Ami-Amour 

Episode 6

***Cynthia***

Ça fait deux semaines que je n’ai pas de nouvelles de Ryan. Je ne l’ai pas vu une seule fois et je n’ai même pas entendu sa voix. Je n’ose pas demander après lui à Maya. À vrai dire je refuse d’admettre qu’il me manque. Tout de lui me manque. Sa voix, ses caresses, ses lèvres, ses baisers et son petit lui. Je ne supporte plus cette distance entre nous et je ne supporte plus de ne plus le voir. Combien de fois je me suis retenue de ne pas l’appeler, de ne pas aller le voir à son boulot en prétextant être allée voir Maya. Combien de fois je me suis retenue d’aller chez lui pour lui dire que j’ai besoin de sa chaleur. Je crois que je suis en train de tomber amoureuse de lui. Mais cette peur d’une nouvelle déception me tétanise. J’ai envie d’essayer à nouveau mais en même temps je crains le pire. Je me rends dans la chambre de Maya faire semblant de lui demander quelque chose en espérant qu’elle me donne une commission de Ryan qu’elle a certainement oubliée. Elle se prépare pour le boulot. 

Moi : Maya tu n’as pas vu mon eye-liner ? 

Maya : Non j’ai le mien. 

Moi : Ok. Dis tu auras une pause aujourd’hui pour qu’on puisse déjeuner ensemble ? 

Maya (souriant) : Pourquoi tu ne vas le voir à son bureau au lieu de me prendre comme prétexte. 

Moi : Je ne vois pas de quoi tu parles. 

Maya : Oui c’est ça. Viens t’asseoir ici. 

Nous nous asseyons toutes les deux sur son lit pour mieux discuter. 

Maya : C’est quoi le problème ? 

Moi : Il me manque. 

Maya : Et ? 

Moi : Je ne sais toujours pas si c’est une bonne idée de nous donner une chance. 

Maya : Tu vois toute la vie est un risque. On peut faire une chose aujourd’hui qui va échouer et la refaire demain pour avoir cette fois un meilleur résultat et vice versa. Ce n’est pas parce que tu as échoué hier que tu ne dois plus réessayer. Tu l’aimes et lui aussi donc tentez le coup pour voir et si ça ne marche pas au moins vous aurez essayé. 

Moi : Tu crois qu’il m’aime ? 

Maya : Pose lui la question mais le connaissant je peux affirmer qu’il ressent quand même un petit quelque chose pour toi. 

Moi : Ok je vais y réfléchir mais je viendrai quand même te chercher à midi pour manger.

Maya : C’est compris ma belle. Bon je file. Tu as envie de quelque chose de spéciale pour ce soir au diner ?

Moi : Non pas vraiment.

Maya (se levant) : Ok c’est moi qui suis au programme et je ne sais pas vraiment quoi cuisiner. Mais bon je trouverai. À plus.

Elle m’envoie un bisou et s’en va. Je vais me préparer aussi pour me rendre à la boite.

*

*

Je me rends directement dans le bureau de Maya qui je suis sûre est encore plongée dans ses dossiers. Cette fille oublie toujours l’heure de pause tellement passionnée par son travail. C’est moi à chaque fois qui viens la tirer de son bureau. En me rendant dans son bureau je croise Ryan qui se dirige vers le sien. Il fait mine de ne pas m’avoir vu et quand je le salut il me répond à peine. Je ressens un pincement au cœur mais ne dis rien. Quand j’arrive devant le bureau de Maya je fais demi-tour pour me rendre dans celui de Ryan. Je frappe une fois et rentre après qu’il me l’ait permis. Il lève la tête et quand il me voit se remet à écrire.

Moi : Bonjour Ryan.

Ryan : Je croyais qu’on s’était déjà salué ?

Moi : Ce que tu as fait ne s’appelle pas saluer. Tu m’as ignoré.

Ryan : Que puis-je faire pour toi ? Le bureau de Maya se situe de l’autre côté.

Moi : Ryan pourquoi tu fais ça ?

Ryan : Faire quoi ?

Moi : Pourquoi tu m’ignores ? Ce n’est pas parce qu’on ne couche plus ensemble que ça signifie qu’on ne doit plus être ami.

Il se relève avec élégance de son siège et viens se placer devant moi.

Ryan : Une chose que tu dois savoir sur les hommes c’est que nous n’acceptons pas d’être amis avec la femme que nous aimons. Soit nous sortons ensemble soit rien mais pas d’amitié. Nous n’acceptons pas la friendzone. Excuse-moi.

Il sort me laissant là pantoise. Je déteste le fait qu’il m’ignore de la sorte. Mais en même temps l’entendre me dire qu’il m’aime me fait plaisir. Ca faisait longtemps qu’on ne me l’avait pas dit, enfin sincèrement. Je retourne faire ce que pour quoi je suis venue ici c’est-à-dire déjeuner avec Maya avant d’aller bosser. Tout le reste de ma journée au travail j’ai été dans les vapes. Je ne supporte plus son absence, je suis en manque de lui, pas en manque de lui sexuellement mais en manque de sa personne. Ok ça suffit comme ça. Je ne peux plus tenir une journée de plus sans lui. Je termine les derniers rangements dans la boite, me change et emprunte le premier taxi que je vois, direction chez Ryan. Durant le trajet je répète dans ma tête mon speech pour être sûre que ça va le convaincre. Maya a raison je dois prendre des risques dans ma vie sinon je ne ferai jamais rien. Mon cœur se met à battre la chamade quand j’arrive devant sa porte. À peine je tape qu’il m’ouvre. Il n’a pas l’ai surpris de me voir. Soit il s’avait que je viendrai soit il s’en fiche carrément.

Moi : Je peux entrer ?

Ryan : On ne couchera pas ensemble.

Moi : Je ne suis pas venue pour ça.

Il libère le passage pour que j’entre. C’est bizarre mais cette maison m’a manqué. Je nous revois encore fait l’amour partout dans ce salon. Il me propose à boire mais je décline son offre parce que trop pressée de rentrer dans le vif du sujet.

Ryan (une fois assis) : Oui je t’écoute.

Moi : Je suis prête.

Ryan : À ?

Moi : Essayer… avec toi. J’accepte de sortir avec toi.

Ryan : Qu’est-ce qui t’a fait changer d’avis ?

Moi (me tirant les doigts) : Je t’aime aussi.

Il arque les sourcils l’air surpris. Nous restons silencieux à nous fixer sans qu’aucun de nous ne puisse dire quoi que ce soit.

Moi : Dis quelque chose.

Ryan : Ok.

Moi : Ok ? C’est tout ce que tu as à dire ?

Ryan : Oui.

Moi : Ok. Je pense que j’ai fait une erreur. Bonne soirée.

Je me lève pour sortir toute déçue et en colère mais avant que je n’arrive à la porte il me retourne en m’agrippant par la taille et saisi mes lèvres en me plaquant au mur. Putain comme ses lèvres m’ont manqué.

Moi (entre ses lèvres) : À quoi tu joues ?

Ryan : Je te punissais mais là j’ai trop envie de toi.

Moi : Tu avais dit qu’on n’allait pas coucher ensemble.

Ryan : Quand je te l’aie dit on n’était pas encore ensemble mais là c’est officiel.

Moi (ouvrant son jeans) : Tu m’as trop manqué.

Ryan : Toi aussi.

Je me retrouve nu dans la seconde qui suit tellement nos gestes se font rapides. Dès que je le reçois en moi je suis aux anges. C’est dans son canapé que nous faisons l’amour, disons le premier round. 

***Maya AMESSAN***

Assise sur mon lit je noircis les pages de mon journal intime avec tout ce que je ressens dans mon cœur. J’ai toujours plein de trucs à raconter parce qu’au fait je n’ai pas envie d’en parler aux autres en l’occurrence mes copines. Je me dis qu’elles ont aussi leurs problèmes à régler et leur vie à gérer donc je n’ai pas à venir en rajouter. Il est vrai que nous nous raconter nos trucs, nos rêves, nos désirs et tout mais moi je garde les choses les plus profondes. Je les gardes pour moi. Mais généralement Olivia les devines et je l’avoue. J’adore mes copines, l’une autant que l’autre et je suis heureuse de les avoir dans ma vie. J’ai connu Cynthia d’abord à l’Université et j’ai même vécu chez elle avec sa mère qui était la meilleure amie d’école de ma mère. Ma mère a suivi son nouveau mari au Ghana quand celui-ci y a été affecté pour le travail. Moi je n’ai pas pu les suivre parce que c’était en plein milieu d’année. Je vivais donc en cité jusqu’à ce qu’un jour étant allée rendre visite à Cynthia chez elle sa mère m’a reconnu à cause de ma ressemblance avec ma mère et elle m’a proposé de venir vivre chez elle. C’était sa manière à elle de se remémorer son amitié avec ma mère avec qui elle a fait tout son cursus du collège à l’Université avant qu’elles ne se perdent de vue. À la fin de l’année je n’ai plus voulu aller au Sénégal parce que j’étais à l’aise ici. Elle envoyait donc de l’argent à la mère de Cynthia comme participation aux besoins de la maison. Après nous avons rencontré Olivia puis quand l’histoire avec le mec de Cynthia a éclaté et que sa mère l’a chassé, elle et moi avions décidé de vivre ensemble en colocation. Olivia a aussi voulu se joindre à nous et avec nos petits salaires qu’on gagnait dans les boulots qu’on faisait entre les cours nous arrivions à subvenir à nos besoins. Aujourd’hui malgré que nous gagnions bien nos vies nous ne voulons pas nous séparer. On le fera que lorsque nous serions mariées chacune.

De nous trois Cynthia est la plus distraite et tête en l’air mais n’empêche qu’elle reste une personne adorable. Olivia elle est celle qui a le sang chaud et très direct. Tu te mets sur sa route elle te remet à ta place mais elle est aussi adorable. Moi je suis la plus réservée. Tellement réservée que je n’ai jamais eu le courage de dire à l’homme que j’aimais ce que je ressentais pour lui.

Olivia (rentrant) : Tu as des nouvelles de Cynthia ?

Moi (cachant mon journal) : On frappe avant de rentrer.

Olivia : Je sais déjà tout ce qui est écrit dans ce journal. Seule Cynthia les ignore.

Moi : Je n’ai pas de nouvelle d’elle. Peut-être qu’elle a eu un imprévu au travail. Ça lui arrive souvent.

Olivia : Elle peut néanmoins appeler pour qu’on puisse se faire à manger nous-même.

Moi (me levant) : Tu sais comment elle est. 

Olivia : Et toi tu devrais arrêter de la cajoler. C’est elle la grande-sœur.

Moi : Allons je vais nous faire à manger.

Olivia : On peut commander à manger en bas. Ça fait longtemps je n’ai pas mangé leur poulet braisé.

Moi (souriant) : Il fallait commencer par là.

Notre commande livrée nous dégustons devant la tété notre poulet bien braisé comme nous l’aimons. Il y a des hommes qui savent mieux braiser le poulet que les femmes et c’est le cas de ce type qui se trouve juste en bas de notre immeuble. Nous entendons le bruit de la serrure et voyons apparaitre Cynthia toute souriante.

Cynthia : Bonsoir les filles.

Olivia : C’est maintenant que tu entres ? Cynthia pourquoi à chaque fois que tu es au programme tu fais n’importe quoi ?

Moi : Olivia elle doit avoir une raison.

Olivia : Si elle a pu être là c’est qu’elle pouvait au moins nous prévenir de son retard.

Cynthia (souriant) : Je suis désolée. C’est juste que Ryan et moi nous sommes réconciliés.

Moi : Comment ça ?

Cynthia : Eh bien on sort ensemble. J’ai décidé de me lancer comme tu me l’as dit et on est ensemble maintenant. Il m’a dit qu’il était amoureux de moi.

Olivia me regarde tandis que moi je cherche à dérider ma bouche pour être heureuse pour mon amie. J’y arrive et avec le plus grand des sourires la félicite.

Moi : Enfin tu t’es décidé à t’engager dans une relation sérieuse.

Cynthia : Oui et c’est grâce à toi. Olivia tu ne me félicite pas ?

Olivia : Non. Je suis en colère contre toi.

Cynthia éclate de rire et va enlacer Olivia pour la dérider. Elle nous annonce ensuite qu’elle est juste venue chercher quelques affaires parce qu’elle va passer la nuit chez Ryan qui l’attend en bas. Elle ne tarde pas à repartir en nous volant au passe un morceau de poulet. Le silence règne dans la pièce. Olivia me regarde mais je l’ignore complètement en débarrassant la table.

Olivia : Pourquoi l’as-tu encouragé si c’était pour faire cette tête ?

Moi : Je ne vois pas de quoi tu parles.

Je prends les assiettes et me rends dans la cuisine où je me mets à les laver.

Olivia : Pourquoi tu l’as encouragé Maya ?

Moi : Parce qu’il voulait être avec elle.

Olivia : Mais toi tu l’aimes lui.

Moi : Oui et lui c’est elle qu’il aime. Tu as entendu Cynthia, il lui a dit qu’il était amoureux d’elle.

Olivia : Tu aurais dû depuis le début dire que tu étais amoureuse de Ryan.

Moi : Je te rappelle que le premier jour que Ryan est venu travailler à la boite c’est ce même jour que Cynthia lui a mis le grappin dessus. Aussi, je te rappelle que je n’ai cessé de vous parler du seul et grand amour que j’aie connue de toute ma vie bien qu’il n’y ait jamais rien eu entre lui et moi. J’ai chanté son nom dans vos oreilles je ne sais combien de fois alors ce n’est pas de ma faute si Cynthia ne s’en souvient pas.

Olivia : Oui et tu sais comment elle est. Elle oublie même à chaque fois nos anniversaires. Il faut toujours que l’une de nous les lui rappelle. Il n’y a que ses choses à elles qu’elle n’oublie jamais surtout quand c’est en rapport avec les hommes. Tu aurais donc dû lui rappeler pour Ryan afin de la freiner. Elle t’a déjà pris Dénis.

Maya : Je ne sortais pas avec lui.

Olivia : Mais à la base c’est toi qu’il voulait et toi tu voulais aussi essayer avec lui mais elle t’a supplié de le lui laisser parce qu’il était trop ‘‘bandant’’ selon elle et toi Madame je suis la plus gentille de la terre tu as cédé pour lui faire plaisir. Ca été aussi le cas avec Bob. Pour cette fois tu aurais dû lui dire la vérité sur tes sentiments pour Ryan.

Moi (lui faisant face) : Je n’en n’ai pas eu le courage voilà. Cynthia l’a vu, elle a flashé sur lui et je n’ai pas eu la force de lui dire que depuis l’adolescence je suis amoureuse de Ryan. Après, je me suis dit qu’une fois qu’ils auront couché ensemble elle n’aurait plus envie de le fréquenter comme elle l’a fait avec les autres mais les évènements ce sont enchainés et aujourd’hui ils sortent ensemble. Donc en résumé je l’ai perdu définitivement parce que même s’ils rompent je ne peux pas me mettre avec lui. Ça ne se fait pas de sortir avec l’ex de sa meilleure amie. Regarde-moi Oli, je suis tout le contraire de Cynthia. Tout ce que je sais faire c’est travailler. J’ai toujours été une intello. Ryan est toujours sorti avec les filles du genre de Cynthia donc c’est impossible qu’il s’intéresse à une fille coincée comme moi. Cynthia est une bombe et elle est sûre d’elle, mais moi, moi. Je n’ai rien de tout ça. Je n’ai rien qui puisse séduire un homme comme Ryan. Il aime Cynthia, Cynthia l’aime, ils sortent ensemble, c’est tout. Maintenant excuse-moi j’ai un rapport à terminer pour le boulot demain.

Je vais m’enfermer dans ma chambre pour ruminer seule mon chagrin. Depuis le Lycée que j’enchaine chagrin sur chagrin avec Ryan. Depuis le Lycée que je supporte de le voir s’amouracher avec d’autres filles. Cette fois je ne sais pas si je pourrai supporter. Je ne sais pas si je pourrai tenir le coup en voyant s’amouracher avec ma meilleure amie.