DIX JOURS APRES
Ecrit par Guilhem
Je dois dire que cette expérience est particulièrement
enrichissante. Ce n’est pas la première fois que je pratique une telle chose
mais bon aucune expérience ne se vaut en vrai. J’en suis à dix jours et j’ai
traversé certaines étapes, qui, ne sont certes pas des révélations qui font de
moi un surhomme ou quelqu’un de supérieur à un autre ce n’est même pas le but,
mais de ressentir les pulsions qui se manifestaient sans même que je n’y prête
réellement attention et qui me faisaient dériver jusqu’à me faire oublier
comment j’en suis arrivé là, ben c’est juste extraordinaire pour le coup. Je m’en
vais vous faire part de mon ressenti à intervalle de jours précis, bien
évidement je me concentrerai sur les intervalles où il s’est passé des choses
particulières.
Jour 1 à 5 :
J’ai débuté l’expérience sans grosse prévision. Je dois dire
que j’avais tenté il y a quelques temps et se fut un échec cuisant. Donc je
décide après près de deux semaines de m’y remettre. Pourquoi d’un coup comme
ça ? Je pense toujours impulsé par cette envie de me libérer de certaines
charges qui, ralentissent la vitesse de mon navire.
Les premiers jours sont relativement faciles à gérer, on se
dit ‘’c’est dans la poche’’, l’enthousiasme des débuts. La différence en nous
ne se fait pas réellement sentir à part qu’on semble plus serein, moins dans la
réaction. Mais il s’agit là d’un état dans lequel on se met volontairement ou
involontairement. Nous tentons simplement de nous mettre dans l’état d’esprit
de la chose, et le cerveau répond à l’information qu’on lui a envoyé pour la
circonstance donc il créée l’ambiance adéquate. Jusqu’ici il n’y a pas d’élément
perturbateur. Je me rappelle que le jour trois (J+3), je me sentais vraiment
bien. J’ai même enregistré un appel très important (en espérant qu’il soit
concluant). Alors le jour quatre (J+4) j’étais aux anges. Aucune envie de
consommer de l’alcool ni rien d’autre et j’avais les pensées tellement positives,
je me sentais animé d’une paix intérieur. D’ailleurs j’ai commencé à écrire les
chapitres précédents à J + 4 et J + 5 tant je ressentais le besoin de partager
cette vague d’ondes positives qui m’animait. Entre temps il m’est arrivé
plusieurs choses aussi surprenantes les unes que les autres.
Tout paraissait si simple dans ma tête. Comme je vous l’ai
dit plus haut, l’avantage avec cette expérience en tout cas c’est ainsi que ça
l’a été et j’espère ça restera pour moi, c’est que vous arrivez parfaitement à
déterminer le début de X émotion générée par Y évènement qui vous amène généralement
à dériver. Et pour ma part, la tendance a réellement pris une autre tournure à
partir du septième jour (J + 7) on va dire.
Jour 5 à 10 :
Alors le sixième jour je passe, je ne m’en rappelle pas plus
que ça. Par contre à J+7, j’ai réalisé dans quoi je m’étais foutue avec ce défi
personnel. Depuis le premier j’ai ouvert un dossier sur mon portable dans
lequel il y a un décompte de J+1 à J+21, précédé d’une case à cocher le jour
validé. Un peu le même principe qu’une fiche de pointage. Au moment où je vous
parle par exemple je viens de cocher la case J+10 car il est 0h00 chez moi, j’en
suis donc au Jour 11. Mais croyez-moi qu’en cochant le septième jour, de voir
tout ces jours restant ça peut décourager. Je me suis dit « ah ouais, c’est
long en fait 21 jours ». Pendant cette journée, un imprévu est survenu
avec les prototypes de la prochaine capsule de ma marque de vêtements. J’étais
dégoûté je dois dire. Tout ça n’est pas anodin car dés l’instant où j’ai
réalisé le nombre de jour restant, c’est comme si j’avais donné libre accès à l’agent
perturbateur dans mon esprit.
La journée d’après je ressens l’envie de boire de l’alcool,
mais rien d’intense. Cependant tout s’y prêtait. Comme si cela ne suffisait
pas, mon frère, également partenaire de crime (rire), se chauffe pour aller
acheter une bouteille et du bissap (Gin, Bissap & un soupçon de Sprite avec
des glaçons pilés, je vous le conseille). Le pire c’est que je participe à l’achat
hein ! Jusque là ça va, je m’achète un jus de fruit (rire). C’est de le
voir aussi bien, enchaîner les verres, qui fut le plus difficile en vrai. Je me rappelle
que les fois où il passait m’interpeller dans ma chambre, enfin à la porte, je
répétais sans cesse : « si j’avais envie j’aurai bien pris un verre moi
aussi ». Question : Si je n’avais pas envie pourquoi émettre cette
hypothèse à deux reprises alors qu’il ne m’avait rien demandé ? Aaaargh
bref !
Depuis le jour sept, j’avais du mal à méditer correctement. J’arrivais
de moins en moins à me concentrer sur ma respiration, à ignorer les pensées qui
traversaient mon esprit. Le jour 8 la chose persista. Dans la nuit j’ai eu un
petit accrochage qui n’arrangea guère la situation. En vrai ce n’était pas
tant un accrochage, disons que je partageais seul cette frustration. Un autre
accrochage le lendemain et là c’en était terminé de ma sérénité. Je me rappelle
avoir pensé plusieurs fois à boire de l’alcool. Même que des fois j’y pensais
en oubliant que je l’avais déjà fait. Par exemple, je veux sortir acheter deux
trois aliments : Je fais les comptes de ce dont j’aurai besoin, puis je me
dis pourquoi pas du jus vu qu’il reste de l’alcool à la maison puis je reviens
à moi et j’abdique. Quelques minutes après, sur le chemin de la boutique, je
pense de façon naturelle à acheter du bissap (la dame vend juste à coté) pour
faire un cocktail. Et là, je me rappelle que j’y avais déjà pensé et que l’affaire
était classée.
Le neuvième jour fut la descente aux enfers. J’accumulais
deux, trois imprévus (dont un qui concerne un projet environnementale qui m’a
été volé par une entreprise rattachée à l’Etat via le Maire de ma Commune, mais
bon c’est ça l’entrepreneuriat un milieu de requin à moi de réadapter la chose
c’est rien c’est le jeu) qui m’avait mis dans un état mental des moins
agréables. J’ai eu un petit répit en nettoyant de fond en comble la cuisine. Le
ménage est réputé pour vider l’esprit et ça l’a été le temps de quelques heures
puis en réessayant de méditer les choses sont reparties de plus bel.
Et ce matin (techniquement hier vu qu’il est plus de 00h là) je me suis dit que je n’en pouvais plus, que l’atmosphère chez moi posait problème et que je devais aller à la plage, me poser quelques heures. Je me suis donc levé, j’ai fait mon sac et j’y suis allé vu qu’il y en a une magnifique pas très loin de chez moi. Et franchement, ça a été la plus belle journée de mon mois d’Avril ! J’ai presque piqué des têtes, fait de l’exercice physique et médité de façon normale. Les quelques phrases que je me répétais étaient « penser positif » et « pendant les 10 prochains jours, je me tiendrai loin de la frustration et de tout sentiment lié à la colère ». C’est vrai que dit ainsi ça parait facile mais vous devez comprendre que le plus important et ce pourquoi vous êtes récompensé dans la vie c’est vos efforts, l’intention de faire et surtout la tentative. Plus vous essayerez d’être une meilleure personne, plus vous le deviendrez. L’échec est envisageable et peut vous briser dans ces cas là, mais c’est parce que vous ne vous concentrez que sur l’échec survenu sans voir ce que vous avez gagné. C’est un processus naturel dans toute chose. Les anglophones disent « practice makes perfect », autrement dit « c’est en forgeant qu’on devient forgeron ».
Par contre, ironie du sort, j’ai pensé sexe confortablement
chez moi des heures après mon retour de la plage (rire).
Comme si j’étais sorti victorieux du combat contre l’alcool
et que je devais maintenant affronter ma pulsion sexuelle. Et je dois avouer
que me concernant, le sexe est un élément bien plus difficile à gérer que l’alcool.
Mais bon, « c’est l’homme qui a peur sinon y a rien ! » Quoi qu’il en
soit, content d’avoir atteint et dépassé le Jour-10 !