Épisode 6
Ecrit par Mona Lys
6
PLUSIEURS
MOIS PLUS TARD
***COLLINS
— BONNE ANNÉE !!!!!!!!
Les verres levés, nous trinquons
tous à la nouvelle année qui s’annonce belle pour nous. Mais surtout pour ma
carrière.
— Je voudrais qu'on trinque pour ce
deuxième bébé que Collins nous a pondu, s’exclame mon père, tout joyeux, une
coupe à la main. Cet album à peine sorti fait un carton. Félicitations fiston.
Félicitations aussi à vous qui êtes son équipe. A nous tous.
— Santé !!!! disons-nous tous.
Mon père active le lecteur et ma
musique s'élève dans toute la bâtisse. Mes meilleurs amis et les invités de mon
père se mettent à danser. Je réponds aux félicitations de certains en bougeant
la tête au rythme de la musique. Il y a deux semaines j’ai sorti mon deuxième
album de 20 titres. Les gens en parlent partout sur les réseaux sociaux et
s’arrachent les CDs dans les points de vente. Tout le monde attendait mon grand
retour après tout le tapage qu'il y a eu autour de moi. En effet, à mon retour de la Côte d’Ivoire, les choses se sont
passées très vite. Mes fiançailles ont été annoncées, la famille de la fille
que j'aurais violée a pété un câble devant le refus de notre part de céder à
leur requête, la jeune fille a fini par dire la vérité, ayant marre d’être
constamment lynchée sur les réseaux sociaux par mes fans. J’ai donc été blanchi
et j’ai pu me concentrer pour faire mon album. Tout a été fait très vite parce
que je débordais d’inspiration. J’ai écrit plus de 200 sons mais j'en ai
sélectionné 20 pour cet album. Et la moitié de ces titres parlent tous de la
même personne.
Angie.
— Alors la star, prêt pour faire le
tour du monde avec ce nouvel album ? me titille mon père.
— Ouais.
— Tout ton mois est bouclé. Déjà
cette semaine, tu as des émissions télé et radio. Sans oublier ta session live
pour la présentation de l’album.
— Je sais papa. On pourrait parler
boulot après ? C’est le nouvel an.
— Oui, tu as raison.
Je laisse mon père au salon avec ses
invités et je retrouve ma bande dans une autre pièce. Je me jette dans le bain
des conversations et des rigolades. Je suis certes heureux mais je ressens
toujours ce manque en moi depuis un bon moment. Je suis conscient que tant que
je ne l'aurais pas comblé, je ne serais pas bien à 100% dans ma peau. Priscille
vient s'asseoir sur mes jambes et là elle se met à faire plein de photos.
— Tu sais que tu ne dois pas
t'afficher pour le moment, lui rappelé-je.
— Je sais. Je prends juste en
souvenir de la fête.
Effectivement, personne ne connait
‘‘Ma fiancée’’. On sait que je suis fiancé mais aucune photo n'a été postée.
C’était plus pour la protéger au cas où l'autre famille voudrait lui faire du
mal. Priscille, c’est la fille du meilleur ami de mon père. Elle et moi nous nous connaissons depuis deux ans et depuis nous
sommes devenus proches, vu que nos pères le sont. Raison pour laquelle mon père
veut que je l’épouse. Ça n'a rien à avoir avec le scandale. Il a toujours voulu
que j’épouse la fille de son ami, histoire de renforcer encore plus les liens.
Seulement voilà, je me rends compte que je ne l’aime pas. Elle aura 19 ans
cette année. Il y a dix ans d’écart entre nous. Ce n’est pas très important
puisque l’âge c’est juste des chiffres. En plus, il y a des filles de son âge
qui sont beaucoup plus matures que des femmes âgées. Ça ne m’a pas dérangé de
tenter le coup avec elle, même si je n’étais pas vraiment amoureux d’elle.
Disons, je lui porte beaucoup d’affection et je sais qu’à la longue, j’aurais
pu tomber amoureux. Nous nous voyions très fréquemment, échangions
par messages et sortions manger dans divers endroits. Nous ne sommes jamais
allés plus loin. Nous avons certains points communs et oui, je voulais aller
plus loin avec elle parce qu’en dépit de son côté petite princesse pourrie
gâtée, elle est cool. Seulement voilà, j’ai rencontré Angie et tout s’est
mélangé dans ma tête. Je suis tombé amoureux de cette femme au premier regard.
Priscille essaie de m’embrasser,
pour la sixième fois de la soirée, mais j’esquive doucement et lui tend ma
joue.
— Que t’arrive-t-il ? me
demande-t-elle. Je croyais que nous deux…
— Je suis juste épuisé. J’ai besoin
d’être un peu seul.
Repenser à ma vie amoureuse me
ramène des mois en arrière. Je m'isole de tout le monde au balcon. Le meilleur
souvenir de ma vie reste cette semaine que j’ai passée avec elle à Abidjan.
Elle, Angie.
Elle doit me détester d'avoir ainsi
disparu. J’affiche sa photo sur mon écran. Je n’ai pas supprimé cette photo
d'elle, endormie dans ma chambre d’hôtel. C’est le seul souvenir qui me reste
d'elle. Enfin, ce souvenir-là et notre nuit. Je meurs tellement d'envie de la
retrouver, de la serrer dans mes bras, de l’embrasser, de tout lui expliquer
mais de surtout lui faire l'amour. Cette femme m'a marqué. Jusqu’au plus
profond de moi.
— Tu penses toujours à elle !?
C’est Lémuel. Il me rejoint au
balcon.
— Ouais !
Je regarde la photo.
— Pourquoi tu ne la cherches
pas ? Tu as dit qu'elle était aussi en France.
— Oui mais je ne sais exactement
dans quelle ville.
— Tu es la star et personne ne te
refuse généralement rien donc demande à la police de te filer un coup de main.
— Non, ça va.
— Pourquoi tu ne veux pas ?
— Parce que ma vie est trop
compliquée. Regarde toi-même, je suis fiancé à une fille dont je ne suis pas
amoureux. Et maintenant je ne sais pas si je dois toujours me marier ou mettre
fin à tout ça. Surtout qu’entre elle et moi c’était bien parti pour finir
ensemble. J’aime beaucoup Priscille et je ne veux pas lui faire de mal. Tu penses
que ce serait logique d’ajouter Angie à tout ce méli-mélo ? Surtout
qu'elle doit déjà me détester ?
— Tu n'as pas tort mais en même
temps il te faut faire un choix. Soit tu arrêtes de te faire du mal en pensant
non-stop à elle, soit tu envoies tout balader et tu la retrouves.
C’est ce à quoi je n’ai cessé de
penser tout ce temps.
— Mais dis-moi, continue-t-il, tu
comptes vraiment aller jusqu’au mariage avec Priscille ?
Une autre chose à laquelle je n’ai
cessé de penser. Mon père apparaît et demande à me parler en privé. Je le suis
dans un coin plus calme. Nous prenons place dans les fauteuils.
— J’ai demandé à te parler à propos
de toi et Priscille. L’annonce que nous avions faite stipulait que tu te
marierais après la sortie de ton album. On te le demandera à tous tes passages,
télévisés comme à la radio. Il faut une réponse.
— Je me suis rendu compte que malgré
tout le temps passé avec elle, je ne suis pas parvenu à tomber amoureux de
Priscille.
— Vous vous entendiez pourtant si
bien.
— Je le sais. J’ai aussi cru qu’il
se passait un truc.
— Mais peu importe. Ici il ne s'agit
pas d'amour. Mais de ta carrière. Tu auras 29 ans cette année et le mariage te
rendra plus responsable aux yeux de tous. Les célébrités mariées sont plus
respectées que celles célibataires. Ça nous attirera de gros partenaires pour
les concerts et autres. En plus, Priscille tu la connais depuis deux ans et le
courant passe très bien entre vous. Elle est aussi un très bon parti. Son père
est dans la finance et a de très gros contacts. Il pourrait nous aider à
financer tous nos projets. Surtout que toi tu en as de très nombreux. Pense à
tout ça fiston. Rompre ces fiançailles ne serait pas judicieux pour nous.
— Laisse-moi y réfléchir, papa.
— Ok. Alors voici ce qu’on va faire.
Si on te demande pour le mariage, tu réponds c’est pour bientôt. Pendant ce
temps, tu essaies de voir comment t’arranger avec Priscille pour la faire
patienter parce qu’elle est vraiment chaude pour se marier.
Un bruit derrière nous fait tourner.
C’est Priscille qui rentrait.
— Oh désolée. Je ne savais pas qu’il
y avait quelqu’un.
— Non ce n’est rien, répond mon père
en se levant. Tu peux venir. Je partais justement.
Il me donne une tape sur l’épaule en
partant. Priscille s’assoit près de moi.
— J’espère que je n’ai rien
interrompu ?
— Non rien, t’inquiète.
— Alors de quoi parliez-vous ?
De notre mariage ?
— En quelque sorte, oui.
— Si c’est pour l’organisation, tu
n'as pas à t'en faire. J’ai déjà pensé à tout. La salle, les couleurs, le thème,
les filles et garçons d’honneur. Bref tout. Il ne nous reste plus que la date.
Mais moi je pense qu'on devrait le faire avant tes tournées dans le pays. Entre
Février et début Mars. Le temps sera court mais on pourra…
— Priscille, Priscille, calme-toi.
Il n'y aura pas de mariage. En tout cas pas pour le moment.
— Comment ? fait-elle dépitée.
Les fiançailles sont annulées ?
— Non. C’est toujours d’actualité.
Ce que je veux dire c’est…
Je soupire.
— Les choses sont allées vite entre
nous et…
— Si tu veux parler de sentiments,
moi je suis amoureuse de toi, tu le sais.
— Il n'y a pas que toi.
— Tu ne m'aimes pas ? Après
tout ce qu’on a partagé ?
— Je…
Je soupire de nouveau.
— Laisse-moi parler. Ce que je veux
dire c’est que je t’aime bien mais pour se marier il en faut plus.
— Que veux-tu de plus ? On se
connait assez toi et moi. Nous nous entendons super bien.
— Je sais. Je voudrais juste qu’on
se donne encore un peu de temps. J’ai besoin d’y voir un peu plus clair.
— Oh ! Mais est-ce qu'on
pourrait ne pas annuler les fiançailles ? J'aime cette bague.
— Ok. Rien ne sera annulé si ça peut
te faire plaisir mais aucun tapage aussi sur les réseaux sociaux. Je veux de la
discrétion jusqu’à ce qu’on y voit un peu mieux dans cette… relation.
Elle se rapproche sensuellement de
moi.
— Nous allons donc enfin faire
l'amour ?
Elle essaie de m’embrasser mais je
décale mon visage.
— Nous ne ferons rien Priscille.
Jusqu’au mariage.
— Mais pourquoi refuses-tu toujours
mes baisers ? Je suis quand même ta fiancée. Et puis ce n’est pas comme si on ne l’avait
jamais fait. Juste deux fois mais on s’est quand même déjà embrassé.
— Priscille s'il te plaît ! On
y va doucement. Ok ?
— Ok.
***ANGELA
Qui m'a dit de boire autant
hier ? Maintenant, je me réveille avec un mal de crâne atroce. C’est décidé,
je ne toucherai plus jamais d’alcool jusqu’à la fin de ma vie. Mais surtout la
dernière fois que je suis Elionne dans ses délires et ses plans fous. Hier
c’était son anniversaire en plus d’être le nouvel an. Nous avons fait la fête
du 31 Décembre au 1er, non-stop. D’habitude je ne suis pas très
portée sur l’alcool. Mais regarder Elionne et son mari s’amouracher, se
conduire comme des ados qui découvraient pour la première fois l'amour, m’a
rendue nostalgique et pour oublier ces souvenirs, qui restent jusqu’à ce jour
douloureux, j’ai décidé de boire. A la base, je voulais juste prendre quelques
petits verres, puis je ne me suis plus arrêtée jusqu’à perdre mes moyens.
Heureusement que nous étions chez Elionne qui m’a tout de suite conduite à une
chambre pour que je dorme. Me voici maintenant debout avec tous les maux du
monde.
Après avoir puisé en moi assez de
force pour me brosser les dents, je descends retrouver Elionne et sa fille à
table devant le petit déjeuner et concentrées sur les clips qui passent à la
télé.
— Salut la marmotte, m’accueille
Elionne qui badigeonne son bout de pain de confiture.
— Bonjour à vous, salué-je en
m’asseyant. Quelle heure fait-il ?
— Presque 10h, répond Elionne. Nous
avons tous assez dormi.
— Je dois rentrer rapidement terminer
un boulot avant le lundi.
— Ne vas-tu pas cesser, pendant une
journée, de penser à travailler. Tu deviens soulante à la fin.
— Tu sais pertinemment que je n’ai
rien d’autre à faire dans ma vie outre ça. Alors mieux vaut le faire en tout
temps pour éviter de glander.
— Ok, mais prends d’abord ton
petit-déjeuner. Ensuite…
Elle se tait tout d’un coup.
— Anaïs, éteint la télé,
ordonne-t-elle subitement à sa fille.
— Pourquoi ? Que se
passe-t-il ? demande celle-ci perplexe.
— Éteins, c’est tout.
Je tourne la tête pour essayer de
voir ce qui la gêne tant à la télé. Mais Elionne bondit sur la commande et
éteint la télé avant que je ne puisse voir quoi que ce soit.
— Mais maman, c’est l’un des
nouveaux clips de Collins.
— Tu l'as déjà regardé une dizaine
de fois sur ton portable.
— Mais…
— Anaïs, ça suffit ! Pas de
Collins ce matin.
Anaïs, toute énervée, sort de table.
— Pourquoi lui interdis-tu de
regarder le clip de son artiste préféré ? Je croyais que toi aussi tu en
étais folle.
— Laisse ça. Passons à autre chose.
Alors ça te dit une dernière sortie ce soir avant la reprise du travail ?
— Tu ne crois pas que nous avons
assez fait la fête ?
— Juste un dîner entre filles.
— Bon le dernier et après ça, place
au travail. Plus de fête jusqu'en Février.
— Ça marche.
De chez Elionne, je rentre
m’enfermer chez moi toute la journée. Je passe tout mon temps devant mon Mac et
mes dossiers. J'allume la radio que je mets en fond sonore pour me sentir moins
seule. N'eut été l’insistance d'Elionne, j'aurais passé les fêtes de fin
d’année enfermée chez moi. J’ai perdu encore plus goût à tout. Il n'y a que mon
travail qui m’intéresse.
Je m’interromps quand les notes
d'une musique, que je connais assez bien, retentissent à la radio. Je pousse un
long soupir. Je ne pourrais donc jamais oublier cette chanson ? Elle m'a
marquée au plus profond de moi car c’est sur ces belles paroles et cette belle
mélodie que j’ai passé la plus belle nuit de ma vie.
— Tu dois l’oublier Angela, me
parlé-je. Tu dois l’oublier. Sors-le de ta tête une bonne fois pour toute.
Je me rends à la fenêtre de ma
chambre, mon verre de jus à la main. Comment est-ce que je peux encore penser à
un homme qui s'est foutu de moi de la plus horrible des manières ? Un
homme qui s'est servi de moi ? Plusieurs mois sont passés et il n’a
toujours pas quitté mon esprit. Il m’a marqué dans tous les sens du terme. Je
devrais le détester et c’est ce que je m’efforce chaque jour à faire mais au
fond de moi je sais que c’est mission impossible. C’est pour ce fait que je
bosse sans relâche.
Le soir comme convenu, après le
boulot, je retrouve Elionne au restaurant. Nous bavardons et rigolons comme des
gamines. C’est plus elle qui mène la conversation parce qu’elle a toujours
quelque chose à raconter. Je ris tellement au point de me faire remarquer par
les autres personnes présentes dans le restaurant. Je suis obligée de boire ma
boisson pour me retenir.
« Bonsoir belles
dames ! »
Je recrache ma boisson en levant les
yeux sur l'homme qui vient de nous saluer.
— Jérôme ? Mon Dieu,
Jérôme !
— Oui c’est moi. Comment vas-tu
Angela chérie ? me questionne mon ex-mari en me souriant.
— Où est ma fille ? lui
demandé-je en me levant pour le saisir par le col. Où as-tu caché mon enfant,
Jérôme ?
Je le saisi violemment, si bien
qu’il n'arrive pas à se détacher. Mais son sourire ne s’efface pas.
— Calme-toi ! me dit-il
calmement.
— Comment veux-tu que je reste calme
quand tu m'as éloignée de mon enfant ? Dis-moi où elle est, bon
sang !
Elionne m’attrape le bras en
essayant de me calmer.
— On devrait aller dehors pour
parler. Les gens nous regardent.
— Bonne idée, appuie Jérôme.
— Je règle la note et je vous
rejoins, dit Elionne. Mais Angie, ne le laisse surtout pas partir.
Je tire mon sac à main et sans
lâcher Jérôme, je le suis jusque hors du restaurant.
— Lâche-moi Angela. Je n’ai pas
l’intention de m'enfuir. Je suis là justement pour toi.
— Comment ça ? Ne pense pas
pouvoir me berner.
— Bien-sûr que non. Priscille et moi
sommes venus nous installer ici à Paris. Alors j’ai jugé bon de vous réunir à
nouveau. Je crois que tu as assez souffert comme ça.
— Et ça t’amuse ? Tu es heureux
de m’avoir fait souffrir de la sorte ?
— Non, pas du tout. Mais il le
fallait. J’espère que maintenant tu seras plus tendre avec moi parce que je
suis aussi revenu pour te reconquérir. Nous devons de nouveau former une
famille.
— Je veux voir ma fille. Le reste
n'a pas d’importance.
— D’accord. Demain, tu pourras la
voir. Voici l’adresse de notre appartement. Je t’invite pour le déjeuner.
— Déjeuner ? Je veux la voir
maintenant.
— Elle est un peu occupée et demain
matin aussi. Mais pour le déjeuner elle sera présente. Tu la verras. N’aie
crainte. Si je te dis que je veux vous réunir après vous avoir séparées,
crois-moi. Tu sais que je respecte toujours ma parole.
Je prends sa carte. Elionne nous
rejoint à ce moment.
— On se dit donc à demain.
Il me fait un clin d’œil et
disparaît dans une voiture.
— Tu l'as laissé partir ? me
dit Elionne. Non mais…
— Il m'a donné rendez-vous demain à
son appartement pour voir ma fille. Mon Dieu, je vais enfin voir ma fille.
— Mais tu n'aurais pas dû le laisser
partir. Et s'il disparaissait encore ?
— Je connais Jérôme. Et je sais
qu’il ne me fera pas un sale coup, répondé-je en fixant le chemin emprunté par
la voiture de Jérôme.
Je n’ai pas pu attendre l’heure du
déjeuner pour me rendre à l’appartement où vivent Jérôme et notre fille. Je
laisse la sonnette pour m’acharner à coup de poing sur la porte. Quand elle
s'ouvre, Jérôme se met à me sourire. Je le pousse et entre.
— Où est-elle ? Où est ma
fille ?
— Je t'avais bien dit qu'elle ne
serait pas présente ce matin. Mais je crois qu'elle rentrera sous peu.
— Elle sait que je viens ?
— Non. Je voulais lui faire la
surprise. Je te sers quelque chose à boire ?
— Je veux juste voir ma fille.
— Ok. Comme tu veux. Je vais jeter
un coup d’œil au repas.
Je reste debout à tourner en rond et
me ronger le pouce. J’ai tellement hâte de voir ma fille. Je n'en ai pas dormi.
J’ai imaginé toutes les réactions possibles que je pourrais avoir. Je crois que
je vais juste laisser mon corps et mon cœur s’exprimer naturellement. Je
remarque des cadres photos disposés un peu partout. Je les regarde avec
beaucoup d’émotion. Comme elle a grandi, mon bébé. Elle est devenue encore plus
belle que dans mes souvenirs. Ma Priscille à moi. Pourvu qu'elle rentre
maintenant parce que je ne pense pas avoir assez de force pour attendre
longtemps.
« Papa, je suis rentrée. »
Je reconnais la voix depuis
l’entrée. Mon rythme cardiaque s’accélère. Elle est là. Dès que je la vois
arriver dans le salon, j’éclate en sanglots. Elle paraît surprise de me voir.
Je cours la première me jeter dans ses bras.
— Oh enfin, mon bébé ! dis-je
en pleurant de plus belle. Enfin je te vois. Enfin je te serre dans mes bras.
Mon Dieu, merci !
— Maman ?
Je ne fais que pleurer en la tenant
fermement contre moi. Seigneur, merci ! Infiniment merci de m'avoir ramené
ma fille !