Épilogue
Ecrit par Fleurie
°°° Nora °°°
Ce jour, j’ai appris la triste nouvelle selon laquelle, Charlotte est atteinte d’une leucémie aiguë myéloblastique. La greffe s’inscrivant dans un parcours thérapeutique, elle a été envisagée. Afin d’éviter une rechute, ce traitement de consolidation doit être fait, d’après le docteur.
Deux semaines plus tard, nous avons eu le résultat. D’après le typage, je suis compatible pour être le donneur de moelle osseuse. Sa mère n’en revenait pas. Malgré que les prélèvements ont été effectués chez ses parents, ils n’ont pas été compatibles. Cela a été un miracle de Dieu.
Nous sommes depuis une semaine en France, pour l’allogreffe de Charlotte. Depuis hier soir, je suis allongée sur ce lit d’hôpital. Ce matin, je jette sans cesse un coup d’oeil à l’horloge, espérant que tout se déroule bien. Tout est si nouveau pour moi, dans ce domaine.
Vêtue d’une robe blanche aux petits points bleus, l’infirmière m’emmène dans la salle d’opération. J’ai un peu peur, mais le docteur m’a maintes fois rassurée, que tout irait bien.
°°° Charlotte °°°
Je me sens tellement étrange, depuis quelques jours. Je n’arrive toujours pas à croire que j’ai pu trouvé un donneur. Les fonctionnements myéloablatifs ont durés dix jours. Mon allogreffe a lieu aujourd’hui. J’ai tellement la trouille.
La porte du bloc opératoire s’est ouverte les docteurs. La salle d’opération est si grande. Les hommes comme les femmes sont déjà présents. Ils sont tous vêtus d’une blouse verte, avec des caches nez. J’ai été confortablement installée. Tout étant déjà prêt, l’anesthésiste s’est approché de moi.
Lui ( me fixant droit dans les yeux ) : Détendez vous madame, n’ayez pas peur. Tout ira bien.
J’ai simplement hôché la tête.
Lui : Maintenant nous allons compter jusqu’à 10.
1 2 3 4 5 ...
Je n’ai pas réalisé à quel moment je me suis sentie partir.
Quelques heures plus tard
Je me suis réveillée dans une chambre un peu différente de la précédente. Il s’agit de la chambre stérile. Je serai sous observation pendant une période d’au moins six semaines.
°°° Lyse °°°
Tout s’est bien passé. Nous sommes sur le point de rentrer au pays. Pendant la période en chambre stérile, Charlotte a bien réagi au greffon. Selon le docteur, elle peut voyager. Mais elle sera suivie pendant quelques temps. Cela lui permettra de s’assurer de son état.
L’Eternel a enfin exaucé mes prières. Plusieurs épisodes de chimiothérapie et de séjours en chambre stérile,ont été faits, pour prévenir tout risque infectieux. Mais l’heure a sonnée pour nous. Ma fille a enfin pu trouver un donneur. Dieu soit loué. Cependant, depuis le jour du typage, je ne suis plus en paix avec moi même.
[ ... ]
Charlotte a décidé de passer quelque temps avec nous. Je sais qu’elle ne supporte pas son père. Mais je l’ai finalement convaincue. Ce sera juste pour un temps. J’ai tout arrangé dans l’ancienne chambre. Après l’avoir mise au lit, je me suis dirigée vers mes fourneaux.
Une semaine déjà que Charlotte vie avec nous. Je remercie le ciel que depuis Stephen n’ait créé aucune histoire. J’ai senti un souffle chaud dans mon cou. Je me suis instinctivement tournée.
Moi : Je suis occupée Stephen. Je n’ai pas ce temps.
Lui ( me serrant par la taille ) : Aller viens par ici. Fais ton devoir. Antonin a besoin de sa chose ( frottant son sexe durci contre ma cuisse ).
Moi ( gênée ) : Mais pas ici, s’il te plaît. En plus Charlotte est là.
Notre relation est toujours rebondissante. Il aime tant se pointer et me coucher comme si de rien n’était. Il suffit que je refuse, pour sentir ses violents coups sur mon petit corps.
Moi : Je suis lasse de te laisser me manipuler à ta guise. Je dois lui faire sa soupe.
Lui ( passant la main sur le visage ) : Pffffff , depuis son arrivée dans cette maison, tout ne tourne qu’autour d’elle. J’en ai marre tu comprends. J’ai aussi l’estomac dans les talons. Fais moi ma bouffe.
Moi ( fermant la casserole ) : Tu vas devoir attendre. Ta fille est en convalescence. Elle a besoin de plus de force que toi.
Lui : Tu veux sentir ma main sur ta joue Lyse ?
Moi : Je ne suis pas ton souffre douleur Stephen. Ta fille est...
Lui ( criant ) : CE N’EST PAS MA FILLE
Moi : Tu n’as pas besoin de crier. Elle pourrait t’entendre.
Lui : J’en ai rien à foutre d’elle. D’ailleurs, je sors et à mon retour je ne veux plus la voir.
Moi : Mais Stephen...
Voix ( derrière moi ) : Maman , papa, qu’est ce qui se passe ?
Lui : Vas chercher ton père car je ne le suis pas.
C’est Charlotte qui vient de faire son entrée dans la cuisine.
Elle : Dis moi que je rêve maman. Papa vient de dire qu’il n’est pas mon père. Peux tu m’expliquer ?
Moi ( embarrassée ) : Tu as mal compris. Ce n’est pas ce qu’il voulais dire au fait.
Elle : Je ne suis pas née de la dernière pluie. Et je suis assez âgée pour comprendre. Alors j’exige des explications.
Moi : Lolo euh au fait je...
Elle ( s’approchant ) : Je veux connaître la vérité.
Moi ( en larmes ) : Snifff c’est dur, sniffff Lolo si tu savais.
Elle : Tu me dois bien cela maman.
°°° Charlotte °°°
Il y a cinq jours, ma mère était sortie pour faire ses courses. J’étais à la recherche d’une paire de ciseaux dans sa chambre. Involontairement, je suis tombée sur une enveloppe. Celle ci contenait les résultats d’analyse. Et ce qui m’avait le plus choqué a été le taux de comptabilité entre Nora et moi. J’ai toujours voulu lui en parler, mais je me suis abstenue. Aujourd’hui, mon père dit qu’il n’est pas mon géniteur. J’ai besoin d’éclairer ma lanterne.
Elle a ôté son tablier, et m’a prise par la main.
Elle : Allons dans le jardin.
Je l’ai simplement suivie en silence. Dehors les gros nuages ont couvert le ciel. Une légère fraîcheur se fait ressentir. J’ai ajusté mon écharpe pour bien couvrir mes épaules. Nous avons pris place sur les chaises dans le jardin.
Moi : Je veux tout savoir dans les moindres détails. Tu dois tout me dire.
Elle s’est engagée dans un mutisme pendant un court instant. J’en ai profité pour tourner mon regard vers le portail. Le vent soulève par moment, les feuilles de l’arbre du jardin. J’aimerais me préparer à ce qu’elle s’apprête à me dire.
Elle : Avant de te dire quoi que ce soit, je tiens à te présenter mes excuses pour t’avoir caché une vérité si importante. Je sais déjà que tu ne me pardonneras pas.
Moi : ...
Elle : Je sortais avec ton père lorsque je suis tombée enceinte. Il n’a pas voulu te donner les mêmes privilèges que ses autres enfants, car...
Moi : Je parie qu’il était marié
Elle : Effectivement il l’était. Je travaillais chez eux en tant que femme de ménage. J’ai du cesser car ils avaient déménagé pour Cotonou...
Je fuis son regard pour ne pas fondre. Je suis le fruit d’une relation hors mariage. J’ai longtemps pensé que Stephen était mon père. Je comprends mieux ses comportements à mon égard. Je l’ai religieusement écoutée me narrer son histoire. C’est si triste de découvrir à 27 ans que son père ne l’est pas.
Moi ( fondant en larmes ) : Qui est mon père ?
Elle : ...
Moi : Je te pose une question maman.
Elle : Après leur départ, j’ai rencontré Stephen. Il avait promis m’aider à m’en sortir. Je ne savais pas comment lui dire que je portais une grossesse en moi. Je lui ai fait croire qu’il était l’auteur. De fil en aiguille, il est devenu très amoureux de moi. Nous avions entamé une relation. À tes deux ans, il m’a épousé. Je voulais à tout prix que tu grandisse dans une famille, comme tous les autres enfants. C’est ainsi que tu portes son nom de famille. Stephen ton père t’aime énormément. Il délire quand l’alcool lui monte au cerveau. C’est ma faute s’il est comme ça aujourd’hui. Tout a tourné au vinaigre, le jour où il a appris la vérité sur toi. Sinon c’est un homme bien. Je paie pour mon mensonge.
Moi ( très calme ) : Je parle de mon géniteur maman, qui est il ?
Elle : ...
Moi ( les yeux rouges ) : QUI EST MON PÈRE ?
Elle : Étienne QUENUM
J’ai cru rêver. Le fameux directeur de BUYRIGHT est mon père. Que le monde est petit. Je comprends mieux la compatibilité entre Nora et moi.
Moi : Donc tu le savais depuis le début ?
Elle ( hésitant ) : Non. Depuis notre séparation, je n’ai plus eu de contact physique avec Étienne. Je ne recevais que les virements. Après ta naissance, j’ai cessé de le voir. Je n’ai pas voulu en savoir plus sur sa famille. Même à l’hôpital, je n’ai pas reconnue ta soeur. Ce n’est qu’après le typage que j’ai fait le rapprochement. Il n’y a que des frères et soeurs pour être compatibles. Ce n’est qu’à partir de là que j’ai fait le test d’ADN en France.
Moi ( me tenant la tête ) : C’est pas croyable. Je défendais ma soeur en prison.
Elle : Pardonne moi Lolo. Je n’ai pas voulu te blesser.
Je me suis levée d’un bond pour aller à l’intérieur. Elle a couru après moi.
Elle ( criant ) : Lolo attends je t’en prie.
Je ne l’écoutais plus. Avec toute la force que je détiens dans les bars, j’ai fermé la porte. Après l’avoir vérouillée,je me suis laisser écrouler au sol. Dans un silence, j’ai fondu en larmes. C’est le seul moyen que j’ai trouvé en ce moment.
Deux semaines plus tard
°°° Ayanda °°°
Moi ( regardant Nora ) : Es tu certaine que tu n’es au courant de rien ?
Elle ( jouant avec la cuillère ) : Non, je te l’ai plusieurs fois répété.
Moi : Je te conseille quand même d’aller voir un gynécologue.
Mom ( intervenant ) : Je ne vois pas ce qu’elle a de si important à nous dire. Me concernant, l’affaire est déjà close.
Ce matin, maître Charlotte a tenu à nous parler à toutes les trois. En parlant du loup, on voit sa queue.
Charlotte est apparue. Après avoir salué tout le monde, elle a pris place. La servante lui a servi un rafraîchissement.
Elle : Je parie que vous êtes toutes impatientes de savoir ce que j’ai à dire. Cela ne saurait tarder.
Mom : Je ne pense pas que cela ait affaire avec Basta.
Nora l’a furtivement regardée.
Elle : Si nous sommes toutes réunies ici, c’est pour un sujet très important.
Mom : Nous t’écoutons.
Elle : Je tiens tout d’abord à m’excuser. Et aussi je remercie infiniment Nora pour m’avoir sauvé la vie. Je viens d’apprendre que je suis la fille de votre mari. C’est à dire que vous ( nous regardant ) êtes mes demi soeurs.
Nous : Quoi ?
Elle a pris tout son temps pour nous raconter son histoire. J’en suis ébahie.
Moi : C’est impossible.
Elle ( souriant ) : J’ai bien peur que non Ayanda. Vous ne savez pas combien ça me fait plaisir.
C’est une nouvelle. J’ai besoin de temps. Je les ai laissées dans la salle de séjour. Mom m’a suivie. J’ai pressé les pas.
Moi : Laisse moi mom. J’ai besoin d’être seule. Je ne veux voir personne.
Elle : Je sais chérie. Écoute moi.
Je n’ai pas lu cette surprise sur son visage. Elle a l’air très calme et sereine à mon goût.
Moi : Étais tu au courant ?
Elle : Oui en fait de l’infidélité de ton père. Mais je n’ai pas eu l’occasion de rencontrer la fille. Et voilà qu’elle est venue vers nous.
°°° Léontine °°°
Moi : Chérie écoute moi. Je sais que tu ne pensais pas que ton père allait faire un truc pareil. Laisse moi te dire que ce sont des choses qui arrivent dans la vie. Même si c’est difficile, ce qui est passé est déjà passé. Nous ne devons que l’accepter. Ton père n’est plus parmi nous. Tout ce que je dis n’est pas facile, je sais. Je te prie d’être patiente avec elle. Ce n’est pas de sa faute.
Elle : Je ne vais rien te promettre mom. J’ai besoin de temps. Tout est encore nouveau pour ma personne. Je suis embrouillée. J’ai besoin d’un verre, il me faut un verre.
Moi : Viens là, tout ira bien. Nous devons l’accueillir chez nous. Elle a peut être sa vie. Mais à présent, elle fait partie des notres.
Elle : Snifff
Je n’ai jamais imaginé dire ces choses à ma fille. Je remet tout à Dieu.
Nous sommes retournées dans la salle de séjour. Nora est en pleine conversation avec Charlotte. Elles ont l’air de s’entendre.
Moi : C’est une nouvelle qui nous est tombé dessus. Étienne n’est plus là pour nous dire quoi que ce soit. Charlotte, sois la bienvenue dans notre famille. Nous allons apprendre à nous connaître. J’espère qu’avec le temps, le reste se fera.
Elle : Merci madame QUENUM.
Je lui ai simplement sourie. Après cette rencontre, les filles sont sorties pour je ne sais où. Comme tous les dimanches, je suis allée m’affairer dans mon jardin. Ayanda a voulu me tenir compagnie. Mais j’ai préféré qu’elle aille se changer les idées. Cela lui fera du bien. Elle a mal pris la nouvelle.
°°° Nora °°°
Charlotte est une femme très sociable et charmante. Après notre rencontre de l’autre fois, j’ai appris à plus la connaître. Ce n’est pas du tout le cas avec Ayanda. Elle a du mal à s’approcher d’elle. Je suis sûre et certaine que ça lui passera. Je sors de la clinique. J’ai fait une analyse pour m’assurer que je suis réellement enceinte. Il y a trois jours, j’ai fait deux tests maison. Ils étaient tous positifs. Je me souviens que cette nuit je n’avais pas pris mes précautions.
J’ai longuement réfléchi à cette situation. J’ai besoin de me donner une deuxième chance. Mes blessures ne sont certes pas cicatrisées, mais je dois le faire. Dylan est l’idéal pour le guérir. Je ne l’aime pas autant, mais j’ai des sentiments pour lui. Il me déstabilise toujours. Mon enfant a besoin de son père. Je ne vais en aucun cas lui en priver. Qui l’eut cru. Moi Nora, enceinte après toutes ces analyses et ces nombreuses tentatives, le ciel a été clément envers moi.
Dylan m’a donné le double des clés de sa maison. J’en ai profité pour lui faire une surprise. J’ai tout préparé et je n’attends à présent que lui.
[ ... ]
Le vrombissement du moteur m’a notifié de son arrivée.
J’ai ensuite entendu le bruit des clés dans la serrure. Je me suis ruée vers la porte. Après l’avoir débarrassé de son costume et de ses affaires, je lui ai gratifié d’un doux baiser.
Lui : Waouh bonsoir chérie.
Moi : T’as fait un peu, tu m’as trop manqué.
Lui : L’important pour moi est comment terminer ma soirée avec la plus ravissante des femmes.
Il m’a attiré à lui. Nous nous sommes embrassés.
Moi ( me détachant lentement de lui ) : Un instant Didi.
Lui ( regard interrogateur ) : Qu’est ce que j’ai loupé Nora ?
Moi : Je sais que tu es pressé. Tu vas passer à la douche d’abord.
Lui ( faisant la moue ) : Hum
Moi : Je t’attends pour passer à table.
Il est passé devant moi, sans plus rien dire. J’ai bien maté son postérieur.
[ ... ]
Trente minutes plus tard, nous sommes attablés.
Il a ouvert son assiette et m’a regardé.
Lui : Nora qu’est ce que c’est ? C’est pas de la nourriture ça. Je...
Il s’est tu en faisant plus attention au contenu de son assiette.
Lui ( écarquillant les yeux ) : Ne me dis pas que...
Moi ( hochant la tête ) : Tu vas être papa.
J’ai mis les petites chaussures d’un nourrisson à la place de la nourriture.
Il s’est levé en contournant la table.
Lui ( me fixant ) : Tu es adorable. Je t’aime Nora. Tu ne sais pas à quel point. Tu fais de moi l’homme le plus heureux.
Moi ( souriant ) : Moi aussi.
Lui ( collant son front au mien ) : Et si on mettait le dîner pour plus tard ?
Moi : Hum non, terminons ce qu’on a commencé. Tu aimes trop ça.
Lui : C’est pas ma faute si tu es si bandante. Tu éveilles tous mes sens.
Moi : Hummmm
Lui : Ça peut attendre, pour l’instant je dois m’occuper de toi.
Il m’a soulevée. Mes yeux plongés dans les siens, on se dévore du regard. Il a posé un tendre baiser sur mon front. Ensuite il s’est dirigé vers la chambre à coucher. Délicatement, il m’a posé sur le lit. Il s’est placé à mes côtés. Sa tête soutenue par sa main, il m’a tiré à lui de son autre main.
Lui : Je désire te rendre heureuse pour le restant de nos vies.
Moi : Fais de moi ce que tu veux.
À partir d’un long baiser, nous nous sommes fait plaisir toute la nuit...