Épisode 1
Ecrit par Mona Lys
1
‒ Je veux avoir des réponses dans
les deux heures qui viennent.
‒ Tu peux compter sur moi.
Je reporte mon attention sur les
nombreux documents posés devant moi sur mon vaste bureau à la recherche d'une
quelconque erreur qui coûterait la vie à quelqu’un. Je n’accepte aucune erreur
dans mes activités. J'aime que tout soit fait selon les règles et avec minutie.
Une seule petite erreur et des têtes explosent dans tous les sens. Je ne tolère
aucun égarement. Tous ceux qui bossent à mon service en sont conscients. C’est
pourquoi il est préférable de réfléchir à deux fois avant de vouloir travailler
pour moi. A mes côtés, la vie ne tient qu’à un bout de fil. Je peux vous l’ôter du jour
au lendemain.
La sonnerie de mon portable crépite
subitement. Je le saisis sans quitter mes documents des yeux.
‒ Quoi ?
‒ « Mes hommes m'ont fait part
que les tiens avaient intercepté ma marchandise. J'exige de la récupérer dans
les brefs délais. »
‒ C’est tout ?
‒ « Oui. »
Je raccroche. Pas le temps pour des
enfantillages. Encore moins avec ce petit chinois de merde qui vient d’arriver
sur le marché Américain. Il veut déjà prendre ma place de Roi. Il pense pouvoir
m’intimider parce qu’il se fait parrainer par des Mexicains. Ce qu’il oublie,
ou plutôt ne sait pas, c’est que les Mexicains sont à mes ordres. Je domine
plus de la moitié de leur territoire. Ce con s’est aventuré sur le mien. J’ai
alors mis la main sur sa marchandise. Personne n’a le droit de piétiner mes plates-bandes.
Ça, tout le monde le sait. Mais apparemment ce chinois veut n’en faire qu’à sa
petite tête de macaque.
Je referme les documents après trois
heures de travail. Ubiytsa (Tueur en Russe), mon bulldog se relève quand il me
voit le faire. Je donne une tape sur ma cuisse pour lui intimer l’ordre de me
suivre. Il marche près de moi jusqu’à la cuisine où je lui sers de
la viande saignante. Il doit garder le goût du sang entre ses crocs. Ça lui
permet de bien faire son travail.
‒ Gale (Mange) ! lui ordonné-je
en russe.
Il s’attaque à son plat.
‒ Monsieur !
‒ Hum, répondé-je à mon garde en
manipulant mon portable.
‒ Les faire-part sont arrivés.
‒ Retires-en cinq pour mes invités.
Le reste, tu le donneras à Rackel à son retour.
Il opine du chef et sort de la
cuisine. Je me marie dans exactement une semaine. Mais c’est bien le cadet de
mes soucis en ce moment. Je veux récupérer mon argent et mettre la main sur
celui qui a eu assez de couilles pour me le voler. Trente Millions de Dollars.
Exactement ce que ce fils de chienne m’a volé. Je ne sais pas encore qui c’est
mais ça ne saurait tarder.
Je reprends la direction de mon
bureau lorsque je reçois un appel du même numéro.
‒ Je ne te donnerai aucun putain de
centime.
‒ « Dans ce cas je tuerai ta
future femme. Ce serait dommage que la mariée manque le grand jour. »
J'entends du bruit.
‒ « Bébé, je t'en supplie
sauve-moi ! » pleure cette dernière.
Je me gratte le front en décollant
le portable de mon oreille.
‒ Ok. Rendez-vous à 19h.
‒ « Je t’enverrai l’adresse de mon
choix. Je ne prendrai pas de risque avec toi. »
J’enfile par-dessus mon ensemble
deux-pièces noir, un manteau de la même couleur, choisi parmi les milles autres
disposés dans mon armoire. Je n’oublie pas mes gants en cuir, noirs. Le noir,
l'unique couleur qui illumine ma penderie entière. Ou plutôt ma maison entière.
J'aime le noir, l’obscurité. J'aime tout ce qui est sombre. Toutes ces choses
définissent parfaitement ma personnalité. Les lumières chez moi sont pour la
plupart éteintes. Seuls quelques lustres donnent un peu de clarté.
Je monte dans ma Rolls Royce noire
aux vitres teintées et, suivi par mes gardes, je réponds à l'appel de ce
chinois. Notre point de rendez-vous c’est juste sur une voie peu éclairée et peu fréquentée.
Je gare face à une voiture, à une
certaine distance. La portière s'ouvre sur le chinois. Il fait sortir par les
cheveux ma fiancée, Rackel. Elle geint de douleur. Il la fait s’arrêter entre
deux de ses hommes qui la tiennent de part et d’autre. Je récupère mon arme sur
le siège passager. Je sors à mon tour. Je m’arrête devant ma voiture dont les
phares joignent ceux de la voiture d'en face.
‒ Bonsoir Dark.
‒ Finissons-en. Je n’ai pas que ça à
faire.
‒ Comme tu veux. Je veux mon argent.
‒ Peut-être que tu n'as pas bien
capté la première fois. Mais je te le redis, je ne te donnerai aucun centime.
J’ai juste pris ce qui était à moi. Tout ce qui passe sur mes territoires
m’appartient.
Il charge son arme et la pointe sur elle.
‒ Ne m’oblige pas à tuer une si
belle…
Je tire en un clin d’œil dans la
tête de Rackel. Elle s’écroule sous leurs regards surpris.
‒ Mais… tu as tué…
‒ Ma future femme. Oui je le sais.
Je m'en trouverai une autre. Ça, c’est juste pour que tu saches qu'on ne me
fait jamais du chantage. Maintenant parlons d'homme à homme.
Il continue de me regarder avec
stupéfaction. Il en a même perdu son latin.
‒ Tu veux toujours que je te donne
ton argent ?
‒ Euh… je… non.
‒ Pourquoi donc m'as-tu fait perdre
du temps ?
‒ Je…
Je lui plante une balle entre les
deux yeux avant que ses hommes ne s’en rendent compte. Les miens dégainent
aussitôt leurs armes et les pointent avec. Ils lèvent tous les mains en signe
de résiliation. Ils prennent ensuite la fuite avec leurs voitures.
‒ Faites-le nettoyage, ordonné-je au
chef des gardes en tournant vers ma voiture. Et dis aux invités qu’à la place
du mariage, il y aura plutôt des obsèques.
‒ Votre arme Monsieur, me
demande-t-il.
Je me débarrasse de mon arme, monte
dans ma voiture et continue mon chemin suivi d'une partie de mes hommes. Je
reçois un appel de mon fidèle bras droit.
‒ « Nous avons trouvé quelqu’un qui
pourrait nous situer. Je t’ai déjà envoyé l’adresse. »
Je jette un coup d’œil à mon
portable après avoir raccroché. Je bifurque sur la voie dans l’autre sens. Mes hommes imitent mon
geste. En moins d’une quinzaine de minutes, nous arrivons devant un vieil
immeuble délabré et dont la peinture a laissé place à la moisissure.
L’obscurité émanant de cette heure de la nuit me permet de passer incognito. La
porte d'un appartement m'est ouverte par un de mes hommes. Je me faufile à l’intérieur.
Je suis frappé tout de suite par l’état ensanglanté d'un jeune, ligoté sur une chaise près d’une jeune femme au visage
inondé de larmes.
‒ Est-ce qu’il a parlé ? m'enquiers-je
auprès d’Alana.
Oui, mon bras droit, c’est une
femme. Ma petite sœur par adoption.
‒ Pas encore, répond-t-elle. Il
voulait peut-être te voir en chair et en os.
Je braque mes yeux sur ma probable
prochaine victime.
‒ Où est mon argent ?
‒ Dark, je ne… je n'en sais rien.
‒ Bute-la, ordonné-je à Alana sans la
regarder.
Elle obéit à la seconde avec sa
silencieuse. Le jeune se met à pleurer.
‒ Y a-t-il des enfants ? lui
demandé-je
‒ Oui deux, me répond Alana.
‒ Bien. (Au jeune) Alors, soit tu me
dis ce que je veux savoir, soit les prochaines balles se logeront dans les
petites têtes de tes gosses.
‒ Je vais tout vous dire. Mais je
vous en supplie, par pitié, épargnez mes enfants.
Je le regarde sans broncher.
‒ C’est le fils d'un des Émirs
Arabes. Je ne connais pas ses motivations. Il m’a juste promis un énorme
pactole si je l'aidais à piquer votre cargaison et à la revendre. Il avait déjà
des acheteurs.
‒ Où est-il maintenant ?
‒ Il s'est réfugié en Côte d’Ivoire
avec la recette, le temps que l’affaire se tasse et que vous passiez à autre
chose.
‒ Côte d’Ivoire ? C’est quoi
ça ?
‒ Un pays en Afrique de l’Ouest, me
répond Alana.
‒ Nous irons donc lui rendre une
petite visite. Bute-le !
‒ Dark je t'en…
Il est réduit au silence par une
balle.
‒ Tu sais ce qu'il te reste à faire,
dis-je à ma fidèle complice. Aucune trace de mon passage.
‒ Comme toujours.
‒ Au fait, le mariage est annulé.
‒ Pourquoi ?
‒ Le chinetok m'a fait du chantage
sur elle. Je l'ai donc devancé.
‒ Ça va faire la deuxième femme que
tu perds. Ou plutôt, que tu butes.
‒ Je sais. Les affaires avant tout.
Pas de temps pour les émotions. Préparez l'avion. On décolle dans deux heures.