Coup de foudre

Ecrit par Dr Sool

S'IL SUFFISAIT D'AIMER


Chapitre 1: Coup de foudre


-Azaya!!! Azaya!! Azaya !! Mais réveille toi bon sang!


-Quoi encore?!


-Tu ne vas pas au cours?! Allez debout !


-Pff je suis fatiguée.


-Tu ferais mieux de te bouger ! Tu sais bien que cet enseignant est toujours présent à l'heure !!


Azaya pousse un long soupir avant de se lever du lit. Elle s'étire longuement en murmurant des plaintes à peine audibles.


-Je n'ai même pas dormi 5 minutes!


-Laisse moi rire. Si l'enseignant du matin était venu, même ces 5 minutes tu ne les aurais pas eues!


Azaya se dirige vers la salle de bain pour se rafraîchir le visage, puis enfile ses chaussures et accroche à son épaule le sac qui contient toutes ses affaires.


Ça fait trois années qu'Azaya a obtenu avec brio son admission à la Faculté de Génie Industriel. Depuis sa tendre enfance elle rêve de faire carrière dans le domaine informatique, plus précisément la cybersecurité, qui est restée sa passion depuis lors. 


Le soleil est au zénith en cet après midi du mois de janvier. Il fait tellement chaud que même le vent qui souffle est ponctué de chaleur. Le campus est tout juste à quelques mètres de la cité où vit Elisabeth, la meilleure amie d'Azaya. Elles n'ont alors que quelques minutes de marche pour y arriver. C'est toujours l'occasion de se raconter des potins  sur ce qu'il se passe dans la promo ou dans la cité, de se moquer des enseignants et même faire le classement des plus beaux mecs du bahut. 


Après avoir traversé la barrière principale, les deux jeunes filles longent la longue allée qui sépare en deux les campus nouvellement construits. A gauche se trouvent les locaux de la faculté de génie industriel, tandis que sur la droite s'érige la bâtisse réservée à la faculté de médecine et des sciences pharmaceutiques. Un énorme contraste se démarque rapidement entre ces différents étudiants. Les uns, sobres et vêtus de façon décontractée et confortable calquent les autres de snobs, toujours tirés à quatre épingles avec leurs pantalons chemises et cravates bien repassés. 


Azaya écoute attentivement l'anecdote que lui raconte son amie, mais ne peut s'empêcher de jetter un coup d'œil aux deux jeunes hommes qui avancent dans leur direction. A voir leur accoutrement sérieux et responsable elle devine tout de suite que ce sont les habitants de la planète voisine.


Azaya observe particulièrement ce jeune homme calme et posé qui est deux pas plus en avant que son compagnon. Ses jambes longues et arquées sont mises en valeur par un pantalon sur mesure noir soigneusement repassé, avec des plis aussi tranchants qu'une lame. Une ceinture de la même teinte marron bois que sa paire de chaussure luisante marque sa taille, et tient bien enfilée la chemise blanche sur laquelle repose une cravate de marque bleu marine. Sa démarche est pleine d'assurance et de charisme, sa main droite manipule agilement son téléphone, tandis que la gauche est dans sa poche. 


Il avance lentement et lorsqu'il arrive à la hauteur des deux jeunes filles, il lève la tête et son regard croise celui d'Azaya.


C'est un mélange de chaleur qui traverse tout le corps et d'une sensation de fraîcheur intense qu'elle ressent au même même moment. Son regard reste figé pendant quelques secondes, le temps que les deux inconnus s'éloignent. Azaya ne comprends pas ce qu'il vient de se passer, mais une chose est sûre, elle a ressenti quelque chose qu'elle n'avait jamais ressenti avant, comme une décharge d'électrochoc...


-Azaya!! Tu m'écoutes ?!! 


- (perdue) Euh quoi? Je veux dire oui...!


-J'y crois pas!! Ça fait combien de temps que je parles seule?!!


-Je t'ai écouté !! Tu parlais de la réaction du concierge après la scène de la voisine du haut...


-Ça c'était il y a plus de 10 minutes !! Azaya je pense qu'il est inutile de te rappeler que c'est impensable.


-Quoi?!


-Ce jeune homme! Il est totalement hors de ta portée. Tu connais ces médecins, gosses de riches gâtés imbus d'eux mêmes. Et puis celui ci a en plus une beauté de mec très frivole et méchant. Le genre qui te fait tomber amoureuse et t'utilises pour ensuite te jetter comme une vieille chaussette ! Fais toi une raison et efface cette image de ton esprit ! C'est pas un mec pour toi!


-(claquant dans les mains)Bravo!! En trois secondes chrono tu as décortiqué sa personnalité. Je ne te connaissais pas des talents de profiler! Ou alors c'est l'expérience qui parle?


-Prends ça comme tu veux! Mais je suis ton amie et je dois te prévenir !!


-Primo, ce n'est pas comme si j'allais courir demander ce beau gosse en mariage, deuxio ne prends pas ton expérience avec Alan pour un cas général. Les gens peuvent fréquenter des mêmez milieux sans toutefois avoir les mêmes mentalités.


-Si tu le dis. Dans tous les cas je suis sûre qu'il ne t'a même pas remarqué.


-Comme tu peux être rabat joie Elisabeth MATIP!! Ton franc parler ouais, j'aime bien, mais parfois tu devrais la fermer! Regarde moi encore bien!


-Etre aussi belle ne suffit pas! D'autant plus que tu es noire de teint, ce genre de mec aime les filles au teint clair ou caramel.


-De toutes les façons, je ne sais pas pourquoi nous parlons de lui. Il ne me plaît pas du tout. Il est certes beau mais bof j'en ai connu de plus beaux alors continue plutôt de me raconter la suite de l'histoire avec la facture de courant...


Les deux jeunes femmes franchissent les quelques marches d'escalier qui conduisent à la cour commune aux quatre bâtiments qui se font face. La salle dans laquelle elles ont leur prochain cours est au premier étage du bâtiment principal. Leurs camarades du génie Télécom sont déjà installés et papotent par groupe de deux ou trois en attendant l'arrivée de l'enseignant. Ce dernier ne tarde pas à faire son entrée, tandis que les étudiants poussent des soupirs de déception.


Durant tout le long du cours, Azaya n'arrive pas véritablement à se concentrer. Elle ne peut s'empêcher de penser à ce jeune homme à la cravate bleu marine. Elle revoit son visage svelte et ses yeux marrons clair au dessus desquels trônent des sourcils tracés à la perfection. Ces lunettes fines et luxueuses lui donnant un air de geek charmant. Elle revoit cette belle bouche qui donne juste envie d'être embrassée et à ces longs doigts fins qui maniaient avec agilité le large téléphone d'une marque très en vogue.


Azaya est une magnifique jeune fille d'un teint noir comme on n'en trouve plus. Sa peau satinée est uniforme et douce comme du miel. Une beauté à la fois brute et discrète, qui est agrémentée par le corps aux jolies formes toujours dissimulées dans des pantalons jeans oversize et des polos confortables.


A première vue, ce n'est pas le genre de fille qui attire tout de suite l'attention. Rien à y voir avec les jeunes demoiselles de la planète d'en face pour lesquelles la coquetterie n'a plus aucun secret. Leur quotidien est fait de belles robes de cocktail et d'ensembles tailleur près du corps, accompagnés d'escarpins pour les plus habilles et habituées, ou paires de ballerines au couleurs chatoyantes pour les plus sobres et discrètes. Là-bas la quasi totalité des filles a l' air de la reine du bal de promo, avec des manières toujours assez exacerbées et totalement dénuées de sens.


Azaya se regarde et se rends compte qu'elle ne porte pas de véritable marque de féminité sur son corps. Pas qu'elle ne soit pas coquette, mais quand on fréquente à près de 24 km de son lieu de résidence c'est vraiment difficile de se vêtir de façon coquette sachant qu'on va s'accrocher à une moto-taxi et boire des tasses de poussière à longueur de journée pour enfin se retrouver à faire des travaux pratiques en atelier. Après cette première année dans ce nouveau campus, les parents d'Azaya songent d'ailleurs à ce qu'elle prenne une chambre dans une des cités voisines pour se rapprocher du campus et améliorer ses conditions d'étude. En attendant Azaya rentre chez elle uniquement pour les weekend, les jours de fériés et les congés, puis passe le reste de sa semaine chez Élisabeth, moyennant un partage équitable des charges de la maison.


Ce début d'année marque également le début des examens du premier semestre, alors c'est le moment de de concentrer et garder la tête froide pour boucler cette première partie de l'année académique. Les deux prochains jours, ainsi que le weekend seront donc destinés aux révisions. Après s'être debarbouillée Elisabeth vérifie le frigo, question de s'assurer que le nécessaire pour une nuit blanche y es bien :


-Oeufs, lait... Sucre...Ah oui, le sucre est fini ce matin ! Azaya!!


-(criant) Je suis sous la douche!! Ça de voit pas?!!


-On a oublié d'acheter du sucre. Et puis ya plus de café.


-On en vends dans la salle de bain?! Pourquoi tu me dis au lieu d'aller achèter ?


-C'est ta semaine de courses madame ! C'est à toi d'y aller.


-Allez s'il te plaît vas y! J'ai pas fini de prendre ma douche.


-Tu vas bien finir un jour.


Azaya sort avec la serviette nouée autour de sa poitrine et les sourcils froncés, elle lance un regard vexé dans la direction de son amie qui se contente de lui sourire sarcastiquement et se faire mine d'être concentrée sur son téléphone.


-De toutes les façons je devais m'acheter des serviettes hygiéniques, alors ne te crois pas si maligne.


Azaya pousse alors un long soupir avant d'enfiler un "mini kaba" et des sandales pour se diriger enfin vers route. En cette saison sèche et chaude, la poussière sur les routes non bitumée et même certaines qui le sont, est le quotidien des populations. Chaque véhicule qui passe soulève son lot qui a peine estompé laisse place à un autre nuage  constitué par le suivant. La seconde moto-taxi qu'elle stoppe accepte de la conduire à la superette qui s'érige en plein carrefour Pk 14.


Comme toujours la route est jonchée de foule. Certains étudiants regagnent leur domicile, tandis que d'autres scrutent les comptoirs de fast food question de trouver quelque chose à se mettre dans la panse. Malgré que la nuit soit presque tombée, certains commerçants continuent de vendre leurs marchandises dans le marché, pendant que les marchands du soir installent leur comptoirs de circonstance. 


Azaya se faufile lentement au milieu de cette foule et se dirige vers l'entrée de la superette. Elle pénètre à l'intérieur et se dirige vers le rayon qui l'intéresse : serviettes hygiéniques, puis sucre, café, saucisson...


Puis son regard se dirige vers la boulangerie elle se souvient qu'il Nya plus assez de pain. Elle se dirige alors vers le comptoir lorsque soudain elle reconnait la silhouette qui prend sa monnaie après avoir récupéré le plastique de pain. Il s'apprête à se retourner losqu'Azaya s'empresse de se dissimuler derrière le rayon de produits alimentaires, îl ne doit pas la voir dans cette tenue de mamouchka. Dans la foulée, elle renverse quelques bouteilles d'huile de palme raffiné et se retrouve à même le sol, attirant finalement l'attention du jeune hormme:


-(murmurant) Allez passe ton chemin...Ne vient pas par ici...


Trop tard, puisqu'il se tient à présent devant elle, l'aidant à ramasser les bouteilles qui ont roulé dans tous les sens:


-Rien de cassé j'espère !!


-...Rien...Rien du tout. C'était pas la peine de vous y attarder !


-Je crois que c'est un peu ma faute, tu essayais d'éviter que je te remarque...!


Si Azaya était plus claire, elle aurait sans doute rougi de gêne et d'embarras. Il sourit et l'aide a se relever. A cet instant précis le don de télékinésie serait le plus beau cadeau à offrir à Azaya. Si l'on pouvait mourir de honte elle en serait sûrement morte.


-Ça va?


-Oui ça va! Pourquoi ça n'irait pas d'ailleurs ?! Ce n'est qu'une petite chute de rien du tout. Je n'ai pas besoin de vous


-D'accord


A peine s'est il retourné que le panier de courses d'Azaya lui glisse des mains et se retrouve au sol.


-(exaspéré) Purée!!


-Decidement la maladresse c'est une seconde nature chez toi!


Cette fois Azaya ne réponds pas. Elle ramasse tout rapidement et se dirige vers la caisse, tandis que le jeune homme prends la direction de la sortie.


Pendant que la caissière enregistre les items Azaya regarde à travers la vitre mais monsieur cravate bleu marine a déjà disparu. Elle pousse un soupir et paye sa facture avant d'aller vers le comptoir de la boulangerie acheter du pain. Deux fois dans la même journée, elle a réussi a se ridiculiser devant ce beau jeune homme. Une chose est sûre maintenant c'est vraiment inenvisageable, pense t-elle. Leur rencontre dans l'après-midi alors qu'elle était dans son accoutrement habituel de garçon manqué, puis cette  coïncidence vraiment malencontreuse ou il a fallu qu'elle se ridiculise à nouveau avec toute cette maladresse.


Il est temps de rentrer maintenant.  Il fait un peut frais dehors et Azaya imagine déjà le bain de vent froid qu'elle va prendre à l'arrière de la moto-taxi lorsqu'elle entend une voix derrière elle:


-Tu vas de quel côté ? Je peux te déposer.


Elle se retourne. Alors en plus d'être aussi beau et élégant ce jeune homme conduit une aussi belle voiture! Ce genre de chose n'arrive que dans les livre et les séries girly.


-Non merci, sans façons. Je ne suis pas loin d'ici.


-Ou?


-Ou quoi?


-Tu habite de quel côté ?


-En face du campus.


-Figure toi sur moi aussi alors monte!


Azaya jette un coup d'œil au groupe de moto-taximen stationnés au carrefour en attente de clients, puis se retourne à nouveau vers le véhicule. Après tout ça lui faciliterait vraiment la tâche, la moto n'est pas le moyen de transport qu'elle affectionne le plus.


-D'accord. Merci, c'est gentil.


Il récupère ses courses, les range à l'arrière avant de passer de l'autre côté lui ouvrir la portière.


-Vous...


-(s'installant dans la voiture) Tu...Tu... Merci. Mon nom est Mehdi et toi?


-Azaya.


-Très original ! C'est la première fois que j'entends ce prénom


-Merci.


-C'est ta première année ?


-Troisième. 


-Cool! Quelle filière ?


-Tu veux aussi mon CV ?


-(rigolant) J'essaie juste de faire la conversation et faire connaissance.


-Dans quel intérêt ?!


-Parce que tu me plaît bien et j'aimerais te connaître plus que ça.


-(essayant de dissimuler sa joie) Quel franc parler!  Quoi, tu en as fini avec les beyonce de ta fac?


-(éclatant de rire) De quoi tu parles ?


-Fais pas l'ignorant. On sait tous que vous vous prenez pour le nombril du monde en fac médecine...Mon entrée est juste là, tu peux me déposer.


Il descend et vient lui ouvrir la portière :


-Es que tu pourrais au moins me donner ton...


-Non.


-Mais je n'ai pas terminé ma phrase ! Tu pourrais au moins me laisser finir!


-Mon contact ? Et la réponse reste non.


-Je voulais dire ton nom de famille...Mais bon on dirait que tu voulais que je demande ton contact.


-(s'éloignant) Bien essayé


Azaya parcours plusieurs mètres et ce n'est que lorsqu'elle arrive devant le grand portail de la cité qu'elle se rend compte qu'elle a oublié de récupérer ses courses sur la banquette arrière.


Elle se retourne et aperçoit à quelques mètres monsieur cravate bleu marine...Ou du moins Mehdi entrain de s'avancer vers elle:


-J'ai crié ton nom plusieurs fois, mais tu n'entendais pas. 


-(embarassée) Désolée de t'avoir fait marcher. Et merci d'avoir ramèné mes courses.


-(souriant) Maintenant au moins je sais où tu vis!


A suivre...


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