Épisode 17
Ecrit par Mona Lys
Episode 17
KHALIL
Ça fait une semaine que je lutte avec moi-même pour ne pas me rendre chez Vanessa voir mes enfants. Mes enfants. J’en ai perdu deux et j’en ai eu deux autres. Je ne peux pas expliquer exactement ce que j’ai ressenti quand ma mère m’a annoncé que Vanessa avait mis des jumeaux au monde et qu’à un elle avait donné le nom de mon père. Depuis cette annonce, je passe mes journées dans des sentiments mitigés. Je suis ému d’avoir des enfants mais en colère de la façon dont ils ont été conçus. J’en veux toujours à Vanessa de m’avoir joué un aussi sale tour. Me voler ma semence pour se faire inséminer. C’est la pire des trahisons qu’elle pouvait me faire. Cette femme m’a tellement fait de mal qu’aujourd’hui, je me dis que lui pardonner serait une grosse erreur de ma part.
Arrêté à la fenêtre de mon bureau, je regarde les voitures défiler. Cette fin d’année est la copie de celle d’il y a deux ans. Je l’ai passé dans un chagrin sans nom à penser au coup que Vanessa m’avait donné. Elle avait avorté de mon premier enfant et je ne l’ai pas vite digéré. Et lorsque je l’ai revu la Noël chez les parents de Joyce, toute la colère et l’amertume que je ressentais m’étaient remontés à la gorge. J’avais envie de les lui vomir au visage. Malgré les efforts de Joyce, j’ai passé de très mauvaises fêtes. J’étais resté cloitré dans ma bulle jusqu’à ce que je rencontre Phanie et que je passe à autre chose. Il m’a été difficile de tourner la page, de reprendre goût à la vie, de sourire de nouveau. Mais petit à petit j’y suis arrivé. J’y suis arrivé jusqu’à ce que Vanessa vienne de nouveau tout foutre en l’air.
J’aurai voulu ne plus avoir affaire à elle. Je voulais la sortir définitivement de ma vie mais là je ne crois plus que ça puisse être possible parce qu’elle vient de mettre au monde mes deux garçons. J’aurai beau la détester, beau la chasser de ma vie, mais je serai bien obligé de reconnaitre mes enfants. Ils sont mon sang, la chair de ma chair. Le problème qui se pose c’est que je crains de baisser la garde, de me laisser aller et de la laisser m’avoir. Je ne veux rien avoir avec elle. Si je baisse la garde à cause de mes enfants, elle risque d’en profiter et de me faire tomber dans ses filets.
« Toc toc. »
Je me retourne vers cette voix que je reconnais comme celle de ma sœur. Ça tombe justement bien qu’elle soit là. J’avais à lui parler. Antoine m’a expliqué ce qui s’était récemment passé. J’ai été affecté. J’espère qu’elle renoncera à son idée de divorce.
Moi : Salut toi.
Elle me fait les bises et s’assoit sur mon bureau. Je la trouve toute souriante. Je m’assois dans mon siège.
Moi : Je suis heureux de te voir sourire.
Zeinab : Je suppose qu’Antoine t’a tout expliqué.
Moi : Et bien que ce soit mal ce qu’il a fait, je te demanderais de ne pas demander le divorce. Reconnais que tu ne lui as pas vraiment donné le choix.
Zeinab : Je sais. C’est pourquoi en lieu et place du divorce, j’ai organisé un voyage au Bahamas rien que lui et moi pour deux mois.
Je fronce les sourcils. Elle sourit.
Moi : C’est une blague ?
Zeinab (riant) : Pourquoi tu me demandes ça ? Lui aussi m’a posé cette question.
Moi : Bah c’est normal. Il est difficile de s’imaginer que tu laisseras ton travail pendant deux longs mois.
Zeinab : Difficile mais pas impossible.
Je continue de la regarder sans la croire. Elle lève les yeux au ciel et sort deux billets d’avion de son sac. Je les prends et je suis sur le cul.
Moi : Quelle mouche t’a piqué ?
Zeinab : Disons que j’ai rencontré une Avocate dans le cabinet du tonton Eloge. J’y étais allée pour lancer une procédure de divorce. Et tu sais ce qu’elle m’a dit après que je lui ai expliqué mes raisons ?
Je secoue la tête distraitement parce qu’à parti du moment où elle a parlé du cabinet du père de Joyce, mon idée est allé sur Vanessa.
Zeinab : Que je ne devais pas divorcer mais que je devrais plutôt essayer d’arranger les choses avec mon mari. Te rends-tu compte ? Une Avocate qui au lieu de se contenter de juste faire son travail, prend le risque de me dissuader de ne pas la faire travailler. Elle m’a donné tout un tas de conseil. Elle m’a aussi parlé de son amour qu’elle a perdu à cause de son féministe démesuré, tout comme moi. Je sentais la tristesse dans sa voix si bien que ça m’a convaincu. Elle a ajouté que si elle avait la possibilité de revenir en arrière, elle ne referait pas les mêmes erreurs. Cette femme a trouvé les mots justes pour me faire prendre conscience. J’ai alors mûrement réfléchi et j’ai opté pour sa solution. Je vais nous redonner une seconde chance à Antoine et moi pour raviver cette flamme qui nous avait poussé à nous marier.
Moi : J’en suis ravi.
Zeinab : Tu vas donc te jouer le baby-sitter avec maman pendant ces deux mois vu qu’elle vit en ce moment chez toi. D’ailleurs, tiens la carte de l’Avocate. Tu as besoin de conseille d’amour et je crois qu’elle t’en donnera de meilleurs.
Elle pose la carte sur mon bureau. Sans la prendre, je vois inscrit le nom de Vanessa.
Zeinab : Bon je vais y aller. J’étais venue te dire au revoir. Notre vol c’est dans deux heures. Souhaite-nous bonne chance. Je t’aime.
Elle pose un baiser sur mon front.
Moi : Je t’aime. Bonne chance.
Quand elle disparait, je récupère la carte et la regarde longuement. Vanessa a donc en quelque sorte sauvée le mariage de ma sœur. Nous n’avons cessé de lui donner des conseils mais elle nous a toujours tenu tête. Il a fallu Vanessa pour lui faire entendre raison. Cette vie est bizarre. Je ne sais pas si je dois m’en réjouir ou en vouloir à Vanessa d’avoir pu sauver la relation d’autre et de n’avoir pas pu avec la nôtre. C’est elle qui a tout fichu en l’air.
J’entre plus tôt à la maison parce que c’est le réveillon du nouvel an et nous faisons demi-journée. J’avais bien envie de rester au bureau et me plonger dans le travail mais je n’ai plus la tête à travailler. Mes pensées divaguent entre ce que je dois ou ne dois pas faire. Je suis accueilli par mon neveu qui me saute dessus. Je suis bien heureux qu’il soit là. Il mettra un peu d’ambiance dans ma maison. J’entends depuis le salon la voix de ma mère. J’y arrive et constate qu’elle est avec la mère de Vanessa. Je les salue. Ma mère m’informe que la mère de Vanessa souhaite s’entretenir avec moi. Ma mère s’éclipse avec mes affaires.
Moi : Comment ça va maman ?
Maman V : Ça ne va pas. Quand j’entends ma fille pleurer chaque soir, je ne peux pas bien aller. Mon petit mari, je t’ai toujours défendu devant Vanessa. Je lui ai plusieurs fois tiré l’oreille à cause de toi. J’ai passé deux ans à la gronder parce qu’elle t’avait fait fuir. Je crois que maintenant elle a compris. Mon petit mari, je te demande pardon, laisse tout tomber. Après tout ce qui s’est passé, elle a compris la leçon. Je te jure qu’elle ne recommencera plus. Vanessa ne mange plus alors qu’elle vient d’accoucher. Son état agit sur les bébés. Je ne te demande pas de te remettre forcement avec elle. Mais pardon, fais l’effort de lui pardonner. Elle souffre. Elle a même été hospitalisée deux jours. C’est ce matin que nous sommes rentrés de l’hôpital. Je ne veux pas rester là à regarder mon unique enfant mourir, c’est pourquoi je suis venue. Elle-même ne le sait pas.
Ma mère revient et s’assoit. Elle me dévisage.
Maman : Je dis KEITA, tu veux tuer l’enfant des gens ? Vanessa a compris maintenant, c’est bon. Nous demandons chaque jour dans nos prières que Dieu nous pardonne mais nous refusons de pardonner notre prochain. Dois-je te rappeler combien tu étais voyou quand tu étais adolescent ? Tu as oublié que je t’ai attrapé avec la drogue ? J’allais te bastonner ce jour-là mais tu m’as tellement supplié que je t’ai laissé par amour. Mais je t’ai tellement boudé que tu as délégué tes oncles pour me demander pardon. Je t’ai pardonné et je n’ai jamais rien dit à ton père. C’est après ce jour que tu es devenu consciencieux. Si je t’avais tué ce jour-là, est-ce que tu serais assis devant moi ? Non. Vanessa a fait des erreurs mais outre ses erreurs, avoue qu’il y a du bien qui en est sorti. Si elle ne t’avait pas dit pour Phanie, tu allais continuer à élever les enfants d’un autre et à les enrichir elle et son amant. Ça c’est quelque chose de bien. Elle avait avorté il y a deux ans de ton enfant, mais aujourd’hui elle t’a donné deux enfants. Deux garçons, deux héritiers. Ta descendance est assurée. Tu veux quoi de plus ?
Je passe nerveusement ma main sur mon visage. Vu sous cet angle, ma mère a raison. La mère de Vanessa demande la route. J’en profite pour monter me reposer avant que ma mère ne commence par me tirer les oreilles.
Après plusieurs heures à tourner sur le lit, je n’ai pas réussi à fermer les yeux, ou du moins à m’endormir. Les propos de ces deux mamans ne cessent de me travailler l’esprit. Et si elles avaient raison ? Tous les évènements de cette journée tournent en la faveur de Vanessa. D’abord, Zeinab, ensuite les mamans. Il ne manquerait plus que Joyce vienne aussi me demander de lui pardonner.
Quand on parle du loup. J’entends Joyce rire aux éclats derrière la porte. Je me place sur mon dos à attendre qu’elle se pointe. Elle cogne et entre. Ça lui arrive souvent d’entrer sans attendre que je le lui dise.
Joyce : Alors le paresseux. Tu dors alors que c’est le réveillon du nouvel an ?
Moi : Que veux-tu que je fasse ??
Joyce : Bah sortir t’amuser.
Moi : Tu sais que le show c’est pas trop ma tasse de thé.
Sans retirer ses chaussures elle bondit sur le lit. Elle se met à sautiller au-dessus de moi.
Moi : Arrête de faire ta gamine.
Elle se laisse tomber sur le lit.
Joyce : Alors c’est quoi le souci ?
Moi : Lequel ?
Joyce : Tu sais que tu ne peux pas faire semblant avec moi. Alors ? Non laisse-moi deviner. C’est en rapport avec Vanessa.
Moi : Ouais. Je m’étais promis la détester jusqu’à la fin de mes jours mais depuis ce matin, je commence à penser le contraire. Zeinab ne veut plus divorcer. Elle a même organisé un voyage en amoureux avec Antoine. Et tu sais grâce à qui ? Vanessa. Apparemment c’est sur elle que Zeinab est tombée comme Avocate. Elle lui a donné des conseils en évoquant notre histoire.
Joyce : Ça montre qu’elle n’est plus la même. Mais surtout qu’elle mérite elle aussi une seconde chance.
Je lève un sourcil vers elle, surpris qu’elle parle en la faveur de Vanessa.
Joyce : Je sais que j’étais la première à la détester bien avant que vous ne rompiez. Mais, aux vus des derniers évènements je me dis que si tout le monde a droit à une seconde chance, pourquoi pas elle ? J’ai eu mal la dernière fois qu’elle est venue ici et que tu lui as hurlé dessus. Je me suis mise à sa place entant que femme. Tu devrais lui pardonner. Ça ne te coûtera rien. Au contraire, ça te rendra heureux, parce que même si tu ne le dis pas, je sais que tu as eu mal toutes les fois que tu l’as refoulé. J’ai aussi compris que toute cette rancœur à son égard cachait des sentiments.
Je lève encore les yeux vers elle.
Joyce : Ne me regarde pas comme ça. Tu sais que j’ai raison. Vanessa a été la première femme à t’avoir fait perdre la tête au point où tu passais tout ton temps à me parler d’elle. Tu souriais comme un débile à chaque fois que son numéro apparaissait sur ton portable. Tu ne vas donc pas me dire que tu l’as aussi facilement oublié.
Je vois que ce que j’ai dit viens de se réaliser. Joyce aussi se met du côté de Vanessa.
Joyce : En tout cas j’ai hâte de connaitre mes neveux. D’après maman ils te ressemblent tous les deux.
Moi : Elle me l’a aussi dit.
Joyce : Tu devrais aller voir ta petite famille ce soir et entrer dans la nouvelle année avec eux.
Moi : Je t’aime.
Elle sourit.
Joyce : Même si ça n’a rien à avoir avec tout mon speech, je t’aime aussi mon gros bébé.
*Mona
*LYS
J’ai finalement décidé de suivre les conseils que j’ai reçus aujourd’hui. Je gare ma voiture devant la maison de Vanessa. Cette maison est immense. Je ne crois pas qu’elle ait vécu ici toute seule. Mais en même temps c’est possible quand on voit combien elle se plaisait dans la solitude. Je descends avec la servante de Vanessa qui est venue me chercher à un carrefour. Elle m’aide à transporter les choses que j’ai achetées pour les bébés. Je ne savais pas trop quoi acheter vu que maman m’avait informé que tout avait déjà été acheté. Mais comme on le dit, on n’a jamais assez de cadeau ou encore trop de viande dans la sauce ne la gâte pas. La mère de Vanessa m’accueille avec grande joie. Elle m’annonce que Vanessa dort encore. Il est portant 19h. Elle ne doit vraiment pas aller bien. Après avoir pris place, la mère de Vanessa accompagnée de la servante descend avec les bébés. Je me lève instantanément. Mon cœur se met à battre la chamade en les voyant arriver. Quand la mère de Vanessa me donne celui qu’elle tient, mon cœur flanche. Les émotions me submergent. Je souffle. Je suis heureux. Je m’assois et approche le deuxième qui a été placé dans son transat. Ils sucent tous les deux des tétines.
Moi : Mes champions.
Je leur caresse les joues à tour de rôle. Je reste plus d’une heure de temps à les contempler. Quand ils se mettent à pleurer, la mère de Vanessa me permet de les nourrir. Ils se rendorment juste après leur repas. Je fonds littéralement devant leurs bouilles. Ils me ressemblent certes, mais ils ont aussi des airs de Vanessa. Je me rends compte du courage dont elle a fait preuve durant sa grossesse. Je n’ai fait que la rejeter alors qu’elle était enceinte. Mais malgré cela elle a tenu bon pour les enfants. Je n’imagine pas ce que ça a dû être pas facile pour elle. Je crois que ce sont toutes ces choses accumulées qui agissent maintenant sur sa santé et son morale. Je n’ai pas vraiment été tendre avec elle.
Je demande à sa mère de me conduire dans sa chambre. Elle se serait réveillée mais refuserait de manger encore moins de prendre ses médicaments. Pour les médocs ça ne me surprend pas. Vanessa a horreur des comprimés, même des sirops et des effervescents. C’est pourquoi je trouvais toujours des méthodes pour les lui faire prendre.
Sa mère m’ouvre la porte pour me permettre d’entrer. Elle se dirige vers la chambre des bébés pour vérifier qu’ils dorment bien. J’entre à pas silencieux dans la chambre de Vanessa. Je reconnais tout de suite ses goûts par la décoration et les meubles. Un lit trois places, elle a toujours aimé pour mieux se balader entre les draps. Mes yeux tombent sur elle. Elle est couchée dos à la porte et tient quelque chose entre ses mains avec laquelle elle joue. Je m’avance et je reconnais la bague de fiançailles que je lui avais achetée il y a deux ans le jour où tout s’est gâté entre nous. Elle ne s’en est donc pas débarrassée.
Vanessa : Maman je prendrai les médicaments demain s’il te plaît. Et je n’ai pas faim. Je veux juste rester au lit.
Moi : Tu devrais pourtant faire un effort.
Elle se crispe avant de se retourner vivement.
Vanessa : Kha… Khalil ?
Moi : Bonsoir.
Elle se redresse dans son lit passant ses mains sur son visage et dans ses cheveux pour se donner une bonne apparence. Elle fuit même mon regard.
Vanessa : Je ne savais pas que tu étais là.
Moi : Tu dormais encore. Pourquoi refuses-tu de te soigner ?
Vanessa : Bah tu sais, les médicaments et moi.
Je me rapproche d’elle et me permets de m’asseoir sur son lit près d’elle. Je récupère le sachet de pharmacie et je lis les notices des médicaments qui s’y trouvent. Elle me regarde faire avec toujours la surprise sur son visage. Une fois terminé, je fais sortir dans ma main deux comprimés.
Moi : Sors la langue.
Elle fronce le nez.
Moi : J’ai dit sors la langue.
Elle sort lentement sa langue sur laquelle je pose d’abord un des comprimés. Je lève le verre d’eau et l’emmène à ses lèvres. Elle boit une très grande rasade pour avaler le comprimé sans avoir à sentir le goût.
Moi : La langue.
Elle rechigne mais obéit. Je fais la même chose et elle boit.
Vanessa : C’est dégueulasse.
Moi : Je sais. Mais j’ai besoin que la mère de mes enfants soit en forme.
Elle plonge son regard dans le mien.
Moi : Merci pour ces beaux garçons. Tu as fait un travail formidable. Je t’ai apporté un cadeau, il est en bas. Je te le donnerai une fois que tu auras mangé.
Vanessa : Ok.
Elle range la bague dans sa boite. Je me lève de mon côté et après avoir pris le sachet de pharmacie, je me penche vers elle pour la prendre dans mes bras. Elle en est surprise mais ravie que je la prenne. Elle s’accroche à moi. Je crois même l’entendre renifler mon parfum. Je la conduis jusqu’à la table à manger. Après l’y avoir fait asseoir je me rends dans la cuisine lui servir un verre de jus dans lequel je plonge deux effervescents. Je reviens à elle, je lui sers à manger. Elle ne cesse de me regarder. Je sais qu’elle veut que je lui dise quelque chose nous concernant, mais je préfère attendre qu’elle ait pris des forces. Je prends la première bouchée que je conduis à sa bouche. Elle ouvre la bouche et je commence à la nourrir. Je lui apporte le jus mais elle hésite à le boire parce qu’elle sait que j’y ai mis les médicaments. Elle finit par le faire.
Je lui essuie la bouche après qu’elle ait vidé son verre d’eau sur la dernière bouchée.
Moi : Tu vois, ce n’était pas aussi dur que ça.
Vanessa : Merci.
Moi : Tu veux encore dormir ?
Vanessa (souriant) : Non.
Je pose ma main sur la sienne.
Moi : Je suis désolé de t’avoir abandonné durant la grossesse. J’étais en colère.
Vanessa : Je sais. J’aurais fait pareille.
Je passe mon doigt délicatement sur sa joue. Elle ferme les yeux.
Moi : Je ne vais pas te parler d’amour maintenant parce que j’ai besoin d’encore un peu de temps. Mais je veux bien oublier le passé, entretenir une bonne entente avec toi pour le bien des enfants. Je veux que nous soyons de bons parents pour eux, des parents unis.
Vanessa : Je comprends et je suis d’accord.
Elle prend ma main dans la sienne et la serre fortement.
Vanessa : Je veux juste que tu ne mettes aucune barrière entre nous. Permets-moi de te prouver que je peux être une bonne femme pour toi. Je sais que je t’ai déçu et pas qu’une seule fois. Mais je t’aime et je ne veux pas qu’entre nous deux ça se limite aux enfants. Après toi je n’ai plus connu un seul homme. Je n’ai plus jamais réussi à tomber amoureuse. J’ai pourtant essayé. Je ne veux aucun autre homme que toi. Je suis prête à patienter le temps qu’il te faudra pour m’aimer de nouveau. Laisse-moi juste te reconquérir.
J’arrive à percevoir dans ses yeux la sincérité et le fait de savoir qu’elle n’a plus connu d’homme après moi m’enchante malgré moi. Je lui fais un léger sourire.
Moi : Je suis plus difficile à convaincre qu’un Juge.
Vanessa : Je n’abandonne devant rien.
Elle répond à mon sourire. Je me lève.
Moi : Viens là.
Je la relève par la main et l’attire contre moi. Elle se réfugie dans mes bras. La sentir de nouveau contre moi m’apaise d’une certaine manière. Nous nous sommes toujours complétés elle et moi. Mais je ne vais pas vite lui donner une chance. Je suis curieux de voir ce qu’elle fera pour me reconquérir. Je veux être sûre de son changement avant de lui redonner une chance.
Nous restons enlacés jusqu’à ce que nous entendions les pleurs d’un des bébés à travers le baby-phone que je crois avoir été oublié au salon par la mère de Vanessa. Je crois que ce sont tous ces grondements de tonnerre qui l’ont réveillé. Main dans la main nous montons les escaliers et nous rendons dans la chambre des enfants.
Moi : C’est lequel qui pleure ?
Vanessa : Kader.
Moi : J’ai du mal à les reconnaitre.
Vanessa : Ça viendra.
Elle le prend dans ses bras et le berce en lui chuchotant des mots doux. Je la regarde faire. Elle est belle dans son rôle de mère. Je le savais qu’elle en ferait une bonne. J’ai toujours su au fond de moi qu’elle ferait une bonne épouse, mais elle ne le voyait pas.
Elle repose le bébé dans son lit sans toutefois s’en séparer. Je me rapproche dans son dos, sors la petite boite dans ma poche, en sors la chaîne deux en un avec comme médaillons les deux prénoms de nos garçons et le passe à son cou. Elle lève la tête pour voir au travers le miroir en face. Elle touche la chaîne en souriant.
Vanessa : C’est beau. Merci.
Je pose un baiser dans ses cheveux en l’enlaçant. Le petit Kader couine, nous baissons nos yeux sur lui. Son frère, lui, dort à poings fermés. Nous voyons par la baie vitrée de la chambre qui donne sur la terrasse du balcon, des feux artifices éclater dans le ciel. Nous regardons automatiquement la petite horloge de la chambre. Il est minuit. Je sens Vanessa se blottir encore plus contre moi et resserrer mes bras autour d’elle.
Vanessa : Bonne année, Khalil.
Je pose encore un baiser dans ses cheveux.
Moi : Bonne année, Vanessa.