Episode 3
Ecrit par Mona Lys
3
***ALEXANDRA
‒ Oui je
suis bien arrivée, rassuré-je Travon à l'autre bout du fil.
‒
« C’est quoi ton programme ? »
Je pose ma
valise sur le lit et commence à ranger mes affaires.
‒ Bof, c’est
ce soir que se tient le dîner d’affaires. Demain il y aura aussi un déjeuner et
je crois que c’est tout. Je prendrai l'avion soit dans la soirée de demain ou
le premier vol d’après-demain.
‒ « Oui
c’est mieux. Tu ne devrais pas tarder là-bas. Aussitôt que ça finit, tu
rentres. »
Je roule les
yeux. Je me laisse tomber sur le lit.
‒
Travon !
‒ « Tu
préfères que ce soit moi qui te le dise ou maman ? »
Je souris.
‒ Arrêtez de
me surveiller autant. Je suis une grande fille.
‒ « Tu
le diras à ta mère lorsqu’elle t’appellera. D’ailleurs, la voici qui
vient. »
A peine sa
phrase terminée que j’entends ma mère lui dire de lui passer le téléphone.
‒
« Coucou ma princesse. Ça y est, tu es bien arrivée ? »
‒ Oui maman.
‒ « Dieu
merci. Alors tu fais juste ce que tu as à faire et tu rentres à la maison.
N’essaie surtout pas de faire confiance à ces hommes qui seront aussi présents
à ces rencontres. Ils peuvent être de mauvaise foi avec les femmes. Si l'un
t’embête tu me préviens et je lui règle son cas. Ne laisse personne t’approcher
de trop près. Tu dois… »
‒
Maman ! Soupiré-je.
Je l’entends
aussi soupirer de son côté.
‒ « Je
suis désolée mon amour. Tu sais que je ne vous ai pas vu grandir alors dans ma
tête vous êtes toujours les bébés que vous étiez lorsque je suis partie en
prison. »
‒ Je sais
maman et crois-moi j’adore être ton bébé. Mais pour ce qui concerne le travail,
j’aimerais que tu me voies comme la jeune femme mature que je suis. »
‒ « Je
sais princesse. Je suis désolée. Ok tu as raison. Je ne te dirai plus quoi
faire mais promets-moi que si tu te sens en danger d'une façon ou d’une autre
tu me préviendras. »
‒ Je te le
promets maman.
‒ « Ça
marche. Je t’aime mon cœur. »
‒ Je t’aime
aussi maman. Je vais te laisser maintenant. J’ai besoin de me reposer un peu
avant de me rendre au dîner.
‒
« Bien. A plus ma chérie. »
‒ Bye
maman !
Je raccroche
le sourire aux lèvres. J’ai vraiment de la chance d’avoir une mère comme elle.
Je ne me lasse pas de ses attentions mais parfois j’ai besoin de prendre des
décisions moi-même comme une grande fille. Quand ce n’est pas ma mère, ce sont
mes frères qui se transforment en chiens méchants pour veiller sur moi. C’est
bon et chiant à la fois d’être non seulement la seule fille de la famille mais
en plus d’être la dernière-née.
J’espère que ma mère et Clinton feront un bébé pour qu’à mon tour, je joue le
rôle de grande sœur.
Je me rends
à la soirée après m’être très bien reposée. A ce diner je dois rencontrer des
potentiels partenaires pour la boite. Je dois les convaincre de collaborer avec
nous. Aussitôt, j’arrive à la soirée que je me mets dans le bain des
présentations et discussions. Certains, rien qu’à l’entente de mon nom de
famille, s’intéressent à notre boîte. Les hommes en face de moi semblent
fascinés par mon éloquence.
« Bonsoir.
Désolé pour mon retard. »
Mes poils se
hérissent sur tout mon corps. Non, ça ne peut pas être possible. Cette voix, ce
parfum... Dieu, fais que ça ne soit pas lui. Le nouvel arrivant tire la chaise
près de moi et s’y asseoir. Je lève les pupilles et là, je sens la terre
s’ouvrir et m’engloutir. Samy est assis là, juste à côté de moi, tout naturel
et sans grande surprise sur le visage. A croire qu’il savait que j’étais là. Il
faut que je parte d’ici au risque de me liquéfier sur place. Je pensais ne plus
le revoir, en tout cas pas comme ça. Je devais être préparée à le revoir. Mais
là, il me tombe dessus comme ça.
‒ Bonsoir
Xandra ! Me salue-t-il d’une voix empreinte de tendresse, exactement comme
avant, quand il prononçait mon prénom.
‒ Bonsoir…
Samuel !
Je bois une
gorgé de mon champagne pour faire passer cette boule dans ma gorge. Il se
plonge dans la discussion comme si de rien n’était pendant que moi je suffoque
presque. A chaque fois qu’il pose son regard sur moi, mes poils se hérissent
sur ma peau. Il faut que je m’éloigne de lui. Je me lève de table, non sans
manquer de renverser tout ce qui s’y trouve, et je me rapproche du buffet me
prendre quelque chose à grignoter. Je tombe sur plusieurs petits amuse-bouche
que j’aime bien. Je me permets d’en grignoter pour ne plus penser au fait que
juste derrière moi se trouve l’homme que j’essaie de sortir de mes pensées
depuis trois ans. Espérons que la soirée se termine plus vite que prévu sinon je
serais obligée de m’en aller, au risque même de ne dénicher aucun contrat pour
la boite.
‒ Je
comprends maintenant pourquoi tu as pris du poids, me siffle une voix dans le
dos.
Oh non pas
lui !
‒ Mais tu es encore plus belle comme ça,
continue Samy en s’arrêtant près de moi. Encore plus belle qu’il y a trois ans.
Là je lève
les yeux vers les siens et je n’arrive plus à les en détacher. Son air devient
plus sérieux et son regard plus profond à m’en
troubler trois fois plus.
Je me racle la gorge en lui tournant dos.
‒ Comment
vas-tu ? Me demande-t-il avec beaucoup de douceur.
‒ Je vais
bien ! Excuse-moi je vais…
Il me
retient par le bras. Mon Dieu, pas ça ! Il va finir par me tuer.
‒ Samy
arrête ! Dis-je en lui faisant face.
‒ Nous ne
sommes pas ennemis Xandra.
‒ Samy
arrête ! Ne fais pas comme si tout est nickel entre nous. Tu ne dois
surtout pas oublier ce que ta famille a fait à la mienne.
‒ Pourquoi
devrais-je payer pour les fautes de mes parents ? Pourquoi devons-nous en
subir les conséquences ?
‒ Vas le
demander à tes parents. Mais reste loin de moi. Même une amitié n’est plus
possible entre nous.
Je pars de
là avant de perdre toute mon assurance. Je ne sais d’où m'est venue cette force
pour lui parler de la sorte. C’était le seul moyen que j’ai trouvé pour ne pas
flancher devant lui, parce que oui, j’étais à deux doigts d’y arriver. Pourquoi
a-t-il fallu que je le rencontre ici ? Déjà que cela me semble quasi
impossible de l’oublier et tuer mes sentiments pour lui, je ne vais pas encore
supporter sa présence tout près de moi. Ce n’est qu’une fois dans ma chambre
que mon rythme cardiaque redevient normal. Pour peu, je m'effondrais devant
Samy.
Je n’ai pas
fermé l’œil de la nuit. Mon Dieu, Samy a le don de me faire faire des choses
insensées. Me voilà avec la peur de sortir de ma chambre comme s'il y avait un
démon dehors. Je crains de ne tenir trop longtemps face à lui. Si ça ne tenait
qu’à moi je serais déjà dans l'avion mais j’ai reçu des messages hier de deux
potentiels partenaires qui ont été conquis par mon speech et veulent me
rencontrer au déjeuner de clôture pour déjà établir les premières bases de nos contrats. Je suis
donc obligée de sortir. Je m’exécute en priant de tout mon être que Samy soit
parti. Je suis toute soulagée de ne pas le voir lorsque j'arrive à la table où
m’attendent les autres. Mais à peine je veux m'asseoir que quelqu’un me tire la
chaise. Je n’ai pas besoin de relever la tête pour me rendre compte que c’est
lui. Je lui jette un coup d’œil et le sourire qu'il me lance me déstabilise. Je
m’empresse de m’asseoir. Il s’assoit encore près de moi comme hier. J’ai
l’impression qu’il fait exprès de me torturer. Heureusement que mes deux futurs
partenaires entament vite les discussions, ce qui me permet de focaliser mes
pensées sur autre chose que le spécimen assis près de moi. Mais à chaque fois
qu'il prend la parole je perds tout moyen. D’ailleurs que fout-il ici ?
‒ Euh
excusez-moi, puis-je connaître le rôle de Monsieur Samuel BALLER dans cette
rencontre ? Demandé-je aux deux partenaires.
‒ Au fait,
Samuel et moi sommes associés, me répond l'un. La boîte est à nous deux.
‒ Dans ce
cas la collaboration ne pourra être possible, annoncé-je de but en blanc. Ma
boîte ne peut faire affaire avec cet homme. Sur ce, bonne journée. J’ai un
avion à prendre.
Je me lève
et regarde le deuxième homme.
‒ Quant à
vous, on se dit à la semaine prochaine à Londres.
‒
Effectivement, répond-t-il.
Je décampe
de là aussi vite que je le peux. Je me rends à l’ascenseur sans regarder
derrière. Je dois quitter les lieux le plus vite possible. Je ne comprends
vraiment pas pourquoi Samy veut faire affaire avec nous alors qu’il est
conscient de ce qui se passe entre nos deux familles. Son père est d’ailleurs
activement recherché par la police afin qu’il puisse enfin répondre de ses
actes ignobles. Samy devrait en tenir compte et rester loin de nous. De moi surtout.
Je sursaute lorsqu'une main
retient les portes de l’ascenseur qui se fermaient. Je soupire en voyant Samy
entrer. Non mais qu’est-ce qu’il veut encore ? Je croise les bras et me
cale dans un coin de l’habitacle.
‒ Nous
devons parler, entame-t-il le regard braqué sur moi.
‒ Nous
n’avons rien à nous dire Samy.
‒ Toi
peut-être pas, mais moi si.
Il me
retourne de force m'obligeant à lui faire face. Je le fixe méchamment.
‒ Je t'aime
toujours Xandra. Et tu me manques énormément.
Je baisse
les yeux et toute ma force me lâche.
‒ J’ai
accepté la rupture et me suis éloigné parce que j’estimais que tu avais besoin
de temps et d'espace pour digérer tout ce qui s’était passé. Mais durant ces
trois années, je n’ai cessé de prendre de tes nouvelles d’une manière ou d’une
autre et de te faire sentir ma présence indirectement. Le caniche, c’est moi
qui l’ai laissé devant ta porte. Je te l'avais promis avant tout le chaos.
Je le
regarde complètement dépitée. Et moi qui ai toujours cru que c’était un chien
errant. Je reste là, la bouche ouverte sans savoir quoi lui dire.
‒ Notre
histoire ne peut pas se terminer de la sorte, Xandra. Nous devons nous redonner
une autre chance. Je suis prêt à aller discuter avec tes parents.
‒ Non mais
c’est quoi ton problème ? Pourquoi insistes-tu ? Il n'y aura plus
jamais de toi et moi. Et si tu veux vraiment te montrer utile pour ma famille
et moi, eh bah, dis-nous où se trouve ton père.
‒ Si je le
savais je l'aurais déjà dénoncé.
‒ Ouais
c’est ça. Laisse-moi m’en aller.
Je fais deux
pas vers la sortie de l’ascenseur dont les portes viennent de s’ouvrir lorsqu’il
me ramène violemment contre lui et, contre toute attente, capture mes lèvres
avec les siennes. Je suis déstabilisée à la seconde et je ne peux rien faire
d’autre si ce n’est rester là, stoïque. Il approfondit le baiser sans que je ne
sois toujours en mesure de réagir. Je sens que ce baiser me conduira en enfer
car je ne crois pas pouvoir lui résister après ça. Je trouve néanmoins un peu
de force pour le repousser même si intérieurement j'en veux plus. Je lui donne
une claque.
‒ Ne refais
plus jamais ça.
Je sors
toute émoustillée de l’ascenseur. Il faut que je quitte cet hôtel le plus
rapidement possible. Dans ma marche vers ma chambre, je sens une main me saisir
le bras et me tirer. Le temps que
je me rende compte
de quoi que ce soit, je me retrouve dans une autre chambre que la mienne.
‒ Samy
qu’est-ce que…
Et il
reprend le baiser là où je l'avais interrompu mais avec deux fois plus de
fougue cette fois. Je lutte contre lui et contre mon envie de lui céder car
tout mon être a soif de lui. Il me manque terriblement et je donnerai n’importe
quoi pour tout reprendre avec lui.
‒ Samy…
arrête, je t'en supplie.
‒ Je t'aime
Xandra et je sais que toi aussi. Ose me dire le contraire.
‒
Samy !
Il s’arrête
et me fixe.
‒ Ose me
dire le contraire Xandra.
Son regard
me déstabilise. Je ne peux lui mentir car il a toujours su lire en moi. Il sait
quand je mens. Je me contente de baisser les yeux.
‒ Samy… toi
et moi… c’est compliqué. S'il te plaît n’insiste pas. Facilite-moi juste la
tâche en disparaissant totalement de ma vie.
Il glisse
son doigt sur ma joue sur laquelle a perlé une larme.
‒ Ok. Si
c’est réellement ce que tu veux. Mais faisons nos adieux comme il se doit,
Xandra. La dernière fois tu m’as juste jeté comme une serpillière et ça m’a
brisé. Là, je veux juste te dire au revoir en gardant un dernier souvenir de
nous deux. Aimons-nous une dernière fois s’il te plaît. Juste une dernière fois
et plus jamais tu n'entendras parler de moi.
Mon cœur
tambourine à m'en faire mal. Au fond de moi je veux le revoir encore et encore
et encore. Après l’avoir revu, il me sera encore plus douloureux de l’oublier.
Je l’aime plus que jamais. Je sais que mon bonheur ne sera jamais total sans
lui. Alors que le doute s’empare de moi, lui il s'empare de mes lèvres pour la
troisième fois et contrairement aux deux précédents, je me laisse aller dans ce
tourbillon de passion qui me perd petit à petit. Je passe mes bras autour de
son cou et c’est le signal qu’il lui faut pour me soulever de terre et me
conduire vers le lit sur lequel il me dépose tel un œuf. La réaction de mon
corps face à ses baisers et caresses me fait comprendre que je n’avais pas
perdu ma libido. Je ne faisais juste pas l’amour avec la bonne personne. Là en
ce moment, je retrouve toutes mes sensations et lorsqu’il s'enfouit en moi,
c’est la totale. Je ne veux plus que ça s’arrête. Je veux rester ainsi toute ma
vie.
‒ Je t'aime
Xandra.
Je laisse
couler mes larmes et je le serre encore plus contre moi. Que c’est douloureux
de ne pas être avec la personne qu’on aime éperdument.
***MURIMA
Je suis
surmenée depuis ce matin. Je suis partout à la fois dans toute l’entreprise à
veiller que tout se fasse comme il se doit. Travon est dehors à répondre à des
rendez-vous d’affaires qui nous seront juteux. Will est sur le terrain avec ses
subordonnés pour une campagne publicitaire. Quant à Xandra, depuis son retour
il y a une semaine, elle a la tête dans les nuages. Je lui ai donc donné deux
jours de repos, histoire de se décompresser. Là maintenant je dois tout gérer
toute seule. Les dossiers ne cessent de s’empiler sur mon bureau. Il me faut
trouver un temps pour m’asseoir et les étudier avant de les signer. Il faut que
Travon rentre pour me donner un coup de main.
‒ Madame, votre
rendez-vous de 15h est là, me prévient mon assistante personnelle.
‒ Où
est-il ?
‒ Dans votre
bureau.
‒ Ok j'y
vais. Merci !
Je quitte la
salle de conférence pour mon bureau où je discute pendant près d’une heure avec
mon invité. Je le raccompagne à l’ascenseur après notre entretien. Bon là je
crois que j’ai besoin d'une pause, surtout avec ces talons qui me chauffent les
pieds.
‒ Combien de
rendez-vous me reste-t-il pour ce jour ? Demandé-je à mon assistante.
‒ Encore
deux, Madame.
‒
Reporte-les à demain. Je ne veux plus recevoir quelqu’un pour le reste de la
journée. Employés comme partenaires. Je ne suis pas là. Enfin, sauf pour mes
enfants. Si mes fils viennent qu'ils rentrent me voir.
‒ C’est
compris, Madame.
J'entre dans
mon bureau que je referme derrière moi.
‒ Enfin
seule, soupiré-je d'aise.
Je retire
mes talons que je balance sous mon bureau. Je me sers un bon verre de jus de
fruit qui me fait un bien fou dès la première gorgée. Je me détends dans le
divan, mon verre toujours à la main. Je ferme les yeux, histoire de savourer ce
petit moment de repos. Mais il est de courte durée car des coups frappés à la
porte de mon bureau m'interrompent.
‒ J’ai dit
que je ne voulais voir personne, hurlé-je les yeux toujours clos.
La personne
insiste.
‒ Qui que
vous soyez, fichez-moi la paix. Je ne suis pas là.
Plus de
coups. Mais je suis surprise d’entendre la porte s’ouvrir. Non mais ça ne va
pas ? Quel employé a cette audace d’entrer dans mon bureau sans mon
consentement ? Sans regarder encore, je me mets à chercher par terre mes
talons pour les lancer à la figure de cette personne qui dérange ma
tranquillité. Je m’en fiche si c’est le pape. Fallait pas qu’il me dérange. A
défaut de mes chaussures, je trouve une petite boule de cristal.
‒ J’ai dit
que je ne voulais pas être…
‒ Même par
moi ?
Je me
redresse d’un coup. Je laisse tomber la boule.
‒
Derrick ?
‒ Trois ans
que nous ne nous sommes pas vus et c’est comme ça que tu m’accueilles ? me
reproche-t-il le sourire aux lèvres.
Je suis
comme hypnotisée devant lui. Je ne m’attendais pas à le voir aujourd’hui, ni
maintenant. Je ne sais pas si c’est l’effet de surprise mais je suis traversée
par toutes sortes d’émotions indéchiffrables. Mais je suis surtout très
heureuse de le revoir, en pleine forme surtout, même s’il a pris un coup de
vieux. Je me presse d’aller l’enlacer. Me sentir de nouveau dans ses bras après
trois ans, ça fait… ça fait beaucoup de choses. Nous restons étreints pendant de très longues
minutes comme si nous voulions rattraper ces années de séparation.
‒ Comme ça
fait du bien de t’avoir de nouveau dans mes bras, me chuchote-t-il à l’oreille.
‒ Enfin tu
es là !
Nous nous
séparons enfin et avec les yeux pleins d’étoiles nous échangeons un regard puis
un sourire. Je finis par lui donner une tape dans le côté.
‒ Pourquoi
ne m’as-tu pas dit que tu rentrais ?
‒ Je voulais
te faire une surprise. Vous faire une surprise à tous.
‒ Et c’est
réussi. Viens là !
Je le prends
de nouveau dans mes bras avant que nous ne nous asseyions. Je demande à mon
assistante de nous apporter de quoi trinquer au retour de Derrick. C’est dingue
comme je suis heureuse de le revoir. Il a pris un coup de vieux avec ses
cheveux devenus légèrement gris mais il n’a rien perdu de sa superbe. Il a
gardé sa sculpture de sportif.
‒ Je suis
vraiment fier de ce que tu as fait de la boite. C’est magique. J’en suis épaté.
‒ Je ne fais
que suivre tes pas. Et les enfants s’y sont donnés corps et âmes. Mais ne
parlons pas boulot maintenant. Je veux tout savoir de ce que tu as fait durant
ces trois ans.
‒ Je n’ai rien fait d’extra si ce
n’est penser à toi.
‒
Derrick ! Dis-je en rougissant.
‒ A toi et
aux enfants.
‒ Je préfère
ça.
‒ D’ailleurs,
où sont-ils ?
A peine la question posée que la
porte s’ouvre sur les garçons. Dès qu’ils voient leur père, ils se mettent à
hurler de joie. Ainsi commencent les étreintes et des retrouvailles pleines
d’émotions entre le père
et ses deux garçons. William part chercher du champagne qu'il pète en l’honneur
de son père. Les garçons sont hyper heureux de retrouver leur père au point où
je suis ignorée pendant leur conversation. Mais je suis quand même heureuse de
les avoir près de moi. Je peux dire que ma famille est maintenant réunie.
‒ C’est
Xandra qui sera heureuse, dit Will.
‒ Où
est-elle, d'ailleurs ? Demande Derrick. Je ne l'ai pas encore vue.
‒ Je lui ai
donné quelques jours de repos, l'informé-je.
‒
Qu'a-t-elle ? Elle est malade ? S’inquiète Derrick.
‒ Non. Juste
fatiguée. Enfin, les choses de ta fille quoi. Elle fait sa princesse.
Il sourit.
‒ J’ai hâte
de la voir. Je passerai chez elle tout à l’heure. Bon sang, comme je suis
heureux de retrouver ma famille.
‒ Nous aussi
papa, se réjouit Travon. Tu nous as tellement manqué.
‒ Et si
demain soir on se faisait un diner en famille dans la grande maison, propose
Derrick. Je m'y suis réinstallé.
Nous
approuvons tous. Les garçons me font rapidement le point de leurs différentes
tâches du jour et nous nous détendons à discuter avec Derrick. Je ne cesse de
le regarder tellement surprise et heureuse de le voir.
De retour à
la maison, je décide de préparer le dîner. Ça faisait un bon bout de temps que
je ne l'avais plus fait à cause du boulot. Je rentrais toujours épuisée à la
maison. Je me sens d’humeur joyeuse ce soir. Je me surprends à fredonner un air
pendant que je m’applique.
‒ Que nous
vaut l’honneur de cette joie ?
Je me
retourne et remarque la présence de Clinton.
‒ Oh chéri
tu es là ?
Je l’embrasse
langoureusement. Il m'a l’air surpris.
‒ Eh ben dis
donc. Tu es toute joviale ce soir. A quoi s'est dû ?
‒ Quoi ?
Je n’ai plus le droit d’embrasser mon mari ou de cuisiner pour lui ?
‒ Si si.
Juste que… bref. Ça me fait plaisir de te voir comme ça.
‒ Monte donc
prendre ton bain et reviens pour que nous dînions. C’est déjà prêt.
‒ Ok chef.
Je
l’embrasse une dernière fois avant de le pousser hors de la cuisine. Jusqu’à ce
qu'il redescende, j’ai déjà tout disposé sur la table à manger. Nous nous mettons
donc aussitôt à table. Je l’écoute me raconter sa journée qui était riche en
hilarité.
‒ Alors et
la tienne ? Me questionne-t-il.
‒ Oh très
épuisante. Mais devine quoi ?
‒
Quoi ?
‒ Derrick
est de retour. Il est enfin rentré.
‒ Derrick
WILLAR ?
‒ Oui. Les
enfants étaient fous de joie tu n’imagines pas.
‒ Je vois
maintenant.
‒ Vois
quoi ?
‒ Pourquoi
tu es tant enthousiaste, me dit-il sur un ton qui me fait me rendre compte
moi-même de mon état.
‒ Oh non
chéri ce n’est pas ce que tu crois. Je suis…
‒ C’est tout
à fait normal que tu sois heureuse du retour de Derrick. Je te chahute juste.
J'en suis moi-même ravi. Ça se voyait qu’il manquait aux enfants. Surtout à
Xandra.
‒ Oui. Il
veut que nous fassions un dîner familial demain soir pour fêter son retour. Tu
vas donc devoir descendre du boulot un peu plus tôt pour que nous y allions.
‒ Non. Il
est préférable que tu y ailles seule. C’est un moment à vous.
‒ Mais tu
fais aussi partie de la famille.
‒ Je sais
mais je préfère rester. En plus Derrick et moi n'avons pas vraiment parlé en
tête à tête depuis le mariage. Je préfère briser cette glace à un autre moment
que celui-là.
‒ Tu en es
sûr ?
‒
Évidemment, conclut-il en me caressant la main.
*Mona
*LYS
Pour la
première fois depuis trois ans, je foule la grande maison familiale. Je n'y
suis plus revenue même après la réhabilitation pour fuir tous les mauvais
souvenirs qu'elle renferme. Nous avons traversé trop de tragédies dans cette
maison. Et si ça n'avait été à cause de Derrick, plus jamais je n'y aurais
remis les pieds.
En avançant
dans la maison, je me rends compte du total changement qu'il y a eu. La déco
est carrément différente et certaines pièces ont été modifiées. On ne dirait totalement
pas la même maison. Je retrouve Derrick dans le grand salon sirotant son verre.
‒ A quel
moment as-tu opéré tous ces changements dans la maison ? Lui demandé-je en
le rejoignant.
‒ Depuis ma
cachette j’ai contacté des gens pour s'en occuper. Je voulais faire un peu
disparaître tous les mauvais souvenirs de cette maison.
‒ Et tu as
réussi.
Nous
échangeons un sourire. Il se lève et vient me prendre dans ses bras.
‒ Je suis
heureux de te revoir, Rima.
‒ Moi aussi.
Et si tu me racontais ce que tu as fait tout ce temps loin de nous, le temps
que les enfants arrivent.
***WILLIAM
Je fais un
tour à la boîte où travaille Aurelle la chercher pour nous rendre au dîner
familial. La connaissant, je parie qu'elle a déjà oublié. Il n'y a que son
travail qui soit le centre de sa vie, au point où elle s'en fiche du bien-être
du bébé qu'elle porte. Elle avait rendez-vous avec son gynécologue il y a deux
jours et depuis elle n'y est pas allée. Madame a remis le rendez-vous pour ce
week-end, enfin si elle n'a pas de boulot. Je crois qu’il est temps que je la
mette au pied du mur. Elle doit faire un choix entre son travail et sa famille.
Je gare
devant l’entrée principale et connaissant son bureau je m’y rends. Le vigile me
fait signe qu'elle est toujours là. Je lui suis familier car c’est moi qui
dépose Aurelle chaque matin. Les locaux me semblent vides. Normal, il fait nuit
et normalement les bureaux ferment à 16h30 minutes, voire 17h au plus. En
arrivant vers le bureau, je perçois des voix. Je reconnais celle d’Aurelle. La
porte n'étant pas fermée, je me permets d'entrer et là, le spectacle qui me
tombe sous les yeux me glace le sang. Aurelle et son patron s'embrassant. Cet
enfoiré la tient fermement. Tellement qu’ils ne se rendent compte de ma
présence que lorsque je me mets à battre des mains.
‒ Bravo
Aurelle ! Dis-je en la fixant alors qu'elle quitte rapidement les bras de
son patron.
‒ Oh mon Dieu !
Will !
‒ C’est donc
ça la raison pour laquelle tu restes tardivement au travail. C’est donc pour
cet homme que tu me traites comme ton ennemi. Waouh ! Toutes mes
félicitations. J’espère que tu as eu enfin la promotion que tu désirais tant.
‒
Will ! Je t'en prie. Ce n’est pas ce que tu crois. Laisse-moi t’expliquer.
‒ Ne
t’inquiètes pas. J’ai déjà tout compris. Tu as enfin ta liberté. Tu pourras
gagner tout l'or du monde pour prendre soin de ta famille en étant la maîtresse
de ton boss. C’est bien. Mais fais-moi une faveur, attends de mettre mon fils
au monde avant d’écarter tes jambes. Je ne veux pas qu’il soit souillé.
‒ Bébé,
non ! Attends…
Je sors de
là avant de péter un câble et faire n'importe quoi. Je préfère aller rejoindre
ma famille. J’ignore Aurelle qui me court après. Je monte dans ma voiture et
dégage de là vite fait. Je suis tellement furieux que je grille un feu rouge,
manquant d’occasionner un accident. Elle a osé me tromper avec ce type ?
Pourquoi ? Pour de l’argent ? Je suis plus riche que lui, diantre. Je
ne vois rien d'autre qu’il peut bien lui offrir parce qu'aux dernières
nouvelles, je la traite bien. Je lui donne de la liberté. Beaucoup trop de
liberté même, raison pour laquelle elle a eu le toupet de me tromper avec cet
énergumène.
Je cogne sur
le volant de plus en plus furieux. La garce, elle m'a vraiment eu.
J'arrive à
la maison familiale sans avoir décoléré mais remarquant depuis le seuil
l’ambiance joviale qui y plane, je fais l’effort d’afficher une mine neutre. Je
ne veux pas gâcher la soirée. Tout le monde est déjà là. Je les salue tous et
m'assois près de ma mère dans le divan. Mon neveu Travis vient s’asseoir à son
tour sur mes jambes.
‒ Elle est
où Aurelle ? Me questionne ma mère.
‒ Au
travail, rétorqué-je dans un raclement de gorge. Je ne sais pas si elle
viendra.
‒ Mais
appelle-la. C’est vous qu'on attendait pour passer à table.
‒ On peut y
aller maman.
‒ Mais…
« Bonsoir. »
Je ne prends
pas la peine de lever la tête vers Aurelle qui vient de faire son entrée. Les
autres répondent à sa politesse et nous nous dirigeons vers la salle à manger.
Aurelle me retient de côté, loin des regards des autres.
‒ Bébé je
t'en prie, laisse-moi t’expliquer ce que tu as vu.
‒ Nous
sommes chez mes parents et je te prie de ne surtout pas m’énerver. Restes loin
de moi. Je ne veux rien entendre. Est-ce clair ?
Je la plante là et rejoins les
autres autour de la table. Bien évidemment la place d'Aurelle est juste à côté
de la mienne. Je garde ma tête dans mon plat au risque de montrer à tous ma
mauvaise humeur. Tout le monde a l’air si heureux. Je devrais normalement être
dans ce même état mais là j’ai tout simplement le cœur brisé. La femme que je
rêve tant d'épouser était dans les bras d'un autre homme. Ça fait un mal de
chien.
‒ Will ça
va ? S’inquiète ma mère. Tu es très silencieux.
‒ Tout va
bien maman. Je suis juste un peu épuisé.
‒ Alors,
c’est pour quand le mariage ? Interroge mon père cette fois. Ta mère n'a
pas cessé de me mettre la pression pour que je rentre à temps pour y assister.
A l’entente
du mot mariage, la colère qui bouillonnait en moi redouble. Je vide mon verre
d’une traite.
‒ Il n'y
aura plus de mariage, répondé-je sèchement, au grand dam de toute la famille.
Tout est annulé.
Un vent
glacial souffle dans la pièce. Les mouvements sont suspendus.
‒ Je t'en
prie Will, ne fais ça, me chuchote Aurelle la voix tremblante.
‒ C’est quoi
cette histoire, Warisse ? Demande ma mère toute surprise.
‒ Il n'y a
plus de mariage c’est tout. Si vous tenez tant à connaître les raisons, eh bien,
demandez-les à Aurelle. Elle est la mieux placée pour répondre. Veuillez
m’excuser.
Je me lève à
peine de table qu'Aurelle m’attrape le bras.
‒ Bébé je
t'en prie, ne fais pas ça, me supplie-t-elle en pleurs. Je suis sincèrement
désolée.
‒ Ne me
touche plus jamais, fais-je en me dégageant avec hargne. Je reste calme à cause
de ton état mais ne me pousse surtout pas à bout.
Je pars pour
de bon de la maison malgré les interpellations de ma mère. Je ne veux pas parler maintenant. J’ai
seulement besoin d’évacuer.
J’en suis à
mon troisième verre et déjà je me sens partir. C’est bizarre. Trois verres ne
me saoulent pas d’habitude. La serveuse a dû doubler ma dose. Mais ça ne fait
que m'aider à oublier mon chagrin. Si j’ai horreur d'une chose, c’est de la
trahison. Cette femme, je l’aime de façon démesurée. J'avais d’énormes projets
pour tous les deux mais surtout pour elle. J’étais prêt à tout pour la rendre
heureuse mais elle a préféré son imbécilité de patron à moi.
Je coupe le
énième appel de ma mère avant d’éteindre définitivement mon portable. Je veux
demander un quatrième verre mais je me sens beaucoup trop faible. Je suis même
pris de vertige. Qu'a mis la serveuse dans mes boissons pour que je me sente
ainsi désorienté ? Je dois rentrer avant de m'effondrer dans ce lieu. Je
me lève de mon siège, pose les pieds à terre et hop je dégringole. Je suis
rattrapé de justesse par un homme bien costaud. Il me conduit dans une autre
direction que la sortie.
‒ Où
m'emmenez-vous ? Lui demandé-je de plus en plus étourdi.
‒ Vous n’êtes
pas en état de conduire alors je vous conduis dans l'une des chambres du haut.
Demain vous pourrez rentrer.
Je me laisse
conduire comme un mouton qu’on mène à l’abattoir jusqu’à une chambre très peu
éclairée. Je me laisse tomber sur le lit. Quand l'homme me laisse tout seul, je
reste allongé à reprendre mes esprits ou plutôt à chercher le sommeil. Je
ressens subitement une caresse sur ma jambe gauche. J’ouvre rapidement mes yeux
et tombe sur une femme au
visage masqué. J'essaie de me lever mais elle m’en empêche.
‒
Chuutt !!! Reste tranquille. Laisse-moi prendre soin de toi, mon amour. Tu
m'as tellement manqué.
Cette voix...
Elle m'est familière mais dans mon état il m’est impossible d’y mettre un
visage. La femme entreprend de me déshabiller. Dans un premier temps j’émets de
la résistance mais j'abdique très rapidement. Je me laisse faire et une fois
totalement nu comme un verre, tout mon corps est parsemé de baisers qui
réveillent mes sens mais surtout ma libido. Quand je sens quelque chose de
glacé sur ma verge, je pousse un long soupir d'aise. J'ai vraiment besoin de me
détendre. Je profite de cette sucette les yeux fermés. Seulement, l'image
d'Aurelle et son patron me revient et là je me relève d'un bond, retourne la
fille et la pénètre sans penser à me protéger. Aurelle ne mérite pas que je lui
reste fidèle après ce qu'elle m'a fait. Je vais vider toute ma frustration sur
cette femme masquée.
Je suis
réveillé par les rayons de soleil qui traversent les rideaux. Je suis tout
alourdi avec un mal de crâne atroce. Je regarde autour de moi et je ne suis pas
chez moi ? C’est quoi d’ailleurs cet endroit ? Comment suis-je arrivé
là ? Et pourquoi suis-je tout nu comme si… De petits flashs me reviennent.
Il y avait une femme. Son odeur est même encore présente dans la pièce. Qui
était-elle ? Et… avons-nous couché ensemble… ?
‒
Putain ! Dis-je en m'attrapant la tête qui me fait de plus en plus mal.
Je ne me
souviens de rien. Je sais juste que j’étais saoul et après il y avait une femme
mais après plus rien. J’espère juste n’avoir pas fait de bêtise.