
DT - 61
Ecrit par Nobody
- Elle le sait. Elle sait que ce n'est pas vrai ce que Nick lui raconte. Tous les jours il lui bourre le crâne mais quand il s'en va je fais tout mon possible pour la voir et lui dire que ce n'est qu'un tissu de mensonge tout ce qu'il lui raconte. Heureusement qu'elle n'est pas facilement influençable.
Coralie se leva et se mit a faire les cent pas. Elle était chez son père depuis hier et Nick l'avait appelé plusieurs fois pour lui demander de renter. Mais elle n'avait pas le coeur de rentrer, pas tant qu'elle n'aurait pas trouvé une solution'.
- Papa il va me tuer. Il me tuera quand il saura ce que j'ai fait.
- Il ne va rien faire du tout je te le promets ma chérie. Tu as appelé Ahmed pour lui dire que tout ça n'est qu'une mascarade et qu'il faut qu'il vienne me voir moi et non Nick ? Tu lui as dit que Sarah n'a absolument' aucune égratignure et que toutes les photos qu'ils recevaient n'étaient que des montages ? Lui as-tu dit que vous aviez déjà établi un plan pour que Sarah puisse sortir ?
- Non papa je n'ai pas eu la possibilité de le lui dire tout ça. Il est injoignable,je l'ai appelé avec tous les numéros possible mais son téléphone ne passe pas.
- Mais et son ami la ? Tu sais son acolyte ? Tu n'as pas son numéro de téléphone ?
Coralie savait qu'il parlait de Karim et son coeur aussi vu la façon dont il s'était mis a battre. Il suffisait qu'on évoque son prénom et elle devenait toute nerveuse comme s'il était devant elle.
Elle était amoureuse de Karim,depuis des années a présent. Et c'était d'ailleurs cet amour qui l'avait poussé a faire ce qu'elle avait fait. Elle ne pouvait pas se marier avec le meilleur ami de l'homme qu'elle aimait et le voir tous les jours sans pouvoir lui parler,sans pouvoir le toucher, sans pouvoir le sentir,sans pouvoir.. Enfin bref ce n'était pas le plus important.
- Je n'ai jamais eu son contact. Oh papa qu'allons-nous faire ? On ne peut pas laisser Ahmed se jeter dans la gueule du loup comme ça.
- Que veux-tu qu'on fasse Coralie ? Qu'est-ce que tu veux faire ? Te mettre a sa recherche pour le prévenir ? Quoi ? Il me semble que nous en avons assez fait comme ça. Rien que sa protection par l'autre mafia tu sais ce que ça m'a coûté ? Tu ne peux même pas imaginer ma fille. On l'a protégé pendant des années, aujourd'hui je ne peux plus rien y faire.
- Mais papa je t'en prie je ne veux pas avoir sa mort sur la conscience. En plus il a été formel, il révèlera toute la vérité a Nick. Et si jamais Nick est au courant ce ne sera plus Ahmed sa cible parce que le pauvre n'a rien fait,ce sera moi. Et toi aussi en passant. Je ne veux pas que cela arrive papa.
- Eh bien si ça doit arriver que ça arrive. Je le confronterai. Il n'avait pas a faire ça de toutes les façons. Calme toi Coralie, rien ne va t'arriver sois en sûre. Quant à Ahmed je ne suis malheureusement sûr de rien.
Du côté d'Ahmed.
Ils venaient d'atterrir a Bruxelles. Aussitôt il ralluma son téléphone qu'il avait éteint depuis deux jours puis lança le numéro de Kaïna.
- Tu vas bien ? demanda-t-il après qu'elle ai décroché
- Ahmed je vais bien merci et toi ? Et la famille ? Tout le monde va bien ?
- Ils vont tous bien Alhamdulilah. Écoute Kaina nous sommes retournés en Belgique Karim et moi .
- Quoi ? s'exclama-t-elle
- Ne crie pas Kaina. Si on t'a laissé là-bas c'est pour ta sécurité. J'ai deux trois choses a régler ici et je retourne au bled. Mais en passant,on viendra te chercher. Je vais t'envoyer de l'argent dans quelques heures. Tu te sens bien là-bas ? Ça ne te dérange pas d'être toute seule ? Si c'est le cas je peux envoyer Akim te chercher d'ici demain', comme ça tu repars avec lui chez nous a Alger.
- Non Ahmed ne t'en fais pas pour moi je vais vous attendre. De toutes les façons je ne suis pas seule ici, j'ai rencontré des amies donc fais ce que tu as a faire et viens me chercher. N'oublie pas de me donner des nouvelles.
Ahmed hocha la tête comme si elle était devant lui. Il se reprit puis prit la parole.
- D'accord Kaina et une dernière chose avant que je ne raccroche. N'oublie jamais au grand jamais que je t'aime d'accord ? Peut-être pas comme tu le désires mais je t'aime au même titre que Soliath. Je ne te l'ai pas souvent prouvé et j'en aurais peut-être plus l'occasion mais je veux que tu ne l'oublies pas. Je t'aime Kaïna. Et on ne sait jamais, si quelque chose m'arrive je veux que tu écoutes tout ce que te dira Karim, il fait le fou,l'indifférent avec toi mais je sais qu'il t'aime aussi beaucoup. C'est compris ?
A l'autre bout du fil un silence se fit sentir. Un silence qui dura une éternité avant qu'elle ne prenne la parole.
- J'ai compris Ahmed dit-elle d'une petite voix
- Ehh regarde Kai ne pleure même pas, qu'est-ce que je t'ai répété toute ta vie ?
- Que..les bonhommes ça pleurent pas répondit-elle en reniflant
- Voilà, les bonhommes ça pleurent pas et toi tu es un putain de bonhomme. Je suis fier de toi ma petite. A bientôt ?
- A bientôt Inchallah Ahmed.
A bientôt..ou peut-être pas..
Il raccrocha puis passa une main sur ses yeux en soupirant.
- Ahmed ça va aller ? demanda Karim en posant une main derrière son dos
Il sursauta légèrement puis il hocha la tête.
- Allons-y.
Ahmed sorti rapidement puis il héla un taxi. Ils étaient venus sans aucun bagage, ils n'avaient rien ramené avec eux.
Ils s'installèrent. Pendant que Karim donnait leur adresse lui se mit a penser a sa famille qu'il venait de laisser sans avoir la moindre idée s'il allait jamais les revoir.
Peut-être n'aurait-il plus la chance de prendre sa mère dans ses bras une nouvelle fois ? Peut-être que Soli allait grandi sans lui a ses côtés ? Peut-être qu'il n'aurait plus la possibilité de remettre Akim sur le droit chemin ? Peut-être qu'il n'aillait plus jamais voir Afize dessiner ?
Tant de peut-être qui n'auront de réponse qu'une fois qu'il aurait accompli ce pourquoi il était venu au pays.
Il avait écouté Karim et sa mère, dorénavant il allait agir calmement. Seulement si la vie lui donnait une deuxième chance pour qu'il puisse le prouver. Il avait envie de prouver qu'il pouvait aussi être raisonnable et réfléchi.
Quelques minutes plus tard, c'était le toucher de Karim qui le ramenait a lui. Ils étaient arrivés.
Ils sortirent, réglèrent la note puis se dirigèrent vers la maison.
Après avoir passé la porte Ahmed prit directement le chemin de son bureau.
- Je veux rester un moment seul Karim.
- Oh gros un moment seul pour quoi faire ? Je veux être là pour..
- Man je t'en prie, donne moi juste quelques minutes.
- D'accord. Dès que tu seras prêt dis moi. Pour l'instant je vais me laver, on se repose un peu puis on part voir ce salaud d'accord ? Rien que toi et moi. Je roule avec toi l'ami, je meurs avec toi s'il le faut.
Ahmed hocha la tête puis lui fit une accolade avant d'entrer dans son bureau.
Il s'assit derrière le bureau puis sortit une feuille et un bic.
Il n'avait aucune idée de ce qui l'attendait chez Nick, il voulait donc prendre ses précautions.
Il dédia une page entière a Karim son frère d'une autre mère, son compagnon de guerre. Sa moitié. C'était bizarre de le dire mais oui c'était un homme sa moitié, jamais une femme,pas même Sarah n'aura autant d'importance que Karim.
Il dut abréger tant ce qu'il voulait lui dire était énorme. Sur la deuxième partie de la feuille il lui demandait de repartir tous ses biens, sa maison, son entreprise, ses voitures, son compte en banque et tout ce qu'il lui appartenait entre les membres de sa famille, lui même,Kaina,Sarah,Bijou et même Charlie. Il voulait que Kaina ne manque de rien jusqu'à la fin de ses jours.
Karim avait quartier libre sur toute sa fortune. Il pouvait en faire ce qu'il voulait.
Il plia le papier et le déposa délicatement sur le bureau.
Il se leva puis se saisit des clés de sa voiture. Il prit son arme dans son tiroir puis sortit sans un autre regard.
Il verrouilla toutes les portes qui pouvait donner accès a l'extérieur puis prit les clés avec lui.
Il rentra dans la chambre de Karim qui était vide. L'eau qui coulait dans la salle attenante lui apprit qu'il prenait effectivement une douche. Il prit le t-shirt qu'il venait d'enlever,le serra de toutes ses forces puis le remit a sa place. Il allait lui manquer c'était sûr.
- Je suis désolé Karim mais cette bataille est la mienne. Je n'ai pas le droit de t'y mêler toi aussi. J'espère juste que tu me pardonneras mon frère. Je t'aime et je t'aimerai toujours.
Il referma la porte derrière lui après avoir pris la clé de la porte d'entrée où Karim avait l'habitude de le mettre, puis descendit a grande vitesse les marches. Il referma la porte d'entrée a clé puis courut vers une de ses voitures.
Il s'y engouffra, chauffa le moteur et démarra.
Il fonça puis passa a travers le portail. L'impact n'eût aucun effet sur lui.
Il roulait, roulait et roulait. Il allait bientôt faire face a son destin. Il connaissait la maison' de Nick et c'était justement là où il se rendait.
Après près d'une demi heure a rouler,il se gara enfin devant la villa des Petraza. Villa dans laquelle il avait travaillé pendant des années.
Il sortit de sa voiture, mit la main en l'air pendant que les premiers hommes postés a l'extérieur levaient leurs armes vers lui.
Ça y est, plus aucune marche arrière possible.
Il se laissa cueillir par les hommes de Nick qui l'amena vers l'entrée de la demeure. Le moment tant attendu allait enfin arrivé.
Ils passèrent la porte et la première chose qu'il découvrit le cloua a terre.
- Sarah ? demanda-t-il en secouant la tête comme s'il avait des problèmes de vision.
Elle était là assise en train de siroter un café et pas la moindre trace d'hématome sur son visage. C'était impossible. Il n'était pas fou,il l'avait bien vu sur les photos,il l'avait bien entendu au téléphone. De grâce que quelqu'un lui dise qu'il n'était pas fou !
- Ahmed ! Non ! Ne me dis pas que tu es venu. Ahmed va-t-en,va-t-en tout de suite. C'est un piège. Je t'en supplie pars. Qu'est-ce que tu attends ? Dégage d'ici,sauve toi je t'en conjure !
Il ne comprenait absolument rien mais avant de faire un quelconque mouvement,un violent coup atterrit sur sa nuque et il tomba à terre. La dernière chose qu'il vit avant de fermer les yeux fut Sarah qui tombait également.
Du côté de Karim
Il n'avait pas osé se répéta Karim en se prenant la tête entre les mains. Il n'avait pas osé !
Une larme roula sur sa joue en finissant de lire la lettre d'Ahmed. Il n'avait pas osé !
Il se leva et balaya tout ce qui était sur la table, il renversa la table elle-même puis ce fut au tour des chaises. Il renversait tout sur son passage. Tout, absolument tout.
Ahmed n'avait pas le droit de lui faire ça. Il n'avait pas le droit de s'en aller sans lui. Karim était prêt a mourir a la place d'Ahmed, il n'avait pas le droit.
- Tu n'es qu'un enfoiré Ahmed Ben Khalifa, un enfoiré de la pire espèce. Si jamais tu meurs jamais tu ne reposeras en paix, jamais je ne te laisserai reposer en paix. Je te le jure sur la tombe de mon père.
Il sortit en trombe de la pièce et se dirigea vers sa chambre. Il prit son téléphone et la clé de sa voiture. Il se saisit de son arme qui se trouvait dans un tiroir de sa table de chevet.
Il descendit précipitamment les escaliers et voulu ouvrir la porte d'entrée. A son grand étonnement il la découvrit fermer a clé.
- Bâtard murmura-t-il en se dirigeant vers la fenêtre.
Il prit une chaise et la lança contre la fenêtre qui se brisa en mille morceaux
- Tu m'excuseras Ahmed de saccager ta maison. Quand tu seras revenu tu auras tout le loisir de me cogner comme tu veux dit Karim comme s'il était là avec lui
Et tant bien que mal il s'extirpa de la maison par la fenêtre. Quelques verres lui rentraient dans le corps ça et là mais il ne s'en souciait même pas.
Une fois dehors il fit le tour et fut confronté à deux individus qu'il ne connaissait pas vraiment.
Il se mit immédiatement sur ses gardes et dégaina son arme puis visa leur direction
- Karim Dieu soit loué vous êtes encore là. Dites à Ahmed de descendre il faut que je lui parle. Et Dieu du ciel enlevez donc ce machin, vous ne vous souvenez pas de moi ? C'est Coralie Petraza, je suis une connaissance d'Ahmed.
Il baissa son arme avec vigilance puis dévisagea le monsieur qui était derrière elle. Il ne le connaissait pas mais il ressemblait beaucoup à la demoiselle alors il devina que c'était son père.
Oui Coralie Petraza, il la connaissait. Il l'avait vu quelques rares fois avec Ahmed. Elle était d'ailleurs la cause de tout ce qui arrivait à Ahmed.
- Ahmed est là n'est-ce pas ? Les hommes que mon père a engagé pour sa protection nous ont prévenu de votre arrivée et nous nous sommes dépêchés jusqu'ici.
- D'abord comment êtes-vous rentrés ?
- Le portail était défoncé. Mais ne perdons pas de temps, je sais que vous êtes revenus pour sauver Sarah. Mais il' ne faut pas qu'Ahmed s'en mêle, Sarah et moi avions déjà trouvé un moyen pour la faire sortir de là. Où est donc Ahmed, Ahmed Ahmed.
Elle se mit a crier le nom d'Ahmed. Fatigué Karim l'arrêta
- Pas la peine de crier, cet imbécile s'est déjà rendu là-bas. A l'heure où je vous parle il doit être arrivé.
Elle ouvrit la bouche et porta une main à son coeur.
- Quoi ? Mais..com..ment est-ce possible ? Il faut qu'on y aille tout de suite sinon c'est la catastrophe. Allons-y papa
- Attendez s'exclama Karim en lui prenant le bras.
Il sentit un frisson la parcourir alors il la lâcha comme s'il s'était brûlé.
- Êtes-vous prête à dire a votre cousin que c'est vous qui aviez demandé à Ahmed de s'enfuir ?
- Oui dit-elle en déglutissant
- Alors on peut y aller.