Épisode 17
Ecrit par Mona Lys
Episode 17
CINDY
Ken a osé me faire ça. Me ramener un gosse, en plus avec une arabe. Quoi les ivoiriennes ne lui apportent plus satisfaction ? Il lui faut maintenant les arabes pour le combler ? L’enfoiré ! Quand il l’a appelé et qu’elle a mis sur le haut-parleur, j’ai failli mourir en l’entendant confirmer qu’il est le père de l’enfant qu’elle attend. Cette fille a eu le culot de venir me narguer chez moi et ça, c’est lui qui l’a permis. Il ne me respecte tellement pas qu’il permet aussi à ses maitresses de me manquer de respect. J’ai encore mal aujourd’hui, après une semaine. Je n’ai pas envie de voir sa tronche. Quand j’ai quitté la maison avec les enfants, je suis directement venue me réfugier chez Loraine. Estelle m’avait déjà dit qu’elle partait en voyage. Loraine m’a accueilli les bras ouverts et je m’y suis effondrée pour pleurer mon chagrin. Elle ne m’a rien dit ce soir-là. Elle m’a juste laissé évacuer et le lendemain nous avons parlé. Bien entendu, si ça ne dépendait que d’elle, je serai déjà divorcée de Ken. Elle ne le supporte pas. Loraine m’a permis de rester travailler chez elle et la présence de mes enfants et des siens m’a remonté le moral. Les enfants, ce sont vraiment les trésors du monde. Quand tout va mal, il suffit de les regarder pour retrouver le sourire. Durant toute cette semaine, Lena et Nael n’ont pas demandé une seule fois après leur père. Ça prouve même qu’ils ne se sentent pas proche de lui. Heureusement qu’ils sont en vacance. Ça leur permet de rester enfermés ici sinon Ken passerait par eux pour me convaincre de rentrer.
C’est douloureux, vachement douloureux de voir tous ses sacrifices être mal récompensés. J’ai supporté les injures, les humiliations, les coups, les infidélités en me disant que ça allait lui passer. Mais un bébé d’une autre femme, c’est plus que je ne puis supporter. Cette femme, à seulement à quatre mois de grossesse, débarque avec ses affaires, je n’imagine donc pas ce qu’elle fera après la naissance du bébé. Elle revendiquera même le mariage. N’est-ce pas que les musulmans sont polygames. Ken a vraiment déconné. Je ne cesse de me demander si ça vaut la peine de continuer dans ce mariage. Est-ce toutes les humiliations qu’il faut accepter ? Avant de se marier on se prépare certes à affronter des épreuves mais est-ce ce genre d’épreuves ? Est-ce obligé qu’un homme trompe sa femme ? Est-ce obligé qu’un homme humilie sa femme à longueur de journée ? Est-ce normal qu’un homme batte sa femme ? Est-ce normal qu’un homme ramène des gosses adultérins à sa femme ? Est-ce que ces choses font obligatoirement partie des épreuves du mariage ? Si c’est le cas bah dans ce cas, le célibat est mieux.
– Cindy ta mère est là.
Je lève les yeux vers Loraine qui est arrêté au pas de la porte de la chambre où je loge.
– Ok, merci de m’avoir prévenu.
– De rien ma belle.
Je referme mon ordi et après un dernier regard dans la glace, je sors retrouver ma mère qui a été installée dans le salon. Elle dépose un verre contenant de l’eau au moment où je lui pose un baiser sur la tempe. Elle est revenue du village il y a trois jours et m’a appelé pour venir me voir.
– Comment tu vas ma chérie ?
– Bien maman. Et toi ? Le village ?
– Je vais bien et tout le monde au village aussi. Qu’est-ce qui se passe avec ton mari ? Il n’a pas cessé de m’appeler quand j’étais au village et quand je suis rentrée, il est venu me voir.
– Il t’a surement dit qu’il a enceinté une autre ?
– Oui. C’est à cause de ça tu as quitté ton foyer ?
Je la regarde surprise.
– Je sais que ça fait mal d’apprendre que son mari a enceinté une femme dehors mais tu dois le soutenir dans cette épreuve.
– Epreuve ? Maman quelle épreuve ? Il a enceinté VOLONTAIREMENT sa maîtresse. SA MAITRESSE.
– Mais tu es restée avec lui en sachant qu’il avait une maîtresse non, donc pourquoi tu es surprise d’apprendre qu’elle est enceinte ? Quand on a des rapports le résultat ce sont les enfants.
– Attends tu es venue le défendre ? Alors que c’est moi ta fille ?
– C’est parce que tu es ma fille que je veux sauver ton mariage. Ma fille, c’est le sang de ton mari qui est dehors. Le frère de tes enfants et tôt ou tard, il reviendra vers son père. C’est mieux que ce soit toi qui l’élève plutôt que l’autre ne lui donne une éducation bizarre et puis il va venir influencer négativement tes enfants. Alors le mieux que je te conseille c’est d’être avec ton mari, l’encourager à s’occuper de la fille et si l’enfant naît, tu le récupères.
– Maman ! Fais-je sidérée.
– Ecoute-moi ma fille. Si l’enfant reste avec l’autre elle le prendra comme prétexte pour se rapprocher tous les jours de ton mari. Alors que si l’enfant est déjà avec vous, elle restera loin. On ne divorce pas à cause d’un enfant illégitime.
– On divorce donc pour quoi maman ?
– On ne divorce jamais. Une fois on est dedans c’est jusqu’à la mort.
Elle me prend les mains.
– Ma fille, le mariage n’est pas facile mais c’est ça le mariage et on n’y peut rien. Quand on dit une femme forte c’est tout ça. C’est celle qui a pu supporter toutes les épreuves et est restée debout. Ken t’aime sinon il ne serait jamais venu me voir. Il était désespéré et avait les yeux rouges. Il est ce qu’il est mais il t’aime. Pense aussi aux enfants. Les enfants dont les parents divorces finissent traumatisés et malheureux. Ils sont trop petits pour subir un divorce. Nos enfants doivent être nos priorités dans nos prises de décisions. C’est ça on dit être parents.
– Ils ne sont pas proches de leur père.
– Ça c’est ce que tu penses. Mais dès qu’il y aura séparation tu les verras malheureux et toi aussi tu le seras. Que tu le veuilles ou non tu aimes Kennedy. Donc puises des forces dans cet amour pour retourner chez toi.
Est-ce que j’aime Ken ? Je n’en sais plus rien. Des fois oui, des fois non. Je n’ai plus les idées claires sur mes sentiments pour Ken. Mais peut-être que ma mère a raison. Je devrais retourner dans mon foyer. Comme maman l’a dit c’est le sang de mon mari et tôt ou tard il va fréquenter mes enfants et s’il a une mauvaise éducation il les influencera et nous créera des problèmes. Nous discutons une trentaine de minute avant qu’elle ne s’en aille. Je vais retrouver Loraine assise dans le jardin à regarder les enfants jouer. Je m’assois près d’elle.
– Ta mère est partie ?
– Oui. Elle te remercie pour l’accueille.
– De rien.
– Je crois que je vais aussi demander la route. Je vais rentrer chez moi.
– Ta mère t’a surement fait le discours du mariage et des soi- disant sacrifices qu’on doit faire pour le conserver.
Je ne réponds pas.
– Fhum. Ma mère, même de là où elle est, sait qu’il y a des conseils qu’elle n’aurait jamais eu le courage de me donner. Bon ok, je ne peux pas t’obliger à rester ici. Tu veux retourner quand ?
– Demain, le temps de ranger nos affaires.
– Ok c’est comme tu veux. Mais n’oublie pas que ma porte t’est toujours ouverte.
– Merci.
*Mona*LYS*
Ken se lève dès que les enfants et moi pénétrons dans la maison. Il demande aux enfants de venir l’embrasser ce qu’ils font. La servante vient ensuite les chercher avec leurs valises et ils s’en vont. Ken et moi restons là à nous regarder. Il s’approche de moi à petits pas.
– Je suis heureux que tu sois rentrée.
Je ne réponds rien. Que suis-je sensée dire de toute façon ?
– Bébé je te demande pardon pour ce qui est arrivé. Je n’ai pas de mots pour m’excuser mais sache juste que je t’aime. Je te promets que jamais elle ne te causera de problème. Je te protégerai toi et les enfants pour ne pas qu’elle vous cause du tort. Mais s’il te plaît ne me laisse plus. J’ai besoin de toi. Je sais que je ne te le montre pas assez mais je t’aime.
Je sais qu’il m’aime et il me l’a montré à plusieurs reprises. Mais il ne m’aime pas assez pour ne pas me tromper, me battre, m’humilier. Il veut m’embrasser mais je détourne la tête.
– Je suis là uniquement pour les enfants. Je ne vais pas rester loin et regarder une autre venir prendre leur place. Maintenant excuse-moi, je vais me reposer.
Une semaine depuis mon retour à la maison et l’atmosphère est toujours tendue. Je n’ai plus la tête dans ce mariage. Je me sens à bout. Je ne crois plus pouvoir encaisser un autre choc, une autre déception. J’en ai tellement subit que maintenant je n’en peux plus. J’ai même perdu le goût du sexe avec Ken. Je n’ai plus envie de coucher avec lui. À chaque fois qu’il essaie de me toucher je pense à comment il touche les autres femmes et le repousse. Il a essayé plusieurs fois de coucher avec moi mais chaque fois, je lui fais comprendre que je ne suis pas d’humeur. Si le sexe était une partie de plaisir avant, maintenant ce n’est plus rien. Même le voir complètement nu ne m’attire plus. J’ai l’impression de vivre avec un frère ou un homme quelconque. Plongée dans mes pensées je ne prête plus attention au roman que je lis. C’est seulement quand mon portable sonne que je reviens à moi. C’est un message WhatsApp. Je souris quand je vois le numéro.
– « Boni musika murembu (Comment vas-tu jolie femme) »
– Tu comprends tellement toutes tes langues que tu te permets de mélanger le Lingala et le Swahili.
– « Faut bien que je valorise mes langues. Toi tu n’as pas envie de parler la tienne ni même me l’apprendre. »
– Mes oreilles sont sacrements dures donc je ne sais même pas prononcer un seul mot de ma langue, l’Agni. Par contre je comprends quand on parle. Alors comment tu vas ? Moi je vais bien.
– « Un peu épuisé à cause du sport mais bof je gère. Que fais-tu ? »
– Je lis un bouquin.
– « Une histoire à l’eau de rose je parie. »
– Lol comment tu as su ?
– « Disons que je te connais comme ma main. »
– C’est fou comme tu as pu tout maîtriser de moi en peu de temps.
– « Il fallait bien que je te connaisse mieux pour arriver à te faire sourire de temps en temps. Comment va la vie de couple ? »
– J’ai envie de divorcer.
Je ne sais pas pourquoi j’ai écrit ça mais je ressentais juste le besoin de me confier. Il met du temps à répondre pourtant il est en ligne. Mon portable se met à sonner après une dizaine de minutes. C’est lui.
– « Mwinda (Lumière en Lingala »
Entendre sa voix, mais surtout l’entendre m’appeler ainsi, me procure une sensation indescriptible.
– Oui. Répondé-je d’une petite voix.
– « Qu’est-ce qui se passe ? Pourquoi veux-tu divorcer ? »
– Je ne me sens plus heureuse dans ce mariage. J’en ai marre de tout. Je ne fais qu’encaisser humiliation sur humiliation. Je m’étais dit que ça passerait mais non ça va de mal en pire.
– « Tu peux te confier à moi tu sais. Dis-moi tout ma belle. »
Je soupire. Je veux lui parler, tout lui dire. Je sais que ça me fera du bien.
– « Ne t’en sens pas obligée si tu n’en a pas envie. »
– Comment ne pas avoir envie de me confier à toi quand tu me fais me sentir si bien.
– « Oh là je viens de rougir. »
J’éclate de rire. La porte s’ouvre aussitôt en fracas.
– Avec qui tu causes ? Me demande Ken tout furieux.
Je n’ai pas le temps de lui répondre ni même de raccrocher qu’il m’empoigne le bras.
– Lâche-moi Ken !
– J’ai dit avec qui tu causes ? Il est 21h et toi tu causes avec quelqu’un d’autre au téléphone.
Je n’avais même pas vu l’heure passer. Je me débats pour pouvoir raccrocher afin d’éviter à Drick d’entendre notre dispute mais le portable tombe sur le lit et Ken me soulève brusquement.
– Tu me trompes c’est ça ?
– Parce que tu couches avec la terre entière tu penses que tout le monde fait pareil ?
Il me donne une gifle.
– Ca fait une semaine que tu me prives de sexe et maintenant je t’entends rire au téléphone avec je ne sais qui ? C’est un homme ?
– OUI C’EST UN HOMME. Hurlé-je de colère. Et tu sais quoi ? Il me fait me sentir bien, bien qu’il soit à des milliers de kilomètre de moi.
Les mâchoires de Ken craquent sous l’effet de la colère et il commence à me donner des coups. Je tombe sur le lit près de mon portable et j’entends la voix de Drick m’appeler. Il faut que je raccroche. À peine je pose la main sur le portable que Ken me retourne violemment et se place entre mes jambes.
– Comme tu refuses de te donner à moi, je vais prendre ce qui m’est dû de force.
Il fait sortir son sexe et coupe mon caleçon. Je me débats pour ne pas qu’il me viole mais il est tellement fort que la seule chose que j’arrive à faire c’est de le mordre sur son épaule. Il hurle toute sa douleur et quand il reporte son attention sur moi je me rends compte de ma bêtise. Je suis morte. Il me relève du lit par les cheveux et reprend les coups en désordre. Il y va fort, très fort. Je me mets à hurler en appelant à l’aide oubliant même que les enfants sont en bas. J’ai besoin d’aide sinon je vais mourir. Dans le désespoir, je donne un coup entre les jambes de Ken puis me précipite sur mon portable et appelle Drick à l’aide. Je l’entends hurler mon nom, affolé et me demander ce qui se passe.
– Drick il va me tuer.
– « Allô Cindy. Merde Cindy ! Allô ! Allô ! »
Ken qui s’est remis de la douleur fonce sur moi et m’arrache mon portable qu’il fracasse contre le mur. Les secondes d’après, tout ce dont je me souviens avant de tomber dans les pommes, c’est le visage effrayé de Nael qui est entrée dans la chambre en m’appelant.