Épisode 26
Ecrit par Mona Lys
Episode 26
CINDY
Depuis deux jours, j’essaie de joindre Kendrick en vain. Il ne décroche pas mes appels. Il laisse expressément son portable sonner dans le vide. J’ai pourtant besoin de lui parler. Je dois le convaincre de régler cette affaire à l’amiable parce que je n’ai pas envie que mes enfants s’éloignent de moi. Si papa Luzolo était présent, je serais allée le voir. Il est retourné d’urgence au Congo près de sa femme souffrante. C’est de ce genre d’époux que je rêvais. Bref, pas de rêverie. Je dois descendre faire les tresses à Lena. Depuis que je suis au chômage, je m’occupe moi-même de sa touffe. Elle aime ça apparemment. De toutes les façons elle s’est toujours plainte que les coiffeuses lui serraient trop les cheveux. Kennedy s’est enfermé dans son bureau pour chercher des idées pour sa propre entreprise. Je ne sais pas si l’idée vient de son père ou de lui-même mais Kennedy a décidé de se lancer dans sa propre affaire. Il a toujours eu cette mentalité de fils qui se contente de la fortune de son père plutôt que de construire la sienne. J’espère qu’il aboutira à quelque chose.
J’entends du grabuge à l’entrée de la maison. Je laisse les enfants pour aller voir ce qui se passe. Avant même d’y arriver je vois Kennedy et sa maitresse Jamila. Je reste à l’écart pour écouter leur conversation. Ken a l’air en colère.
– Rentre chez toi Jamila, je viendrai te voir ce soir.
– Pas question Kennedy. Non mais tu ne comprends pas que la vie de ton enfant est en danger ? Je te dis qu’il y a eu un cambriolage dans mon immeuble hier et toi tu veux que j’y retourne ?
– Tu n’as pas été cambriolée que je sache.
– Rien ne te dit qu’ils ne remettront pas ça ce soir chez moi. Ecoute Ken je suis enceinte et dans mon état ce n’est pas conseillé que je vive seule. Je vais donc rester ici jusqu’à l’accouchement.
– Hors de question. Si tu ne veux pas rentrer chez toi, dors cette nuit à l’hôtel.
Elle sourit et s’approche de lui.
– J’ai aussi besoin de ta chaleur. Hier c’était super.
– Ma femme est là, dit-il en la repoussant.
– Laisse-moi, s’il te plaît, dormir ici cette nuit et demain je rentre. Je te promets de rester sage. Je peux même restée enfermée dans la chambre toute la journée.
Je m’éloigne ayant marre de cette conversation. Je termine les deux chignons de Lena et remonte dans ma chambre. Kennedy fait aussitôt son entrée.
– Bébé, euh, au fait il y a Jamila qui demande à passer la nuit ici parce qu’il y aurait eu…
– Tu fais comme tu veux Kennedy, répondé-je calmement. Demande-lui si elle veut quelque chose de précis pour le diner.
– Tu es sûre que ça ne te dérange pas ?
– Elle est enceinte Ken. Elle ne doit pas rester seule surtout quand elle ne se sent pas en sécurité.
– Merci mon amour. Tu es parfaite.
Il m’embrasse et repart. Je soupire. Je ne vais pas mettre la vie d’un bébé en danger pour punir ses parents. J’ai fait le choix de rester et ce choix impliquait supporter ses maitresses surtout celle qui est enceinte.
Le diner se passe dans le silence. Jamila n’a pas l’air du tout gênée d’être à table avec la famille de son amant. Les enfants ne font que la regarder. Je suis certaine qu’ils se posent mille et une questions.
– Ken on devrait commencer à préparer une chambre ici pour notre bébé.
– Pourquoi ici ?
– Bah parce que c’est ici que lui et moi vivrons après l’accouchement. Tu ne pensais tout de même pas que j’allais encore rester seule à cette étape.
– On en reparlera.
– Pourquoi pas maintenant ? Toute la famille est déjà réunie. Aussi tu devrais commencer à réfléchir à une date pour aller te présenter à mes parents et parler du mariage. Je ne vais pas vivre éternellement cachée de ma famille.
– Jamila on parlera de ce détail plus tard. Quant au premier, je te trouverai des servantes pour t’aider avec le bébé.
– Pourquoi rester avec des étrangères quand le père est juste à côté ?
– Jamila plus tard.
– Mais on doit pourtant…
– MERDE JAMILA J’AI DIT PLUS TARD, hurle-t-il nous faisant tous sursauter.
Les enfants sont effrayés. Je leur demande de monter dans leur chambre. Moi je me contente de débarrasser tandis que Jamila suit Ken qui s’est levé de table. Etant dans la cuisine à faire la vaisselle et le nettoyage, j’entends les éclats de voix de Ken et Jamila. Le mieux que je puisse faire c’est d’aller dormir. Mais avant, je dois aller souhaiter bonne nuit à mes bébés. La porte de leur chambre est entrebâillée ce qui me permet d’entendre leur voix. Je crois même des reniflements.
– Moi je ne veux plus rester ici, pleure Nael. Je veux partir chez papa Kendrick.
– Moi aussi je veux partir. Je n’aime plus papa Kennedy. Il est méchant et il fait pleurer toujours maman.
– Il me fait peur.
J’ouvre la porte et Nael vient se jeter dans mes bras en pleurant de plus belle.
– Chut mon lapin. Tout va bien.
– Allons-y maman.
Après cette phrase de Nael, lui et sa sœur se mettent à pleurer en symbiose. Je m’assois sur le lit avec Nael pour pouvoir prendre Lena aussi dans mes bras.
– Je ne veux plus que tu pleures maman, dit Lena. Je ne veux plus que papa te blesse.
Sans pouvoir leur dire quoi que ce soit je les serre encore plus et me mets aussi à pleurer en silence. Je ne sais pas pourquoi ils parlent de tout ça ce soir. Peut-être qu’ils en avaient l’habitude et que c’est pour cette fois qui est parvenu à mes oreilles. Je savais qu’ils avaient été traumatisés toutes les fois où ils ont assisté aux scènes de bagarres mais je ne savais pas qu’ils en souffraient autant. Je croyais qu’ils oubliaient tout puisqu’ils sont enfants. Je ne savais pas qu’ils en souffraient autant. Mes pauvres bébés. Je leur fait porter mes poids à leur si jeune âge. Je le regrette, amèrement. Mon cœur de mère saigne à cet instant.
*Mona*LYS*
– Kennedy je dois aller faire des courses ce matin pour le diner avec tes amis.
– Pourquoi tu le fais maintenant alors que le diner c’est demain ?
– Je dois aussi prendre des articles pour aujourd’hui. Le goûter des enfants et d’autres choses les concernant.
– Tu y vas à quelle heure ?
– Maintenant.
Il regarde sa montre.
– Je voulais t’accompagner mais j’ai un rendez-vous important. Je vais juste te déposer et m’en aller. Mais pas de bêtise s’il te plaît. J’ai décidé de faire des efforts et c’est ce que je m’atèle à faire donc aide-moi.
– C’est compris.
Si seulement il savait que j’allais voir son jumeau. J’ai décidé de lui donner les enfants comme il le désir. Voir mes enfants pleurer hier m’a fait comprendre qu’il avait raison. Je n’ai pas à leur faire subir ça. Ils doivent vivre dans un environnement sain. C’est moi qui suis condamnée à vivre avec Kennedy, pas eux. En plus ils ont le droit de connaitre leur véritable père et vice-versa. Je sais que ça va faire sortir Kennedy de ses gongs mais que va-t-il faire de plus si ce n’est me donner des coups et gueuler. Il n’est pas leur père et si Kendrick réussit à changer leurs extraits pour y mettre son nom, Kennedy n’aura plus aucun droit sur eux.
– Je passe te chercher à quelle heure ? Me demande Kennedy en garant devant l’hyper marché.
– Je rentrerai en taxi.
– Bien.
Je me penche vers lui pour l’embrasser. Je pose juste un baiser chaste sur ses lèvres mais il me retient et l’approfondi. À peine si je ressens quelque chose de cet échange de baiser. Je regarde sa voiture après être descendue et dès qu’elle est complètement hors de ma vue, je m’engouffre dans un taxi. Chez Kendrick n’est pas à une longue distance de là. En moins de dix minutes j’arrive devant la porte de son appartement. Mon cœur commence à cogner fort contre ma poitrine. Après un grand bol d’air inspiré je sonne. Une fois, deux fois et à la troisième fois il vient ouvrir. Il n’est pas surpris de me voir. Bon en même temps il y a un judas sur la porte.
– Que veux-tu ?
– Est-ce que je peux entrer ?
– Ton mari sait que tu es là ?
– Kendrick s’il te plaît.
Il me regarde l’air de ne pas avoir l’intention de me laisser entrer.
– Je suis là pour les enfants.
– Je ne retirerai pas ma plainte
– Même si je te les donne moi-même ?
Il plisse les yeux puis après un moment à me regarder il me laisse le passage
– Qu’est-ce que ça veut dire ?
– Que tu as raison. Que je devrais penser aux biens des enfants avant le mien. Et ce qui serait bien pour eux c’est d’être avec leur père.
– Il est où le piège ?
– Il n’y en a pas je te le jure. Hier ils ont… pleuré dans mes bras en me disant qu’ils ne voulaient plus rester avec de Kennedy. Ça m’a littéralement brisé.
Ma gorge se noue mais je fais l’effort de ne pas pleurer.
– Ils méritent d’être heureux Kendrick. Pas de voir leur mère pleurer tout le temps.
– Alors pourquoi n’y mets-tu pas fin une bonne fois pour toute Cindy ? Demande-t-il en s’approchant de moi.
– Nous sommes mariés. Le mariage, c’est sacré.
– Kennedy a bafoué votre mariage bien avant même que vous ne soyez mariés. Bref je ne vais pas revenir sur ce sujet.
– Merci ! Je t’ai apporté tous leurs papiers. Actes de naissances, extraits et leurs relevés de notes. Tu en auras peut-être besoin pour les inscrire au Congo.
– Tu acceptes que je les emmène au Congo ? Fait-il surpris.
– Tant qu’ils resteront ici Kennedy ne leur foutra pas la paix. J’ai mis par écrit que je te laisse la garde exclusive. Je ne sais pas si ça sera reçu. Je ne veux pas que ton frère l’apprenne. En tout cas pas tant que vous ne serez pas loin.
– Je n’ai pas peur de lui tu sais ?
– Oui mais je préfère éviter aux enfants une autre scène douloureuse. Ils t’adorent déjà donc ils ne poseront pas trop de questions.
– Viens avec nous Cindy.
– Tu vas donc me promettre de retirer ta plainte et autre.
– Cindy ! Souffle-t-il en se rapprochant un peu plus de moi.
– Je t’en prie Ken.
Il rapproche son visage de moi et je peux sentir son souffle sur mon front. Je suis troublée.
– Ken promets-moi que tu n’iras pas loin avec la justice. S’il te plaît !
– Promis.
– Merci !
Je fais l’effort surhumain de le repousser et de prendre la direction de la porte.
– Je pars. Je te ferai signe pour te donner l’heure à laquelle tu pourras passer les prendre. Tu attendras au carrefour et je te les enverrai.
– Ok.
– Bien. Bonne journée.
– À toi aussi.
Je prends de nouveau la direction de la porte pour m’en aller cette fois. Mais je m’arrête en luttant contre une pensée qui m’assaille depuis un moment. Je me retourne précipitamment et par surprise, embrasse Ken en me hissant sur la pointe des pieds. Il tique puis se détend. Il me colle contre lui en amplifiant le baiser. Il m’embrasse d’une façon tellement sexy qui m’embrouille l’esprit. J’ai toujours adoré sa manière de m’embrasser. Ses baisers sont doux et pleins de promesses. Je n’ai plus envie qu’il arrête de m’embrasser. Cependant, je suis obligée d’y mettre fin avant de faire une bêtise. D’abord je ne dois même pas l’embrasser mais ça a été plus fort que moi. Je lui lance un dernier regard avant de m’en aller pour de bon.
Je regarde d’un œil Kennedy qui se prépare à sortir. J’ai déjà rangé toutes les affaires des gosses. On n’attend plus que Kennedy sorte.
– Tu as besoin de quelque chose ? Me demande-t-il.
– Non ! Merci.
– À ce soir.
Il m’embrasse et se dirige vers la sortie de la maison. Je le suis du regard jusqu’à ce qu’il sorte et une fois dehors je tends l’oreille pour entendre sa voiture sortir. Dès que j’entends le bruit du portail qui se referme, je fonce dans la chambre des enfants.
– On s’en va les enfants.
Je sors leurs valises cachées sous leurs lits. Enfin, le moment est arrivé de faire sortir les enfants de cette maison. Kennedy est sorti passer l’après-midi avec son ami qui doit diner chez nous demain soir avec sa femme. J’ai donc fait savoir à Kendrick que je viendrai déposer les enfants chez lui aujourd’hui.
– Vous avez pris vos doudous ?
– Oui maman ! Répondent-ils en chœur.
– Ok dépêchons.
Je soulève les deux petites valises et nous descendons les escaliers. Je pose les valises pour les tirer parce qu’elles sont lourdes.
– Maman elle est où ta valise ?
– Je ne viens pas avec vous ma puce. Vous serez avec papa Kendrick et moi je vous rejoindrez plus tard.
– D’accord.
– Soyez sages hein ?!
– Promis !
J’ouvre la porte d’entrée lorsque je tombe sur Kennedy qui s’apprêtait aussi à l’ouvrir. Merde ! Que fout-il là ? Son regard reste bloqué sur les valises des enfants.
– Vous allez quelque part ?
– Chez papa Kendrick, lâche dans un excès de joie Lena.
Je suis sûre qu’elle l’a dit pour peut-être le narguer ou je ne sais quoi d’autre mais elle ne l’a pas dit en vain. Kennedy rougit sur le coup. Bon, nous sommes dans la merde. Comment je me sors de là ? Qu’est-ce que je lui dis comme justificatif pour éviter une bagarre devant les enfants ?