Cynthia.(1)

Ecrit par Cynthia

" I wanna take you somewhere so you i care,but it's so cold and i don't know where.

   I..."


   De ma main gauche j'éteins mon réveil, il n'y a que la mélodie de cette chanson qui m'intéresse. Pour le reste Tom Odell me grise les oreilles. Il est sept heures! Putain je déteste les lundi, je vais sous la douche et y ressort une quinzaine de minutes plus tard.

 

   Je tente tant bien que mal de discipliner ma touffe, pff quelle galère! J'aurais dû  les coiffer à la veille. Tant pis je me fais un chignon afro. Maquillage? Non, j'y vais sans, ma peau est irrémédiablement lisse, je n'ai pas besoin de trop. J'enfile mon jeans, mes baskets et je n'oublie pas mon cahier de cure. Une quinzaine de minutes après je suis prête pour la fac.


<<Tien bon!  Encore un an maximum deux et tu seras tirée d'affaire.>>


   Je sors et le ciel presque toujours grisonnant de Bologne m’accueille, Je lève instinctivement les yeux puis prononce un "bonjour" à peine audible au ciel qui me regarde la lueur triste sur le visage. Je glisse un léger "Je sais, moi aussi, soupir" avant de continuer ma route. Je regarde ma montre, il est huit heures, le trajet ospedale_maggiore-rizzoli prend une vingtaine de minute. Je me ronge les doigts, par nervosité? Je ne sais pas, toujours est-il que je dois voir Alva cette semaine.


  Le professeur s'égosille, non, en fait il ne fait rien pour. Il semble tout aussi ennuyé que nous à nous parler du "pouvoir" d'absorption du foie et de l'impact de notre hygiène de vie sur notre santé, combien de fois l'usage excessif des produits cosmétique de la part des femmes peut accélérer la dégénérescence du foie. Je me demande s'il aime ce qu'il fait ou s'il le fait pour avoir sa paye à la fin du mois. Je n'en sais rien et je m'en fous.


     Il est treize heures, je regarde mon agenda, une puissante envie me vient subitement. Je ne veux rien faire de tout ce qui y est écrit! C'est commun chez moi, ne vouloir rien faire, alors je n'en fais point cas, je vais au restaurant universitaire, me retrouve devant ce rang qui découragerait plus d'un, tout mon être, me conseille, me propose, me dicte, m'impose de rentrer à la maison. Telle une automate, je vais le faire lorsque je croise Laura.

_Eh, Cynthia!  Tu es sortie du cours en courant. Ne me dis pas que tu as encore peur de moi.


  Elle dit cela en braquant sur moi ses yeux inquisiteurs.


_Mais non mais que vas-tu chercher là? J'avais juste besoin d'arriver au plus vite ici et ne pas me retrouver devant ce spectacle.


   Je lui dis cela, tendant mes mains vers la foule qui est devant moi.


_Mouais, je comprends, attendons ensemble que c'est mieux! Alors comment a été ton week-end? Le mien était une merveille. J'ai revu Alex et c'était vraiment cool. Je pense qu'il va naître quelque chose de fort entre nous. Eh! Cyn! Tu es encore avec moi?


     Je balbutie tant bien que mal un :


_Hein, oui oui, je suis là.


   En fait je n'y étais plus mais ce n'est en rien de sa faute.


_Pourquoi ai-je du mal à te croire?


_Si que je suis là. Tu me parlais d'Alex, tu te souviens?


_ Oui ,oui Alex, bon, comme je te le disais,il risque fort bien de naître entre nous. Vois-tu? Il y a...............


 Elle continue de déblatérer sur son hypothétique future relation amoureuse mais qu'est-ce que je m'en fous. Elle continue ainsi jusqu'à ce que nous arrivions à nous servir et payer à la caisse.

 

_C'est une personne exceptionnelle que j'aimerais que tu rencontres, vous vous entendrez très bien. J'en suis sure.


_Si tu le dis.


  J'affiche un sourire plus de façade que d'envie. Nous nous installons et elle monopolise la conversation, comme toujours lorsque je ne parle pas. Laura est la seule fille qui a réussi l'exploit d’être mon ami, ou du moins une personne que je considère plus qu'un personnage lambda, et tout ceci grâce à sa ténacité hors pair.

    Une fois le repas fini, elle m'avise qu'elle va aux toilettes. J’acquiesce en un hochement de tête et j'en profite pour prendre une de mes "rondeurs_bonheurs." Je suis plus en confiance pour la suite.


  Laura et moi nous séparons après qu'elle m'ait réitéré à quel point elle va fixer un rendez-vous entre Alex elle et moi. Et comme toujours, je réponds par la positive. Je n'ai aucune envie de me disputer avec elle.


   Je vais en bibliothèque, à deux minutes du RU et je m'y mets pendant deux heures, histoire pour moi de garder ce que j'ai reçu aujourd'hui en cours.

    Bientôt les stages, je pourrai enfin être en contact avec de vrais malades.

   J'y pense d'un air songeur, serai-je à la hauteur? Je serai à la hauteur! Réponds-je à haute voix, avant de me rappeler où je suis. Je lève la tête et vois les regards de mépris pour les uns et de curiosité pour les autres sur moi.


  Dix-sept heures moins dix minutes, j'ai encore du temps. Je cours comme une malade car d'ici dix huit heures il me sera impossible d'utiliser la lueur du jour. J'arrive devant la propriété abandonnée dix minutes plus tard. Je crochète la serrure comme me l'a appris Thierry et  y rentre. Je dévalise les escaliers extérieurs et arrive sur le toit. Elle a une vue imprenable sur la ville de Bologne et elle côtoie les deux tours comme si elles étaient des sœurs. Ce spectacle est euphorique et me donne l'impression de pouvoir voler à chaque fois. D'où je suis j’aperçois un jeune homme sur MON toit!

 Que fait-il là?

  Va-t'il sauter?

  Oh,non! S'il le fait je pourrais ne plus jouir de cet espace qui est presque sacré pour moi!

 Je dois à tout prix l'en empêcher!

Sous le ciel de Bolo...