte sans rechigner.
Il se passe la main sur la tête avant de se tourner vers elle.
M. Atayi : une prochaine fois Love.
Il quitte devant nous et s’en va en direction de l’open space. Je dépasse Love qui tourne en rond l’air déroutée et vais ouvrir la porte d’entrée. Je dévale les escaliers deux à deux. Il vient de saper mon humeur mine de rien. Je retrouve néanmoins le sourire quand je croise celui de mon monsieur à moi.
Armel pendant que je monte : tu en as mis du temps.
Moi : désolée, un contretemps.
On se fait un smack.
Moi : rebonjour,
Armel : bonjour Deb, ça a été ta matinée ?
Je fais une grimace en hochant la tête. Maintenant quand c’est à base de Deb, c’est qu’on n’est pas content content. Il fait la manœuvre et quitte le parking. Il m’emmène chez Akif où on s’installe à peine qu’on vient nous servir des plats.
Armel : je me suis permis de commander à l’avance pour nous deux.
Moi ravie : c’est parfait, ça va nous faire gagner du temps.
Armel : Deborah, je sais que je t’ai décroché de ton travail, mais tu peux juste faire semblant d’être heureuse de déjeuner avec moi ?
Moi plissant les yeux : qu’est-ce qui te fais penser que je ne le suis pas ?
Il pointe son doigt vers mon nez.
Armel : tu as le nez qui transpire.
Moi : ça n’a rien à voir avec toi. Enfin, je t’ai dit que j’avais eu un contretemps toute à l’heure en venant te rejoindre.
Il arque le sourcil en attendant que je précise.
Moi : un accrochage avec un collègue.
Armel : un ? C’est qui celui-là ?
Moi (avec un geste évasif de la main) : notre Directeur artistique (d’un trait) il m’insupporte le type à forcer l’entente, on dirait que je suis la seule fille dans la structure. Pourtant toutes les femmes en pince pour lui parce qu’il est jeune et beau et il a un bon poste et tout et tout. Il agit comme si elles étaient invisibles, mais c’est sur Deborah Diapena qu’il jette son dévolu. Il ...
Je minterromps en le voyant sourire.
Moi : qu’est-ce qui te fait sourire ?
Armel : dis-moi si je dois commencer à m’inquiéter.
Moi haussant les sourcils : for what ?
Armel : tu trouves le type beau, jeune et responsable et les éclairs dans tes yeux quand tu en parlais…
Moi le coupant : c’est parce qu’il m’énerve franchement, je ne peux pas le blairer. Il n’est même pas plus beau que toi. En plus, je trouve sa beauté trop féminine, trop peu pour moi !
Armel amusé : merci, ça me flatte beaucoup.
Moi : Armel, je suis sérieuse.
Là, il éclate de rire.
Armel secoué de rire : je te crois t’inquiètes.
Moi me fâchant : il n’y a rien de drôle ici !
Armel levant une main : hé, j’essaie seulement de détendre l’atmosphère.
Je souffle.
Armel un point calme : Debbie apprend à garder le sang-froid. C’est peut-être ça qui pousse le type à t’enquiquiner, tu es beaucoup trop susceptible.
Je soupire bruyamment en pensant qu’il a raison. Il faut que j’évite de rentrer dans son jeu et m’évertuer à l’ignorer comme avant. Il finira par se fatiguer de lui-même. Je pense comme ça que je me souviens que je pars en mission avec lui pendant de deux semaines, je soupire quand je tombe sur le regard intrigué d’Armel.
Armel : qu’est-ce qu’il y a encore ?
Moi secouant la tête : rien rien.
Bon, j’ai encore trois jours pour lui annoncer ça. On ne va pas gâcher le moment.
Moi extrapolant : mangeons, tout ça m’a l’air appétissant.
Il hoche la tête et entame déjà bien le plat avant de rompre le silence.
Armel : sinon je voudrais qu’on discute de ce qui s’est passé samedi.
Moi (déglutinant prise de court) : ah oui ?
Armel : oui parce que si on doit se voir ce soir ça ne sera sûrement pas pour discuter.
Je lève le regard amusé sur lui.
Moi : dois-je comprendre par là que le problème est réglé ?
Armel : en effet. Enfin, je n’ai aucun problème à priori. J’étais inhibé par la fatigue, mais j’ai eu le temps de recharger ma batterie.
Moi : je veux quand même m’en assurée.
Armel : tu me lances un défi ?
Moi : oui, je suis curieuse de connaître le niveau de charge.
Armel : un tigre ne proclame pas sa tigritude. Il bondit sur sa proie et la dévore.
Moi : lol carrément !
Je ris et retrouve ainsi ma bonne humeur. On passe le reste du déjeuner à s’échanger des joutes salaces. Je retourne au bureau impatiente d’être à ce soir. Tout l’après-midi, je suis focus sur ça et sur mon travail, ce qui m’empêche de répliquer aux provocations du sieur Atayi. Curieusement, ce soir-là, j’étais très attentive au cours et j’y ai même participé. À la sortie je fonce directement chez les Elli. Je passe rapidement saluer la maîtresse des lieux, en arrivant dans la tanière du troisième prince, je ne le trouve nulle part. Je trouve cependant un post-it sur la table de chevet qui me renseigne sur sa position. Je prends tout mon temps dans la salle de bain pour me faire une beauté. À la sortie, j’enfile un ensemble de dessous sexy et un peignoir en soie rouge assorti aux dessous que j’ai laissé ici. Je le retrouve sur le balcon d’une chambre à l’étage supérieur. Je m’avance vers lui intriguée vu que c’est une partie de la maison qu’ils utilisent rarement. Il me prend la main et me fait tourner sur moi-même.
Armel : tu as décidé de me tuer ce soir.
Moi : un peu seulement, j’ai encore besoin de toi.
Il me regarde et sourit.
Moi souriant de même : qu’est-ce qu’on fait là ?
Armel : j’innove !
Je souris de plus belle et lorsque nos lèvres se rencontrent, je jubile. J’ai attendu ce moment toute la journée donc je ne me prive pas et lui non plus pour ainsi dire. On se dévore mutuellement. Je m’accroche à lui quand il nous fait passer la porte. Il se tourne et me plaque contre celle-ci. De là, je peux voir le décor romantique implanté dans la chambre.
Moi : mais dis-donc, tu n’as pas fait dans le détail.
Il sourit juste et entreprend de me faire une léchouille dans le lobe de l’oreille. Je frémis. Je me retrouve allongée entre les pétales de fleurs sur le lit, il enlève mon peignoir minutieusement avant de se mettre sur moi. Je frissonne encore plus lorsqu’il m’embrasse le cou. Je ne sais pas comment il fait, mais chaque baiser, chaque caresse m’assaillait de frissons. Je me mordais la lèvre inférieure pour éviter de crier tellement que j’avais chaud.
Moi ton pressant : laisse-moi faire.
Armel regard moqueur : d’accord, si tu insistes.
Je joins mes mains sous mes seins et dégrafe mon soutien-gorge en un seul geste. Sitôt il se penche sur ma poitrine et commence par placer une myriade de bisous sur le sillon inter mammaire puis il passe une aréole le long de sa lèvre avant de le prendre à pleine bouche. J’avais dit ici que ma poitrine jouait pleinement son rôle quoiqu’elle soit petite, vous vous souvenez de ça, j’espère. Je ne vois même pas pourquoi cette polémique sur la poitrine des femmes. Big boobs, small boobs, ça sert les mêmes finalités non !? (bon les mecs si vous voulez bien nous édifier) Pour revenir à nos moutons, Armel reprend le même processus sur le second sein, cette fois en fouinant simultanément dans ma cave avec ses doigts. J’avais des bouchées de chaleurs, oh mygahh !
Moi : Selom vient aller !
Il me regarde et rit franchement.
Armel : on a sorti les prénoms du placard. Alors là, c’est chaud !
Il le dit en me pénétrant doucement, je me mords la lèvre à son premier va-et-vient. Je voulais dire quelque chose, mais laissez tomber quoi ! J’enfonce mes ongles dans son dos quand il reprend son truc avec mes bouts de sein et m’embrasse le cou alors qu’il me donne de sérieux coups de reins. Ah, là là là, je confirme le code. La batterie est complètement chargée, et même au-delà du niveau normal de charge. Il augmentait la puissance des coups et au fur et à mesure, je ne contrôlais plus rien. À chaque mouvement de son sexe en moi, je criais tout mon plaisir. Je l’ai entendu grogner quand j’ai serré son cou à l’étouffée. Je me retrouve sur le coup et il m’incite à me relever pour me mettre à quatre pattes. Il me met une énorme fessée en me pénétrant d’un coup sec. Au lieu de m’en offusquer ça m’excite, je gémis et me cambre encore plus. Il a commencé doucement puis de plus en plus vite en me donnant des fessées de temps à autres.
Après un moment, une heure ou une heure trente je ne saurais préciser, je jouis sans retenue et il vient juste après dans un long râle triomphant. Il me faut près de cinq minutes pour reprendre ma respiration et cinq autres pour retrouver l’usage de ma voix tandis que mes jambes n’ont de cesse de trembler.
Moi : c’était… C’était intense, franchement incroyable et nouveaux comme sensations.
Armel souriant fièrement : content que tu aies apprécié. Par contre, ce n’était que l’échauffement.
Je me redresse et ajuste le drap sur ma poitrine en le fixant.
Moi : dis-moi, tu as pris quoi ?
Armel : lol rien, je t’ai dit que j’étais en forme.
Moi pas convaincue : vas-y tu peux me le dire.
Armel : j’ai arrêté avec Vody.
Ce qui est vrai, mais je reste sur la réserve. Je pense qu’il a compris étant donné qu’il me regarde un sourcil levé.
Armel : tu veux tout savoir ?
Je hoche la tête et dresse mes oreilles.
Armel : j’ai seulement réalisé mes fantasmes et tous les rêves érotiques que tu m’as fait faire ces deux derniers mois.
Je me camoufle le visage avec mes mains.
Moi : je suis vraiment désolée bé.
Armel : je compte prendre ma revanche.
Moi enlevant la couverture : prend moi cadeau, fais de moi ce que tu veux.
Armel : j’y compte bien !
Il me ramène fermement contre lui par le pied. Je pousse un petit cri surprise. Au même moment, je me rappelle d’un truc important.
Moi gesticulant : attends, attend.
Armel la tête plongée dans mon cou : quoi ?
Moi : je dois faire ma toilette.
Armel : tu es sérieuse là ?
Moi : oui, ça évite les infections étant donné qu’on a zappé sur les préservatifs.
Armel faisant une grimace : je n’en ai pas trouvé à ma taille.
Moi : dans toutes les pharmacies ?
Armel : bah celles que j’ai parcourues, bon maintenant va faire ta chose.
Je me lève pour y aller et le vois, qui se lève aussi.
Armel : bon, je viens avec toi.
Il me prend comme une princesse et quelques instants après, il me pose dans la baignoire. C’est lui-même qui me fait la toilette et je dois dire que la sensation est agréable. Je le regarde qui pose mon pied sur son épaule. Quand je sens son souffle sur ma chair tendre, j’ai un mouvement de recul et jette ma tête en arrière en faisant le « shhh ». Il me ramène par les fesses pendant que sa langue trace un sillon entre mes fesses et titille mon entrée. Je me contracte et il me susurre de me détendre. Je m’exécute juste, sa grosse voix là ! Bientôt, sa langue est de retour en moi, je commence à avoir chaud, très chaud. J’allume le jet d’eau qui rejaillit directement sur moi, mais j’ai toujours autant chaud. Je suis sur le point de le supplier lorsqu’il me pénètre, je halète. Putain que c’est bon, trop bon. Je m’appuis fermement contre les rebords de la baignoire tandis qu’il me tient par la hanche et fait des va-et-vient avec mon corps. Je relève bien mon bassin et me cambre vers l’avant pour lui permettre un meilleur accès et là, il redouble d’ardeur. Je me mets à jouir en langue, au bout d’un moment, je finis en pleurs. Il accélère ses mouvements et comme au premier round, je ne suis plus que couinements et gémissements intenses. Je vous passe le reste.
Je me réveille à 5 h pétante, l’horloge interne oblige. Je me redresse péniblement, j’ai les jambes déboîtées et le corps n’en parle même pas ! Je souris en croisant le visage endormi d’Armel. Il est trop beau mon amour quand il dort. Je ne dis pas ça parce qu’il s’est bien occupé de moi cette nuit rassurez-vous. Je ne le dis pas très souvent, mais mon chéri, c’est trop un beau gosse et sa virilité pololohh. Qu’est-ce que je raconte même ? Je crois que mes sens sont encore embrouillés.
Armel : tu comptes aller où comme ça ?
J’arrête de ramasser mes affaires sur le sol et me tourne vers lui tout sourire.
Moi la voix enrouée : tu es réveillé ?
Je me racle la gorge.
Armel : pour un quatrième coup oui.
Moi ton conciliant : ce soir promis. Il faut que j’aille travailler et tu as cours aussi d'ailleurs.
Armel ton sceptique : tu as promis.
Je vais prendre son visage en coupe et l’embrasse à pleine bouche.
Moi : parole d’Elli.
Armel : sourire* (chantonnant) ah oui ah oui la dot. Bébé veut un gosse.
Moi : lol, c’est quand tu veux bébé.
Armel l’air intéressé : c’est vrai ?
Moi : on va le mettre en perspective.
Armel : lol je me disais bien.
Il se lève du lit tout nu et marche vers la salle de bain, mes yeux tombent sur son membre bien dressé et ne peuvent plus se décoller. Je secoue ma tête pour extirper les idées pas très catholiques qui me passent par la tête en ce moment. Deborah tu dois te rendre au boulot. Mais tant pis ! Cinq minutes de gâterie, ça va le faire. Dix, non trente minutes après on est descendu enfin. C’est là-bas que je me douche histoire de gagner du temps. Il me remplace sous la douche pendant que je reporte mes vêtements de la veille pour sortir en douce de la maison. En passant devant la cuisine, j’entends le bruit de l’eau qui coule puis…
…. Deborah ma fille, vient un peu par ici.
Moi à moi-même : oh seigneur !
Je me stoppe et tourne sur moi en réfléchissant si je poursuis mon chemin ou si je réponds à l’appel. C’est évident que tout le bruit que j’ai fait cette nuit est parvenu à ses oreilles. En parlant d’elle, elle prend la peine de venir jusqu’à moi. Je dis d’une petite voix, du moins de ma petite voix enrouée.
Moi : maman Eunice tu fais quoi debout si tôt le matin ? Tu as besoin de quelque chose ?
Maman Eunice (un geste évasif de la main) : je m’occupais juste un peu, tu sais bien que je suis une lève-tôt. Tu viens ? J’ai du thé à la menthe.
Je hoche la tête en soupirant intérieurement apaisée.
Moi : avec plaisir.
Un thé et plus encore à la menthe ne me fera que du bien. Je prends place sur une chaise en boitant légèrement des pieds.
Maman Eunice : tu as quoi ?
Moi : non rien, je vais bien.
Maman Eunice : d’accord ok.
Elle pose une tasse devant moi, je la prends et bois une première gorgée. En reposant la tasse, j’aperçois un billet de dix mille francs dans la sous-tasse. Je la regarde avec les sourcils interrogateurs.
Moi : maman Eunice, c’est à toi ?
Maman Eunice : non à toi, achète-toi des antalgiques et des pastilles pour ta gorge. Tu en as bien besoin après la longue nuit que tu viens de passer. Il t'en faut de toute urgence.
Je tique en m’écriant dans mon for intérieur ‘’ doux Jésus !!’’.
Maman Eunice (ajoutant) : et une pilule du lendemain, au cas où tu tiens à ne pas tomber grosse maintenant.
Je regarde le billet et la rereregarde. Quand je dis je regarde, c’est que j’ai la bouche ouverte, la tasse suspendue en l’air. Je n'ai qu'une envie : que la terre s'ouvre sous mes pieds et m'engloutisse sans attendre.
Bon, les copines à ma place vous faites quoi ?