Epilogue

Ecrit par Fleur de l'ogouée

EPILOGUE

 

TROIS ANS PLUS TARD

 

Marc-André Moussavou

 

-Je dis hein madame le retard t’as fait quoi ?

-Oh donne-moi deux minutes

-En tout cas j’installe déjà les petits dans la voiture

-D’accord mon amour

Elle veut m’amadouer je le sais mais je fonds quand je la regarde, quelle magnifique femme. Je mets les garçons dans la voiture et le panier de nourriture que Mari à préparer dans le coffre. Aujourd’hui c’est le troisième anniversaire de mariage de Cynthia et Yeno, ils ont organisé un pic nique avec les amis proches et leurs enfants. C’est dix minutes plus tard que madame daigne nous rejoindre dans la voiture, dans cette longue robe blanche et fleurie elle est si majestueuse, il y a quatre mois elle a craqué et coupé ses magnifiques longs cheveux mais malgré ce changement son visage n’a pas perdu de sa splendeur au contraire j’ai l’impression de découvrir une nouvelle femme. Avec cette coupe courte elle ressemble à une reine nubienne.

Ces dernières années à ses côtés ont été les meilleures de toute ma vie, elle a réallumé la lumière que j’avais éteint sur ma propre vie, désormais je suis un homme comblé, quel plaisir d’être à ses côtés.

Nous arrivons après plus d’une quarantaine de minutes au Cap Santa Clara où le couple à loué un grand bungalow en bordure de mer. A peine arrivé les garçons courent aussitôt rejoindre le plus jeune fils de Yéno né de son union précédente, ils ont une grande complicité tous les trois. Marimar se précipite vers Cynthia qui a accouché quelques mois auparavant, leur première fille a mis du temps à se pointer mais ça y est, le couple est comblé et la famille recomposée s’est agrandie. Autour de nous tout le monde avance, nous grandissons tous, avons tous de nouveaux objectifs et une nouvelle vision, au final murir c’est volontaire.

-Mais le couple Moussavou, c’est nous qui nous sommes mariés il y a trois ans mais c’est vous qui avez conçu un enfant le weekend de notre mariage, comment ça se fait ? Dit Yeno

-Ah chéri apparemment les lits du Radisson hôtel booste la fécondité, ajoute Cynthia en rigolant

-Laissez-nous déjà, ajoute Marimar

-Bon après il n’ont pas tort hein bébé, c’est quand même le weekend là que le petit a été conçu

 C’est vrai que neuf mois après leur mariage nous avons accueilli Paul-Adam Moussavou, une grande joie pour nous d’agrandir notre famille. Nous avons réemménagé ensemble une fois que nous avons appris que Mari attendait un deuxième enfant, cette maison aux Acaé qui me faisait de l’œil je l’ai acheté sans réfléchir et nous nous y sommes installés rapidement. A partir de là notre relation n’a été fait que de joie.

Nous passons une douce journée remplie de joie et d’amitié, uni pour célébrer l’amour, autour de moi ma magnifique fiancée et mes deux fils, les plaisirs simples de la vie qui me font adorer mon existence. Après le pic nique nous ne nous éternisons pas pour les au revoir, demain matin nous avons notre vol pour Franceville, la famille de Mari nous y attend comme chaque fois que nous y allons. Une fois à la maison nous vérifions que les bagages sont bien prêts et qu’il ne manque rien, une fois ceci fait je douche les petits pendant que Mari range un peu la maison qui est toujours en ordre tant la maîtresse de maison veille au grain. Cette maison est magnifique, cinq chambres dont une parentale comprenant une salle de bain, une grande cuisine, deux salles de douche indépendante, une cambuse, un grand garage et une grande cour. En rentrant nous avons emménagé le jardin, installés une piscine en kit et créé un espace détente, jeu et bien être dans une pièce qui était vide. Ma réconciliation avec Marimar et l’arrivée de notre deuxième fils m’a poussé à investir dans l’achat de cette grande maison, j’ai vendu l’autre et dit au revoir à six ans de bon loyaux services, cette maison appartient à mon passé comme toutes les conneries que j’y ai fait. J’ai définitivement tourné le chapitre Nina et a nos dix ans de relation, c’est difficile de me dire que toutes ces années j’aurais pu guérir et la rendre heureuse, elle ne méritait pas ce que je lui ai fait subir, elle m’aimait et moi j’ai tout détruit. Aujourd’hui nous avons tous les deux avancés et tourné la page, elle s’est finalement mariée avec son acteur nigérian et les blogs gossips du Nigéria ont annoncé que le couple a adopté un petit garçon, Gémina qui est toujours en contact avec elle, m’a confirmé ceci. Heureux pour elle, on n’était pas fait pour finir ensemble, elle a été un tremplin dans ma vie, elle a construit l’homme que je suis mais au final nous ne devions pas finir ensemble. Le petit garçon des quartiers populaires aurait pu ne rien être aujourd’hui sans qu’elle et les contacts de son père me donne un coup de main. Aujourd’hui je suis devenu associé dans la boîte dans laquelle son père m’a aidé à rentrer, je me donne corps et âme au travail depuis plus de neuf ans pour montrer qu’avec ou sans piston je mérite ce poste. Mes sœurs aussi ont finalement bien tournées, elles sont heureuses et épanouies, Gisèle est toujours à Oyem et son salon de coiffure est devenu un lieu incontournable de la ville, et de plus elle fréquente un ancien député veuf, ensemble ils avancent petit à petit, elle se reconstruit tout doucement. Après tellement d’années en tant que travailleuse du sexe, se ranger et changer de vie ce n’est pas chose facile mais Gémina et moi sommes là pour elle, plus jamais elle ne sera seule dans sa bulle, plus jamais elle ne portera ses croix seule nous sommes une famille et nous sommes là les uns pour les autres. Nous sommes allés souvent aux cimetières pour visiter nos parents, nous leur avons pardonnés cette enfance difficile, aujourd’hui nous sommes des adultes responsables qui tant bien que mal ont réussi. La vie nous a accordé une chance pour tous recommencer et nous l’avons saisi.

 

Koumba Marimar

Il est cinq heure du matin quand je me lève pour m’apprêter, notre vol est à 9h et il faut qu’on soit à l’aéroport à 7h, je pensais que pour les vols locaux on demandait d’arriver une heure avant mais c’est deux heures comme ceux à l’international. Je réveille Marc pour qu’il s’apprête aussi, ensuite nous nous occuperons ensemble des enfants. Une fois prêt on charge les affaires dans la voiture de Raoul, ils nous accompagnent à l’aéroport vu que nous ne voulons pas laisser la voiture au parking de l’aéroport de peur d’avoir des frais énormes à payer. Marc n’arrête pas d’embêter sa petite sœur qui d’après lui est ponctuelle pour la première fois de sa vie, le couple nous dépose, nous nous enregistrons d’abord puis ressortons prendre le petit déjeuner avec eux. Raoul et Gémina ce couple était une évidence pour tous sauf pour eux, Marc a dû revêtir le costume de cupidon pour mettre les choses sur les rails et naturellement tout s’est fait, ils avaient juste besoin d’un petit coup de pouce. Maintenant il ne se lâche plus et envisage de se passer la bague l’année prochaine, je suis contente pour eux, au final c’était plus qu’une évidence ce mariage. Pendant que nous étions occupés à discuter la voix au micro s’écrie « les passagers à destination de Franceville sont priés de passer le contrôle police au vu d’un embarquement imminent ».

-Bon le couple nous on y va, je ne voudrais pas qu’on rate ce vol, si c’est le cas c’est ma grand-mère elle-même qui viendra nous chercher

Nous rigolons, puis avec nos petits garçons rejoignons la salle d’embarquement en passant par le contrôle police, à peine assis nous sommes invités à embarqués. Les enfants déjà habitués à l’avion sont excités, chacun de nous a pris un enfant et s’est assis avec lui, Paul et moi avons les sièges 12 A et 12 B, Aimé et son papa ont 12 C et 12 D. Une fois tout le monde abord nous décollons, à nous le haut-Ogooué.

-Mes petits fils à moi, regardez comment vous êtes beau

S’exclame tantine Wami qui réceptionne les enfants qui courent vers elle, Marc et moi traînant les affaires avant de recevoir l’aide de mon cousin Jean celui qui vivait au Maroc la première fois où bouleversé j’ai mis pieds chez eux. Dans la voiture les petits sont si heureux, ce sont des enfants très sociables, toujours à courir partout, rire, danser, jouer et parler. Une fois sur place maman est là, ma seule grand-mère à moi, je me plonge dans ses bras pour lui faire un gros câlin.

-Ah pardon moi je veux mes arrières petits-enfants quitte là

-Moi ton bébé tu me renies maintenant hein ? Qui va t’accompagner boire le vin de palme en cachette

-Vient me faire la bise mon seul bébé

Je rigole, elle est facile à corrompre, tantine Wami ne veut plus qu’elle boive de l’alcool pour sa santé mais c’est sans compter sur la mauvaise fois de cette femme. Nous nous installons dans la chambre que la dame de ménage a préparée pour nous, les enfants iront dormir avec les autres enfants, papa et maman ont besoin de leur intimité pendant ces vacances. Alors que nous retrouvons les autres au salon, le mari de tantine Wami sort à Marc « Mon bon petit c’est quand que tu épouses notre fille », il me regarde un peu gêné, le mariage nous n’y pensons pas vraiment, je sais que celui de ses parents l’a traumatisé, j’évite de lui mettre la pression. Surtout que légalement il a tout fait pour nous protéger, la maison nouvelle maison est à mon nom, celle en location à celui d’Aimé et les actions du resto et de sa boîte au nom de Paul, dans tous les cas mes enfants ne se retrouverons pas sans rien du jour au lendemain. Mais ce serait intéressant d’écouter ce qu’il a à répondre devant cette question, je le regarde un peu comme tout le monde dans la pièce

-J’aime Marimar c’est un fait et je compte bien l’épouser dans les cinq années qui viennent, je ne saurais donner une date exacte. Elle sait ce que je pense du mariage mais avec le temps j’ai compris que je ne devais pas me baser sur l’échec du mariage de mes parents pour diaboliser ça, je veux sauter le pas avec elle et ça ne saurais tarder

Je lui fais un clin d’œil avant après avoir écouté sa réponse, il est toujours agréable d’être apprécié à sa juste valeur. Bien sûr que je suis impatiente de me marier avec lui, de porter son nom et ainsi devenir légalement son épouse. Solennellement il a pris l’engagement de m’épouser dans les prochaines années, passé ce délai j’aurais le droit de me plaindre, pour l’instant profiter de lui et voir mes fils grandir sont déjà ma satisfaction. Le sujet de conversation avait déjà changé mais maman a renchéri en ajoutant

-Mon fils il faut faire le mariage là avant que je meure hein, tu vois comme je suis déjà vieille. J’ai raté le mariage de ma fille aîné je voudrai quand même voir la chair de ma chair s’unir devant Dieu et les hommes

-Je te donne ma parole que ce sera dans pas très longtemps

-Tu vivras jusqu’à 100ans t’inquiète pas maman, dis-je

C’est dans une atmosphère plus détendue que nous passons à table pour le repas de midi, au menu les bons mets de mon G2 natal, nous remercions les ancêtres de nous avoir tous réuni puis partageons ce divin repas. Alors que j’avais la bouche pleine tantine Wami de l’autre bout de la table me demande

-Mari t’en ai où avec ton diplôme de sage-femme ?

-Je finis l’année prochaine

-Je suis tellement fière de toi, ma seule nièce sera sage-femme diplômée d’état

Je souris et me reconcentre sur ma nourriture. En apprenant que j’attendais un second enfant j’ai voulu donner un autre sens à ma vie, je me suis inscrit en candidat libre au Baccalauréat et je l’ai passé à 8mois et demi de grossesse, les surveillants avaient peurs que j’accouche pendant l’examen mais au final j’ai accouché près d’un mois plus tard. Pour préparer l’examen Marc m’a pris deux professeurs particuliers, j’avais cours presque tous les soirs, au début c’était difficile après avoir lâchés l’école sur un deuxième échec au bac il me fallait beaucoup de détermination pour ne pas tout envoyer valser. Les premiers mois de grossesse se sont déroulés magnifiquement bien mais pendant le dernier trimestre j’étais souvent fatiguée, j’avais abandonné l’idée de passer l’examen mais miraculeusement un mois avant la date du bac j’allais vraiment bien. Une fois mon bac en poche j’ai démissionné de chez Raoul et je me suis inscrit dans une école de santé. Devenir sage-femme a été une évidence quand, à mon second accouchement j’ai rencontré la plus douce sage-femme de la terre entière, elle m’a transmis son amour pour cette profession et vu que nous avons sympathisé c’est elle qui m’a beaucoup aidé aussi bien dans les démarches administratives pour l’école que dans les révisions, cette femme a changé ma vie.

Il me reste un an d’étude ensuite je serais diplômée, j’ai hâte de commencer à travailler et comme mon mentor donner à cette profession la noblesse qu’elle mérite.

Ma vie a tellement changé ces cinq dernières années, je suis devenue une tout autre personne, j’ai des projets, une perspective d’avenir, une famille aimante, des amis géniaux, de magnifiques enfants et un conjoint aimant. La vie a effacé mes larmes et m’a mis un sourire sur mon visage, après tant d’épreuve traversées je suis plus que jamais heureuse, il y a toujours espoir même quand il y en a plus, après la pluie ne vient pas immédiatement le beau temps mais peut importe le temps que ça prend ce beau temps fini par arrivé...  

 
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