Episode 1 : "Brazza à la rescousse"

Ecrit par MSoH

Pas une, pas deux, mais trois !

C’est la troisième fois que le couple MARTIN m’appelle à la rescousse cette semaine. Je regarde le petit robot métallique au chevet du lit en soupirant. Quelle urgence peut-il y avoir à cette heure tardive dans la vie d’un gamin de 16 ans. En toute sincérité, il y a des parents qui abusent. J’espère au moins que ce couple de bourges se rend compte qu’il vient d’interrompre les huit ou neuf heures de sommeil recommandées par le ministère de la santé.

J’adore mon boulot mais des fois ces cas « désespérés » me donnent envie de troquer mon diplôme contre un petit boulot tranquille de maitre-nageur à la piscine municipale ou encore de caissier dans un McDo. Je me traine dans la salle de bain.

Avant de sortir, je vide le fond d’une vieille tasse de café. C’est dégueulasse mais ça a le mérite de me réveiller tout de suite. Trois quarts d’heure plus tard, je suis sous le porche des MARTIN.

Lorsque la porte s’ouvre, madame MARTIN me dit :

- Mais qu’est-ce que vous foutiez ?

Elle est sérieuse celle-là ?

Je l’ignore complètement, me concentrant sur les bruits que j’entends. Des bruits sourds comme ceux que l’on entend durant une bagarre. Sans réfléchir, je m’élance dans le couloir où je trouve Noah en train de se faire mettre une raclée par son père. Son daron ne fait pas semblant, il lui donne des coups bien réels et d’une violence inouïe. Je tente de m’interposer entre les deux mâles de la maison mais je me prends vite un uppercut dans le visage. Je crois bien qu’il m’a brisé la mâchoire.

- Nan mais arrêtez ! David, lâche-le, tu vas finir par le tuer.

Noah est à terre, son père continu à lui assener des coups. Malgré la douleur, je fonce sur lui dans l’espoir de le décoller de ce pauvre garçon. J’ai envie de dire à sa femme d’arrêter de crier, parce que j’ai du mal à croire que ces petits cris pourraient arrêter son mari.

- T’as de la chance qu’il soit arrivé lui.

Il cherche à se dérober de mon emprise. Pour son âge, il est plutôt costaud le bonhomme. Noah a du mal à se mettre sur ses pieds, sa mère lui donne un coup de main.

- Lâche-moi !

- Tu ne parles pas comme ça à ta mère !

Non mais, il va me bousiller le tympan s’il continue à hurler ainsi.

Noah entre dans sa chambre en nous claquant tous la porte. Son père furieux sort du couloir me laissant planter là avec cet avion de chasse. « Comme j’aimerai la lui enlever sa petite nuisette crème » pensais-je en posant mon regard sur les délicates courbes de son corps magnifiquement sculpté.

- Vous allez rester là à rien faire ?

Ah oui, j’avais oublié que je dois rentrer dans la tête de leur fils de 16 ans.

- Je crois que je vais le laisser souffler un moment.

- Quoi ?

Elle vient de croiser ses bras sous sa poitrine ce qui la fait ressortir un peu plus du bonnet de sa nuisette. Seigneur prend pitié du voyeur que je suis.

- Allo, Jiminy Cricket, on est là ?

C’est moi qu’elle vient d’appeler ainsi ou je rêve ? Je lui donnerai bien une fessée pour la punir cette bonne femme. Je me ressaisis tout de même.

- Son égo a pris un sacré coup ! Faut lui laisser le temps d’encaisser.

- Ok !

Elle s’en va en levant les mains au ciel l’air de me dire de faire comme bon me semble mais de faire tout de même.

Je reste dans le couloir un bon quart d’heure à écouter monsieur et madame MARTIN se prendre la tête à propos du comportement de leur fils. Chacun rejette la faute sur l’autre. C’est la réaction typique des parents qui ne savent quelle attitude adopter face à cette période qu’est l’adolescence. Je me demande bien ce qu’il a pu faire cette fois. Peut-être qu’il a fumé un joint, non il a peut-être encore imité la signature de sa mère.

Je masse ma mâchoire douloureuse et je frappe à la porte.

- C’est marqué en gros « NE PAS DERANGER ».

Euh, oui, je l’avais vu la pancarte. Merci ! Je ferai plus attention la prochaine fois.

- C’est Brazza. Allez mec, ouvre.

Je frappe à nouveau et au premier « toc », il ouvre la porte et retourne direct sur son lit. C’est la première fois que j’entre dans sa chambre. Il y a comme une odeur de vielles chaussettes mêlée à du deo. Mais comment fait-il pour respirer, pitié, j’ai besoin d’un masque et d’une bouteille d’oxygène.

- Elle est sympa ta déco. Un peu sombre mais sympa.

Je jette un coup d’œil par-dessus mon épaule, il n’a pas bougé d’un poil. Les bras croisés sous sa tête, il regarde le plafond. Je continue à faire le tour du propriétaire. Je vois d’où provient cette puanteur.

- Vas-y, prends-moi la tête toi aussi.

Mains dans les poches, j’avance jusqu’à son lit.

- J’ai pas l’intention de causer si tu n’en n’as pas envie.

Il se redresse et m’observe un court moment.

- Tu fais donc quoi là ?

- Tes parents me payent pour ça tu sais ! Ils s’attendent à ce que je te sermonne un moment mais vu que toi t’es pas d’humeur, je vais juste m’asseoir et regarder tourner les aiguilles de ma montre.

Je m’installe derrière son bureau faisant semblant d’être occupé sur mon téléphone. Et si j’envoyais un petit message à Callie.

« Tu portes quoi là ? »

Elle ne tarde pas à m’envoyer une réponse.

« Rien ! »

Il est presque 23h et elle se précipite pour répondre à mes messages. Les filles, elles ont beau se la jouer mais passé le cap des 25 ans, elles sont prêtes à tout pour un peu de compagnie tellement elles ont peur de finir vieilles filles.

« Petite menteuse. »

Noah est le premier à briser le silence. Je pose mon portable sur la table et je pivote sur moi-même pour lui faire face.

- Tu devrais mettre de la glace. Il t’a éclaté la pommette.

- Au lieu de te marrer, tu devrais plutôt te regarder dans une glace.

Il s’arrête tout de suite de rire.

- Tout ce cinéma parce qu’ils m’ont choppé avec une fille. Je te jure que j’avais même pas encore fini d’enfiler ce putain de préservatif qu’il était déjà là. Je sais pas moi, il aurait préféré quoi que ce soit un mec ?

- Ravi de savoir que t’avais au moins prévu des préservatifs.

Il me lance la boite de Durex Orgasmic.

- Ils sont perlés et nervurés. C’est mes préférés.

Je me disais bien qu’il n’avait pas dû faire quelque chose de grave ce gosse.

- J’espère qu’elle en valait au moins la peine.

Assis sur le bord du lit, il me fait un exposé détaillé de la plastique de Savanah. Il n’a pas de chance ce petit. Lui qui avait prévu de passer une soirée tranquille dès que ses parents se mettraient au lit, il avait fini en punching-ball sans même avoir vu la petite culotte de Savanah.

- Je savais pas que baiser était un délit Brazza.

Si c’était un délit crois-moi, y a longtemps que je serai derrière les barreaux écopant d’une peine à perpétuité.

Mon téléphone sonne, je me penche pour l’attraper. Un message de Callie. Plutôt une photo. Je me mords la lèvre inférieure. Je secoue la tête dans tous les sens pour effacer cette image de mon esprit et me concentrer totalement sur mon patient.

- La prochaine fois, demande-moi les clés de mon appart.

- T’es sérieux ?

- Et comment ? Faut que je file champion.

Noah me raccompagne jusqu’à la porte de sa chambre, même si il a une sale gueule, il dormira l’esprit tranquille cette nuit.

 

Seul son père est dans le salon. On se croirait dans une cheminée tellement il y a de la fumée. Je toussote, il se retourne, écrase son cigare dans un ce qui me semble bien être un cendrier.

- Alors vous lui avez parlé ?

Ça dépend de ce que vous entendez par « parler ».

- Euh oui, il est calmé.

Je ne vais quand même pas me faire virer, ils paient bien les MARTIN.

- Je m’en fou qu’il soit calmé ou pas ! Ce petit con doit apprendre où se situent ses limites merde !

- Monsieur MARTIN, nous en avons longuement discuté. Il sait désormais où faire certaines choses. Maintenant si vous le permettez, je vais rentrer.

Nous restons au milieu du salon avec pour seul bruit, le « tic tac » des aiguilles de la pendule.

- Vous attendez quoi ? Vous ne connaissez pas la sortie ?

Je serre les poings. J’ai bien envie de lui casser la gueule à cet homme. Pour notre première rencontre, je trouve qu’il est insupportable comme paternel. Je me doutais déjà bien que les problèmes de Noah devaient être dû à l’attitude de son père mais là, j’en suis plus que convaincu. Je tourne mes talons et à grands pas, je sors de cette maison.



On lit, on like et surtout on commente sinon, je pourrai pas m’améliorer.

Much Love



Parfois quand une fi...