Lena vient de piquer une crise.  Une belle crise de jalousie. J’ai bien cru qu’elle allait sortir les griffes. On a couché ensemble même pas deux fois et elle se prend déjà pour ma copine officielle à s’énerver quand une infirmière ou une femme me fait un clin d’œil sexy dans les couloirs. Faut que je pense à recadrer les choses avec elle. En attendant, je rentre chez moi.

« LA PROCHAINE FOIS, VA AUX PUTES. »

- Mais c’est quoi ce bordel !

La porte de mon appartement est tatouée au rouge à lèvres. Elle a été vandalisée. La porte de mon voisin s’ouvre et l’étudiant le plus douteux du monde fait son apparition à mes côté, une cigarette à la main.

- Ca a au moins le mérite d’être clair.

Je me tourne vers lui pour mieux le dévisager. Ses cheveux sont gras et il pue l’after-shave. Il tire sur sa cigarette la consumant davantage.

- Tu l’as vu ?

Oui !

Silence, un diablotin passe. Qu’est ce qu’il attend pour me dire qui il a vu.

- Elle ressemblait à quoi ?

Il se gratte la tête, j’ai un mouvement de recul, faudrait pas que ses plaques pelliculaires trouvent refuge chez moi.

- Grande ! Mince !

Il plonge sa main dans son short et se gratte les parties sans aucune pudeur.

- Fais un effort s’il te plait.

- Je l’ai pas vraiment vu tu sais ! J’étais pas bien tu vois. Hier j’étais avec ses potes-là qui m’ont trainé dans tous les bars de l’ouest et …

Rien à faire de ses histoires. J’entre et je lui claque la porte au nez. Je fais les cents pas dans le salon, je tourne en rond. Des grandes, minces j’en connais beaucoup et j’ai flirté avec pas mal. Laquelle m’en voudrait à ce point ? Liliane ? Non, elle doit être quelque part en Guadeloupe ou en Martinique. Anaïs ? Je crois qu’elle est mariée maintenant. Sophia ? Non ! Callie ? Non ! Bon sang c’est qui ? Je me passe les mains sur le visage.

« Toc toc toc »

Silence.

« Toc toc toc »

J’ouvre et je tombe Violette SAIGNIER, la madame « prout prout » de l’immeuble.

- Oui ?

- Selon l’article 2.5.9 du contrat de location, les locataires ne peuvent en aucun cas et sous aucun prétexte porter atteinte à la sécurité ou à la…

Je n’ai pas du tout envie de l’écouter cette bonne vieille femme en plus je le connais déjà cet article. Je lui ferme la porte au nez et je retourne à mon canapé. Il faut que je nettoie cette satanée porte mais surtout que je fasse le ménage dans ma vie. Je prends quelques minutes pour me calmer.

Petit son. Un nouveau message sur le téléphone de Taj.

- Salut !

Qu’est-ce qu’elle me veut encore elle ?

- Juste pour te dire que je serai à Lyon bientôt. Tu pourras alors me rendre mon portable.

Le ciel me tombe dessus. Pourquoi faut-il qu’elle vienne ici à Lyon ? La France est un pays tellement grand. Il y a Marseille, Dijon, Strasbourg, Toulouse. Pourquoi quitte-t-elle Paris ?

Une bonne heure passe, quelques voisins viennent se plaindre avant que je ne réponde.

- Salut !

- J’ai cru que tu t’étais désintégré.

- Besoin d’aide. Des enfants ont mis du rouge à lèvres sur ma porte et je ne sais pas comment enlever cela.

- Demande à ta copine. Elle doit bien avoir connu ça une fois au moins des accidents de bâton de rouge à lèvres.

- Elle n’est pas disponible là. Alors, tu vas m’aider ?

Elle met du temps à répondre.

- T’es où ? Tu fais quoi ?

- Tu as du vinaigre blanc ?

Je vais dans la cuisine pour vérifier et pas de bol.

- Non !

- Vinaigre basalmique, vinaigre de cidre… bref t’as du vinaigre ?

- Non !

Silence.

- Mais comment fais-tu pour vivre sans vinaigre ?

- Je mange pas de salade tout simplement !

- Ah oui ?

- Oui, je suis un carnivore et non espèce de brebis perturbée. 

- Moi j’en raffole des salades.

Elle doit les manger avec des tonnes de sauce alors.

- Tu m’aides pas là ! Si j’ai pas de vinaigre je le fais comment ?

Taj finit par me convaincre de faire un tour à la superette de mon quartier pour acheter du vinaigre blanc. J’en prends aussi du basalmique parce qu’on ne sait jamais. Après près de deux heures de muscu je viens à bout de ces graffitis. Quand je finis, il est déjà tard et je n’ai rien mangé. J’envisage de me faire livrer une pizza mais Taj me passe la recette d’une salade et d’une sauce.  Heureusement qu’elle a égaré son téléphone cette fille.

Les jours passent et se succèdent. Je parle presque chaque jour avec Taj, elle me parle d’elle, de ce qu’elle aime. Le plus souvent je lis juste et je finis par me dire qu’elle doit être une grosse qui s’assume et qui prend soin d’elle. Elle doit être dans la même gamme que Queen Latifa ou Kim K peut-être. Oui, je trouve Kim grosse et c’est mon droit.

- Au fait, tu seras à Lyon quand ?

- Pourquoi ?

- Bah pour que je te rende ton portable.

- Euh… j’en sais rien !

- Ok ! Je vais te le garder alors.

- T’as pas lu mes conversations j’espère.

- Je suis pas ce genre de mec.

- T’es quel genre ?

- J’en sais rien. Suis pas le mieux placé pour te le dire.

- Ok !

- Bah faut que j’y aille.

- Et tu vas où ?

- J’accompagne un de mes potes quelque part.

- Où ?

- T’es marrante avec toutes tes questions, on dirait ma meuf.

- T’as une meuf ?

- A plus !

J’aurai bien aimé continuer à faire causette avec elle mais Sully me regarde trop méchamment depuis un moment.

- On y va ?

- Je sais même pas avec qui tu causes comme ça des heures.

- On y va ?

- Allez, dis-moi ! Tu t’es inscrit sur un site de rencontres ou quoi ?

- Je crois que Aïda nous attend là.

Je pointe le balcon de son appartement. Elle est là en train de nous regarder. Il pleut des cordes. Je me demande pourquoi j’ai accepté d’accompagner Sully chez la meilleure amie de son ex Bria. J’espère juste qu’il n’a pas l’intention de se la faire. Et puis où est passée la solidarité féminine ? Normalement l’ex de mon ami est mon ex-ami ! Je soulève la capuche de mon pull et je sors de la voiture.

L’appartement de Bria est assez particulier. Un tapis noir, un canapé et des chaises rouges, de petits objets de déco gris. Je le trouve vraiment particulier. Il n'est pas gothique non, il est plutôt dans le genre noir et sexy vampirique. Peut-être qu'elle héberge des cousins à ce bon vieux Dracula.

- Brazza, tu m’as abandonné toi.

Déjà que je ne l’ai jamais vraiment apprécié imaginez donc depuis que sa copine a plaqué Sully. 

Je lui fais tout de mêmz ma tête de je pensais à toi pourtant.

Trop de choses à faire !

- Comme d’hab’.

- Vous voulez boire quelque chose ? J’ai du whisky, du martini et du gin.

Eh bah, pour une musulmane ta réserve est pleine hein !

- Whisky !

- Avec des glaçons et un peu de coca pour moi.

J’aime pas boire à sec.

Pendant que nous sommes seuls, je me moque de Sully. Il ne m’a toujours pas dit ce qu’on fait chez elle. J’attrape mon portable histoire de jouer à l’informateur dans notre groupe Whatsapp. Faut que je leur dise ce qui se passe.

- Bonjour !

Oh la voix ! Chaude et sensuelle. Je sens un frisson monter. Je lève mes yeux... une magnifique paire de jambes, des cuisses à damner tout son gang. Et puis là le choc, je crois bien que mon cœur il va défaillir. Je ne rêve pas, c’est bien la fille aux cheveux grisonnants. Elle est magnifique dans ce t-shirt loose. Elle a l'air si fragile. C’est un piège ou quoi ? Je rêve ou quoi ? Le Seigneur me met t-il à l'épreuve?

- Bonjour miss.

Ils se connaissent ces deux-là ? Je lève un sourcil. Je suis perdu. Aïda revient avec un plateau.

- Euh l’autre avec sa capuche noire là tu le connais pas encore non ? C’est Brazza. Brazza, arrête de faire comme si tu es bien éduqué. Je te présente Taj, une amie. Très mauvais mec!

Elle rigole.

- Salut Brazza !

Silence radio ! Taj est LA BOMBE ! 

On lit, on like et surtout on commente sinon, je pourrai pas m’améliorer.

Much Love