Comme un vent de folie (2)

Ecrit par Saria

***Cotonou***

***Cadjèhoun-Chez Jean-Yves***

***Jean-Yves TONI***

Coucou, il paraît que vous me cherchez ! Je suis là mais je me présente d’abord. On m’appelle Jean-Yves TONI, je suis le jeune frère de Guy. Étrange non ? Car à voir la façon dont notre mère se comporte on dirait qu’il est fils unique.


Entre ma mère et moi ça n’a jamais vraiment collé parce que très tôt je l’ai limité dans ses frasques, dans son besoin de contrôler nos vies. Son argument phare, c’est qu’elle nous a élevé seule et qu’elle s'est saigné pour nous envoyer dans les meilleures écoles pendant que notre père courait tous ce qui porte un jupon … je l’avoue. Donc elle a le droit de décider qui on voit, ce qu’on fait avec qui on couche, avec qui on parle...


A 38 ans, je suis un célibataire endurci, pas d’enfants (en tout cas pas à ma connaissance). Je n’arrive pas à me caser avec une femme parce qu'à chaque fois je que j'en rencontre une, elle n’arrive pas à la hauteur de celle que j’aime : Kafui.


Le courant est passé entre nous tout de suite, quand elle est arrivée à Angers, sortant tout droit de son Anecho natal. Je ne parlais pas beaucoup, elle non plus d’ailleurs. Nos studios se jouxtaient mais elle était tout le temps fourré chez moi à nettoyer, ranger et faire  à manger, à suivre un film...Bref, on était tout le temps ensemble.


Au bout d’un moment mes sentiments ont mués. Je l’aimais d’amour sans pouvoir lui dire, me disant qu’elle comprendrait à travers mes actes. De toute façon nous avions une relation exclusive…Jusqu’au jour où, je lui présente Guy. 


C’est lorsque j’ai vu le regard de mon frère sur elle que j’ai compris que c’était foutu d’avance. Il n’a pas arrêté de me poser pleins de questions sur elle, ce qu’elle aime, ce qu’elle fait. Il s’est mis à venir régulièrement me voir, alors que nous ne nous fréquentions pas beaucoup.


Je le savais lier à Nicole, alors quand j’ai senti qu’il n’était pas indifférent à Kafu ça a été difficile à gérer. On a d'ailleurs eu notre première et unique grosse dispute à cause de ça. Ce jour-là j’ai décidé de taire mes sentiments.

 

***Flash-Back 15 ans plus tôt***

Je crois qu’on devait se voir ce jour-là pour déjeuner mais je l’ai attendu en vain. J’ai frappé à sa porte personne, j’ai essayé de l’appeler mais ça sonnait dans le vide. C’est seulement en début de soirée qu’elle réapparaît tranquille.

Moi (lui criant dessus) : Où étais-tu ?

Kafui : Euh…J’avais un rencard !

Moi : On devait manger ensemble tu t’en souviens ?!

Kafui : Je suis désolée ! Tu as raison j’aurais dû annuler mais j’étais tellement contente qu’il m’invite que j’ai tout oublié.

Moi : Tu devrais faire attention à ne pas sortir avec n’importe qui!

Kafui : Ce n’est pas n’importe qui…C’est Guy !


J’ai ressenti la morsure de la jalousie…C’était difficile pour moi, ça aurait été un autre garçon que je me serais battu. Mais mon frère ! Que lui aurais-je dit sans qu’elle ne l’interprète mal ?


Moi (bredouillant) : Tu devrais quand-même faire attention ! Tu le connais à peine! C'est un homme...expérimenté!

Kafui : Pourquoi tu me cries dessus ? Tu n’es pas mon père que je sache ? Je pensais que tu serais content pour moi ! 


Les jours qui ont suivi ont été les plus durs de ma vie, elle me boudait, elle a arrêté de venir chez moi. Alors j’ai laissé tomber mais avant j’ai discuté avec mon frère. Après, j’ai assisté impuissant à leur idylle, je me consolais de la voir si heureuse, ça valait le sacrifice. Je connaissais également le penchant de mon frère pour Nicole. Quand, ils sont rentrés ensemble au pays, ça m’a rassuré. Après leur mariage, j’ai pris mes distances pour éviter d’interférer dans leur couple : j’ai décidé de rester vivre en France…puis récemment le Canada. Même si Kafu et moi avons gardé ce lien fort…Cette amitié qui fait qu’elle me raconte tout ce qui va ou ne va pas dans sa vie.

Voilà, vous savez tout Kafui je l’aime et mon frère l’a toujours su ! Et nous AVIONS un accord !


***Fin du Flash-back***


Drinnnnng !!!!!Drinnnnng !!!Drinnnnng !!!!!Drinnnnng !!!Drinnnnng !!!!!Drinnnnng !!!

Je me dépêche d’aller ouvrir, j’avais ma petite idée sur qui sonnait ! Tout compte fait je l’attendais puisque je lui ai envoyé un message. Dès que j’ouvre, il déboule à l’intérieur. Me dépassant, il se met à crier dans la maison.


Kafu ?! Kafu ?! Il monte les escaliers, je l’entends ouvrir  et claquer les portes des chambres à l’étage. Je m’installe tranquillement dans le fauteuil, je nous sers deux verres de whisky et j’allume un cigarillo j’en humais le parfum quand il redescend les yeux fous…de la jalousie…ça transpirait de tous ses pores, les poings crispés, les narines palpitantes, les mâchoires serrées.


Moi : Tu ferais mieux de t’asseoir grand-frère !

Guy : Où est mon épouse ? Dis-le moi sinon…


Alors je me lève à mon tour, je me plante devant lui, le défiant ! C’était son tour aujourd’hui, et pourtant contrairement à lui moi j’ai été réglo !


Moi : Sinon quoi ?! Quand tu me l’as enlevé, il y a quinze ans je t’ai promis que je m’effacerais, que je respecterais ton couple si tu prenais soin d’elle !

Guy : Et c’est ce que j’ai fait !

Moi : Non ! J’ai su pour chaque humiliation, chaque injure que ta mère lui a faite, tes silences coupables ! Je suis quand-même resté loin ! Ah ça t’étonne hein ?! Kafui me raconte tout, absolument tout ! Parce qu’elle a confiance en moi ! Parce que ça la décharge des chagrins dont tu es à la base !

Guy : …

Moi : Cette fois-ci tu t’es mis une balle dans le pied comme le con imbu de sa personne que tu es ! Tu les veux toutes les deux ! Nicole pour le fun et Kafui pour sa générosité…Sauf que tu vas perdre Kafui et je vais la récup…


Bam ! Il me met son poing dans la figure ! Alors je riposte ! Tellement ça me démangeait ! On se bat comme des fauves sans tenir compte des casses. Si Guy était plus costaud, moi j’avais l’avantage de la souplesse…et nous savons tous les deux nous battre !


A un moment, je prends le dessus et me retrouve à serrer le cou de mon frère, il se démenait comme un beau diable me griffait pour desserrer l’étreinte. J’étais furieux et la révolte grondait en moi. Pourtant, dans  un éclair de lucidité je le relâche. Nous nous relevons, tous les deux essoufflés.


Moi : sors…immédiatement…de…de chez moi…avant que je ne te tues !

Guy : …Ne t’approches pas d’elle !

Moi : ça reste…à voir ! Je t’ai laissé ta chance une fois…Tu l’as niqué…Ce n’est pas ma faute si tu es resté le petit garçon à maman !

Guy : Je t’emmerde !


Il sort de chez moi en claudiquant ! Je n’étais pas mécontent de la raclée que je lui ai mise, même si lui-même ne pas loupé !


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L'accoucheuse de fil...