Episode 16

Ecrit par Annabelle Sara

 

Lorsqu’il s’agit de relation humaine, il faut dire que j’avais le chic pour me retrouver dans des situations compliquées. Durant des années je m’étais embourbée dans une relation à la fois toxique et malsaine, où je n’avais pas toutes les cartes en main, n’hésitant pas blesser d’autres personnes parce que je voulais à tout prix que cette relation fonctionne, comme si on m’avait accouchée pour être avec cette personne et personne d’autre.

La douleur que cet échec avait été dans ma vie m’avait non seulement poussé à me remettre en question ma propre personne, mais surtout l’intérêt de refaire confiance à un autre homme. Je savais qu’ils n’étaient pas tous pareil, mais je ne voulais pas laisser un autre approcher assez pour découvrir par moi-même si j’avais tort de ne plus  vouloir m’ouvrir au sexe opposé.

Jules Abeng a mes yeux était tout sauf une bénédiction, je me sentais comme une proie en danger en sa présence et même en essayant de me laisser aller je n’arrivais pas à arrêter d’analyser le moindre mouvement, la moindre parole, la moindre réflexion.

Qui vous a dit que la chasse devait être facile ? Néanmoins je ne pouvais m’empêcher de rechercher cette présence, il avait quelque chose d’irrésistible chez lui, alors cette soirée à Soa fut en quelque sorte un moment de l’observer de plus près.

Jules : J’ai le sentiment que vous avez quelque chose dans la tête !

J’étais surprise.

Moi : Pas vraiment !

Jules : On peut se tutoyer ?

J’ai hoché la tête en prenant mon verre, trouvant un refuge dans le liquide bordeaux qui me réchauffait.

Jules : Il y a quelque chose qui te préoccupes en ce moment… Durant la semaine dernière j’ai eu le loisir de t’observer parfois tu te réfugies dans ta tête et tu cherches des réponses dans ta tête !

Je  ne savais pas qu’il m’avait étudié de si près.

Moi : C’est vrai !

Jules : Est-ce que ce serait intrusif de ma part de te demander de quoi il s’agit ?

Je ne sais pas si on se connaissait assez pour lui parler de cette histoire, mais je crois que j’avais besoin d’un point de vue externe.

Jules : Tu n’es pas obligée si c’est trop personnel…

Moi : Non…

Jules : Je ne crois pas que ce soit à cause d’un homme !

Moi : Et pourquoi cela ?

Jules : Tu l’aurais envoyé baladé au lieu de supporter des maux de tête à cause d’un homme…

Nous avons éclaté tous les deux de rire, il avait réussi à cerner ma personnalité.

Moi : Effectivement ça n’a rien à voir avec un homme… Mes avec deux femmes !

Jules : Hum ! C’est encore pire !

Moi : Pourquoi ?

Jules : Si deux femmes arrivent à te mettre dans un état de stress pareil, c’est qu’elles sont soit proches de toi, soit impliquées dans une histoire très grave !

Moi : Dans mon cas c’est les deux en même temps ! Et je ne sais pas quoi faire !

Jules : Tu es pourtant bien entourée pourquoi ne pas demander de l’aide ?

Moi : Je ne sais même pas dans quoi elles sont embarquées, il y a une grosse énigme que je n’arrive pas à résoudre ! J’ai des bribes de puzzles que je n’arrive pas à lier les uns aux autres…

Jules : En générale lorsqu’il s’agit de nos proches on refuse de voir la vérité en face…

L’intensité dans son regard me fit frissonner, pas à cause de l’attraction évidente entre nous, mais du fait qu’il réussissait à me mettre face à mes peurs !

Jules : Si tu posais un regard externe à la situation tu aurais la solution à l’énigme ! Je sais que découvrir la vérité sur les gens qu’on aime et considère n’est pas facile… Mais la même froideur avec laquelle tu traites les hommes tu devrais l’utiliser ici et être détachée !

Moi : Plus facile à dire qu’à faire !

Jules : Je sais mais c’est le seul moyen d’avoir des réponses, et si tu ne peux pas le faire alors demande de l’aide à quelqu’un qui sera objectif pour gérer le problème !

Il avait raison je ne peux pas toujours tout arranger toute seule.

Jules : Je peux être direct avec toi ?

Moi : Oui !

Jules : C’est très sexy de voir une femme indépendante, qui peut gérer toute seule les soucis du quotidien mais perso j’aime savoir que ma partenaire repose sur moi lorsqu’elle en a besoin…

Moi : Je ne sais pas compter sur les gens…

Jules : Tu vas apprendre à lâcher prise… Je vais t’apprendre à poser les armes lorsque c’est nécessaire Kiki !!

L’assurance dans sa voix me donna un autre frisson et cette fois à cause de l’attraction mutuelle. Même si je voulais je ne suis pas certaine de pouvoir me débarrasser de ce gars, pas après ce qu’il venait de me dire !

Jules : Je pourrais facilement passer des heures à discuter avec toi…

En effet nous venions de descendre deux brique de Vin rouge, il faisait nuit noire dans  cette vallée animée par un orchestre traditionnel. Le moment de quitter cet endroit pour retrouver la réalité était arrivé, il se leva le premier et m’aida en tirant ma chaise. Je ne sais pas si c’était l’alcool ou ses manières de gentleman qui me faisait sourire.

Moi : Je crois que j’ai légèrement abusé du vin !

Jules : C’est noté ! T’inquiètes je te tiens !

EN effet il me tenait, très près de lui, trop près de lui. Je pouvais sentir son parfum, je me demandais si c’est le vin ou le parfum de cet homme qui me montait à la tête. Il m’ouvrit la portière et m’aida à grimper dans le 4X4.

Il avait cette façon subtile, de se mouvoir, un peu comme un félin. Il est le prédateur et moi la proie !

J’étais clairement un peu pintée, mais ce qu’il m’avait dit trottait dans ma tête, je n’étais pas objective parce que ça concernait ma famille, il n’y a que cette raison qui justifiait que je refuse de voir ce qui me pendait sous le nez.

Il me laissa à mes pensées le temps du trajet jusqu’à Yaoundé, il devait comprendre la lutte que je menais avec moi-même. J’appréciais cette sensibilité.

Moi : Je peux te poser une question ?

Jules : Hun… Je t’écoute !

Moi : Pourquoi… Comment ça se fait que tu sois seul ?

Il me sourit tout en manœuvrant son gros véhicule dans la circulation intense de la ville.

Jules : Ce n’est pas par choix !

Moi : ça c’est certain…

Il éclata de rire.

Jules : Disons que ce sont les circonstances de la vie qui me mènent au célibat aujourd’hui…

Moi : Tu ne veux pas en parler !

Jules : Disons que le jour où tu me parleras de l’homme qui t’a fait porter une armure je te raconterais ma version de mon histoire…

Moi : Parce qu’il y a une autre version ?

Jules : Et la vérité !

Nous avons éclaté de rire tous les deux cette fois.

Jules : Si Mlle veut bien m’indiquer le chemin qui mène chez elle ?

Sans réellement me rendre compte de ce que cela impliquait je lui ai donné le nom de mon quartier, moi qui me débrouillais toujours pour éviter de laisser les dragueurs connaitre où je vivais, je me retrouvais au bas de mon immeuble avec un dangereux prédateur qui m’avait clairement fait comprendre qu’il allait me chasser avec la dernière énergie.

Moi : Voilà je suis arrivée…

Jules : Ce fut un bon moment, J’ai eu raison d’insister… Merci de ne pas avoir crié au kidnapping en passant !

J’ai rigolé en me rappelant qu’il m’avait forcé la main dans son véhicule.

J’allais ouvrir ma portière lorsqu’il me retint par le bras, je m’attendais à autre chose quand il ouvrit de son coté et contourna la voiture pour venir m’ouvrir. Mais il ne s’écarta pas pour me laisser passer, Les épaules imposantes de ce gars donnaient le vertige.

Jules : Je ne pourrais pas te souhaiter une bonne nuit… Si tu ne me donnes… pas ton numéro Kiki…

J’avais levé la tête surprise et étonnée que ce soit la seule chose qu’il me demande ! J’avais vraiment trop bu pour être là à espérer un baiser alors que je n’étais pas vraiment dans les bonnes dispositions.

Moi : Oh… Ok !

Je lui ai énuméré mon numéro, me demandant si c’était une bonne idée mais je ne pouvais plus reculer.

Jules : Vas-y ! Je te fais signe tout à l’heure !

Moi : Merci !

Jules : Au plaisir !

Une fois chez moi j’étais tellement fatiguée que la seule chose qui m’attirait c’était mon lit, je n’ai pas entendu mon téléphone sonner. Je n’ai entendu mon téléphone sonner qu’au petit matin, il était 5h quand la sonnerie de mon téléphone me tira de mon profond sommeil, au départ j’ai pensé que c’était le réveil mais la musique qui s’infiltrait dans mon cerveau me rappela qu’il ne s’agissait pas du réveil. C’est ma mère qui m’appelait.

Moi : Allô Mama !

Ma mère : Kiki tu mets souvent ton téléphone où ? Depuis hier nuit que je t’appelle ?

Moi : Mama assia, j’étais trop fatiguée…

Ma mère : Hum que tu as fais quoi comme ça ?

Moi : Mama laisses seulement !

Ma mère : Ok, je voulais savoir si Magon est bien arrivée…

La brume dans mon cerveau s’évapora à l’instant.

Moi : Arrivée où ? Vous n’êtes pas allées au village ensemble ?

Ma mère : Ekiée elle ne se sentait pas bien pendant le voyage… donc dès que nous sommes arrivé ici elle est rentrée en ville pour que vous alliez à l’hôpital ensemble noooo

Moi : Mama tu racontes quoi comme ça ?

Ma mère : Je raconte quoi comment ? Elle n’est pas chez toi ?

Moi : Elle a repris le car à quelle heure ?

Ma mère : Nous sommes arrivée à Bafia vers 11h, tu sais que la route est en travaux ce n’est pas rapide…

Moi : Et elle a repris…

Ma mère : Oui elle est revenue !

Moi : Mama pourquoi tu la laissée rentrer seule ?

Ce qui était en train de traverser mon esprit me faisait trembler de rage au point où je criais sur ma pauvre mère qui ne comprenait pas mon énervement.

Ma mère : Ekiée Kiki c’est quoi ? Elle n’est pas assez grande pour faire un voyage seule ?

Moi : Elle est enceinte !

Ma mère : Elle n’est pas arrivée…

Si je dis non à ma mère elle va paniquer, il faut que je la tienne en dehors de cette histoire, pour le moment, jusqu’à ce que j’ai des réponses et je savais chez qui je pouvais avoir ces réponses, il fallait que je retourne à Soa.

Moi : Je te rappelle !

Ma mère : Kiki…

J’ai juste eu le temps de raccrocher et d’attacher un foulard sur ma tête après avoir enfilé un t-shirt.

Si ce que j’imaginais étais en train d’arriver, je devais à tout prix retrouver ma sœur avant qu’il ne soit trop tard.

Une heure plus tard j’étais à la porte de l’amie de Magon, Estelle et je tapais fort en l’appelant, je savais que débarquer chez elle comme ça n’allait rien apporter de bon mais il fallait que je discutes avec cette fille.

Elle vint m’ouvrir, elle sortait apparemment du sommeil.

Estelle : Vous voulez quoi ? Je ne veux pas vous voir…

Moi : Ma chérie pardon… Pardon seulement… il faut que tu me dises ce que ma sœur et ma tante fabriquent !

Estelle : Pourquoi ? Vous avez fini de sacrifier les enfants des gens dans votre famille ?

Je ne comprenais rien à ce qu’elle disait.

Moi : Si je savais ce qui se passait je serais ici à 6h ma chérie ? S’il te plait… Pardon seulement dis-moi…

Estelle : Quand je vais te dire ça va me ramener mon bébé ? Ou ma santé ?

Moi : Ma sœur est en danger… Je ne sais dans quoi elle est impliquée mais j’ai un mauvais pressentiment, elle est enceinte et elle a disparu…

Estelle : Il y’a deux ans tu étais où pour remarquer sa disparition ?

Je ne pouvais pas lui dire que j’étais en train de gâter le foyer d’une autre femme et que je me faisais larguer le jour de mon mariage ! Et que j’étais tellement préoccupée par moi-même

Estelle : On ne fait pas de sacrifice avec un demi-cadavre…

Moi : Ma chérie s’il te plait dis moi… Je suis là aujourd’hui pour t’écouter ! Pardon !

Elle me fixa une minute et ouvrit la porte en grand pour que je puisse passer !

Elle ferma la porte de sa chambre derrière moi et m’indiqua une chaise près de son lit, qu’elle venait de quitter, pour que je m’assieds.

Estelle : Tu ne sais pas ce que ta sœur et ta tante font ?

Moi : Je n’en ai aucune idée !

Estelle : Hum… Ta tante a créé une pouponnière, une chambre basse pour une loge…

Elle devait répéter parce que je n’avais pas entendu ce que je croyais avoir entendu.

Moi : Hein ?

Estelle : Si tu ne vas pas croire ce que je te dis, il vaut mieux que tu partes maintenant, parce que ce n’est pas pour les filles faibles d’esprit.

Je me suis calmée pour qu’elle me parle sans gène.

Estelle : Nous sommes arrivées à Soa la même année, ta petite sœur et moi. La vie au campus n’est pas simple, on avait le choix entre vivre dans nos cahiers en ayant faim et vendre le piment comme beaucoup de fille ici… Mais ta tante nous a proposé autre chose, une assurance selon elle, nous n’aurions pas besoin trop bucher, nous n’aurions pas faim, nous n’aurions aucun problème d’argent, elle nous a demandez si nous étions prête pour cette vie ! Qui peut refuser ? La seule condition c’était que nous devions offrir quelque chose en retour… Et c’était notre utérus ! AU départ nous avons eu peur parce qu’on croyait qu’on devait nous enlever nos utérus, mais en fait il s’agissait de donner nos uterus pour porter les bébés sacrifice des membres de la haute sphère…

Moi : Attends donc vous ne vous prostituez pas ?

Estelle : C’est ce que ta sœur t’a dit ?

Moi : Oui…

Estelle : C’est notre argument de justification au cas où nos proches découvrent la grossesse ! Mais en fait on portait les bébés de sacrifice des membres de la secte…

Moi : Comment ? Vous couchiez avec…

Estelle : Oui ! On avait des rapports non protégé pendant la période d’ovulation, on couchait avec eux et une fois enceinte ta tante nous cachait quelque part et quand on accouche elle prend le bébé pour le remettre au papa…

Moi : Seigneur !

Estelle : J’ai sous-estimé le lien entre un bébé et sa mère… Je ne voulais plus donner mon bébé, ils ont réussi à me faire passer pour folle… Même dans ma famille personne n’a cru à mon histoire…

Moi : tu sais où ils vous ont fait accoucher ?

Estelle : Tu ne peux pas aller là-bas…

Moi : J’ai le sentiment qu’ils veulent faire accoucher ma sœur mais le bébé est prématuré…

Estelle : ça veut dire que c’est le bébé du grand patron !

Moi : Hein…

Estelle : C’est lui qui prend toujours les bébés prématurés, ils coûtent plus chères et le sacrifice est plus apprécié…

J’avais les larmes aux yeux, je venais d’entrer dans une autre dimension.

Moi : Hey Dieu… Comment je fais ?

Estelle : Si tu vas là-bas ils vont te tuer, je leur ai échappé parce que pour tout le monde je suis folle… Si tu poses ton pied là-bas, ta sœur, ta tante et toi vous allez mourir, ils sont dangereux !

Moi : J’ai besoin de savoir où elle se trouve…

Elle écrit le nom d’un quartier avec un nom de lieu-dit sur un bout de papier et me le tendit sans le lâcher.

C’était en plein Yaoundé dans le quartier le plus improbable où vous pourriez imaginer qu’il se passe un trafic de ce genre et à l’instant où j’ai vu le nom du quartier j’ai pensé au conseil que m’avait donné Jules la veille. Alors sans réfléchir j’ai sorti mon téléphone pour appeler la seule personne que je savais être capable d’agir dans cette situation. Une fois de plus je reçu l’ordre express de ne pas bouger et d’attendre qu’on m’appelle.

Mais je ne sais pas si vous vous rendez compte de ce que c’est que de rester sur place, ne pas avoir idée de ce qui se passait en ce moment. Ma petite sœur offrait son utérus pour porter des bébés destinés au sacrifice rituel, sous la supervision et le conseil de ma tante.

Je ne comprenais pas d’où venait cette soif d’argent de la sœur de ma mère, elle avait toujours eu des relations assez particulières avec des gens hauts placés je n’aurais jamais imaginé que c’était grâce à ce genre d’activité occulte et mystique. Ce qui m’énervait plus que tout c’était qu’elle embarque ma petite sœur dans son délire, à 17 ans ! Et comme si une fois ne suffisait pas elle l’embarquait une deuxième.

Mettant la santé mentale et physique de sa propre nièce en danger !

Je ne tenais plus en place, la journée entière était passée j’étais resté dans mon salon toute la journée, accrochée à mon téléphone comme à une bouée, parce que je me sentais couler au fur et à mesure que le temps passais, imaginant tout et n’importe quoi ! Je ne voulais plus attendre ! Mais je ne pouvais pas appeler ni ma mère ni personne d’autre. Je devais attendre !

Mon téléphone sonna exactement à 19h45, c’était Gérôme.

Moi : Allô !

Gérôme : Retrouve-moi au CURY !

Il ne me laissa pas le temps de lui poser de question et raccrocha. Je n’avais jamais couru dans ma vie comme cette nuit en sortant du taxi qui me déposa devant le centre des urgences ; c’est comme une furie que je suis entrée dans les locaux fouillant des yeux un regard ou un visage connu.

Quand mes yeux se posèrent sur ma tante, elle était assise entre deux hommes en tenue de gendarmerie, je me suis précipitée !

Moi : Tantine… Où est Magon ?

Un fois devant elle j’ai vu mes menottes à ses mains, son visage avait des traces de coups, le kabas qu’elle portait trempé de sang ! Une idée horrible traversa ma tête.

Moi : Tantine où est ma petite sœur ?

Je criais en le secouant. Gérôme que je n’avais pas vu intervint en me rattrapant par le bras !

Gérôme : Kiki calmes toi !

Moi : Non… je veux qu’elle me réponde ! C’est elle qui a fait tout ça elle doit me dire où est ma sœur !

Gérôme : Kiki… C’est grave ! Tu dois te calmer et ne pas dire tout et n’importe quoi !

La sévérité dans sa voix me fit réagir, il tira à l’écart pour me parler.

Gérôme : Kiki c’est un trafic d’être humain dont on parle et tu dois faire attention pour que les trafiquants ne te prennent pas comme une cible…

Moi : Mais…

Gérôme : Personne ne doit savoir que c’est toi qui m’as donné l’info… Je ne vais pas mettre ton nom dans le rapport, ce genre de chose tu ne sais pas qui est impliqué ! Donc écoutes moi bien et calmes toi ! Ta sœur est au bloc…

Je me suis de suite écroulée en larmes.

Gérôme : Ma belle je ne vais pas te mentir, quand nous les avons trouvé, elle n’allait pas bien du tout…

Moi : Gérôme… je vais dire quoi à ma mère ?

Gérôme : Ne lui racontes surtout pas la vérité, en tout cas pas avant que je te donne le feu vert…

Je pleurais mais j’avais en moi cette espoir qu’elle allait s’en sortir, ma sœur est trop têtue pour que la mort veuille la prendre. Nous allions sortir quand je reconnu la voix de ma tante qui pleurait en criant. Je pris une seconde pour comprendre ce qu’elle disait, elle demandait à ma sœur avec qui elle la laissait en Bafia.

Ce fut comme un déclic, les larmes séchèrent instantanément de mes yeux, Gérôme m’observait attendant que je m’effondre où que je m’évanouisse, je pouvais lire l’appréhension dans ses yeux lorsque nous sommes retournés dans le hall avec ma tante qui hurlait en pleurant. Je la regardais sans la voir, machinalement je me suis retournée vers Gérôme et je l’ai regardé droit dans les yeux.

Moi : Merci pour tout Gérôme !

Il hocha la tête pendant que je tournais le dos pour partir. Je n’allais rien dire, rien faire. Je ne suis pas Wonder Woman, je ne peux pas porter les problèmes de tout le monde.

Alors pour la première fois de ma vie j’ai tourné le dos, tourné le dos aux poids morts que je trainais avec moi, il était temps pour moi de m’occuper de moi-même. J’avais donné parfois plus que ce que j’avais à offrir, il était hors de question que je continue de saigner pour des choses que je n’ai pas provoquées.

Je suis sortie et même si je venais de tourner le dos à ma sœur et à la femme que je respectais comme ma mère, je ne voyais toujours pas la lumière, j’avais toujours le poids de la douleur sur mon cœur.

Avant de m’en rendre compte j’étais assise sur un garde-fou au bord de la route, j’avais encore besoin d’aide. C’est avec les larmes aux yeux que j’ai pris mon téléphone dans l’idée d’appeler ma mère où Pat quand un message apparut.

« J’espère que ta nuit soit paisible et t’ouvre de meilleurs perspectives pour demain »

J’ai appuyé sur le bouton appel sans réfléchir.

A la première sonnerie, il a décroché.

Moi : J’ai besoin d’aide !

       


KIKI DU 237