Episode 1
Ecrit par Mona Lys
1
***AURELLE BOTY
La fierté que je lis dans les yeux
de mes parents gonfle mon cœur de joie. Enfin, je suis arrivée à les rendre non
seulement fiers de moi, mais surtout à les sortir de la misère dans laquelle
notre famille a toujours vécu. Aujourd’hui, ils sont les stars de leurs
familles, eux qui étaient autrefois ridiculisés et pointés du doigt parce
qu’ils n'avaient pas ‘‘réussi’’ comme leurs frères et sœurs. Pire, leurs
enfants non plus ne sont arrivés loin.
Mes parents se sont toujours
sacrifiés pour mes frères et moi. Notre vie allait pour le mieux jusqu’à ce que
mon père soit obligé d’arrêter de travailler à cause d'un accident de travail
qui lui a coûté la moitié d'un bras. Ma mère n’étant qu’une simple ménagère ne
pouvait donc être la roue de secours de son époux. Mais tous les deux ont
bataillé entre les petits boulots pour que mes frères et moi continuons les
études. C’est ainsi que j’ai eu vent d'un réseau pour migrer en Europe. J’ai
bondi sur l’occasion surtout que ma tante y vivait déjà. Dieu a conduit les choses et j'y suis arrivée. Une
fois à Londres j’ai dû encore glaner pour m'en sortir parce que la situation de
ma tante était carrément précaire contrairement à ce qu'elle nous faisait
croire. J’ai enchaîné les petits boulots qui me permettaient juste de rapporter
la bouffe chez ma tante. Puis un jour, étant à la caisse du supermarché où
j’étais plutôt exploitée, beaucoup de boulot pour un salaire minable, je
discutais avec Djénéb qui était une habituée du coin vu qu'elle y faisait les
courses tout le temps pour la famille WILLAR. Je lui ai parlé de mes problèmes
et elle m'a proposé ce nouveau job de servante qui, pour mon plus grand bonheur,
m'offrait dix fois plus que ce que je gagnais au supermarché. Je pouvais enfin
envoyer de l'argent ici en Côte d’Ivoire à ma famille. Puis une chose
entraînant une autre, aujourd’hui je reviens dans mon pays, dans ma famille,
avec la tête haute. Toute la misère que j’ai vécue n'a pas été vaine. J’ai
relevé le visage de ma famille, de mes parents surtout. Et devinez quoi ?
Je suis la première fille de toute la grande famille de mon père à se faire
doter et qui va bientôt se marier. Toutes mes cousines qui n’ont cessé de nous
narguer parce qu’elles avaient tout ce que nous n'avions pas, se retrouvent
pour certaines avec des enfants de pères différents tandis que les autres
servent juste de décor et ménagère chez des hommes qui ne se gênent pas pour
les tromper, même sous leur toit. J’ai compris que dans la vie, c’est la fin de
toute chose qui importe. J’ai commencé misérable et aujourd’hui je vais intégrer
une grande famille. En plus de cela, j’ai enfin pu terminer mes études comme je
le souhaitais.
Ces trois dernières années ont été
consacrées à mes études. Je voulais avoir mes diplômes avant de me marier. Will
n’était pas de cet avis mais j’ai dû le convaincre. Il voulait qu’on se marie
dans l’immédiat, ce qui était tout à fait normal. Mais moi je voulais me sentir
indépendante sur tous les plans. J’ai été diplômée il y a quatre mois,
aujourd’hui je célèbre ma dot et dans quelques mois nous ferons le mariage mais
cette fois à Londres.
‒ Hééé ma fille, tu as relevé notre
visage oohh !!
Je regarde ma mère avec bonheur.
Elle est heureuse et je le suis aussi.
‒ Tes tantes ne cessent de me
demander comment j’ai fait pour que tu réussisses de la sorte. Elles pensent
que je suis allée voir un charlatan.
Elle éclate de rire.
‒ Dieu a relevé notre visage par toi
oh ma fille. Moi qui étais moquée, voici que tout le monde m'envie. Regarde
même la maison que ton mari nous a acheté. Je n'arrive pas à y croire. Vraiment
je ne cesse de louer Dieu.
Je lui souris avec émotion. Comment
ne pas se réjouir après avoir tant souffert ? La première action que Will
a posée envers eux après la prise de contact, c’était de leur acheter un duplex
pour les faire sortir du taudis dans lequel ils étaient. Moi avec mes
économies, j’ai acheté deux taxis que j’ai mis aux noms de mes parents et Will
m’a aussi aidé à ouvrir un magasin de pagne et bijoux traditionnels pour maman.
Mes parents pourront enfin prendre soin d’eux et de mes frères convenablement
sans quémander.
‒ Je dis, pour ta cousine Adjoba
c’est comment ? Me questionne ma mère.
‒ Pourquoi veux-tu que je l’aide
alors que ses parents ne nous ont jamais aidé lorsque nous étions dans le
besoin ? Au contraire, ils n’ont fait que vous humilier.
‒ Dans la vie, lorsque Dieu relève
ton visage ça ne vaut plus la peine de garder des rancœurs contre ceux qui
t’ont fait du mal. Toi-même regarde sa situation. Elle a six enfants de pères
différents alors qu’elle n’a que vingt-sept ans. A cause de son caractère,
aucun homme ne veut la prendre. Peut-être que si tu la prends avec toi elle
changera. Elle a vraiment besoin d’aide pour s’en sortir sinon elle est fichue.
Ne le fais pas pour elle, mais pour ses enfants. Ils sont innocents. Si leur
mère au moins peut devenir responsable ça les aiderait. Adjoba doit s’éloigner
de sa famille si elle doit changer.
Je soupire.
‒ Je vais en parler à William. S’il
est d’accord qu’on l’emmène avec nous, on commencera ses papiers aussitôt. Mais
je préfère qu’elle aille vivre avec tantine et à distance je l’aiderais du
mieux que je peux. Je ne veux pas prendre le risque de l’emmener dans mon
intimité et être désagréablement surprise.
‒ Cette idée est encore mieux. Merci beaucoup ma
chérie. Allons maintenant rejoindre ton mari. Il est prêt depuis longtemps.
Je sors dans ma troisième tenue et
je retrouve Will non loin de la chambre. Il est tellement beau dans cette
tunique fait à base de pagne et de tissu. Il me sourit lorsqu’il me voit avancer
vers lui.
‒ Enfin tu sors. J’ai cru un moment
que tu ne voulais plus continuer.
‒ Arrête, dis-je en rigolant. Nous
sommes déjà mariés traditionnellement donc je ne peux plus fuir.
‒ J’ai hâte de te mettre la bague au
doigt et que tu sois enfin Mme WILLAR, dit-il en me prenant par la taille.
Pourquoi on ne se marie pas à la fin de ce mois ?
‒ Je veux avant tout commencer mon
nouveau boulot.
‒ Mais tu peux te marier et
travailler. L’un n’empêche pas l’autre.
‒ Je sais. Mais je préfère me lancer
d’abord. En plus de quoi as-tu peur ? Je ne m’enfuirai pas. Je suis à toi.
‒ Je sais mais je veux faire les
choses dans les normes. Je veux que le bébé naisse dans un foyer.
‒ Je te promets qu’on se mariera
avant sa naissance. Je n’en suis qu’à cinq mois. Un peu de patience mon amour.
Qu’il pleuve ou qu’il vente, je serai Mme WILLAR.
Je l’incite à se courber plus et je
saisi ses lèvres.
‒ Bon vous venez les
tourtereaux ? Tonne subitement ma belle-mère Murima nous obligeant à nous
séparer. Rien de ce que vous ferez n’augmentera le nombre de bébés dans le
ventre d’Aurelle.
C’est en rigolant que nous la
suivons jusqu’à l’arrière-cour où se déroule la fête. Tous les enfants WILLAR
sont présents ainsi que le petit-fils WILLAR, le fils de Travon et Imelda. Il
adore tellement voyager qu’il n’a pas voulu rester à Londres avec ses
grands-parents et sa petite-sœur née il y a six mois. Je vois mes cousines qui
ne cessent de reluquer Will. Qu’elles se rincent bien les yeux, cet homme est à
moi.
***MURIMA
C’est toute épuisée que je rejoins
ma chambre d’hôtel. Les autres sont dans le même état que moi. Imelda et Travon
rejoignent également leur chambre près de la mienne. Xandra quant à elle a
décidé de tourner encore un peu dans la ville avant de rentrer dans sa chambre.
Je suis tellement heureuse pour mon bébé Will qui devient chaque jour un peu
plus responsable. Ces trois dernières années il a fait ses preuves à la boite
en tant que Directeur du département publicitaire. Il a fait un bien plus gros
chiffre que son prédécesseur. Et maintenant il entame le processus de
régularisation de sa situation. Sans oublier qu’il sera bientôt papa. Mon bébé
est complètement différent du jeune insouciant et agité d’il y a trois ans.
Aujourd’hui, il est un homme. Il en est de même pour ma petite princesse
Alexandra. Elle est une vraie jeune femme aujourd’hui. C’est derrière elle, les
caprices et consort. Moi je suis une maman comblée. Mes enfants sont tous des
gens responsables et respectés. Je suis encore plus heureuse d’être la
grand-mère des deux magnifiques bébés d’Imelda et Travon. Bientôt celui de Will
et Aurelle s’ajoutera. J’espère surtout un miracle du côté de Xandra qui n’a
qu’une seule trompe. Je ne sais pas si elle a déjà essayé de tomber enceinte
avec son actuel petit ami mais selon la médecine ses chances sont très minimes.
Je sais qu’elle en souffre parce qu’elle adore les enfants. Y a qu’à voir la
manière dont elle comble ses neveux de cadeaux. Je prie jour et nuit qu’elle
puisse elle aussi devenir mère. Elle le mérite.
Après ma douche, je prends
confortablement place dans mon lit avec sur moi uniquement mon peignoir. Je
lance à partir de mon Laptop un appel vidéo vers Clinton qui est resté à
Londres pour des raisons professionnelles. Il ne met pas du temps à décrocher.
Je souris à la vue de son magnifique visage.
‒ Salut toi !
‒ « Comment va la plus belle
femme du monde ? »
‒ Maintenant qu’elle voit le visage
de son époux, bien. Comment tu vas toi ?
‒ « Bien, maintenant. Tu me
manques. »
‒ Toi aussi. Les enfants veulent
acheter des souvenirs de ce pays demain donc dans deux jours nous serons de
retour.
‒ « J’ai hâte. Alors, la
fête ? »
‒ Génial ! Les parents
d’Aurelle sont des gens charmants. Tout était parfait. J’ai maintenant besoin
de repos. Je crois que je suis trop vieille maintenant pour les fêtes.
‒ « Ne dis pas de sottises. Tu
n’es pas vieille. On te donnerait trente ans. »
‒ Tu es mignon ! Dis-je le
sourire grand sur les lèvres.
Nous discutons encore un bon moment
de la pluie et du beau temps. C’est notre quotidien lorsque l’un de nous est en
déplacement. Il me fait aussi le point sur la boite. Lorsque nous sommes tous
absents c’est lui qui veille sur notre entreprise familiale. Il est toujours
notre plus grand partenaire. Clinton n’hésite pas à mettre à notre disposition
ses finances lorsque nous en avons besoin et nous en retour nous nous assurons
qu’il profite des fruits de ses investissements. Nous lui serons éternellement
reconnaissants de nous avoir aidé à relever la boite.
Nous sommes interrompus par des
coups frappés sur ma porte. Je jette un coup d’œil à ma veilleuse. Je devine
déjà qui c’est.
‒ Oui vas-y entre, lui hurlé-je.
Xandra ne tarde pas à montrer sa
tête par l’entrebâillement de la porte.
‒ Je dérange ? S’enquiert-elle.
‒ Non ma puce. Je discutais avec
Clinton.
Elle contourne le lit pour voir
l’écran de mon ordi.
‒ Salut Clinton !
‒ « Bonsoir princesse. »
Elle se dirige ensuite vers la
cuisine, me donnant le temps de mettre fin à ma conversation avec Clinton. Elle
revient se coucher près de moi, un pot de glace à la main.
‒ Alors ta balade ? Lui
demandé-je en glissant mes doigts dans sa chevelure.
‒ Bien. La ville est très belle la
nuit. Je me suis achetée des souvenirs.
‒ Je croyais que tu devais y aller
avec les autres, demain ?
‒ Oui mais je préfère travailler
demain. J’ai un dossier à boucler.
Son portable posé entre nous se met
à signaler un appel. Elle
coupe l’appel et ferme son portable.
‒ Un problème ?
‒ Je l’appellerai demain. Pas envie
de jouer aux amourettes maintenant.
Je pousse un soupir.
‒ Chérie, si tu n’es pas amoureuse
de lui tu…
‒ Je le suis maman. Peut-être pas
autant que lui mais oui je l’aime.
L’expression de son visage
s’assombrit. J’ai de la peine de la voir à chaque fois ainsi. Elle n’a toujours
pas tourné la page Samy. Je sais qu’elle l’aime encore même si celui-ci a
complètement disparu. Sa mère et lui ont quitté le pays après la libération de
celle-ci. Ça a été une déchirure de couper les liens avec eux mais c’était
impossible de continuer à se fréquenter comme si de rien n’était.
‒ Chérie, pourquoi est-ce que tu
n’attends pas d’être prête pour réellement te lancer dans une relation
sérieuse ?
‒ Je suis prête maman. C’est juste
que je ne suis pas très démonstrative.
Avec Samy elle l’était pourtant.
‒ En plus je… je ne veux pas perdre
de temps. Je veux profiter du fait que je sois encore jeune pour tenter d’avoir
un enfant.
Sa voix a tremblé à la dernière
phrase.
‒ Ma puce !
Elle essuie une larme sur sa joue.
Je lui retire son pot vide et la tire dans mes bras.
‒ Tu n’as que vingt-cinq ans donc
encore beaucoup jeune. Tu as tout le temps pour tomber enceinte.
‒ Et si ça n’arrivait jamais ?
Suppose-t-elle la voix prise d’émotion. Et si je ne connaissais jamais la joie
d’être mère ?
‒ Ne dis pas ça mon amour.
Viens-là !
Je la serre contre ma poitrine sur
laquelle elle ne se gêne pas de verser un flot de larmes.
‒ J’étais tellement stupide.
‒ Cesse de te blâmer. Nous faisons
tous des erreurs.
‒ Mais mes erreurs à moi m’ont rendu
stérile.
‒ Tu n’es pas stérile, chérie. Il te
reste encore une trompe et de nos jours on peut tomber enceinte avec une seule
trompe. Sais-tu qu’il y a même des femmes qui sont tombées enceintes sans en
avoir aucune ?
‒ Elles ont eu de la chance.
‒ Bah toi aussi tu en auras.
Calme-toi ! Tout ira bien.
Elle reste ainsi dans mes bras
jusqu’à s’endormir. Je ne tarde pas à la rejoindre dans les bras de Morphée.
Je suis réveillée par une sonnerie.
C’est mon ordinateur qui me signale un appel vidéo. Je me dépêche de le prendre
pour éviter de réveiller Xandra qui dort à point fermer. Je décroche l’appel de
Derrick en me rendant sur la terrasse.
‒ Oui Derrick ! dis-je en me
frottant les yeux.
‒ « Oh punaise il fait nuit
là-bas. Je suis vraiment désolé. J’ai complètement zappé le décalage
horaire. Je vais te laisser dormir. »
‒ Non pas grave. Je suis déjà
réveillée.
‒ « Je suis vraiment
désolé. »
‒ Ce n’est rien. Alors quoi de
neuf ?
‒ « Je venais aux
nouvelles. Comment ça s’est passée, la dot ? »
‒ Super bien, dis-je dans un
bâillement. Tout était parfait, enfin, en dehors du fait que le père du marié
brillait par son absence. Une absence qui n’a aucune raison valable.
‒ « Murima, tu ne vas pas
recommencer !? »
‒ Tu trouves ça normal toi de ne pas
assister aux évènements importants de la vie de tes enfants tout simplement
parce que tu n’arrives toujours pas à accepter que ton ex-femme ait refait sa
vie avec un autre ? Ne trouves-tu pas ça ridicule ?
‒ « Tu sais que ce n’est pas ça
la raison de mon départ. »
‒ Dans ce cas, pourquoi n’es-tu
toujours pas revenu sur Londres ? Ça fait trois ans Derrick. Et personne
ne sait où tu te trouves.
‒ « Si vous le saviez, vous
seriez déjà venu me tirer par les cheveux pour me faire rentrer. Je rentrerai
quand je me sentirai prêt. »
‒ Ecoute-moi bien Derrick WILLAR, je
me fiche pas mal de tes états d’âme mais ton fils se marie dans quelques mois
et je veux t’y voir. Arrête de te comporter comme un gosse bon sang ! Tu n’es pas le seul homme
dont l’ex-femme s’est remariée à un autre.
‒ « Je ne suis pas comme toi,
Murima. Je ne peux voir la personne que j’aime dans les bras de quelqu’un et
être indifférent. Si je suis ici c’est pour essayer de t’oublier et je
rentrerai lorsque je me sentirai prêt à te voir heureuse dans les bras de
Clinton sans en ressentir de la jalousie et des envies de meurtre contre ton
nouveau mari. »
‒ Penses-tu au moins aux
enfants ? Will est en train d’entamer une autre étape de sa vie, Travon a
eu un deuxième bébé et Xandra a une vie sentimentale instable et vit dans la
peur constante de ne jamais pouvoir être mère. J’ai besoin de toi pour gérer
nos enfants. Will a besoin des conseils de son père avant d’en devenir un et tu
sais que Xandra a toujours été une fifille à son papa. Ils ont besoin de toi.
‒ « Je n’ai été un bon père
pour aucun d’eux, mais principalement pour Will, donc comment pourrai-je lui
donner des conseils ? »
‒ Arrête d’être con une minute,
Derrick. Aucun parent n’est parfait. Oublions le passé et concentrons-nous sur
le présent. Il est temps que tu rentres Derrick.
‒ « Je sais. Surtout que vous
me manquez vachement. Je te promets de rentrer le plus tôt possible. »
‒ Merci !
‒ « Clinton a la chance de
t’avoir à ses côtés. » Dit-il d’une voix empreinte de
tristesse.
‒ Tu trouveras une femme parfaite
pour toi aussi. Il suffit juste d’ouvrir ton cœur.
Il sourit tristement. Nos
conversations aboutissent toujours sur ce sujet sensible. Derrick n’a toujours
pas digéré mon mariage et depuis il s’est éloigné de la famille. Le jour de mon
mariage, alors que moi je faisais la fête, lui il prenait l’avion pour une
destination inconnue de nous. Il a repris contact avec nous après six mois. Moi,
il m’a évité durant toute une année avant de se décider de nouveau à m’adresser la parole. J’ai
été chagrinée de voir l’état dans lequel il était. Mais il devait accepter qu’on
n’a pas toujours ce qu’on désire dans la vie.
*Mona
*LYS
Enfin, l’avion atterrit. Comme je
suis heureuse d’être de retour chez moi. Comme on le dit, on n’est jamais mieux
que chez soi. Après près d’un mois passé en Côte d’Ivoire, je suis vraiment heureuse
de rentrer enfin. Travon et sa femme montent dans leur voiture qui les
attendait et moi je monte dans la mienne, conduite par mon chauffeur. Mon cher
époux refuse que je prenne le volant. Il se sent plus rassuré quand je me fais
conduire. Je retire mes chaussures et me détends dans mon siège. La nuit est
déjà tombée sur la ville. Je jette un coup d’œil à mes mails durant le trajet.
Dès demain je dois reprendre le boulot. En effet, je suis finalement restée
seule sans Derrick à la tête de l’entreprise familiale. Heureusement que j’ai
Travon à mes côtés et c’est avec lui que je gère les choses. Mais je sens que
très bientôt je le laisserai avec ses frères tout gérer. Je veux profiter de ma
vieillesse avec mes petits-enfants tout autour de moi.
Je souffle de soulagement lorsque la
voiture gare devant la maison. La porte principale s’ouvre sur la domestique
qui se charge de sortir ma valise. A peine je franchis la porte que Clinton
apparait dans un ensemble jogging que je lui avais offert. Mon cœur s’emballe à
sa vue. Je ne me retiens pas plus longtemps pour lui tomber dans les bras.
Quand il les referme autour de moi, cette sensation de bonheur qui m’est très
connue m’envahit. Comme je me sens bien. Et pour rien au monde je n’échangerai
ce genre de petits moments dans les bras de Clinton.
‒ Enfin je te tiens dans mes bras,
se réjouit-il en me serrant encore plus.
‒ Tu m’as tellement manqué mon
amour.
Je relève la tête et avec une grande
douceur il s’en saisit. Je me laisse planer dans cet océan de délices. Je
laisse tomber mes talons aiguilles que je tenais et je passe mes bras autour de
sa taille.
‒ Tu devrais monter prendre une
douche, chuchote-t-il entre mes lèvres. Le diner est déjà servi. On pourra
faire tout ce que tu désires après.
‒ Ok, dis-je en souriant.
Je monte dans notre chambre prendre
une douche rapide, après quoi je descends rejoindre Clinton dans la salle à
manger. La table à manger est magnifiquement ornée de bougies et de pétales de
roses.
‒ C’est magnifique, dis-je en m’asseyant
sur la chaise qu’il m’a tirée.
‒ Tu le mérites.
Il me pose un baiser sur le front
avant de prendre place près de moi. Je lui raconte mon séjour en Côte d’Ivoire
pendant que nous dinons. Il m’écoute attentivement comme si je lui parlais d’une
affaire de la plus haute importance. J’ai toujours adoré ça chez lui. Il
m’accorde toujours une grande importance quand je lui parle, même quand je ne
dis rien de vraiment important. C’est l’une des qualités qui m’ont fait fondre
pour lui. Un homme hyper attentionné.
‒ Le repas est hyper délicieux mon
amour, le complimenté-je.
‒ Comment sais-tu que c’est moi qui
l’ai cuisiné ?
‒ Si après trois ans je ne sais pas
reconnaitre les touches particulières de mon mari en cuisine c’est que je ne
mérite pas d’être une femme mariée.
Son sourire s’agrandit. Il adore me
faire à manger et moi j’adore quand il le fait. Après le diner, je monte la
première en chambre. Je suis trop épuisée pour rester encore plus en bas.
Pendant que je troque ma tenue pour ma robe de nuit, je sens des mains
m’entourer la taille. Je souris en répondant à l’étreinte.
‒ J’aime tellement quand tu es près
de moi, me susurre-t-il à l’oreille. Quand tu es loin je me sens si vide. Je
meurs à petit feu.
Une sensation étrange m’envahit
subitement. Je dirai plutôt qu’un vent d’horreur me fait frissonner. Je lui
fais face.
‒ Je n’aime pas quand tu parles de
la sorte. Souvent j’ai l’impression que tu es à deux doigts de mourir.
Il sourit mais d’un sourire mitigé.
‒ Je dis ça juste parce que je suis
fou amoureux de toi.
‒ Je le sais, et je t’aime aussi.
Mais arrête de dire que tu meurs quand je ne suis pas là. La parole a une
puissance.
‒ D’accord chef. Veuillez m’excusez.
‒ Excuse acceptée
Il se penche et me saisit les
lèvres. Le baiser se fait de plus en plus profond au point où je laisse tomber
mon peignoir en soie et enroule mes bras autour de son cou. Il me relève de
terre et nous conduit dans la chambre. Allongée sous lui sur le lit, je
frissonne à ses baisers et caresses.
‒ Ton corps m’a tellement manqué ma
puce.
Incapable de placer un mot, je lui
réponds par un soupir de plaisir. Je m’abandonne complètement à lui. C’est
toujours un pur délice de se retrouver dans ses bras à savourer chaque petite
attention de sa part. Clinton a chamboulé beaucoup de choses dans ma vie. Il
m’a fait découvrir l’amour sous une autre facette. Je ne pensais pas le dire un
jour mais… je suis amoureuse de lui. Amoureuse au point où je ne pense plus à
mon passé. Amoureuse au point où je serai toujours prête à le choisir lui
encore et encore. Si, au début, notre mariage était plus basé sur la protection
qu’il pouvait m’apporter, aujourd’hui avec joie je peux affirmer que notre
mariage est basé sur l’amour, le vrai, comme jamais je ne l’ai connu.