Épisode 5

Ecrit par Mona Lys

Episode 5



CINDY


Flash-back cinq ans plus tôt


J’adore mon travail et ma patronne. Loraine, cette femme est en même temps sympathique et  intimidante. Quand tu fais les choses de travers elle te remet vite fait bien fait à ta place mais je l’adore quand même. Sa bouche pique comme du piment. Elle est mon modèle féminin. Je veux être aussi courageuse et caractérielle qu’elle. Elle tient tout le monde d’une poignée de main.


– Cindy il y a un livreur pour toi.


La voix de ma collègue me fait revenir à moi tant j’étais concentrée sur le travail. Je vais à la réception trouver ce livreur qui est là pour moi. Je suis surprise même qu’un livreur demande après moi. Je n’ai rien commandé.


– Bonjour monsieur.

– Bonjour madame. C’est bien vous Cindy ?

– Oui.

– J’ai une livraison pour vous de la part de monsieur Ken KALAMBAY.


Je souris et prends le paquet. C’est la bouffe venue tout droit de chez mon restau préféré. Quand je regarde à l’intérieur je souris encore plus. Deux hamburgers avec des crispy à la place du steak plus du Moka café. Le Moka café c’est la seule boisson que je bois et ça Ken l’a remarqué. Je sors mon portable de la poche arrière de mon jeans et lance son numéro. Il ne répond pas. Il doit surement être occupé. Je reçois aussitôt un message de lui.


– « Peux pas parler. T’as reçu ton déjeuner ? »

– Oui merci. Tu t’es souvenu de mes goûts. Ça me fait plaisir.

– « Comment ne pas m’en souvenir quand tu passes ton temps à bouffer quand nous sommes ensemble. » 


J’éclate de rire et me reprends aussitôt quand je vois des têtes se tourner vers moi.


– Merci ! Je vais me régaler.

– « Et tu ne penses même pas à m’inviter. Motema mabé (Méchante). »


Je souris.


– Désolée. Je t’invite alors.

– « Tu m’invites avec un mauvais cœur. Si je le mange je meure direct. Bon je t’appelle après. Ma mère n’arrête pas de me reprocher que je suis distrait à la réunion de famille. »

– Ok. À plus.


C’est le sourire aux lèvres que je déguste mes hamburgers. En seulement un mois Ken et moi sommes devenus proches. J’aime son nouveau lui. Il est carrément différent de celui qui m’a harcelé pendant un mois. Depuis ce soir-là, où nous avons diné ensemble à cause de la pluie, je suis devenue plus cool avec lui surtout que lui m’avais montré une autre facette de sa personnalité. Il m’a expliqué qu’il se faisait passer pour un enfoiré parce que dans le passé il se faisait constamment mépriser. Alors avec cette personnalité de Bad boy il se faisait plus respecter. Depuis un mois qu’on se fréquente il n’a jamais eu de geste déplacé encore moins de propos tordus. Il se comporte en véritable gentleman et j’adore. Il est à mes petits soins. Nous échangeons beaucoup sur nos vies, nos ambitions et nos rêves les plus fous. Il est super cool je l’avoue.


Le boulot terminé je prends mon portable pour l’appeler mais aucune réponse. J’essaye en me dirigeant vers la sortie mais toujours aucune réponse. Dès que je mets les pieds hors de la boutique je le vois adossé à sa voiture toujours aussi craquant dans son jeans, son tee-shirt et par-dessus le détail qui le rend encore plus craquant, sa casquette. C’est vrai qu’au début j’ai trouvé ça anodin mais je le trouve trop sexy avec ses casquettes. Je ne connais d’ailleurs aucun homme à part lui qui adore autant les casquettes. Il en a de toutes les couleurs et tout le temps que nous nous sommes vus pendant un mois il ne s’est jamais présenté sans. Ça le rend différent. Il dit qu’il porte des costumes uniquement pour des rencontres d’affaire. Mais moi je le préfère ainsi. Un homme qui porte des casquettes, c’est sexy.


– Je ne savais pas que tu venais. Dis-je avec le sourire.

– T’as oublié que tu avais fait de moi ton Huber ? 

– Oh oui c’est vrai. Merci de me le rappeler. Alors on fait quoi ce soir ? 

– Que veux-tu faire ? Demande-t-il en ouvrant la portière de sa voiture.

– Tout ce que tu veux, je réponds en prenant place. Aujourd’hui c’est vendredi et j’ai envie de m’amuser. Trop de boulot cette semaine.

– Ça tombe bien alors. Mon meilleur ami donne une fête à la plage. Il fête ses fiançailles.

– Cool. Je me change et on y va.


Il fait un sourire en coin et referme la portière. Je le trouve sexy quand il sourit en coin. Il reste en bas dans sa voiture tandis que moi je monte me préparer rapidement. Il n’est jamais monté chez moi et ne le veux même pas. Je crois que c’est pour éviter de me sauter dessus. Je le rejoins à nouveau en bas dans ma petite robe rouge qui m’arrive juste sur les genoux. Sexy mais pas vulgaire. Quand il me voit il reste la bouche ouverte pendant de bonnes minutes. Je rigole ce qui le ramène à lui et nous prenons la route pour Bassam. La fête a déjà commencé et après les présentations je saute sur la nourriture. Ken me lance un regard moqueur. Je lui tire ma bouche et mange avec appétit. Oui j’adore manger. C’est mon péché mignon.


– Je me demande où va tout ce que tu manges, chuchote-t-il près de mes oreilles. Tu n’as pas pris un seul kilo depuis que je te connais.

– La nourriture s’évapore dans mes organes.

– C’est ça. Grosse bouffeuse.

– C’est ce que tu aimes n’est-ce pas ?


Il sourit juste et prend son verre qu’il porte à ses lèvres. Après m’être empiffrée je commence  à bouger au son de la musique dans mon coin. J’aime aussi m’amuser. Sans m’en rendre compte je me mets véritablement à danser. Ken lui discute avec son pote et quand je tourne la tête vers lui je le vois me regarder avec des yeux brillants. J’adore la manière dont il me regarde. Ça n’a rien de pervers, c’est un regard doux d’un homme admiratif. Son ami est tiré par sa fiancée et Ken part s’asseoir. Je vais le tirer pour danser.


– Cindy non je n’aime pas danser.

– Arrête de faire ton timide.


Je le mets debout et commence à danser devant lui. Je le sens gêné mais je m’en fiche. Je me tourne et trémousse mon derrière devant lui. Je fais ça juste pour l’embêter. Il est trop timide ce qui me surprend d’ailleurs. Il veut retourner s’asseoir mais je le retiens.


– Cindy !!

– Alleezzz.


On reste là à lutter quand la musique change pour un slow. Je m’agrippe aussitôt à son cou. Il roule les yeux.


– Je regrette de t’avoir emmené ici, me dit-il en mettant ses mains sur mes hanches.

– Qui me fréquente subit ma bonne humeur.


Il fait un sourire en coin. Nous dansons lentement et je me sens bien dans ses bras. Je me sens en sécurité. Je me couche sur sa poitrine en continuant à bouger.


– J’aime comme t’es Ken.

– Je t’aime Cindy !


Je me crispe. Il se crispe aussi et quand je lève les yeux vers lui il fuit mon regard.


– Qu’est-ce que tu as dit ?

– J’ai dit euh, que moi aussi j’aime comme t’es. On devrait rentrer. Il commence à faire tard.

– Ok.


Le trajet retour se fait dans le silence. Un silence qui me gêne alors je mets en marche son lecteur et mets de la musique avec un volume élevé. Je danse dans la voiture. Il me regarde et secoue la tête. Je bouge et l’incite à faire les mêmes choses que moi. Au début il est réticent mais il finit par se lâcher. Nous chantons en chœur et bougeons pareillement. Ok nous n’avons pas de très belles voix mais nous nous éclatons comme des fous. Je mets du rap et lui retire sa casquette que je porte à l’envers. Il se met à rire face à mon rap.


– Tu es tarée Cindy !

– C’est mon nom de caresse, tarée.


Nous arrivons enfin et comme mes chaussures me font mal, je les retire.


– Tu vas marcher nus pieds jusqu’à ton appartement ?

– Oui. J’ai mal aux pieds. Tu me soulèves ?

– Y a pas moyen.

– Ok donc je vais m’asseoir par terre jusqu’à ce qu’une âme généreuse vienne me porter.


Je sors de sa voiture et vais m’asseoir devant mon immeuble à même le sol. Ken descend en secouant la tête et vient me soulever. Je ne sais vraiment pas ce qui me pousse à être autant à l’aise avec lui. J’ai l’impression de le connaitre depuis toujours. Ce mec à réussir à me faire baisser la garde, moi qui étais tout le temps sur la défensive la première semaine après notre diner. Mais par ses mots et ses petites attentions il a touché mon cœur et m’a rendu accessible. Je ne le regrette pas parce qu’il est un homme génial quoi que un peu calme, mais j’adore. Son côté réservé le rend encore plus sexy. Purée je crois que je suis en train de tomber amoureuse de lui !


Il me fait descendre une fois arrivés devant chez moi. J’ouvre la porte mais il refuse d’entrer.


– Tu as peur de rester seul avec moi ou quoi ?

– Rien à avoir. Il se fait tard et j’ai du boulot demain.

– Ok.


On reste là à se regarder. Je sens mon cœur battre différemment. J’ai envie qu’il m’embrasse.


– Ma casquette. Dit-il pour briser ce charme entre nous.

– Non je la garde.

– Hors de question.


Il essaye de me l’enlever mais je refuse. Une lutte s’en suit et je me retrouve plaquée à lui. Il passe automatiquement son bras autour de ma taille. Nos regards s’accrochent et n’en pouvant plus de lutter contre cette envie je l’embrasse. Disons que nous nous embrassons parce que lui aussi a fait un pas en avant. Ce baiser me téléporte dans un autre monde. Il est tout simplement divin. Tout comme sa personne, ce baiser est doux et tendre. J’attrape sa nuque pour approfondir le baiser. C’est à ce moment qu’il se dégage.


– Non je ne peux pas faire ça.


Il s’excuse et s’en va en portant sa casquette. Moi je reste là toute émoustillée par ce baiser. Il faut que j’aille dormir.


Je n’ai pas fermé l’œil de la nuit à force de repenser à ce baiser. Je suis en train de tomber amoureuse de Ken et ça je ne le veux pas. Peut-être qu’il est en train de jouer avec moi. Pff. Je finis de prendre ma douche et alors que je m’habille pour aller faire mon petit déjeuner on sonne à la porte. Quand je vais ouvrir c’est un Ken cintré dans un costume qui apparait.


– Que fais-tu là de si bonne heure ?

– Je mourrais d’envie de te voir avant d’aller à mon rendez-vous d’affaire.

– Mais il est…


Je n’ai pas fini ma phrase qu’il saute sur mes lèvres. Il claque la porte d’un coup de pied et sans perdre une minute commence à se déshabiller. 


– J’ai grave envie de toi. Je n’ai pas cessé de penser à toi toute cette nuit.


J’ai envie de le repousser mais quand je repense au baiser une chaleur nait en moi alors je me laisse faire. Je marche à reculons jusqu’à le conduire dans ma chambre. Il me jette aussitôt sur le lit. Je suis surprise par tant de brutalité pour quelqu’un qui est tant calme. Je le regarde et ce que je vois me surprend. On aurait dit une autre personne. Il me regarde comme à notre toute première rencontre. Je n’aime pas ce regard mais j’ai envie de lui. Il me tire jusque sur le bord du lit avant d’ouvrir mon peignoir. Je suis nue en dessous.


– Putain  bordel de merde. Ton corps est grave bandant.


Je tique. Est-ce vraiment le même Ken ? Je refoule toutes les questions lorsqu’il commence à parsemer mon cou de baiser après avoir enfilé un préservatif. Il empoigne mes seins et alors que je commence à prendre du plaisir il me pénètre violemment. Je hurle de douleur mais ça ne le freine pas. Il me cogne durement. Tantôt c’est bon tantôt c’est douloureux puis un moment ça devient totalement douloureux. J’ai envie de le repousser mais je serre les dents pour le laisser finir. Il me retourne dos à lui, les fesses en l’air et recommence avec toujours autant de brutalité.


– Argh ! Tu es trop bonne ma salope.


Il finit sa phrase en se vidant. Je suis dégoûtée. Il tombe près de moi comme un taureau.


– Rhorr bon sang tu es vachement bonne.

– Tu es sérieux ? Je demande choquée et dégoutée.

– T’as pas aimé ?

– Tu m’as fait l’amour sans même t’occuper de si j’aimais ou pas et c’est maintenant que tu me le demandes ? C’est quoi ce comportement de macho Ken ?

– Tu veux qu’on recommence pour que je te donne du plaisir ?

– Pourquoi étais-tu brutal ?

– Parce que j’aime quand c’est hard bébé. Putain j’ai encore envie de toi. Dommage que j’aie un rendez-vous tout à l’heure. Mais bon peut-être que je reviendrai ou pas. De toute façon je t’ai déjà eu.


Il se lève du lit et se met à s’habiller sans tenir compte de mon air choqué. Il me fait un smack et s’en va. Il m’a déjà eu ? C’est bien ce qu’il a dit ? Donc tout ce temps ce n’était qu’un jeu ? Je ne suis qu’une conne.


Ma sœur vient de partir de chez moi, je deviens morose à cause de ce qui s’est passé avec Ken. Et moi qui pensais qu’il allait être doux comme il n’a cessé de l’être tout ce temps. Pff le salaud m’a bien eu. Je décide d’aller faire la cuisine pour m’occuper un peu l’esprit. Dès que je mets la casserole d’eau sur le feu pour les pâtes, on sonne. C’est peut-être Estelle qui a oublié quelque chose. Quand j’ouvre je vois Ken. Il retourne sa casquette aussitôt. C’est sa manière à lui de me faire comprendre qu’il regrette son acte. Il dit que quand un chien fait une bêtise, il ramène ses oreilles en arrière et les fait coucher. Sa casquette à lui c’est comme les oreilles d’un chien. Toutes les fois que je l’ai boudé, il l’a retourné pour me faire savoir qu’il s’en veut.


– Je croyais que tu m’avais déjà eu et que tu n’allais plus revenir.

– J’ai été con de le dire et tu as toutes les raisons du monde de m’en vouloir. Je ne sais d’ailleurs pas pourquoi j’ai dit une telle chose.

– Tu peux retourner d’où tu viens.

– Laisse-moi me racheter s’il te plait.


Je veux l’envoyer paître mais son regard si tendre me fait chavirer.

 

– Je ne coucherai plus avec toi.

– C’est comme tu veux.

– Et tu me donnes ta casquette. 


Il sort une casquette de derrière lui.


– C’est pour toi.

– Comment as tu su que je te le demanderais ?

– Peut-être parce que tu m’as déjà piqué deux casquettes.


Je souris. Il pose la casquette sur ma tête accompagné d’un magnifique sourire. Je le laisse entrer et referme la porte derrière.


– Tu as déjà diné ? Me demande-t-il ?

– Non. Je venais à peine de mettre l’eau des pâtes sur le feu.

– Ok j’ai acheté de quoi nous faire de la pizza.

– Tu sais faire de la pizza.

– Je suis le meilleur pizzaiolo du monde.

– L’orgueilleux carrément.

– Tu aimes bien ça n’est-ce pas.

– Meum pas.


Il sourit en allant à la cuisine. Il met la musique dans son portable et c’est en chantant que nous cuisinons. Un moment nous nous comportons comme des gamins et nous salissons avec la farine. Nous nous en mettons partout. Il m’emprisonne les deux bras et prend dans sa main une grande poignée de farine qu’il dirige vers mes cheveux.


– Non pas mes cheveux je t’en prie.

– Dis pardon tonton.

– Jamais !

– Ok tu l’auras voulu.


Il rapproche sa main de ma tête.


– Non, non, non ! Pardon tonton.

– Quoi je n’ai rien entendu ?

– Pardon tonton, papa, tantie, maman, mon roi, mon petit dieu. Pardon mon tout.


Il pouffe de rire sans toutefois libérer mes bras.


– Grosse peureuse.


Quand il dépose la farine nous nous mettons à rire à gorge déployée. Il se rapproche de moi et me caresse la joue. Il devient sérieux.


– Tu es belle toute blanche comme ça.

– Je ressemble à un fantôme.

– Un fantôme qui ne me laisse pas indifférent.


Nos lèvres se rapprochent et se scellent. Je préfère quand il m’embrasse comme ça plutôt que la dernière fois quand on devait coucher ensemble. J’aime le goût de ses lèvres.


– Ken je ne coucherai pas avec toi. Lui dis-je entre deux baisers.

– On ne fera rien. J’adore tes lèvres même si tu parles un peu trop.


Je souris entre ses lèvres et approfondis le baiser. C’est l’odeur de la pizza qui commence à bruler qui nous sépare. Nous rangeons tout et nous mettons à table.


Deux semaines plus tard


Ce sourire débile ne veut plus me lâcher. J’ai passé une merveilleuse journée avec Ken. J’aime ses petites attentions. Bon nous ne sommes pas vraiment ensemble, c’est-à-dire qu’on se fréquente, on s’embrasse mais on ne va pas plus loin. Je veux prendre le temps de mieux le connaitre pour éviter qu’il me refasse le coup de la dernière fois. Quoique des fois, j’ai grave envie de me donner à lui surtout quand il est autant attentionné comme aujourd’hui. On a dû sortir pour éviter de se sauter dessus. Je cause par message avec ma sœur Estelle lorsqu’on sonne à la porte. Je suis surprise parce qu’il est 20h et je n’attends personne. Je demande qui s’est et c’est la voix de Ken qui me répond. Je suis surprise. Il est parti il y a à peine 45 minutes. Je lui ouvre.


– Tu es arrivé chez toi, tu t’es même changé et tu es revenu ? En si peu de temps ?

– Non je me suis rendue chez ma mère. Elle vit à deux rues d’ici.

– Ah ok.

– Je mourrais encore d’envie de te voir.


Je souris et lui cède le passage. Dès que je me retourne il me saute dessus et commence à m’embrasser avec fougue. J’y réponds mais lorsqu’il presse mes fesses je le repousse.


– Tu recommences Ken.

– Désolé. C’est juste que j’ai grave envie de toi.


Sans me laisser répondre il me tire contre lui et reprend ce qu’il faisait. Je gigote pour me libérer mais il me retient de force.


– Ken !

– Laisse-toi faire pétasse !


Là je le pousse violemment et lui assène une gifle. Je le vois serrer les mâchoires.


– Je t’ai dit de ne plus jamais m’appeler ainsi.

– Pourquoi faut-il toujours que tu compliques tout ? Nous nous entendons bien et maintenant que j’ai envie de te baiser tu t’y opposes.


Je le regarde choquée. Est-ce bien le même Ken avec qui j’ai passé une merveilleuse journée ? Est-ce bien ce Ken adorable ? Prenant mon silence pour un consentement il se colle à moi et glisse ses doigts dans mon dessous.


– Merde Ken arrête !

– Fais chier ! QUOI ?

– Pourquoi tu es comme ça ? Tantôt tu es doux tantôt tu es un véritable enfoiré. C’est quoi ton problème ? Je t’ai mainte fois dit que je détestais cet homme que tu es là maintenant. Je préfère ton autre toi. Alors si tu ne peux pas rester le Ken adorable et bien tu dégages et tu ne reviens plus. J’en ai marre de tout le temps jongler entre tes deux personnalités. Et puis merde tu dégages ! Je ne veux plus te voir.


Il me regarde tout furieux mais je demeure sur ma position. S’il pense m’influencer avec sa tronche de mec dangereux eh bien c’est raté. Il s’avance lentement vers la sortir. Un moment je l’entends soupirer. Un soupir de désespoir je veux dire. Je me retourne et le vois arrêter la main sur le poignet.


– Je suis malade Cindy. Je suis bipolaire.


Je reçois un choc. Il a dit quoi ?


– Ça a commencé quand j’étais ado. Je changeais de personnalité à tout moment et je faisais plein de dégâts. Ça a créé la division dans ma famille. Mes parents se sont séparés et j’ai commencé à être rejeté par tous. Tous mes proches avaient honte de moi. Mais ils ne comprenaient pas que je ne le faisais pas exprès. Je piquais des crises à n’importe quel moment. Le véritable Ken c’est l’autre qui porte tout le temps des casquettes sur des vêtements décontractés. Je n’ai jamais aimé les costumes et autres vêtements qui font trop sérieux mais le Ken maladroit et vulgaire si. Le Ken à casquette est fou amoureux de toi mais le Ken que j’ai été tout à l’heure n’aime rien d’autre que le sexe. Les femmes il n’en a rien à foutre. C’est pour toutes ces choses que je suis autant renfermé sur moi-même. Il n’y a que lorsque le Ken salaud apparait que je suis extraverti. Je suis désolé si je t’ai fait du mal. Je t’aime pour de vrai mais je comprends que tu ne veuilles plus de moi. Qui voudrais d’un homme malade dans sa vie.


Entendre toutes ces révélations me fait froid dans le dos. Je comprends maintenant ses changements de personnalités. Il ouvre la porte mais je me précipite vers lui pour la refermer. Il lève un regard triste sur moi. J’ai mal.


– Je t’aime aussi Ken et je veux être là pour toi. Tu dois te faire soigner et je veux aussi t’aider dans ce processus.

– Ne t’en sens pas obligée.

– Je ne le suis pas. En plus tu es la plus part du temps le Ken gentil donc ça va je peux gérer. Lorsque le Ken salaud apparaîtra puisque c’est lui ta deuxième personnalité et bien je trouverai comment le canaliser.


Il me regarde toujours avec autant de tristesse dans les yeux. Je me hisse sur la pointe des  pieds et capture ses lèvres. Il passe automatiquement son bras autour de ma taille en répondant à mon baiser.


– Viens que je t’apprenne à faire l’amour tendrement.

– Ok !


Je le tire jusque dans ma chambre et contrairement à notre première fois il est plus doux. Des moments il veut me brutaliser mais je le bloque et lui chuchote des mots doux. Ça le ramène à lui.


Retour dans le présent


J’essuie une larme après l’autre en revenant à moi. Je croyais que je pouvais le canaliser mais je me suis trompée. Avant notre mariage c’était le Ken sympa qui était tout le temps présent et l’autre n’apparaissait que quelques rares fois. Mais depuis que nous nous sommes mariés tout a changé. Il n’y a plus de Ken doux et de Ken salaud. Il n’y a qu’un seul Ken et c’est le mauvais, le salaud. Ça veut donc dire qu’il est guéri ou que son cas a empiré ? Je veux tellement qu’il redevienne doux, attentionné, romantique, tendre. Je me surprends à prier pour qu’il redevienne bipolaire. Au moins j’aurai souvent droit à un peu de tendresse.


Lorsque la porte de la chambre s’ouvre je me nettoie rapidement le visage. Le parfum de Ken rempli aussitôt la pièce. Je fais mine d’arranger le lit pour éviter qu’il voit mes larmes. Contre toute attente il m’enlace et place devant moi un énorme bouquet de fleur.


– Je te demande pardon pour tout, mon amour, chuchote-t-il à mon oreille. Donne-moi une chance de me racheter.


Il pose un baiser dans mon cou et ça me fait frissonner.


– Je t’aime Madame KALAMBAY.


Il me retourne et du bout des doigts essuie les fines larmes qui sont restées sur mon visage.


– Je promets de faire plus d’effort.

– Pourquoi le Ken que j’aimais a disparu ? Je croyais que c’était lui le vrai toi.


Il soupire avant de replonger son regard dans le mien.


– Il est là bébé et il ne s’en ira plus. Je me suis fait soigner et si j’ai décidé de garder le Ken salaud c’est par peur que les gens ne me rabaissent de nouveau et que toi aussi tu ne me quittes.

– Mais jamais je ne te quitterai. Je t’aime de tout mon cœur et tu le sais.

– Oui. Je me suis rendue compte de mes bêtises et je veux me racheter. Laisse-moi te montrer que le Ken que tu aimes est toujours présent et c’est lui seul qui restera. Je suis guéri et c’est moi qui décide de qui je veux être.

– Choisis donc le bon.

– C’est ce que j’ai fait. Ce soir comme tous les soirs à venir nous allons nous aimer. J’ai réservé une table pour la famille. Je veux qu’on rattrape le temps perdu,  avec les enfants aussi.

– D’accord ! Dis-je avec le sourire.

– Mais avant je vais prendre soin de toi comme jamais.

– Comment ?


Il commence à parsemer mon cou de doux baisers après quoi ses doigts parcourent mon corps lentement à me faire vibrer. Il me laisse un moment et se précipite dans la salle de bain. Je reste là à me demander ce qui se passe ? Dieu a-t-il entendu ma prière ? Il revient et sans me dire un mot me déshabille. Il me soulève ensuite après un baiser sur les lèvres et me conduit jusque dans la baignoire remplie de mousse et de pétales de rose. Il m’y pose délicatement avant de m’y rejoindre, complètement nu. Les baisers et les caresses reprennent. Il prend soin de moi comme j’aime. Alors que je commence à me détendre je le vois glisser la tête sous l’eau. Avant même que je ne demande ce qui se passe je reçois son premier coup de langue dans ma foufoune. Je vois direct les étoiles. Ça y est j’ai retrouvé mon mari. La dernière fois qu’il m’a fait ça c’était avant notre mariage. Je ne suis plus que gémissements et je vais devenir folle. Quand il me sent prête à exploser il se relève et me possède. Il me fait l’amour tendrement, passionnément, langoureusement. Je suis aux anges.


– Je t’aime Ken !

– Je t’aime Cindy !  


Je retrouve là, le Ken que j’ai toujours aimé. J’ai retrouvé mon mari.


L'autre Lui